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mercredi 28 février 2024

Parution de Terres de Fiction

Lorenzo Soccavo in Viabooks
Mon essai "Terres de fiction : de quel côté du miroir sommes-nous ?" est paru le 08 février dernier aux éditions Bozon2X (Diffusion CEDIF - Distribution POLLEN).
Vous pouvez en avoir une présentation rapide ainsi que le sommaire sur le site de la recherche en littérature Fabula ; et sous un autre angle : « Nous sommes les jardiniers des textes que nous lisons » sur Viabooks -Le Meilleur des Livres et des Auteurs...
N'hésitez pas à me contacter directement si vous souhaitez que je vienne vous le présenter et / ou en lire des extraits...

lundi 15 janvier 2024

Bientôt des Terres de Fiction...

Terres de fiction par Lorenzo Soccavo

Le 08 février 2024 paraîtra aux éditions belges Bozon2X mon premier essai sur mes recherches en littérature comparée et lecture de fictions littéraires. Titré : Terres de fiction, et sous-titré : De quel côté du miroir sommes-nous? il devrait être le premier volume d'une trilogie.
L'entretien que j'ai donné pour son lancement vous éclairera sur ces points (Six questions à Lorenzo Soccavo...)
A partir de sa parution le blog Lire et Dé-lire sera son blog-compagnon.
Ci-après le dossier de presse :

A bientôt alors ? Je suis à votre écoute...

vendredi 29 décembre 2023

2024 Dans le Passage ?

Passage des Patriarches, rue Mouffetard, 5ème arrondissement, Paris  Atget, Eugène (Jean Eugène Auguste Atget, dit) , Photographe   Musée Carnavalet, Histoire de Paris  PH3760  CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Passage des Patriarches - E. Atget
Je ne sais pas pour vous, mais moi je me suis plusieurs fois volontairement rendu dans ce que nous appelons "la réalité" à des endroits qui étaient par ailleurs des lieux d’importance dans telle ou telle fiction, et je me suis toujours retrouvé Gros-Jean comme devant.
Que se passe-t-il, par exemple, lorsque je remonte et redescends plusieurs fois de suite la rue de la maison d’enfance de Georges Perec, alors que ni la maison ni la rue Vilin n’existent plus et qu’elles ne figurent plus aujourd’hui qu’à l’état de traces dans le Parc de Belleville ? Que se passe-t-il lorsque je me rends à la pointe de l’Île Saint-Louis à la place Louis Aragon, là où Cortázar situe l’action de la nouvelle qui inspirera Antonioni pour son film Blow up ? Que se passe-t-il lorsque je parcours désemparé le Passage des Patriarches, y cherchant le numéro 37 du roman de René Daumal Le Mont Analogue, alors que dans la réalité la voie n’en compte que dix-neuf ? Et je pourrais multiplier les exemples ! En apparence il ne se passe rien. Rien : il n’y a pas de numéro 37 à Paris au Passage des Patriarches. Et, tout compte fait, c’est cela sans doute, ce rien, ce que nous appelons couramment : "la réalité". Mais pourtant...
Nous en reparlerons en détails en 2024...
Mais si vous sentez que vraiment vous ne pouvez pas attendre, alors suivez ce lien pour avoir quelques précisions sur le blog des éditions belges BOZON2X...
En attendant, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne fin d'année et, promis, je vous donne rendez-vous l'an prochain dans le "pas-sage"...

samedi 28 octobre 2023

Une mystique du langage...

Trois livres dont les héros sont spécialistes des langues et du langage
Face à la mystification du langage qui altère notre perception du réel l’issue de secours serait-elle dans une échappée mystique ? Mythifier ce qui nous mystifie ou mystifier ce qui nous mythifie serait-il le chemin, la vérité et la vie ? Trois de mes lectures semblent nous ouvrir cette voie...

