dimanche 2 février 2014

La prospective du livre pour nos amis espagnols

Mon texte "Inventar juntos las nuevas mediaciones del libro" (Inventer ensemble les nouvelles médiations du livre) écrit durant l'été 2013 pour la Fundacion German Sanchez Ruiperez pour le colloque "Conversaciones liquidas entre editores y bibliotecas" du 25 septembre 2013 à Salamanca est maintenant disponible sur la plateforme Lectyo, réseau social de lecteurs d'Espagne et d'Amérique latine.
  
Présentation sur Lectura Lab, le laboratoire de la lecture de la Fondation German Sanchez Ruiperez. Merci à eux.
  
Extrait de la présentation : "Lorenzo Soccavo, investigador francés independiente sobre el libro y la edición, cree que el paso de la edición impresa a la edición digital es un proceso complejo que producirá diversas mutaciones y a su juicio la revolución de la lectura que estamos viviendo "es más importante" y tendrá consecuencias mucho mayores que la revolución de la imprenta en el siglo XVI.
En su trabajo Inventar juntos las nuevas mediaciones del libro, publicado en Lectyo.com, Soccavo, que mantiene el blog "Prospective du Livre", afirma que "estamos viviendo una revolución copernicana: se trata de una revolución que, al transformar nuestra visión del mundo, modifica nuestra relación con el universo y altera nuestros puntos de vista científicos y filosóficos"..."
  

lundi 27 janvier 2014

Combien de lecteurs transgressifs serez-vous le 14 février ?

 
 
Si vous suivez l'actualité de mes recherches sur ce blog vous savez que je travaille particulièrement sur les nouveaux contextes et les nouvelles médiations numériques de la lecture.
Je vous invite à vivre le 14 février une expérience inédite.
Pour plus d'informations et savoir comment nous rejoindre cliquez ici (N.B. n'oubliez pas en commentaires à annoncer votre venue ainsi, le cas échéant, que le nombre d'internautes vous accompagnant). A bientôt in world pour parler du livre et de la lecture !
 


mercredi 22 janvier 2014

Devenir et avenir du livre papier

Après avoir participé récemment à une table ronde aux Rencontres Littéraires de Meudon sur le thème : "Les nouveaux défis du livre, une économie à réinventer", j'aurai le mardi 28 janvier prochain le plaisir de participer à la plénière : Les potentialités d'avenir du livre papier - L'édition papier face au défi du numérique, animée par Rodolphe Pailliez (rédacteur en chef de France Graphique) dans le cadre du Salon Demain Le Livre.
Programme complet des deux jours de salon au CAP 15 Paris et inscriptions gratuites en suivant ce lien... 
 
 
Rencontres Littéraires de Meudon 11 janvier 2014 (DR photo par M Fauchié)


mardi 14 janvier 2014

Humaniser la médiation numérique autour des livres

Le véritablement nouveau dans le domaine de ce que certains appellent l'édition numérique, ou le livre, ou la lecture numériques, vient principalement en fait du web, de la désintermédiation qu'il implique, des nouvelles possibilités de dialogues et de conversations qu'il pourrait ouvrir comme des fenêtres (des "fait naître").
Les circuits économiques restent sclérosés, les nouveaux dispositifs de lecture bien imparfaits encore (relire SVP ma récente Tribune libre sur IDBoox : ebooks, pourquoi les liseuses m'ont déçues ?).
L'essentiel était avec et dans Zazieweb lancé en 1996 par Isabelle Aveline.
Aujourd'hui il serait temps de passer à une autre étape de développement. C'est ce que je propose dans un article titré : Le potentiel inexploité du web, sur le blog du Collectif i3Dim - l'incubateur de la 3D immersive.


 
Extrait: "Le web 2D traditionnel est plat. Sa profondeur illusoire ne réside que dans notre bonne foi à passer d’un écran à l’autre par hyperliens en nous payant d’un vocabulaire valorisant et trompeur (surfer, etc., toute la ribambelle de métaphores océaniques ou technicistes).
Le web est pour moi aujourd’hui une des choses les plus ringardes qui soit en ce début de troisième millénaire. Il n’est en vérité que l’hypertrophie d’une encyclopédie Quid, proposant surtout un nouveau mode de feuilletage, saupoudré d’un peu de télé et de radio. Même si elle est masquée, la logique du codex, celle de l’empilement (par exemple, des pierres sur les premières sépultures humaines) reste sous-jacente.
Le web 3D immersive, qui depuis plusieurs années se développe en open source, permet au contraire à l’internaute de ne pas rester en surface des pages-écrans, mais, de passer virtuellement de l’autre côté de l’écran, comme la jeune Alice de Lewis Carroll de l’autre côté du miroir." ...
 

