vendredi 31 mars 2017

Livre Audio - Mon introduction à la table ronde

J'ai eu le plaisir de coorganiser et d'introduire la table ronde sur le livre audio du 30 mars 2017 à l'Ecole Estienne {voir les détails ici}.

Voici le texte de mon introduction intitulée : "Dans le livre audio se conjuguent les mystères du livre et de la parole"...

" A en croire l'actualité de ces derniers mois le livre audio serait un marché en pleine expansion.
Il bénéficiait d'une bonne visibilité, avec stands et animations au récent Salon du livre de Paris (Cécile Palusinski et Valérie Lévy-Soussan qui y étaient pourront nous en parler) et les initiatives intéressantes se multiplient (elles nous en parleront aussi).
Le développement du livre audio jusqu'alors sur cassettes audio, puis sur CD, pourrait-il profiter de l'invasion des smartphones et, dans quelques temps, des casques de réalité virtuelle ?

En introduction à cette table ronde, qui sera animée par Olivia Phélip de Viabooks, je voudrais vous inviter à un petit voyage dans le temps.
Quand nos ancêtres les plus lointains émergent à la surface de la Terre il n'y a d'abord que la vaste symphonie du monde, la bande son des éléments naturels et des autres animaux. Puis nous passons des grognements au langage articulé, et nous commençons à raconter des histoires. Il serait amusant de déterminer le rôle du mensonge dans ce que les spécialistes de l'origine du langage appellent l'invention du signal découplé.
L'oralité est première. L'écrit vient ensuite, et pendant longtemps très peu savent écrire et très peu savent lire. Celui qui sait, fait la lecture, et les autres écoutent. C'est pourquoi dans la Grèce antique il y avait plusieurs verbes pour signifier « lire », et le plus important signifiait quelque chose comme « essaimer », « distribuer ».
Au niveau individuel nous revivons tous cette histoire de notre espèce. Tout jeune enfant nos premiers contacts avec les livres le sont par les histoires qui nous sont lues par des adultes. Puis progressivement nous passons plus ou moins à la lecture silencieuse.
Pour l'helléniste Jesper Svenbro la lecture silencieuse aurait pu être rendue mentalement possible dans la Grèce antique par l'expérience du théâtre, le choc de constater que des semblables (les acteurs) pouvaient dire du texte mémorisé sans le lire, sans l'énoncer comme lu devant le public.
Françoise Prêtre aura certainement des choses intéressantes à nous dire sur l'importance de la lecture à haute voix dans les livres numériques et les applications destinés aux jeunes enfants.
Dans sa bien intéressante Une histoire de la lecture (Actes Sud éd.), Alberto Manguel rappelle comment « écouter lire » perdure au fil des siècles, et comment pendant un certain temps des lecteurs officiaient à Cuba en accompagnement des heures de travail dans les ateliers des fabriques de tabac. Je rappellerais aussi l'anecdote bien connue, dont nous trouvons trace dans l'une de ses lettres, de l'étonnement de Saint Augustin lorsqu'il découvre que son nouveau précepteur, Ambroise, lisait en remuant à peine les lèvres et sans proférer le moindre son (nous sommes vers 380).

Pour conclure, cinq points que je tiens rapidement à lister avant de passer la parole à Olivia Phélip :
D'un point de vue strictement perceptif et neuronal écouter et lire sont deux activités différentes.
La voix humaine fait incontestablement passer des émotions qui seraient à même d'engendrer une plus grande résonance affective chez le lecteur, mais en quoi cela influence-t-il le sentiment d’immersion et le processus d'imagerie mentale d'une lecture silencieuse ?
La question de l'attention se pose également : quand nous lisons, nous maintenons une activité semi-consciente permanente, c'est-à-dire que si nous cessons de lire, la lecture s'arrête, alors qu'un livre audio nous pouvons très bien cesser d'écouter et l'histoire continue de se dérouler...
Dans ma pratique personnelle de lecture de fictions, lorsqu'une phrase retient mon attention, bloquant en quelque sorte le cours naturel de ma lecture, je la relis une ou deux fois à voix basse, et alors le sentiment de visualiser, voire de vivre la scène s'en trouve généralement augmenté.
Enfin, écouter lire, est une chose, lire à voix basse pour soi, une autre, et lire à haute voix, autre chose encore.