Les Noms, Don DeLillo
L’on commence à Athènes pour finalement mourir où ? Apparemment pour être mis à mort en un lieu auquel nous serions liés par un lien alphabétique discret.
Ce premier titre qui a pour nom : Les Noms, a fait émerger une drôle de question dans mon esprit : au terme du Procès de Kafka connaîtrions-nous l’initiale du lieu où K est tué : « "Comme un chien !" dit-il, et c’était comme si la honte dût lui survivre. » ? Et bien oui.
Kafka (lui-même d’initiale K) ne le dit pas explicitement à la fin de son plus célèbre roman, mais il précise bien que son personnage de K est exécuté dans : « Une petite carrière déserte et abandonnée », en allemand : une karriere, avec un K initial donc.
Langage et monde sont en corrélation et peuvent avoir ainsi partie liée dans notre destin. C’est cette vérité oubliée que des mystiques du langage, organisés en secte criminelle, font revivre dans ce roman énigmatique de Don DeLillo.

La Langue maternelle, Vassilis Alexakis
Dès son titre s’impose là une expression que je me garde quant à moi, me sauvegarde généralement d’employer, parlant plutôt en ce qui donc me concerne de langue natale, la langue maternelle étant pour moi celle de la maltraitance et de la disparition.
Mais justement il est bien question dans ce roman de Vassilis Alexakis d’une disparition, celle de la lettre E. Comme chez Georges Perec, oui.
On se souvient de La Disparition, tout un roman sans e, puis de W ou le Souvenir d’enfance dédicacé " pour E ".
Dans son film de 1992 : En remontant la rue Vilin, Robert Bober nous donne à voir, d’une part, la disparition du E comme étant prémonitoirement inscrite dans la transcription hébraïque du nom même de Perec, et, d’autre part, le fait étonnant que sur place, sur ce qui est aujourd’hui à Paris le Parc de Belleville, le tracé de la rue d’enfance de Perec, lui mort en 1982, elle, la rue, disparue en 1988 pour cause de réhabilitation urbaine, ce tracé dessine la lettre E en yiddish. Comme si le visible n’était que la manifestation de l’invisible.

Aussi dans le roman enquête de Vassilis Alexakis, tant la raison de la présence que celle de la disparition de l’epsilon – le E de l’alphabet grec, désignant étrangement par convention tacite une quantité négligeable précisément vouée à la disparition –, du fronton du temple d’Apollon à Delphes, là où la Pythie siégeait, tant sa présence que sa disparition demeure tout au long un mystère qu’avec le narrateur nous approchons sans toutefois parvenir à le déchiffrer.

Une étrange question se pose alors à moi : pourquoi à la fin de son roman Quatrevingt-treize (dans la graphie hugolienne), au moment de la disparition des héros de son livre, Victor Hugo apporte-t-il cette précision : « Les quatre mille hommes de la petite armée expéditionnaire étaient rangés en ordre de combat sur le plateau. Ils entouraient la guillotine de trois côtés, de façon à tracer autour d’elle, en plan géométral, la figure d’un E ; la batterie placée au centre de la plus grande ligne faisait le cran de l’E. », hasard ?

Épépé, Ferenc Karinthy
Celles et ceux qui ont lu ce kafkaïen roman de 1970 du hongrois Ferenc Karinthy, Épépé, y voient souvent un lien avec Un soir, un train, film d'André Delvaux de 1968, d'après la nouvelle du Flamand Johan Daisne, dont la traduction du titre original néerlandais serait Le train de l’inertie (ou de la lenteur).
Dans la nouvelle, insensiblement l’on franchit la limite entre la vie et la mort. La persistance des dernières pensées y engendre un temps d’une certaine durée dans un espace familier, mais dont nous ne comprenons plus la langue.
Dans le film, le réalisme magique opère par la grâce de l’image. L’incommunicabilité intergénérationnelle, intrafamiliale et au sein même du couple, la tension conflictuelle en Belgique où l’action se déroule, entre communautés française, flamande, et germanophone expriment savamment l’opacité foncière qui au quotidien nous met tous à l’épreuve, et qu’à son tour pour chacun l’épreuve de la mort questionne.

Dans le roman de Ferenc Karinthy nous nous retrouvons identifié à un homme qui par la suite d’une improbable erreur d’avion se retrouve lui à devoir vivre puis survivre dans une mégapole d’un aspect on ne peut plus banal, mondialisé, mais dont il ne comprend pas la langue et où personne ne le comprend, ni ne comprend aucune des langues, pourtant nombreuses, qu’il connaît.