mardi 7 janvier 2014

La médiation littéraire sous-exploitée sur le web :-(

Mes recherches m'orientent de plus en plus vers l'étude des nouveaux contextes et médiations numériques de la lecture littéraire.
Bibliothèques et librairies sont, avec le web, mes principaux terrains d'études.
Si, d'un côté, il est facile pour tout le monde de constater que le web appauvrit l'expérience des environnements physiques complexes, tels ceux des bibliothèques et des librairies, et qu'il rend quasiment impossible tout échange interpersonnel suivi, d'un autre côté, je sais par expérience que le web dispose encore d'un fort potentiel inexploité, lequel pourrait permettre un véritable renouvellement de la médiation numérique autour des livres et des lectures.
Dans le prolongement de mes conférences de janvier 2013 à Rennes et d'avril 2013 à Chenove-en-Bourgogne, j'ai mis au point un programme exclusif de présentation de ce potentiel inexploité du web par rapport à la médiation littéraire, alliant conférence didactique, démonstration pratique en direct, et discussions débat avec l'auditoire...
Je suis à la disposition de toutes structures qui seraient désireuses d'en bénéficier.
Le document de présentation (fichier PDF de 02 pages) est téléchargeable en cliquant sur ce lien...
  
 
 


mercredi 1 janvier 2014

2014 - La lecture de l'aube

 
Au musée du Luxembourg à Paris j'ai découvert en décembre 2013, dans le cadre d'une exposition consacrée à la représentation du rêve à la Renaissance, une peinture de 1544 du peintre italien Battista Dossi. Cette toile était l'une des dernières d'un parcours qui sur plusieurs salles invitait le visiteur à explorer, avec le recul d'un spectateur éveillé, le cycle que tous nous parcourons quotidiennement : la nuit, l'endormissement, le sommeil, puis ce qu'à la suite du poète Marsilio Ficino l'on appela la "vacance de l'âme", avec ses songes étranges ou cauchemardesques, puis l'aurore, puis le réveil. En fin de parcours, la contemplation de ce tableau m'a littéralement subjugué par la révélation dont il était porteur, au point extrême que, pour moi, il éclipsa tout le reste de l'exposition.
   
De quelle scène extraordinaire s'agissait-il donc ? Tout simplement, dans un paysage encore embrumé par la nuit, d'une jeune femme revêtue d'un péplos blanc, ample draperie plissée qui lui laisse les bras découverts, sur lequel elle porte une chlamyde d'un clair orangé, une tunique plus courte liée à son épaule droite à l'aide d'une agrafe, et qui s'active avec sérieux à son travail quotidien. Un ruban d'un bleu azur retient sa coiffure sophistiquée et, passant de sa nuque par-dessus son épaule gauche, ceint son torse de part et d'autre de sa poitrine que l'on imagine facilement opulente sous les plis des étoffes. Toute la lumière du tableau, dont elle est la figure centrale, est sur elle. Je ne veux pas dire qu'elle est seule éclairée dans cette nuit, ni encore qu'elle serait radieuse, qu'elle irradierait la lumière. Non. Simplement la lumière est juste posée sur elle. Elle porte la lumière sur elle, comme elle porte les tissus qui l'habillent. Le mouvement de son corps entier, dont les jambes sont noyées dans d'épaisses brumes nuageuses, le mouvement ample et décidé de ses bras musclés à la peau laiteuse, tranchent avec son visage paisible au regard déterminé. Elle remplit simplement sa charge, avec calme et sérénité. Elle fait son devoir, consciente de ses responsabilités, et visiblement nous pouvons avoir confiance en elle. Dans ses poings refermés elles serrent des rênes. Cette jeune femme s'appelle Aube ; elle sort de leur écurie obscure les quatre étalons blancs du char d'Apollon, le char du Soleil qu'il va bientôt élever dans le ciel.
  
