lundi 31 octobre 2016

Perdons-nous la sérénité du texte imprimé ?

Le texte de mon intervention de décembre 2015 au séminaire Franco-brésilien dirigé par Ana-Maria Peçanha à l'université Paris-Descartes sur le thème : "De la Sérénité - Comment vivre la sérénité en périodes de crises ou de menaces ? Une approche transdisciplinaire" est depuis hier disponible en ligne dans un numéro de la Revue Internationale en Sciences Humaines et Sociales, M@gm@.

Lien direct http://www.magma.analisiqualitativa.com/1402/article_07.htm 





Résumé

  
" Ce texte de réflexion a pour objectif de questionner l'éventuelle perte du sentiment de sérénité de la lecture profonde, au fil des mutations des dispositifs et des pratiques de lecture que nous observons depuis quelques années déjà. 
C'est à une nouvelle grille de lecture du monde que nous devons nous adapter en nous acculturant à de nouvelles pratiques de lecture. 
Pour faire face les lecteurs du 21e siècle devront être des lecteurs augmentés. Bien loin de toute sérénité, le lecteur deviendrait alors lui-même une machine à traiter l'information, un dispositif mental apte à simuler et à stimuler une grammaire générative nous donnant accès à plusieurs niveaux de lecture de l’univers. 
En arrière-fond de cette mutation des dispositifs et des pratiques de lecture, les grands récits mythiques, d'avant les livres, d'avant même l'écriture, irriguent toujours nos imaginaires et notre inconscient collectif. Romans familiaux et romans nationaux ne font toujours que puiser dans le réservoir de ces temps immémoriaux. Algorithmes, métadonnées et big data, ne sont que des expressions contemporaines de forces antédiluviennes, des mots substitués pour désigner en fait des avatars d'anges et de démons. Les mythes agissent comme de véritables hologrammes narratifs (un hologramme étant un ensemble d'informations qui n'ont justement pas besoin d'un support physique pour apparaître). "
 

lundi 10 octobre 2016

Voyagez dans le présent et le futur du livre !

Nous avons rendez-vous à l'accélérateur international de startups NUMA-Paris le mardi 18 octobre, en collaboration avec les éditions AtmosFeel, pour une rencontre exceptionnelle avec... vous, auteurs et lecteurs :-) 

Toutes les infos sur :

samedi 8 octobre 2016

La Lecture à Voix Haute revient en force

Dans son captivant essai en 1998, "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel expose longuement l'antériorité et la primauté de la lecture à voix haute, par rapport à la lecture à voix basse, comme saint Augustin fut surpris de voir son maitre saint Ambroise la pratiquer, ou la lecture silencieuse, intériorisée, qui semble notre lot commun depuis que des machines à enregistrer et à restituer les sons ont envahi notre environnement. 

Je pense également aux travaux de Jesper Svenbro, lorsqu'il évoque l'intériorisation de l'espace théâtral dans l'espace écrit, et le fait que la lecture silencieuse aurait pu être rendue mentalement possible dans la Grèce antique par l'expérience du théâtre.
Aujourd'hui le mouvement inverse semble s'amorcer. Les vibrations du langage parlé vont peut-être nous devenir plus perceptibles dès lors que l'augmentation bionique de nos organes sensoriels et de nos capacités cérébrales de décodage nous rendra plus sensibles au complexe tissage harmonique du vivant. 
Aujourd'hui, alors que de nouvelles formes de conversations émergent des réseaux sociaux, que réalité augmentée et réalités virtuelles, avec ou sans avatars, nous ouvrent de nouvelles perspectives, que la littérature audio se rappelle au souvenir des lecteurs, que les arts numériques et les robots prétendent renouveler l'expérience théâtrale, peut-être pourrions-nous lire dans cette conjonction de signes le déclin de la lecture silencieuse des textes imprimés et la nécessité pour les lecteurs et les lectrices de tracer leur voyage intérieur dans la résonance, dans l'écho de leurs lectures au plus profond d'eux-mêmes.
 
Hybrider la scène la page et l'écran
  
Dans cette perspective il n'est plus extravagant alors de penser que demain des territoires numériques puissent hybrider ce qui jusqu'alors étaient la scène, la page, puis l'écran.
C'est là une des explorations que nous développons sur la plate-forme web 3D immersive avec avatars EVER (acronyme d'Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Outre les différents projets fédérés autour de mon incubateur virtuel d'un MétaCafé littéraire (voir un post précédent : Les nouveaux chemins de l'oralité), notre nouvelle initiative prend une toute autre forme. 
L'objectif, par rapport à mes recherches en futurologie des dispositifs et des pratiques de lectures, est d'explorer le potentiel de la lecture partagée à distance au sein d'environnements simulés (c'est-à-dire, quelque part, fictifs).

Connectez-vous sur http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php

Chaque opus de ma chronique Le Livre Est Ailleurs aborde une facette de la manière dont le langage que nous utilisons tisse le monde que nous percevons, comment les limites de notre langage signifient les limites de notre propre monde (pour paraphraser Wittgenstein) et comment les mondes numériquement simulés peuvent aujourd'hui repousser ces limites.
Vous pouvez découvrir (c'est-à-dire écouter) le pilote de cette expérimentation enregistrée en multiplex sur la plate-forme web 3D de l'université de Strasbourg depuis plusieurs localisations physiques en France et au Québec, les textes lus, dont celui de ma chronique (Alice et le Plat Pays) en suivant ce lien : http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php 

Pour suivre l'actualité de ce projet vous pouvez vous inscrire au groupe Amis du Théâtre de l'Adret sur Facebook.

mercredi 5 octobre 2016

Refuser la disparition du livre mais pas son évolution !

Avec son Fahrenheit 4.0 – Essai sur la disparition du livre, paru cet été aux éditions de L'Harmattan, Thierry Charles semble bien avoir rédigé le testament philosophique de la culture littéraire. Je réfute dans Viabooks (lire ici : La disparition du livre est-elle inévitable ?) cette vision pessimiste. Je vois en effet (et celles et ceux qui suivent la partie visible de mon travail de veille sur les réseaux sociaux également) dans les mutations des pratiques de lecture et dans les nouvelles formes de narration, des raisons de croire dans l'avenir de la fiction et de la lecture.