Une nouvelle fois le dé-langage de l’extrême solitude auquel le protagoniste d’Épépé se confronte marque de fait, en-deça du mystère de la mort, je veux dire qu’il marque dans notre monde même de vivants, l’incommunicabilité foncière qui est notre lot commun, par défaut d’unité et d’abord d’unité avec soi-même.

Dans ces trois livres les héros malheureux sont des spécialistes des langues et du langage.
Les langues sont des inventions humaines. Le langage non.
J’ai l’impression que tout (la vie) (se) passe en fait comme si le langage en lui-même était la marque insistante du deuil d’un état antérieur : celui d’une humanité sans langage et que, dans nos langues, nous n’avons pas de mots pour exprimer sinon, peut-être, en inventant chacun pour soi sa propre mystique du langage.
 

lundi 25 septembre 2023

Les fruits de nos lectures...

30e numéro en ce mois de septembre 2023 de la Newsletter "Vie ? Ou fiction ?", sous-titrée "Interrogeons ensemble le lien entre fiction et réalité. Explorons la lecture immersive" sur LinkedIn, avec quelques recommandations de lectures.
Je travaille beaucoup ces derniers mois et maintenant encore et tout ce travail devrait porter des fruits que nous pourrons partager ensemble en 2024, et au-delà j'espère...  
En attendant vous pouvez toujours avoir un aperçu de mes recherches et de leur orientation en suivant mes publications sur l'espace blog Lire et Dé-lire que m'ont ouvert sur leur site web les éditions belges Bozon2x.
Vous pouvez aussi toujours me contacter pour tous projets de cours ou de conférences ("catalogue")...

dimanche 20 août 2023

Des Textes Gratuits qui interrogent la Lecture et les Fictions

Lorenzo Soccavo FuturHebdo
Découvrez de nouveaux textes en accès libre sur la lecture de fictions littéraires et ses enjeux pour le monde de demain.
D'abord, Dieu Chat et Souris... (sur les mystères du langage et de l'âme comme "espace narratif"...), dans le cadre du blog Lire et Dé-lire qui m'est ouvert depuis 2019 sur le site des éditions BOZON2X.
Puis, Corps de pixels et corps de lettres (sur le "corps lecteur" et le fantasme d’une fusion entre réalité et imaginaire...) dans le magazine de prospective FuturHebdo, texte de réflexions que j'avais écrit pour la saison 2 du Festival des Mondes Anticipés organisé à la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris en novembre 2022. 
   
Je suis à l'écoute de toutes et de tous pour débattre de ces sujets.
Vous pouvez accéder librement en suivant ce lien à une présentation de quelques exemples de mes conférences... Merci à vous...

mardi 20 juin 2023

Fiction du réel et réalités des fictions...

Quand je m'en tiens à la réalité c'est la réalité qui me tient. Fort de ce constat, que je n'ai pu formuler ainsi que récemment, j'ai depuis des décennies, d'abord à mon insu puis de plus en plus consciemment, élaboré une stratégie de survie faisant le pari d'une perméabilité entre réalités et fictions, une porosité potentiellement génératrice de zones intermédiaires entre réalités insupportables et fictions impossibles à vivre.
 
Mon texte récent : Nous n’aurons pas connu le réel..., publié sur le site des éditions belges Bozon2X explore ces formes de "magie-cités" qui pourraient faire enclaves dans le réel, notamment par les biais de Michelangelo Antonioni, Julio Cortázar et Jean Baudrillard. Qu'en pensez-vous ?

mercredi 24 mai 2023

La réalité sur le fil...

Sur Lire et dé-lire, l'espace blog qu'ils m'ont ouvert sur leur site, les éditions belges BOZON2X ont tout récemment mis en ligne deux de mes textes de réflexion.
D'abord, Impressions à la lecture de Pierre Michon sur ma lecture de Les deux Beune ("Je m’attendais à partir sur une terre de fiction. Pas une terre de fictions au pluriel, d’histoires, ni une terre fictionnelle, fictive. Non. Mais la réinvention linguistique d’un territoire. Ce fut le cas...") que je mets en lien avec Malaparte, puis, Céline, Krogold et Moravagine… sur les récentes éditions des inédits de Céline que je mets elles en lien avec Moravagine de Cendrars ("Probablement que l’un des phénomènes les plus puissants qui puissent arriver à un auteur ou à un lecteur est que l’invisible passage entre réalité et fiction lui devienne visible en laissant passer dans l’un de ces espaces ce qui est du domaine de l’autre...").
  
