mercredi 27 mai 2020

Personnages de Fiction - Conférence dans le Cyberespace

" Les personnages de fictions littéraires sont le plus souvent anthropomorphes, mais ils ne vivent cependant pas dans notre monde. 
Ils concentrent sur eux une masse de données parfois considérable qui leur donne consistance et crédibilité, et une certaine densité dans notre imaginaire. 
Pourquoi alors ne pas les considérer comme des extraterrestres avec lesquels entrer en contact, ou bien comme de possibles intelligences artificielles ? "

C'est le thème que nous aborderons et sur lequel nous pourrons échanger dans le cyberespace sur le Métavers de Second Life (SL) où nous serons accueillis sur la région Paris 1900 par Dame Igaly dans une modélisation 3D immersive de Notre-Dame de Paris (Voir photo en illustration) le samedi 06 juin 2020 à 21H00 (GMT-UTC+02).

Cette conférence sera en français. 
Pour l'inscription et le téléchargement gratuits du viewer (navigateur web spécifique) de Second Life suivre ce lien: https://join.secondlife.com/?lang=fr-FR 
Remerciements à Joss Muller et SchiZoid Books éditions sur Second Life.

L'événement invitation sur Facebook

- Pour le soir de la conférence sur SL : Région "Paris 1900". Lien = http://maps.secondlife.com/secondlife/Paris%201900/42/121/24
 

lundi 18 mai 2020

Voyager dans les Livres

Lorenzo_Soccavo_Mai-2020
A l'occasion du séminaire-marathon du 1er mai organisé dans le cadre des Rencontres Scénographies et Technologies S&T#3 par Franck Ancel, j'ai pour la première fois abordé en public les conditions de la découverte de mon fictionaute et présenté un modèle d'expérience de pensée potentiellement reproductible par d'autres lecteurs et lectrices.
Je dispose de plusieurs autres modèles d'expériences de ce type et je suis à l'écoute de toutes structures pour venir les présenter et les tester en groupe.
 
Voici en attendant ci-dessous une version abrégée de ma présentation du 1er mai au séminaire S&T#3.
 
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Lecture littéraire et expérience en pensée


La proposition est la suivante :

– Les fictions littéraires jouent en nous comme des espaces mémoriels, lesquels espaces mémoriels peuvent devenir des laboratoires de nos vies.

– L'espace imaginaire et l'imagerie mentale de nos lectures nous confrontent à d'autres facettes de "la réalité".

– Conscientiser puis autonomiser son fictionaute, la part subjective de soi que lectrices et lecteurs projettent spontanément dans ces espaces imaginaires, ouvrirait la voie à un art de la mémoire confinant à la métaphysique et nous rapprocherait affectivement des formes d'intelligences artificielles que sont les personnages de fictions littéraires.

Qu’est-ce que j’entends par lecture littéraire ?

Simplement la lecture de textes littéraires, c’est-à-dire de textes répondant à l’évocation qu’en faisait Marcel Proust dans Jean Santeuil dans lequel il approchait assez clairement la qualité première de la relation singulière de ce que j’appellerais les liens de connivence entre le Monde-monde et les mondes littéraires : « ce qu'il y a de réel, écrit Proust, dans la littérature, c'est le résultat d'un travail tout spirituel, quelque matérielle que puisse en être l'occasion [...] une sorte de découverte dans l'ordre spirituel ou sentimental que l'esprit fait, de sorte que la valeur de la littérature n'est nullement dans la matière déroulée devant l'écrivain, mais dans la nature du travail que son esprit opère sur elle. » (Quarto Gallimard, 2001, p.335).

Le texte littéraire serait le produit d’un travail de notre esprit sur le réel. Ce travail serait une sorte d’alchimie, de transmutation des éléments bruts du quotidien sous l’effet d’un révélateur spirituel ou sentimental (ces termes sont ceux employés par Proust) qui en ferait, c’est la lecture que moi j’en fais, ressortir deux dimensions essentielles cachées : l’esthétique (liée au sentiment du beau), et l’éthique (liée à la perception morale du bien).

La lecture littéraire est ainsi à entendre dans mes propositions comme la lecture d‘un texte qui serait le fruit d’un travail spirituel dans une double dimension esthétique et éthique.

Qu’est-ce que j’entends par expérience de pensée ?

Une expérience de pensée, plus précisément une expérience en pensée, est la conduite d’une expérimentation par la puissance de l’imagination, soit parce qu’il ne serait pas possible de réaliser concrètement l’expérience dans le monde physique, soit parce que l’expérimentation vise une observation ou un changement d’état intérieur, soit enfin que l’objet de l’expérimentation est au niveau de l’exploration d’un monde non physique.

Qu’est-ce que j’entends par Intelligence Fictionnelle ?

Enfin, dire que : « Les fictions littéraires jouent en nous comme des espaces mémoriels », c’est avancer l’idée des fictions comme lieux de mémoire, comme si ce qui s’y jouait pouvait faire écho, entrer en résonance ou bien se trouver en ressemblance avec la propre histoire de la construction de l’identité personnelle des lectrices et des lecteurs.

Sur ce lien entre espace fictionnel et art de la mémoire il faudrait évidemment développer. Par exemple à partir du roman L'Invention de Morel de l'écrivain argentin Adolfo Bioy Casares (1940) [il s’agirait alors d’IA faibles] et de L'Année dernière à Marienbad, tant le film d’Alain Resnais (1961) que le scénario d'Alain Robbe-Grillet [il s’agirait alors d’IA fortes]. Nous pourrions alors nous demander si nous pourrions parler d’IF, d’Intelligence Fictionnelle ? Pourrait-on parler d’intelligences fictionnelles au sujet des personnages de fictions littéraires ?

