lundi 12 septembre 2011

Une boussole alors que nous basculons dans le livre numérique



* Note en date du 09 septembre 2015 :
- le post ci-dessous, daté de septembre 2011, ne reflète plus aujourd'hui la réalité. Il reste en ligne à titre d'archive, pour simple information, mais il n'est plus véritablement l'expression de mon sentiment, ni de mon travail de veille et de prospective. Certains des blogs recommandés ici n'existent plus, d'autres ont dérivé vers le marketing ou la technophilie :-(

"Est-il possible de s'orienter dans la période des e-incunables que nous traversons ?
J'essaye ici de simplifier mon post précédent du 16 avril 2011 : Huit blogs pour comprendre les mutations du livre et de son marché, et de rendre plus lisibles les listes à rallonges, ou celles non actualisées, qui s'étalent à différentes adresses.
J'ai revu mes recommandations.
Je vais encore me faire des amis !
Tant pis.
Comme l'écrivait Nicolas Boileau : "Souvent trop d'abondance appauvrit la matière". Une maxime que nous ferions bien de méditer (voir, par exemple, ceci : Google et les bibliothèques...)."

Et voici donc...
- Pour l’actu : IDBOOX, par Elizabeth Sutton
- Pour l'analyse : La Feuille, par Hubert Guillaud
- Pour les supports : L’Actu des eBooks, par Florent Taillandier
- Pour l'international : SoBookOnline, par Marc Jahjah
- Pour la e-littérature jeunesse : La souris grise, par Laure Deschamps
- Pour les librairies : La librairie est morte, vive la...? par Vincent Demulière http://lalibrairieestmortevivela.blogspot.com/
- Pour les bibliothèques : BibliObsession, par Silvère Mercier
- Et en blog subsidiaire : Histoire du livre, par Frédéric Barbier

mardi 6 septembre 2011

SOS LIBRAIRIES

Je n'ai pas encore mis mon grain de sel dans la campagne publicitaire de 500.000 euros lancée cet été par le Syndicat national de l'édition (SNE), le Syndicat de la librairie française (SLF), le Centre national du Livre (CNL) et l'Association pour le développement de la librairie de création (ADELC).
 

Alors voilà : cette campagne, à mon humble avis, est ridicule et absolument pas à la mesure des enjeux, alors que nous pouvons prévoir l'arrivée de la tablette Kindle d'Amazon avec une offre éditoriale francophone pour la période des fêtes de fin d'année (au plus tôt octobre 2011 ?), et que, d'une part, la fréquentation des librairies est à la baisse, ce pendant que, d'autre part, toutes les enquêtes confirment que la pratique du téléchargement de produits culturels est, elle, en augmentation constante (d'abord concernant la musique, les jeux et les vidéos, certes, mais aussi, de plus en plus, les livres).
 
Des syndicats professionnels dans le déni
 
Le visuel de cette campagne surtout est désastreux je trouve (Cf. illustration ci-dessus).
Il donne des librairies l'image de lieux tristes, pratiquement déserts, et surtout il insiste lourdement sur le rôle de conseil, voire de prescription, des libraires, alors que depuis plusieurs années, avec tout ce que l'on appelle "le Web 2.0", les lecteurs ont développé d'autres liens pour la recommandation et le partage de leurs lectures.
A croire que les responsables du SNE et du SLF sont toujours dans leurs têtes au 20e siècle.
Une telle campagne d'affichage, avec un tel visuel et un tel message, est indiscutablement une réponse du 20e siècle, laquelle, face aux stratégies de webmarketing de géants du numérique comme Apple, Amazon et Google, qui impactent de plus en plus le marché du livre, n'aura pas plus d'effet qu'un coup d'épée dans l'eau.
 
Ce qu'il faudrait faire ?
 