Ces deux textes sont des prolongements aux perspectives qui s'ouvrent actuellement dans mes recherches sur les rapports entre les mondes fictionnels et ce que nous appelons couramment et peut-être trop facilement "la réalité".
 
P.S. Le titre de ce post est inspiré de Le Monde sur le fil, téléfilm allemand réalisé par Rainer Werner Fassbinder et adapté du roman SF Simulacron 3 de Daniel F. Galouye.

jeudi 20 avril 2023

La Lecture et ses Futurs

Une rapide présentation synthétique de sept propositions de conférences en lien direct avec mes recherches. N’hésitez pas à me contacter directement si vous êtes intéressés...  

dimanche 16 avril 2023

Démasquer (ce) qui lit en nous...

 Ne prendre ni les mots ni les images pour des idées : lit concerne ici la lecture... 

 

Pour ce printemps 2023, en attendant des actus plus chaudes, une rapide présentation de 7 axes d'attaque pour démasquer (ce) qui lit en nous quand nous lisons une fiction littéraire... A découvrir sur LinkedIn...

vendredi 7 avril 2023

Fictions littéraires et lecture immersive

C'est l'incipit de la Légende de Saint Julien l'Hospitalier, le deuxième des Trois Contes de Flaubert : "Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline." qui dès sa première lecture, il y a des années, me fit venir à l'esprit cette expression, cette réflexion : Lire c’est aller habiter l'autre versant de la colline.
 

Mes travaux portent sur ce déplacement, "aller habiter l'autre versant de la colline", ce que j’appelle : le voyage intérieur des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. Ils interrogent le mirage linguistique formulé à la fin des années 1930 par Sapir et Whorf pour lesquels la façon dont nous percevons le monde dépendrait du langage que nous utilisons pour le décrire.
Wittgenstein l’avait formulé ainsi dans son Tractatus logico-philosophicus de 1921 : « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. ».
 

Je m'interroge : serait-il alors possible de détourner contre le langage sa propre puissance démiurgique pour utiliser ses forces au service de notre émancipation intellectuelle ?
Les récents développements des générateurs textuels ChatGPT nous ouvrent de nouveaux horizons, à la fois sur ce qui relève de la malléabilité et de la programmation linguistiques.
Conférences, séminaires, débats et tables rondes sur ces questions sont à mon avis indispensables pour prendre le recul nécessaire avec une réflexion collective et émancipatrice.
Vous vous sentez concernés, motivés, impliqués ?
Je suis à votre écoute, je suis à votre service.

jeudi 16 mars 2023

Des Allégories de la Lecture...

Des livres, dans le sens de "des lectures", peuvent être des allégories de... la lecture, de ce qui est en jeu lors de notre lecture d'une fiction littéraire.

Cette espèce de métonymie, cette espèce d'espace de la métonymie (dire "des livres" pour dire "des lectures") peut, doit nous interroger, car elle a "à voir" avec notre espace intérieur de lecteur ou de lectrice. Elle nous donne à voir aussi car il y a un réel qui se donne dans les mots.

J'ai eu récemment le plaisir d'intervenir sur ce thème pour une conférence publique à l'invitation de la bibliothèque Mohammed Arkoun de la Ville de Paris.
Mais de nombreuses voies sont possibles pour partir à la découverte des mystères et des bienfaits de la lecture, et pour progresser dans notre compréhension des rapports subtils entre fiction et réalité.
 
