jeudi 23 novembre 2017

Le Cyberespace est un espace la lecture y a donc sa place

J'ai eu le plaisir hier soir d'assister dans le cyberespace à la conférence de Nick Zwart (Amsterdam), directeur général de 3DLES  (3D Learning Experience Services, for Education in Virtual Worlds), une société spécialisée dans les services d'apprentissage et d'éducation dans des environnements OpenSimulator, comme ceux sur lesquels je travaille depuis plusieurs années sur OSGrid (plateforme web 3D des développeurs du logiciel libre OpenSimulator), ou encore la plateforme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
 
Expert TIC dans l'éducation aux Pays-Bas, Nick Zwart travaille également pour l'Université d'Alcalá de Henares en Espagne pour la programmation de la formation linguistique sur OpenSim. Hier soir il nous présentait le projet EVA Park de la City University of London. 
EVA Park est un projet pour les personnes atteintes d'aphasie. Suite à une lésion cérébrale ou à un traumatisme crânien, ces personnes ont de grandes difficultés à s'exprimer oralement et à lier des contacts sociaux. Un environnement Web 3D immersive avec avatars leur permet de travailler leurs compétences vocales à distance avec un thérapeute tout en entrant avec les autres dans des relations collaboratives. 
En France aussi de plus en plus de projets universitaires, scientifiques, éducatifs ou artistiques, se développent avec OpenSimulator. Je pense notamment, outre mes propres collaborations avec Adret Web Art - Récit et innovation numérique, au projet Evolution-Formation (Page Facebook), ou encore aux travaux de Immersive–CoLab.
Il y a quelques jours j'y visitais dans le cyberespace le Laboratoire Parole et Langage, Unité Mixte de Recherche rattachée au CNRS et à Aix-Marseille Université (Cf. illustration).
Pour ma part, j'interviendrai le 17 décembre 2017 dans le cadre des premières rencontres internationales H.I.E. 2017 sur le sujet : Développer et explorer la lecture avec OpenSimulator.

mardi 21 novembre 2017

Parler du Livre et de la Lecture dans le Cyberespace - Rencontres internationales H.I.E 2017

J'aurai le plaisir d'intervenir le 17 décembre à 18H00 dans le cadre des deux journées de conférences multilingues (anglais, français, allemand, espagnol et italien) de présentations de recherches et de projets développés dans le Web 3D immersive, libre et avec avatars OpenSimulator, organisées par l'Hypergrid International Expo.

Ma conférence portera sur le sujet : Développer et explorer la lecture avec OpenSim (Develop and explore reading with OpenSimulator). 
 
Plus d'informations prochainement, vous pouvez suivre l'actualité du projet sur ses Groupes Facebook et Google+ :-)

samedi 18 novembre 2017

Sortir des maux par les mots - Sylvie Dallet - Institut Charles Cros

Le site de l'Institut Charles Cros revient sur les participations récentes de sa présidente, Sylvie Dallet, et de moi-même, délivrées dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro, le 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes.

L'intervention de Sylvie Dallet, Un exercice de mythanalyse : sortir des maux par les mots (enchâssements et énergies mythiques contemporaines), est particulièrement inspirante et ouvre de nombreuses portes et perspectives à la lisière de mes propres travaux sur la recherche d'approches pouvant déclencher ce que j'appelle : un processus d'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, et qui passerait par l'engendrement d'espaces potentiellement habitables dans les fictions. 
  
Un extrait du texte de la communication de Sylvie Dallet :
" Usant d’un vocabulaire concret, le mythe engage par la parole et la lecture, les métamorphoses nécessaires de l’enfance, particulièrement reliée aux métaphores du corps. L’être humain fait partie de la Nature dans l’intimité de ses savoirs et de ses perceptions spirituelles et physiques. Les membranes irisées de la robe couleur de temps dont nous rêvons sont d’abord celles d’avant notre naissance au monde. La couleur révélatrice des sentiments, partie mythique du goût ou du refus des autres, se décline selon les cultures, dans une variation étonnante : le bleu est associé à la perspective (et à la Vierge) depuis Léonard de Vinci qui refusait le noir dans ses tableaux. Le noir est nécessaire à la méditation bouddhiste afin qu’elle puisse travailler cette couleur en contraste de la lumière. Pour l’Islam ancien, le noir, le vert et le blanc sont des couleurs traditionnellement valorisées alors que le bleu et le jaune sont éloignés des habits et des ornements. Le refus du bleu et du jaune les fait associer aux Chrétiens et aux Juifs, cantonnés dans ces couleurs depuis le Moyen-âge chrétien et musulman. Le rouge du sang est la grande couleur médiévale, qui s’associe au noir que la Renaissance s’efforce d’oublier. Chez les intégristes, la haine de la couleur correspond à l’uniformité des croyances.
Comment bouleverser et réinventer un chromatisme social chatoyant ? [...]
La première métamorphose est celle de la naissance, présence comme une remémoration à chaque acte fondateur de la vie future..."