Il faudrait ne pas seulement communiquer (surtout aussi mal) mais agir. Agir en innovant sur le terrain, dans les librairies. Par exemple, en y aménageant des espaces pour lire, en y proposant le Wifi gratuit, etc. Et le faire savoir dans les nouveaux médias. Le challenge est d'attirer dans les librairies un nouveau lectorat, plus jeune et connecté.
Pour beaucoup les livres imprimés sont trop chers. Il faudrait apporter des services complémentaires à ceux qui en font l'acquisition (par exemple par le biais de QR Codes, en développant des services en ligne associés à l'achat du livre papier...).
Il faudrait travailler sur les passerelles possibles entre l'imprimé et le numérique, au lieu de toujours les opposer !
  
Entendons-nous bien : je ne doute pas de la bonne foi, du réalisme et des aptitudes aux changements de la majorité des libraires, et je ne pense pas non plus sous-estimer leurs difficultés, ni les risques pour eux du passage d'une édition imprimée à une édition numérique, ce dont je doute de plus en plus c'est de la représentativité et de l'efficacité des syndicats professionnels.
 
Qu'en pensez-vous ?
Quel avenir voyez-vous aux librairies ?
  
Inventons ensemble la librairie de demain !
  
Quel avenir pour la librairie face à la dématérialisation du livre ?
Dans l'ebook qui vient juste de paraitre aux éditions NumerikLivres, dans la collection "Comprendre le livre numérique" c'est un libraire, Vincent Demulière (et un libraire expérimenté*) qui répond à cette question.
Il y répond avec force et franchise. Il y répond avec son expérience professionnelle et sa conscience des enjeux. Il appelle "un chat", "un chat", et n'hésite pas à dévoiler les dessous parfois vaniteux d'un commerce qui a toujours du mal à se reconnaitre comme tel. Un livre à lire absolument !
 
   
- Post-scriptum : La Fnac, avec sa tablette FnacBook, son réseau de magasins, son portail web, et ses adhérents, aurait à mon avis un véritable boulevard devant elle, et une carte à jouer par rapport aux mastodontes anglosaxons. La première tentative fut lamentable :-(  J'espère beaucoup de ce nouvel essai :  Un nouveau FnacBook confirmé par le PDG de la FNAC...
   
- A lire aussi sur ce sujet : La campagne du SLF à côté de la plaque !

- A découvrir le blog : La librairie est morte, vive la ... ? le nouveau et récent blog de Vincent Demulière (libraire et conseil en librairie et auteur de "Inventer ensemble la librairie de demain").
* "Aujourd’hui consultant et formateur dans le secteur de la librairie, des bibliothèques et de l’édition, et porteur de projet d’une "Librairie interactive", Vincent Demulière a débuté sa carrière en 1993 comme chef de rayon dans la grande librairie lilloise, Le Furet du Nord. Il devient ensuite responsable de département chez Virgin/Extrapole, puis occupe successivement de 2001 à 2010 la direction de plusieurs librairies de renom : Les Volcans d'Auvergne, Flammarion à Lyon, enseignes de Privat et Chapitre.com / DirectGroup France. Gestion commerciale et ressources humaines, développement des ventes et gestion des stocks, management et gestion logistique, il se confronte durant ces années à tous les aspects vitaux de la librairie. Aujourd’hui à Lyon, Vincent Demulière milite activement pour une nouvelle librairie, qui soit un lieu de commerce de biens culturels, mais aussi d’animations culturelles et citoyennes de nouvelle génération, et un lieu connecté. Il est un des rares professionnels de la librairie à réfléchir et à préparer la librairie du 21e siècle à l’heure de la dématérialisation du livre et des nouveaux dispositifs de lecture. Dans les réflexions qu’il développe dans cet essai, il détaille sa vision et nous délivre un véritable guide de survie pour que les libraires ne connaissent pas le même sort que les disquaires."

jeudi 1 septembre 2011

Retour à une lecture hallucinatoire ?

Le 21e siècle serait-il celui d'un retour à la lecture hallucinatoire des temps archaïques ?
Je m'explique...