Ces réflexions sur la lecture immersive, le sentiment de "traversée du miroir" par les lectrices et les lecteurs de romans, peuvent s'entreprendre, par exemple, à partir de l'oeuvre et de la vie de Stendhal, ou bien, à partir de la dimension chamanique de Marcel Proust et de sa Recherche (j'ai plusieurs fois eu le bonheur d'intervenir dans cette perspective...).
Le roman posthume et inachevé Le Mont analogue de René Daumal peut être lu, et donc présenté à un public, comme une allégorie de la lecture. Probablement aussi Mardi de Herman Melville. Tout comme Le Jeu des perles de verre de Hermann Hesse. D'autres encore...
Au 15e siècle, par exemple, des représentations (donc des lectures) de l'Annonciation prirent la forme étrange de chasses mystiques à la licorne, ou bien d'une Annonciation sans annonciateur visible.
Elles aussi étaient en vérité des allégories de la lecture et peuvent donner lieu à des présentations richement illustrées.
 
Cette multiplicité d'approches possibles pour élucider notre nécessaire travail d'interprétation des textes et de ce que nous projetons de nous dans leurs mondes fictionnels permet une grande variété et une grande souplesse d'approches, d'une vulgarisation au grand public à des auditoires plus avertis des enjeux de la narration et des effets de la mise en récits du monde.

Mais vous vous demandez peut-être encore pourquoi travailler ainsi à une meilleure prise de conscience de nos lectures ? 
 
Au moins pour deux raisons :
- La première, parce que les environnements et les situations dans lesquels nous nous immergeons quand nous sommes plongés dans la lecture d'un roman peuvent agir comme des "bacs à sable", des "bancs d'essai", des modélisations, des laboratoires... Nos lectures peuvent nous aider, dans le sens où la littérature nous ouvre à la possibilité d'un dialogue avec d'autres instances psychiques que nos habituels interlocuteurs humains (anthropomorphes les personnages de fictions sont autres pourtant...).
- Ensuite et corollairement, parce que la fiction peut nous donner accès à d'autres déclinaisons du réel.
 
N'hésitez pas à me contacter si ces questions autour de la lecture et de ses enjeux vous intéressent...


lundi 6 mars 2023

La Lecture est un voyage

Chercheur en littérature à Paris, rattaché au séminaire "Ethiques et Mythes de la Création" auprès de l'institut Charles Cros, je travaille depuis des années sur la lecture immersive, le sentiment de "traversée du miroir" par les lecteurs et les lectrices de romans.
Pour ce faire j'ai inventé le concept opérationnel de "fictionaute", que je définis comme : ce que nous projetons de nous dans le monde de la fiction et de ses personnages quand nous lisons un roman.
J'expérimente ce concept dans des expériences de pensée.
L’expression "expériences de pensée" désigne des expérimentations qui ne peuvent pas se dérouler dans l’univers physique parce qu'il est impossible de les réaliser dans le monde matériel. Soit parce qu’elles visent à l’observation ou à la modification d’un état intérieur, soit parce que leurs objets d’étude se situent dans un monde spéculatif. Ce peut être le cas, par exemple, en mathématiques, en physique, en philosophie... C’est le cas aussi en littérature pour ce qui relève de notre immersion dans des mondes fictionnels.
Je vous propose une rencontre conférence-débat gratuite pour échanger sur ce thème (je vous expliquerai certaines de mes expériences...) le vendredi 10 mars 2023 à 19H00 à la Bibliothèque Mohammed Arkoun de la Ville de Paris (infos pratiques dans la photo ci-dessous) :  

Pour Infos - Réservations gratuites suivre ce lien...

lundi 27 février 2023

La Lecture comme Laboratoire du Réel

Bonjour ! Retrouvez moi ce dimanche 5 mars 2023 à 16H00 pour une conférence en visio dans le métavers 2D GatherTown de François Vanhille, dans le cadre du Salon Numérique du Livre Auto-édité. Je ne vous y parlerai pas d'autoédition mais je partagerai avec vous une de mes expériences de pensée les plus intimes sur la lecture immersive, l'autre versant des fictions littéraires comme laboratoires du réel...
  

 

dimanche 26 février 2023

Intelligences Fictionnelles vs IA

Les personnages de fiction sont en-dehors du spectre sensoriel que nous pouvons percevoir en pleine conscience. Au cinéma nous dirions qu'ils sont hors-champs.
Mais la question se pose pour moi de déterminer si potentiellement certains de ces personnages pourraient cependant acquérir à la surface du psychisme de lectrices ou de lecteurs une densité telle qu’ils pourraient accéder à leur perception de la réalité ou bien l’altérer en partie par leur influence, même si leur présence restait invisible pour les yeux.
Ma réponse est : oui. 