N.B. : illustration Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet au Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique - Photo D.R. (c) Weixuan Li.

samedi 11 novembre 2017

TOM1 - Regarder le Livre en face


Savez-vous que nous avons rendez-vous avec le livre le 09 décembre 2017 à la Maison Pour Tous Gérard Philipe de Villejuif (14H00) pour essayer de nous glisser dans les livres en suivant un clown-acteur ?
 

TEASER INTERVIEW TOM1-CIE EKLOZION from compagnie eklozion on Vimeo.

Plus d'informations dans les jours à venir... Si certains de mes textes ont pu inspirer cette réalisation poétique, et si celles et ceux qui suivent mes travaux pourront en retrouver certains extraits dans le texte mis en scène par Hyam Zaytoun et joué par Xavier Kuentz, c'est que, peut-être, ce décalage par rapport aux mots est nécessaire pour trouver, à la fois, la juste distance et le passage pour nous retrouver de l'autre côté du miroir, dans les livres. 
Une voie et des voix à suivre... A bientôt :-)

jeudi 9 novembre 2017

Lecture et Mythes - Institut Charles Cros

Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet
Depuis avril 2015 je suis chercheur associé à l'Institut Charles Cros, rattaché au séminaire "Ethiques et Mythes de la Création". 
Le site de l'Institut revient sur les participations récentes de sa présidente, Sylvie Dallet, et de moi-même, au colloque international sur la mythanalyse, en reprenant en partie mon texte de présentation. 
Une occasion de découvrir les actions, les artistes, chercheurs et partenaires de cet Institut transdisciplinaire unique en son genre, à partir de ce lien: Un exemple de mythanalyse : la tour de Babel et le mouton imaginaire
 
N.B. : illustration Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet au Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique - Photo D.R. (c) Weixuan Li.

lundi 30 octobre 2017

Réponses à une étudiante au sujet de la "littérature numérique"

J'ai régulièrement le plaisir de répondre à des interviews d'étudiantes ou d'étudiants de diverses filières, mais qui tous ont en commun de s'interroger sur les évolutions des dispositifs et des pratiques de lecture. 
En général je suis à leur écoute et à celle de leurs enseignants et de leurs établissements pour notre intérêt réciproque, car, de fait, nous traversons tous bel et bien une période historique que nous pourrions qualifier, comme je le fais parfois, comme étant celle des "e-incunables"... 
  
- Faites-vous une distinction entre littérature numérique et littérature électronique ?
  
Je tiens d'abord à faire une distinction entre les mots et les idées. Distinguer "littérature numérique", "littérature électronique, "littérature informatique", etc., peut permettre tant une clarification qu'une inutile complexification. 
Quelle serait l'idée motrice derrière ces distinctions ?
Cela me rappelle les années, pas si lointaines, durant lesquelles nous passions du temps à distinguer e-book, avec un trait d'union, d'ebook, en un seul mot, et à nous demander comment appeler les nouveaux dispositifs de lecture à encre électronique. Jusqu'au jour où les usagers ont tranché à leur insu en utilisant le terme de "liseuse", proposé un jour par Virginie Clayssen. Aujourd'hui presque tout le monde sait ce que nous appelons "liseuse", mais cette acculturation en quelque sorte semble s'être faite naturellement, spontanément.
Globalement, pour vous répondre, nous pourrions considérer que la "littérature numérique" concernerait la littérature qui s'écrit et se diffuse par les voies du numérique, tandis que la "littérature électronique", un peu plus ancienne historiquement, concernerait elle plutôt ce qui est produit par des programmes informatiques, la littérature générative combinatoire, les générateurs de textes, par exemple. Je pense notamment à l'Atelier de Littérature Assistée par les Mathématiques et les Ordinateurs (ALAMO) lancé par le poète oulipien Jacques Roubaud dès 1981. Ce qui est écrit alors n'est plus l'oeuvre, mais, le programme qui générera l'oeuvre.
 
- Quelle définition donneriez-vous à la littérature numérique ? Lui donneriez-vous ce nom ?

Par nature je me méfie beaucoup des définitions qui nous enferment dans un cadre de pensée. L'important je pense, au 21e siècle, est de redéfinir : redéfinir le livre, redéfinir la lecture, redéfinir la littérature, etc.
Je ne sais pas s'il existe véritablement une "littérature numérique". Je dirais qu'il existe plus spécifiquement une "poésie numérique", dans le sens qu'il y a bel et bien depuis des années une production d'oeuvres poétiques expérimentales à la croisée des arts numériques et des performances artistiques en public. Cela peut remonter à Dada, voire même avant. Le numérique apporte simplement aux poètes de nouveaux outils d'expression et un formidable canal de diffusion.
Comme j'ai, à partir de 2011, défini les éditeurs numériques comme : "Un éditeur pure-player est un entrepreneur qui publie des livres exclusivement dans des formats numériques à destination des nouveaux dispositifs de lecture", je définirais aussi la littérature numérique de manière très formelle et rationnelle. La littérature numérique est la production littéraire écrite et diffusée par des outils numériques.
C'est surtout une question de supports et de dispositifs, et pas tellement de littérature je crois. Comme toujours cette dimension est primordiale cependant. Nous savons que passer des rouleaux de papyrus aux livres manuscrits sur parchemin n'a pas été sans incidences sur la création littéraire. De même l'imprimerie a révolutionné le champ d'expression romanesque. Nonobstant, si l'influence des supports et des canaux de diffusion est primordiale, elle n'est pas unique.
Comme une eau qui s'écoule, la création littéraire prend tous les chemins qu'elle peut suivre pour irriguer en nous.