En conclusion, la problématique lecture à haute voix / lecture silencieuse est très ancienne, et il est justement intéressant je trouve de souligner qu'elle est toujours d'actualité. Comme quoi quelque chose d'essentiel doit certainement se jouer là.
Une Commission Livre Audio, présidée par Paule du Bouchet (Gallimard - Ecoutez Lire) a été créée en 2015 au SNE, nous en avons la Vice-présidente, en la personne de Valérie Lévy-Soussan, et une étude sur les Français et les contenus audio est sortie à l'occasion du récent Salon Livre Paris. Notre sujet de ce soir est donc bien stratégique et d'actualité, et au-delà du livre audio se pose aussi déjà la question de la bande son des livres numériques et du transmédia, et Laurent Morgana aura probablement des choses intéressantes à nous dire là dessus.
Voilà. J'ai beaucoup parlé, je vais maintenant être tout ouïe... "

jeudi 30 mars 2017

La vie est naturellement transmedia

J'ai eu le plaisir de participer le 28 mars 2017 à une table ronde coorganisée par Usbek & Rica et KissKissBankBank sur le thème :  
LE FUTUR DU LIVRE SERA-T-IL TRANSMEDIA ? 
en compagnie de Elise Nebout (co-fondatrice et directrice de l'école d'écriture Les Mots) et de Benjamin Lelong du studio transmédia SmallBang. Nos échanges étaient animés par Lila Meghraoua du magazine d'exploration du futur Usbek & Rica

En résumé, ce fut pour moi l'occasion de proposer ma définition du transmédia : "le passage d'un même flux narratif par différents médias" ; et de m'étonner de la tendance à toujours vouloir relier les extensions du numérique et des écrans à l'écosystème du livre et de la lecture, car, ne s'agit-il pas aussi d'autre chose ?
J'ai parlé du passage de "l'interaction" à "l'immersion", de la projection d'un soi lecteur ou lectrice dans un "fictionaute", des métalepses narratives, et eu l'idée que notre souci permanent d'élaborer des dispositifs et des interfaces de lecture engendrant des simulacres du réel toujours plus réalistes pourrait relever d'une espèce de... biomimétisme. A suivre...  
La vidéo de la rencontre qui était diffusée en live sur Facebook est... ici sur la page de KissKissBankBank.

mercredi 22 mars 2017

Salon du Livre Paris 2017

Bonjour, je serai en balade au Salon du Livre de Paris ce vendredi 24 mars 2017 et éventuellement le lundi 27. N'hésitez pas à me faire signe sur place ou à me contacter dès maintenant si vous souhaitez que nous nous y rencontrions :-) 

mardi 21 mars 2017

LIVRE et TRANSMEDIA

Quid du livre face au transmédia
Si le livre n'est pas transmédia, la lecture, elle, l'est, elle l'est comme la vie, elle l'est spontanément, naturellement et essentiellement pour notre plus grand plaisir. 

C'est ce message, entre autres, que j'essayerai de faire passer le mardi 28 mars à la table ronde organisée à la Maison du Crowdfunding - KissKissBankBank, de 19H00 à 20H30 : LE FUTUR DU LIVRE SERA-T-IL TRANSMEDIA ? animée par Lila Meghraoua du magazine Usbek & Rica.

Le transmédia est plus que jamais d'actualité ! 
J'ai récemment eu le plaisir de répondre à ce sujet à une interview de Mathieu Jankowiak sur Creative Insights Mag { à lire en cliquant ici... }. 