  
Je postule l'existence d'intelligences fictionnelles en germe dans le langage.
Mais que faudrait-il débloquer "en nous" pour passer de l’énergie statique du texte écrit à l’énergie cinétique spontanément engendrée par le processus mental dynamique de la lecture d'une fiction littéraire ?
Je travaille sur cette question.
N'hésitez pas à me contacter si vous désirez une interview, un texte ou une conférence sur ce sujet des Intelligences Fictionnelles.

jeudi 26 janvier 2023

Mes Chroniques Martiennes...

Avec l'espoir fou de précipiter l'arrivée du printemps j'interviendrai au 1er Salon numérique du Livre auto-édité dans le Métavers Gather Town le 5 mars 2023 (16H00) pour une conférence-échanges sur le thème “Lecture et traversée du miroir”, puis à la Bibliothèque Mohammed Arkoun (Paris, 5e) pour une conférence-débat sur la lecture immersive le 10 mars 2023 (19H00). Plus de précisions courant février...

Lorenzo Soccavo Conference Lecture 2023
Sur Paris.fr...

vendredi 30 décembre 2022

Une expérience de Traversée du Miroir

Le texte ci-dessous de 2020, repris et complété en 2022, rapporte fidèlement une expérience personnelle autobiographique qui pour moi s'inscrit pleinement dans le cadre de mes recherches en littérature.


 " Je suis allé en 2020 m’attendre à la sortie de l’école primaire. Je n’ai pas vu sortir le petit garçon que j’étais tout comme lui il y a plusieurs décennies ne me voyait pas l’attendre. M’attendre. Le temps est ce qui nous empêche de nous voir pour que l’espace conserve une certaine cohérence à nos yeux. Ce faisant l’espace abolit presque la distance temporelle. Le temps nous rend seulement l’un à l’autre invisibles.
L’absence que nous sommes l’un à l’autre, et cela l’un comme l’autre l’avons toujours ressenti, nous le ressentons, n’est cependant que dans cette illusion temporelle, car, toujours, c’est ensemble que nous avons été, c’est un seul et même que nous sommes. Vouloir nous séparer serait illusoire.
Pour ce qui est de l’espace, notre pensée peut toujours récupérer les accrocs du temps dans la tapisserie. Si nous ne sommes pas trop regardants les espaces demeurent semblables à eux-mêmes. Une ressemblance, au pire une vraisemblance fera toujours l’affaire.
L’espace a une pesanteur à laquelle il doit son apparente stabilité de laquelle le temps, lui, s’échappe. Le temps fuite toujours.
 
Ces premières années "je" était encore dans la foulée de son moi de départ, premiers mois des premières années et premiers émois des premiers pas et des premiers mots, et les maux des pas ceci et pas cela, premiers inter-dits et problèmes de diction. Son articulation au monde se fait dans l’écho pas à pas de son propre passé.
Là-bas depuis seulement quelques années une orthophoniste siège à proximité de l'école primaire.

Chercher donc ma propre étymologie, il s'agit bien de cela, pour devenir ma propre métaphore, pour me délier de mon nom d’état-civil, encombrant, et le dé-lire en quête de mon nom véritable : celui qui traverserait les âges et s’échapperait par les deux extrémités du parcours de ma naissance et ma mort.

Le temps, lui, est l’affaire du récit, mais c’est en progressant dans l’espace ouvert par mes lectures, dans ce perpétuel dé-lire là, que je peux retourner au moment où le langage s’est saisi de moi au cours de la première moitié des années soixante, et de l’école. Retrouver le B-A-BA de la signifiance dans l’insignifiant des décennies écoulées depuis lors. Car dès lors en zootechnie la succession des apprentissages était déjà depuis belle lurette chose très bien réglée concernant l’éducation des jeunes enfants. La lecture est une question d’espace parce que le langage en catimini se cristallise en texte dès que, ou presque.
Mais c’est curieux cependant comme les espaces continuent à circuler en nous quand nous ne circulons plus en eux. De la place Pasteur me semble-t-il jusqu’à la rue Ampère où était durant toutes ces années la maison, devenue maison intérieure, "lamézon", je m’y rends encore souvent la nuit en rêve. Qu’est-ce que se rendre ?
A posteriori ce devait être là-bas un espace m'incitant à la lecture. Dans la partie du jardin devant la maison il y avait des lilas. Aujourd'hui j'y lis l'injonction : lis là, ou lis-la.
Au-delà étaient la plaine et les blés. Le lys et les épis déjà là.
Là, je suis venu à la lecture, ou la lecture est venue à moi, mais dans cet espace-là, et depuis lors le tissage du récit et de la narration, du réel et de la fiction, est incessant.