Pourquoi ce tableau de Dossi m'a-t-il fait cet effet ? Parce que j'y ai vu une réalité. Soudain j'avais devant mes yeux une image qui illustrait parfaitement le génie affabulateur de l'espèce humaine, son irrépressible besoin de substituer aux mystères de la nature des histoires.
Je me suis rappelé tout à trac le texte de la quatrième de couverture de l'éclairant essai signé en 2008 par la romancière Nancy Huston et que j'avais lu avec passion : « Ils disent, par exemple : Apollon [justement !]. Ou : la Grande Tortue. Ou : Râ, le dieu Soleil. Ou : Notre Seigneur, dans son infinie miséricorde. Ils disent toutes sortes de choses, racontent toutes sortes d’histoires, inventent toutes sortes de chimères. C’est ainsi que nous humains, voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres grands primates. Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle – sans l’imagination qui confère au réel un Sens qu’il ne possède pas en lui-même – nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures. ».
  
Je crois bien que notre planète ne porta jamais sur son sol ou dans ses cieux un seul individu susceptible de vraiment croire que chaque matin une jeune femme au-delà les nuages sort d'une écurie quatre étalons blancs pour les atteler au char d'un jeune homme qui va s'en servir pour traîner le soleil de part et d'autre d'une autoroute céleste. Non. De toute évidence "cela" n'est qu'une allégorie : l'expression d'une idée par le truchement d'une métaphore scénarisée. Mais d'où nous viennent de telles idées et pourquoi les exprimons-nous ainsi ?
  
Si "cela", malgré tout, sur un certain plan, celui de l'imaginaire, celui plus précisément que nous explorons au cours de l'expérience esthétique et intime de la lecture littéraire, la lecture de textes de fictions, si "cela" était vrai ? Si, comme la fameuse mais probable apocryphe exclamation de Galilée : « Et pourtant elle tourne ! », nous pouvions clamer : « Et pourtant c'est vrai ! C'est ainsi : oui, chaque matin Aube sort de l'écurie quatre étalons blancs ! ». Si Galilée ne s'était pas retenu il ne serait pas mort dans son lit, mais certainement sur un bûcher. Sans risquer au 21e siècle de périr ainsi, à quoi nous risquerions-nous si nous osions une telle déclaration insensée ?
  
Et pourtant, nous ne voyons pas la Terre tourner, nous ne percevons pas non plus son déplacement dans l'espace au tour du soleil, lequel selon les scientifiques dépasserait la vitesse de 100.000 km/h. Et pourtant ! Oui pourtant, du point de vue de notre perception la Terre est plate et immobile. Le problème qui se pose alors est je crois celui de décider si, aussi sérieusement limités sur le plan physique par nos cinq sens, nous devons aussi absolument nous condamner à être tout autant limités sur le plan métaphysique, celui d'un sixième sens extrasensoriel, psychique ou poétique ?
Ma réponse est : non, nous ne devons pas nous limiter. D'ailleurs, je crois bien que si nous nous offrions l'occasion d'observer une aurore, nous pourrions alors tous aisément concevoir qu'au-delà toutes considérations scientifiques, par ailleurs justes, la lecture que nous pourrions spontanément en faire s 'apparenterait bien à de telles figures et représentations imaginaires, appellerait bel et bien un tableau comme celui peint au 16e siècle par Battista Dossi, lequel ne faisait d'ailleurs que reprendre dans son Allégorie de l'aube (voir illustration) une mise en scène de l'antiquité.
   
De la mythologie grecque aux sondes spatiales les plus sophistiquées que nous pourrons envoyer dans l'espace, les récits que nous nous faisons des phénomènes naturels donnent raison à ce que le penseur d'origine argentine, ancien lecteur de Borges, Alberto Manguel écrivait en 2011 dans son Nouvel éloge de la folie : « Je crois que nous sommes, dans l'âme, des animaux lecteurs et que l'art de lire, au sens le plus large, définit notre espèce ». Il y écrivait aussi dans sa préface : « Les mots nous disent ce que nous, en tant que société, nous croyons qu’est le monde. ».
Comme Lewis Carroll le fait dire par Humpty Dumpty à son Alice : « De toute façon, le mot a le sens que je lui donne parce que le problème n'est pas de savoir le sens qu'a le mot, mais de savoir qui détient la maîtrise du sens, qui commande dans cette affaire. ». Alors qui commande ? Le réel ou l'imaginaire ?

2014 - Hors la page, pas d'avenir ?