Extrait de cet entretien :
Quelle définition pouvez-vous donner du transmédia ? 
" Le transmédia n’est pas un média. C’est le passage d’un même flux narratif par différents médias.
Ce n’est là bien sûr que ma définition personnelle par rapport à mes propres recherches en prospective. Mais il me semble important de ne pas tout confondre et mélanger. Un média est simplement un moyen de diffusion. Le multimédia, qui remonte au moins au mouvement surréaliste, consiste à utiliser différents médias au sein d’une même réalisation. Le cross-média utilise lui différents médias pour diffuser un même contenu qui se décline différemment dans chacun en fonction de ses caractéristiques. Le transmédia va au-delà, par essence il est narratif et sur le modèle des « mondes persistants » apparus avec les jeux en ligne massivement multijoueur. C’est-à-dire que même en notre absence le contenu continue d’exister et d’évoluer, de changer en temps réel… Qu’il soit fictionnel ou documentaire, chaque média traversé présente un contenu à la fois singulier et complémentaire aux autres, tout en restant évolutif au gré des interactions avec ses « lecteurs »... "
J'avais également eu le plaisir d'organiser et d'introduire une table ronde sur ce thème : Le transmédia va-t-il réinventer le livre ? à l'Ecole Estienne, en partenariat avec l'ATEP (Association des techniciens de l'édition et de la publicité) et Viabooks, le 09 janvier courant. 

lundi 20 mars 2017

Retour sur le Festival VIDEOFORMES 2017

J'ai eu le plaisir pour la deuxième année consécutive de participer à la table ronde du festival international d'arts numériques VIDEOFORMES.

En compagnie d'Elise Aspord (Docteur en histoire de l’art et membre associée du laboratoire Communication et Solidarité, Université Clermont Auvergne), qui présentait et animait cette rencontre, et de l'artiste iranienne Golnaz Behrouznia, j'ai pu exposer quelques-unes de mes idées sur le sujet de la narration non-verbale et essayer d'apporter quelques éléments de réponse à la question : pourquoi des images seules font-elles narration ?

 Mon intervention en résumé :

J'ai développé ma réflexion dans la perspective de cette citation de Marcel Proust : "Nous sentons dans un monde, nous pensons, nous nommons dans un autre, nous pouvons entre les deux établir une concordance mais non combler l'intervalle." (Du côté de Guermantes).
J'ai commencé par montrer quelques illustrations de paréidolies, un type d'illusions d'optique engendrées par notre cerveau et qui nous font reconnaître dans des formes naturelles (nuages, roches…) des visages humains ou des silhouettes animales..., pour évoquer ensuite les travaux du psychologue cognitiviste Stanislas Dehaene sur la lecture et la reconnaissance des formes.
Avec en illustration le tableau de William Blake, Christian lisant son livre, j'ai abordé la question : Qu'est-ce que lire ?
Je me suis ensuite inspiré d'une peinture d'un peintre italien du 16e siècle, Allégorie de l'aube, par Battista Dossi, pour évoquer la nouvelle théorie du rêve proposée par le neurobiologiste français Jean-Pol Tassin, pour lequel ce serait le réveil qui engendrerait le rêve... 
 
Enfin, c'est sur la célèbre photographie de Daguerre du boulevard du Temple en 1838 (photo ci-contre) que j'ai conclu mon intervention, en la proposant comme une hyper-métaphore d'un psaume de la Septante qui dit : 
 
"C'est dans l'image que chemine l'homme.
(Traduction de Jean-Louis Chrétien).

Bien évidemment ce n'est là qu'un résumé... 
Et qui que vous soyez à lire ce blog, je reste disponible pour venir échanger avec vous en d'autres endroits, en d'autres occasions.

N.B. illustrations photographiques : en haut photo de Gabriel Soucheyre, en bas photo de Loïez Deniel. Merci à eux deux.

mercredi 8 mars 2017

Le Livre Audio - Les intervenants

Le jeudi 30 mars 2017 à 18H00 aura lieu au sein de l'Amphi Charlie de l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques de la Ville de Paris) une rencontre-débat autour de la question : 
 
LE LIVRE AUDIO - Chainon manquant entre imprimé et numérique ?
 
J'aurai une nouvelle fois le plaisir d'introduire ces échanges qui seront ensuite animés par Olivia Phélip de Viabooks.

Pour participer inscrivez-vous gratuitement par mail auprès de : pan.sarmant@ecole-estienne.fr.