En 2022 je suis repassé à l'endroit. L'école primaire qui maintenant fait non-lieu pour moi. Ce serait un endroit d'où il n'y aurait donc pas lieu de donner suite à mes plaintes, à une action en justice pour demander réparation des blessures de l'enfance.
C'était une après-midi de printemps à l'heure d'une récréation. Je passais discrètement sans regarder. L'image en moi, à la lisière prenait forme par les sons seulement. Mais j'étais visible. Soudain la voix claire d'un jeune enfant m'apostropha :
- Monsieur ! Vous pouvez... Mon avion en papier s'il vous plait ?
(Sur l'instant j'ai eu la certitude que je n'oublierai jamais les mots précis avec lesquels il m'avait demandé et depuis lors il m'est impossible de m'en souvenir.)
A quelques mètres un avion en papier plié gisait sur le trottoir et de l'autre côté du portail fermé de l'école un petit garçon qui n'était pas moi ni aucun des condisciples que j'avais pu avoir dans les années soixante tendait vers moi son visage et sa main.
Je lui ai rendu son avion en papier, il m'a dit merci, je suis aussitôt reparti et quand quelques pas plus tard je me suis retourné il avait déjà comme disparu, anonyme dans la cour de récréation ou s'envolaient pour aussitôt retomber parmi des dizaines d'enfants des dizaines d'avions en papier.
Ce qui est impossible à exprimer avec des mots c'est mon impression alors d'être passé l'espace d'un instant sur l'envers de l'endroit. Aussitôt j'ai été en résonance avec la scène bien connue du Petit Prince de Saint-Exupéry. "S'il vous plaît... dessine-moi un mouton !". Je n'étais plus dans la réalité. L'espace d'un instant seulement.
 
Possiblement des territoires de l'enfance deviendraient ainsi des terres de fiction et des espaces réels pour les uns glisseraient d'un coup en espaces littéraires pour d'autres. La question première, celle de mes recherches en littérature, demeurant celle des conditions d'apparition de et à ces espaces-là.
Des territoires de l'enfance deviennent des terres de fiction, en partie parce qu'ils l'étaient à l'origine, parce que le petit train électrique qui tournait en rond sur le plancher de ma chambre devenait si réel dès lors que toutes lumières éteintes dans la pièce aux volets fermés et aux doubles rideaux tirés, une joue contre le sol, le regard à hauteur de miniature, il devenait un instant aussi vrai que ceux que je pouvais depuis mon lit entendre passer au loin certains soirs où un tissage particulier de l’air, la distribution du silence et du vent, la qualité soudaine de mon écoute semblaient rendre possible l’impossible, voyager depuis là ; en partie aussi parce que les faux retours à l'école et à "lamézon" devant lesquelles je ne fais que passer, marquent et masquent à la fois des moments qui, dans une certaine mesure, s'apparenteraient à des traversées du miroir. "
© Lorenzo Soccavo 2020-2022.

vendredi 18 novembre 2022

Au-delà Proust au-delà...

Nous sommes le 18 novembre 2022. Marcel Proust est mort le 18 novembre 1922. Autant dire hier. Cent ans qu'est-ce d'autre, en effet, que deux fois cinquante ans, ou même seulement quatre fois vingt-cinq ans ? C'est peu. Lui et nous aurions presque pu être contemporains.

Pourtant, en apparence, le monde et notre rapport à lui, ont tellement changé ! A quelle vitesse changeons-nous ? Le monde extérieur change, mais intérieurement (psychiquement, mentalement, moralement, spirituellement...) changeons-nous ?
 