- Mon mémoire questionne un certain angle : la littérature numérique s’inscrit-t-elle au sein d'un mouvement littéraire (qui est en cours de formation selon moi) ? Qu’en pensez-vous ?

Je suis assez dubitatif... A moins de définir la "littérature numérique" par rapport aux nouvelles formes de narrations que les outils numériques permettraient ? Appelleriez-vous "littérature numérique" ce que certains appellent : transmédia ?
En termes de "mouvement littéraire", ce que nous pouvons en fait observer pour l'heure est du domaine de la fusion (voire de la confusion) entre les champs de la littérature, du jeu vidéo et de la BD, et principalement par rapport à une construction en grande partie purement commerciale qui amalgamerait les différents styles des littératures de l’imaginaire à un genre "young adults", qui serait lui plutôt un segment du marché du livre. Nous sommes, ne l'oublions pas, à l'époque, non seulement du numérique, mais aussi, des industries culturelles.
Si mouvement littéraire il y a là, il serait dans une remise en cause du contrat de lecture et, à mon sens, dans la reconsidération des espaces imaginaires de la littérature comme de véritables espaces, explorables, voire habitables par les lecteurs. Mais nous sortirions là du cadre historique des écoles littéraires. Nous assisterions à une émancipation, une autonomisation des lecteurs par rapport aux modes de pensée du passé.
 
- Le numérique n’est-il pas le socle nécessaire pour que la littérature existe dorénavant ?
 
Peut-être, mais, pour ma part, je ne le crois pas vraiment. Je repense souvent à la fin de ce roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451. Elle est particulièrement émouvante je trouve dans l'adaptation cinématographique de François Truffaut. On y voit des groupes de lecteurs résistants cachés dans les bois et qui apprennent par coeur des livres entiers, chacun un livre, et chacun porte comme nom le nom du livre qu'il apprend... Et puis... que deviendrions-nous si la fée électricité venait à nous quitter ? Même aujourd'hui, comment accéder à cette littérature numérique sans le truchement de l'électricité ?
Je crois que le numérique est comme une fusée, mais ce n'est pas la Lune, et que la littérature, le texte avec une portée esthétique et morale, excède (dans son double sens de dépasser et d'importuner) toujours les outils d'écriture et de lecture.
Une autre face du numérique serait aussi à prendre en considération par rapport au livre : celle, moins créative, du profilage des lecteurs et des prescriptions de lectures par des algorithmes. Si vous voulez vraiment parler de littérature, la question est alors celle d'un rapport à la langue, et, qu'elle soit médiatisée par une machine matérielle ou logicielle c'est sa plasticité, sa créativité à elle, la langue, qui prédominent, et non pas celles de machines construites. Je pense aux "machines à mots" de Bernard Heidsieck qui finalement cherchaient peut-être à exprimer cela.
 
- Cette évolution de la littérature a-t-elle un avenir selon vous ? Deviendra t-elle une référence ?
   
Ce sera une étape, espérons-le. Je suis prospectiviste et non pas devin, ni prophète, et, en plus, mon point de vue est certainement subjectif. D'abord en tant que lecteur (de romans surtout) et par rapport certainement à ma génération, à mon âge. Mes apprentissages et mes premiers contacts avec l'écriture et la lecture ont été sur papier. Probablement que les tout jeunes enfants, qui aujourd'hui apprennent à lire et à écrire dans un environnement numérique, voient et verront ces questions autrement. En outre, mes recherches sont orientées versant lecteur. Comment faire, comment utiliser le numérique, pour enrichir l'imagerie mentale et augmenter le sentiment d'immersion des lecteurs par rapport à une fiction littéraire ? Je suis donc doublement subjectif ! Mais je crois vraiment que ce qui se joue actuellement se joue au niveau de la narration et de la suspension d'incrédulité à laquelle le lecteur accepte tacitement de s'abandonner. Le roman a bénéficié de l'imprimerie, mais, comment le numérique pourrait-il le métamorphoser tout en préservant la puissance du verbe sur celle des images animées ? 
   

mercredi 25 octobre 2017

Sur la Mythanalyse comme clef de lecture - Vers une plus grande autonomie des lecteurs de fictions

Le texte de mon intervention du lundi 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes, dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro. 
Une version enrichie sera publiée en 2018 dans M@GM@ - Revue internationale en sciences humaines et sociales.