Il m'a semblé intéressant de mettre en parallèle les deux vidéos ci-dessous ;-)
La première présente le récent système de Booktrack pour ajouter des bandes sons aux ebooks et fait ces jours-ci débat sur la Toile...
La seconde présente une gravure ancienne qui suit en l'illustrant le célèbre poème symphonique de Smetana : "La Moldau", du nom du grand fleuve tchèque (Vltava).
Cette gravure représente en l'illustrant ce que le poème symphonique évoque. Elle part des sources du fleuve, dont elle suit le cours jusqu'à Prague et sa forteresse, en passant par les différentes scènes du poème symphonique : passage d'une chasse à courre, noce villageoise, ondines dans le courant au clair de lune...
Ici musique, gravure et partition sont liées. La gravure porte de petites représentations des différents groupes d'instruments de l'orchestre aux moments où ils jouent. Des nombres indiquent les mesures sur la partition et des inscriptions en italien précisent les nuances et les indications de tempo.
Une source d'inspiration pour des éditeurs pure-players ?
Je me souviens qu'Alberto Manguel rappellait dans son "Une histoire de la lecture" (N.B. l'extrait proposé à ce lien est pertinent par rapport au sujet qui nous occupe ici ;-) que le psychologue américain Julian Jaynes a émis l’hypothèse que : « Lire pendant le troisième millénaire avant notre ère revenait […] à entendre les cunéiformes, c’est-à-dire à imaginer le discours de façon hallucinatoire en regardant les signes qui le symbolisent, plutôt qu’à reconnaître visuellement les syllabes de la façon qui est la nôtre. ». A méditer !





lundi 22 août 2011

Figurer la prospective du livre

Serait-il possible de figurer la prospective du livre de manière humaniste, et non pas par un schéma aride ou une infographie spectaculaire ?
En même temps que je me posais cette question la nuit dernière, en relisant quelques pages des Petits traités I de Pascal Quignard, une réponse s'est imposée à moi.
Ce tableau de 1538 du Titien : La Vénus d'Urbin, dont une vue tronquée fait office de couverture à l'édition au format poche des petits traités I, et qui a certainement sa justification dans ce volume où il est beaucoup question de la chose écrite, est d'évidence une magnifique proposition de réponse.
 
La source au premier plan : l'exposition du corps, la peau nue, l'érotisation et la dimension masturbatoire de l'écriture, puis une paroi noire, opaque, difficilement explicable dans la composition du tableau qu'il coupe en deux parties égales (voir ci-dessous le tableau dans son ensemble). Au second plan deux servantes, dont l'une fouille dans un coffre. A la recherche de quoi ? Au loin, enfin, dans un crépuscule incertain, l'avenir du lendemain qui déjà se prépare.
 
La prospective du livre, dans le sens où la lecture n'est pas qu'un simple reflet du monde, mais qu'elle rend possible d'autres perceptions, d'autres visions du monde, et où je pense qu'aujourd'hui il nous faudrait collectivement faire montre d'une ambition réfléchie qui dépasserait le court terme, dans ce sens, oui, la prospective du livre s'inscrit bien dans la perspective de ce tableau : de la lecture de la nudité, dans toutes ses acceptions, à l'horizon d'un crépuscule annonciateur d'une nouvelle aurore, en passant par la recherche des effets manquants dans un grand coffre ;-)
Du présent, nous plongeons dans le passé, pour nous projeter dans l'avenir (voir illustration sous le tableau).
 
L'interprétation peut certes sembler tirée par les cheveux, mais elle est plus parlante je pense, et plus juste en tout cas, que le serait tout jargon de consultant ordinaire.
Oui, dans l'esprit des travaux que j'ai en cours, ce tableau du Titien figure parfaitement la prospective du livre... J'espère pouvoir vous en écrire plus dans les mois qui viennent...


vendredi 22 juillet 2011

Emergence de nouveaux genres littéraires

Jean d'Ormesson déclarait au dernier Salon du livre de Paris : "Un jour, le roman va disparaître, comme l'ode ou les tragédies ont disparu. On sent d'ailleurs un essoufflement du roman, il est en train de passer la main..." (Source). Mais à quoi, dis-je ? ;-)
Chaque support génère ses pratiques d'écriture, qui engendrent à leur tour des genres, induisent des lectures, auxquelles sont prédestinés certains lectorats.
Il serait intéressant d'avoir un éclairage historique sur cette question de l'influence des supports sur les genres littéraires, l'émergence, la promotion, ou le déclin d'un genre. (Si des historiens me lisent ?)


Distinguer tendances de fond et épiphénomènes...

Avec le passage de l'édition imprimée à l'édition numérique il se pourrait bien que nous assistions au cours du siècle, d'une part, à la disparition de certains genres (lesquels selon vous ?), et, d'autre part, à l'émergence de nouveaux genres (même question !).
Que pourrions-nous distinguer, pour l'instant, qui pourrait contenir en germes un ou des nouveaux genres ?
Les fan fictions ? (Lire "Le nouvel élan de la fan fiction")
Le work in progress ? (Lire "Avant ou après le roman, son « Journal ».")
Les expériences de lectures transmédia immersives ? (Lire "Après la lecture sociale la lecture immersive")
Quoi d'autre ?
L'univers des jeux vidéo (que je connais peu) serait-il un laboratoire de nouvelles formes de narrations ?
Qu'en pensez-vous ?

mardi 12 juillet 2011

Plus de 60 éditeurs entreprenants à découvrir

Découvrez la liste actualisée de plus de soixante éditeurs pure-players* francophones en cliquant ici...
* "Un éditeur pure-player est un entrepreneur qui publie des livres exclusivement dans des formats numériques à destination des nouveaux dispositifs de lecture. (Par extension il peut s’agir d’une société fournissant des logiciels applicatifs dédiés à l’édition de livres numériques enrichis et/ou qui propose ses services à des éditeurs de livres imprimés.)"

mardi 5 juillet 2011

Après la lecture sociale la lecture immersive

Plus j'y pense et plus je braque mon attention sur les signaux faibles et plus j'en arrive à considérer que la "lecture sociale" ne serait peut-être qu'un artefact de l'introduction, via les nouveaux dispositifs de lecture, des technologies de la communication dans l'activité, aujourd'hui solitaire, intime et silencieuse, de la lecture.
Polysensorialité et transmedia convergeraient plutôt vers une lecture immersive dont Pottermore serait, peut-être, un premier pas significatif.
 
Ana Vasile, assistante à la communication et aux formations pour le Transmedia Lab vient d'écrire un article : Pottermore: une nouvelle brique de l’univers Harry Potter, qui va implicitement dans ce sens.
Nous pouvons, par exemple, y lire :

"Pottermore est un nouvel élément de l’univers d’Harry Potter. [...] un site web promettant une nouvelle expérience online dans l’univers livresque d’Harry Potter [...] Les livres se veulent multimedia, avec des illustrations et des éléments interactifs. Henry Jenkins écrivait dans son analyse que cette expérience pourrait être le projet transmedia le plus visible de nos jours [...] Il m’est difficile, conclut Ana Vasile, de déclarer dès maintenant que Pottermore représente l’élément qui manquait dans le dispositif transmedia de Harry Potter, mais il est certainement un élément d’interaction transmedia dont nous allons reparler dans les prochains mois..."


Lecture immersive et Projet MétaLectures

Alors que nous avançons dans le siècle et la période historique des e-incunables (1971-20??) et que des projets commerciaux, tel Pottermore, avancent en créativité et en innovation, certainement nous faudrait-il faire montre de davantage d'audace et considérer le transmédia dans une perspective transhistorique: mettre en parallèle la lecture immersive du monde et de ses signes multiples par nos plus lointains ancêtres bipèdes (il y a environ six millions d'années), avec les possibilités de lectures immersives que nous pourrions avoir d'ici quelques années dans le Métavers.
J'évoquais récemment ces pistes d'innovation dans mon post : Lire en 3D, et elles trouvent des développements dans mon projet MétaLectures ci-dessous présenté (url du PDF).
Je suis bien évidemment à l'écoute de tous ceux qui souhaiteraient y participer.