Toute cette année 2022 aura été traversée par un flux continu prousto-centré. Avec du bon et du moins bon, du commercial. Mais toujours replié sur le passé, l'oeuvre gravée au panthéon de la littérature, ou sinon parfois avec une malsaine curiosité sur l'intimité de l'individu ayant porté le nom de. Mais qu'est-ce que porter un nom, et au-delà l'état civil quel est, pour chacune et chacun de nous, notre nom véritable ?
 

Pour ma part, si je me suis refusé à devenir proustien, je l'ai cependant lu et relu attentivement et, en écho à ma propre recherche sur la lecture immersive, le sentiment de traversée du miroir chez les lectrices et les lecteurs de romans, j'y ai trouvé tout au long de nombreuses, pertinentes et perspicaces observations sur l'objet de MA recherche.
L'au-delà de Proust, l'expérience de la lecture au-delà la lecture de Proust est pour moi un miroir dans lequel souvent je porte un regard critique sur mes réflexions. (Mais qu'est-ce que porter un regard sur soi ?)

Au fil des ans j'en ai sommairement formulé quelques aspects sur ce blog, mais je suis toujours à votre disposition pour des conférences ou autres interventions pour essayer ensemble d'aller par Proust... au-delà de Proust.

jeudi 27 octobre 2022

Un croche-pied à Stendhal

"Eh, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route." Ainsi nous interpelle Stendhal dans Le Rouge et le Noir.

Certes, dans cette nouvelle conférence (il s'agit de cela), nous recontextualiserons d'abord l'affirmation dans le texte du roman et nous prendrons la mesure du fait que l'auteur voudrait peut-être bien là nous donner également à penser qu'il écrirait aussi spontanément que nous lisons.

Mais, et nous en viendrons vite à cet essentiel là, nous nous interrogerons surtout pour déterminer si en fait lire un roman ne serait pas comme regarder dans un miroir qui serait promené sur une grande route ?
Alors qu'adviendrait-il si nous détournions le regard ?

Rapidement nous envisagerons donc cette apostrophe, "Eh, monsieur...", comme une invitation à une possible définition du roman pouvant nous amener à affiner de notre côté une nouvelle définition de la lecture expérientielle, une lecture fondée sur l'expérience de nos lectures antérieures et sur la connaissance que nous pouvons déjà avoir des mondes fictionnels et de leur fréquentation.

Nous ferons ainsi virtuellement un croche-pied à notre ami Stendhal pour que le miroir tombe sur la grande route et se brise en mille morceaux.

Evidemment, chaque bris de miroir continuera impunément à refléter l'intégralité de la scène fictionnelle. Mais refléter n'est pas réfléchir. Ce sera à nous de réfléchir, à fléchir pour passer la porte basse qui nous permettrait le passage à un autre monde.
Nous n'aurons pas le temps d'examiner toutes les facettes qu'une telle approche convoque (Le Monde sur le fil de Rainer Werner Fassbinder, L'invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares, L'année dernière à Marienbad d'Alain Robbe-Grillet et d'Alain Resnais...),  mais nous nous attarderons sur quelques-unes, quelques autres.
Par exemple, les dispositifs optiques mis au point au 17e siècle par Claude Gellée, dit Le Lorrain, dans lesquels nous pourrons voir une subtile métaphore des terres de fictions. Mais aussi différents syndromes étrangement liés à notre ami précisément, comme le syndrome de Stendhal, le syndrome de Brulard, le syndrome de Paris..., qui ne sont pas sans pouvoir rappeler les esthésies temporelles, véritables expériences spatio-temporelles de Marcel Proust. A plusieurs reprises Proust emploie dans Le Temps retrouvé le terme d'extra-temporel. Nous évoquerons tout cela...

En résumé, à partir de ce "Eh, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route." cette conférence illustrée, ce petit voyage ensemble, nous permettra d'approfondir notre sensibilité à la lecture immersive de fictions littéraires et au sentiment de "traversée du miroir" que nous pouvons parfois spontanément expérimenter quand nous sommes comme captivés par la lecture d'un roman.
N'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés...