lundi 26 novembre 2018

Permanence et impertinences du conte

Une possible définition serait que les contes sont d'impertinentes inventions humaines qui nous servent à nous dire à nous-mêmes ce que nous ne voudrions pas entendre.
 
Le mercredi 05 décembre 2018 l'Institut Charles Cros consacrera la séance mensuelle de son séminaire EMC (Ethiques et Mythes de la Création) au sujet suivant : 
Ce que le conte a à dire au monde contemporain...

Après une introduction de Sylvie Dallet (présidente de l'Institut Charles Cros) :  Inépuisable trésor  des contes où les chemins de traverse de Poucette, interviendront :
- Céline Mounier (sociologue, cafés numériques Orange) : Les interprétations du féminin à travers l’oeuvre de Pierrette Fleutiaux.
- Tina Ngal (femme de lettres, chef d’entreprise et conteuse) : L’aube de la modernité :  les contes initiatiques mbûn.
- Arta Seiti (Auteur de l’essai poétique "Nimbes" aux éditons Fauves en 2018. Chargée d’enseignement à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université catholique de Lille, experte en géopolitique des Balkans et directrice du Groupe d’Études balkaniques de l’Institut Prospective & Sécurité en Europe) : Le sifflement du vent et la morsure de la mélancolie.
- Monika Siejka (titulaire du diplôme de Sciences Politiques, docteure en Histoire culturelle, spécialiste des séries américaines et fondatrice de l’Institut International du Multimédia) : Le retour du conte dans les séries télévisées.
  
Plus de précisions sur le site de l'Institut Charles Cros.
Lieu et horaires : 24 rue des écoles, à Paris de 14H00 à 17/18H00.
Entrée libre dans la mesure des places disponibles (mail de confirmation à sylvie.dallet@uvsq.fr).

samedi 24 novembre 2018

Quels Futurs pour les Bibliothèques ?

Le devenir des bibliothèques est aujourd'hui l'une de mes principales préoccupations ! 
Récemment le dessin humoristique ci-dessous a circulé sur les réseaux sociaux, mais n'est-il pas symptomatique justement qu'il soit passé presque inaperçu ?


La communication met le plus souvent en avant les architectures futuristes des nouvelles bibliothèques (par exemple récemment : Oodi : une bibliothèque à 98 millions d'euros ouvrira ses portes en décembre prochain, à Helsinki en Finlande), ou alors les services innovants-décalés que d'autres proposent (par exemple récemment : A Montréal, un "drive" pour rendre ses livres à la bibliothèque), mais à l'écoute du terrain de nombreux-ses bibliothécaires, des lectrices et des lecteurs sont beaucoup plus réservés sur l'évolution que prennent les bibliothèques (par exemple récemment ce commentaire d'un usager sur Facebook : "on sait tous qu'on est en train de détruire le concept de bibliothèque car on veut bien détruire tout ce qui touche aux notions de réflexion, développement intellectuel, etc. Les bibliothèques deviennent au mieux, pour survivre aux désirs des gouvernants, des lieux de loisir, de légèreté, des starbucks gratos"). 
 
La mission première des bibliothèques ne doit-elle pas rester le développement de la lecture publique ?

En reconnaissant cela il ne s'agit en aucun cas d'adopter une posture technophobe conservatrice, pour la défense de l'imprimé et contre le numérique. Absolument pas ! 
Mais il s'agit de savoir quelles sont et où sont les valeurs à défendre.
Quid, par exemple, de la place de la littérature numérique en bibliothèques ? Des nouvelles formes de narrations expérimentées sur le web, dans la réalité virtuelle, etc. ? 
Ce n'est pas être positivement ouvert à l'avenir que de proposer un service original ou une animation loufoque sans rapport avec LA LECTURE.
 
De l'internaute au cybernaute... au lecteur !
 
Aujourd'hui usagers des bibliothèques et bibliothécaires sont souvent des internautes.
Mais les internautes ne sont le plus souvent que de simples utilisateurs d'Internet.
A l'instar des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires, habitués à voyager mentalement dans des espaces imaginaires, certain-e-s internautes deviennent des cybernautes, des voyageurs dans le cyberespace. Mais ils sont encore très rares !  

Les bibliothécaires ont une mission essentielle à remplir auprès des internautes lecteurs et des lecteurs internautes, et en faisant des internautes des cybernautes et des cybernautes des lecteurs, et vice-versa, en faisant des lecteurs des cybernautes ! 
 
Bien au-delà des réseaux sociaux le cyberespace, bien que déterritorialisé et extraterritorial, est un espace qui permet les rencontres et les échanges entre internautes, aujourd'hui sur le web 3D immersive avec avatars, et bientôt via des casques de réalités virtuelles ou des lunettes de réalité augmentée... 
A plus long terme l'enjeu, principalement pour ce qui est de la pérennité de la lecture, quelles que soient ses nouvelles interfaces, est celui de la possibilité du maintien d'une présence médiatrice de bibliothécaires humains ; que ceux-ci ne soient pas un jour purement et simplement remplacés par des intelligences artificielles à l'action derrière des agents conversationnels, enceintes connectées ou autres machines non-humaines. 
 
Ma réflexion sur ce sujet capital à mes yeux du devenir des bibliothèques est en pleine effervescence ! 
Parlons-en si vous voulez ! 

mercredi 7 novembre 2018

Personnages de fictions et extraterrestres

Personnage ou robot
Les personnages de fictions littéraires, parce qu'ils sont généralement des créatures anthropomorphiques qui ne vivent pas vraiment sur Terre sont, en toute logique, les premiers extraterrestres avec lesquels nous devrions chercher à entrer en contact.
  
Et cela, ce contact, sera un jour possible. 
J'ai en effet, à partir de mon travail de veille, des raisons de penser que l'autonomisation des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires ira de pair avec une émancipation des personnages.
 
Au vu des évolutions actuelles des interactions Homme-machine, notamment dans le domaine des interfaces de lecture, et considérant quelques signaux faibles détectables dans des secteurs en marge du marché du livre, quelques pistes se dessinent à la croisée des chemins des premières réalisations fictionnelles en réalités virtuelles, de la réalité augmentée et de l'intelligence artificielle. 
Voici quelques-unes seulement de ces principales pistes possibles : 
 
- Avatarisation des personnages de fictions (plusieurs expérimentations grandeur nature ont déjà eu lieu avec sur les réseaux sociaux des profils fictifs de personnages...)
- Exploitation des assistants vocaux et agents conversationnels (déjà utilisés pour "lire" des histoires et dans la tendance du développement des livres audio et des podcasts...)
- Le web 3D immersive avec avatarisation de l'internaute et casque VR (de nouvelles plateformes sont en cours de développement, comme Sansar par exemple), ou, sans casque VR, comme je l'expérimente depuis quelques années notamment avec OpenSimulator. 
Lire, par exemple : Extension du domaine de la BD (juin 2018). 
- Le développement de créatures biodigitales pourrait aussi donner un jour corps à des personnages de fictions littéraires et faciliter leur immersion dans notre quotidien (réalité augmentée et hologrammes ouvrent déjà quelques perspectives, par ailleurs la poésie et les arts numériques explorent des territoires où de nouvelles relations peuvent se nouer entre les différentes puissances narratrices en jeu, tant dans ce qui nous lie au réel, que dans ce qui nous attire dans les fictions...).
Lire, par exemple : Les nouvelles créatures d’Instagram, ou quand la science-fiction rejoint la réalité...

Mais ce sera peut-être, probablement même à mon humble avis, par les ressources naturelles de leur propre mental, en devenant des fictionautes, que certaines lectrices et que certains lecteurs passeront la ligne rouge et entreront un jour en communication avec des personnages de fictions. 
Une nouvelle génération d'auteurs et d'éditeurs doit se lever et se mettre en marche vers cet horizon. 
Les fictions ne doivent plus être des cages à imaginaire pour retenir l'attention passive de masses indifférenciées (public, (télé)spectateurs, audience, lectorats...), mais de nouveaux mondes ouverts à l'exploration et à la recherche de solutions de possibles à-venir pour notre espèce fabulatrice.
 
Souvenons-nous ce qu'écrivait Antonin Artaud en 1925 : « Je voudrais faire un livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n'auraient jamais consenti à aller, une porte tout simplement abouchée à la réalité. » (L'Ombilic des limbes).
Vous voulez explorer ces voies. Comme moi vous recherchez cette porte ? 
Parlons-en !