Les participants seront :

 - Valérie LEVY-SOUSSAN
Présidente-directrice générale d'Audiolib (http://www.audiolib.fr/), maison d'édition de livres audio lancée en 2008 et filiale du Groupe Hachette Livre, elle est également Vice-présidente de la commission livre audio du SNE (syndicat national de l'édition - http://www.sne.fr/commissions/livre-audio/) créée en 2015 et présidée par Paule du Bouchet (Gallimard - Écoutez Lire).

- Cécile PALUSINSKI
Présidente de l'association reconnue d’intérêt général La Plume de Paon de promotion du livre audio et du livre audio numérique à Strasbourg (http://www.laplumedepaon.com/), elle est l'organisatrice du Grand Prix du Livre Audio, du Prix du Public, de la Plume de Paon des Lycéens et du Festival du livre audio. Elle est également auteur de livres audio et présidente de Numered Conseil (http://www.numered.com), agence de conseil et de formation à destination des professionnels de la culture confrontés à la mutation numérique.

- Françoise PRÊTRE
Fondatrice et directrice des éditions numériques jeunesse et d'audiobooks La souris Qui Raconte (http://www.lasourisquiraconte.com/) créées en juin 2010 et dédiées aux 5-10 ans. Ancienne directrice de production et directrice artistique elle s'adresse au grand public, mais aussi aux collectivités (bibliothèques et écoles), son équipe compte 22 auteurs, 31 illustrateurs et 6 comédiens-conteurs.

- Laurent MORGANA
Co-fondateur et président d'AtmosFeel (https://www.atmosfeel.fr/), éditions multimédia faisant appel à des comédiens professionnels créées en juin 2014, et Les Voix AtmosFeel (http://lesvoix.atmosfeel.fr/) studio de casting voix et d'enregistrements audio. AtmosFeel a pour ambition de mêler les arts littéraires, musicaux et (photo)graphiques au travers d'œuvres multimédias collaboratives.

Informations pratiques

Jeudi 30 mars 2017 de 18H00 à 20H00 - Amphi Charlie - Ecole Estienne - 18 boulevard Auguste-Blanqui 75013 Paris (Entrée par la rue Abel Hovelacque).
Participation gratuite sur réservation obligatoire par mail auprès de l'Ecole Estienne à pan.sarmant@ecole-estienne.fr

samedi 4 mars 2017

Edition Numérique - Etat des Lieux

Pour la première actualisation 2017 de la liste des éditeurs numériques francophones (à consulter librement en suivant ce lien) s'est imposé le besoin de faire un point critique sur l'édition numérique francophone

Force est de constater, en effet, que depuis la création de cette liste en avril 2011, et même depuis la parution en 2007 de mon livre Gutenberg 2.0 le futur du livre, l'édition numérique stagne
On me le fait souvent remarquer avec un sourire moqueur, certains confondant avec un plaisir niais "prospective" avec "numérique", voire avec "informatique" ;-( 

Quelques constats...

- Depuis le lancement de cette liste, 24 éditeurs ont "mis la clef sous la porte", comme l'on dit familièrement. Mais, régulièrement, de nouveaux se lancent. Ils étaient une trentaine au départ, ils sont aujourd'hui presque 180, et cette liste n'est sans doute pas exhaustive.
- De plus en plus parmi eux proposent l'impression à la demande, souvent en partenariat avec... Hachette ;-)
- Le lectorat traditionnel suit peu. Ou alors il emprunte des voies détournées (?), soit, en téléchargeant gratuitement des titres du domaine public - plusieurs sites permettant en toute légalité d'accéder à de très nombreux classiques de la littérature, soit, en devenant parfois pirate.
- Par ailleurs, il est encore trop tôt pour que de nouvelles générations de lecteurs, natives du numérique, et ayant fait leur apprentissage de la lecture en partie au moins sur des supports numériques, soient en mesure d'influer sur le marché du livre.
- L'édition numérique jeunesse reste toujours le secteur le plus créatif et elle joue certainement un rôle important qui ne se révélera qu'à moyen terme, lorsque ses jeunes lecteurs seront devenus grands ;-)

Pourquoi cette stagnation