Le livre laboratoire de pensée

Le livre qui a été pour moi le laboratoire de pensée dans lequel j'ai pu découvrir mon propre fictionaute est La Montagne magique de Thomas Mann, relu une quinzaine de fois dans sa traduction originelle par Maurice Betz. La traduction de 2016 par Claire de Oliveira pour les éditions Fayard a marqué un coup d'arrêt. Cet accident de parcours m'a permis de réfléchir sur ce que les différences de traduction d'un même texte peuvent avoir comme effets sur l'imagerie mentale d'un lecteur et sur sa réception subjective d’un texte.

En résumé La montagne magique relate le séjour dans un sanatorium de montagne d'un jeune homme délicat nommé Hans Castorp, lequel à l'été 1907 vient rendre une simple visite de courtoisie de trois semaines à son cousin malade, mais qui finalement ensorcelé par les effets conjugués de l'altitude et de l'emploi du temps millimétré des journées restera en fait sept ans, jusqu'à ce que l'éclatement de la Première Guerre mondiale l'arrache à cet enchantement pour le confronter à la cruauté du monde.

L’expérience

Pour notre expérience je propose l’analyse d’une courte scène du début du roman, celle de l'arrivée de Hans, en partant du principe que si je pouvais vraiment me projeter dans le monde de ce livre je voudrais absolument pouvoir assister personnellement à son arrivée au sanatorium.

D’abord le texte de cette scène dans sa traduction par Maurice Betz, puis ensuite le même passage dans sa traduction par Claire de Oliveira, et enfin toujours la même scène mais telle qu’elle est vécue par mon fictionaute projeté et immergé dans l'action.

L’idée sous-jacente est que je serais arrivé au sanatorium la veille de Hans Castorp et que j’aurais donc pris une journée d’avance sur l’horloge interne de la narration.

Le je qui s’exprime alors dans cet extrait est mon propre je, c’est moi, Lorenzo Soccavo qui suis arrivé la veille au sanatorium du Berghof en l’an 1907. Le narrateur devient ici une projection du lecteur : c’est mon fictionaute qui parle.

Pour des voyages littéraires de ce type nous pourrions peut-être parler d’autofictions métaleptiques. Une métalepse étant une sorte de glissement ou de trébuchement, comme un lapsus, qui nous transporterait au-delà d’une limite, comme l’indique le préfixe méta.

Nous devrions aussi en imaginer les différentes conséquences possibles à la manière de Borges : les exemplaires imprimés de La montagne magique seraient-ils modifiés par l’intrusion d’un lecteur dans le contexte de l’histoire, etc.

Au-delà cette expérience où l’autonomie est conférée au fictionaute, nous pourrions concevoir des expériences de pensées dans lesquelles ce serait les personnages de la fiction qui acquerraient une certaine autonomie.

Ce point nous amène à revenir pour conclure sur la question de l’intelligence artificielle. Les personnages de fictions littéraires concentrent sur eux une masse de données qui leur donnent consistance et crédibilité et leur confère une certaine densité vibratoire sur la psyché des lecteurs, là où le monde possible de la fiction se refléterait pour faire lieu.

Nous pourrions à partir du postulat suivant :

- les personnages de fictions littéraires sont généralement des créatures anthropomorphes qui ne vivent pas vraiment sur Terre, en conséquence de quoi nous pouvons les considérer comme des extraterrestres avec lesquels nous pourrions potentiellement entrer en contact,

penser qu’à moyen terme une technologie d'intelligence artificielle favorisant le développement de créatures bio-digitales pourra faire des personnages de romans des vivants presque comme nous.

vendredi 15 mai 2020

Faire le point sur les futurs possibles du livre et de son marché...

Reportée à cause des événements la conférence que je devais donner à la Semaine du Livre de Bastia (A settimana di u libru) est plus que jamais d'actualité. Elle sera prochainement reprogrammée mais je peux aussi venir en débattre avec vous (en présentiel ou en distanciel) où que vous soyez...
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Quels futurs possibles pour le livre et la lecture au 21e siècle ?
   
" La pandémie du printemps 2020 et le confinement que nous avons traversés ont aussi modifié nos rapports aux livres et à la lecture.
La fermeture soudaine des librairies et des bibliothèques a obligé beaucoup d’entre nous à imaginer de nouvelles stratégies. Des lectrices, des lecteurs ont pu regretter de n’avoir pas encore une liseuse, ces petites tablettes à encre électronique sur lesquelles on peut lire comme s’il s’agissait de papier imprimé. D’autres ont découvert l’existence de sites web sur lesquels télécharger gratuitement et en toute légalité de très nombreuses œuvres du domaine public, c’est-à-dire des milliers de titres de la littérature classique. Beaucoup ont expérimenté de nouvelles formes de médiation sur les réseaux sociaux où groupes et communautés littéraires fleurissent abondamment.
 
En fait depuis l’aube de l’humanité les supports et les pratiques de lecture ont toujours évolué. Le rythme de ces changements est parfois lent et difficilement perceptible. Par exemple, tout comme entre un escalier et un ascenseur il n’y a aucune ressemblance, entre une tablette d’argile, un rouleau de papyrus et ce que nous appelons aujourd’hui encore un livre, le lien n’est pas évident même s’il s’agit à chaque fois d’une amélioration du dispositif de lecture.
Pour progresser il faut souvent faire preuve d’audace. Les ampoules électriques ne sont pas des bougies améliorées et c’est à une autre interface de lecture que nous devrions rêver.
Au cours des prochaines années l’objet usuel que nous appelons livre va muter. Les livres imprimés ne vont pas disparaître, mais, davantage peut-être que de nouveaux objets sur lesquels lire, comme c’est déjà le cas depuis quelques années avec les écrans, ce sont de nouvelles relations qui pourraient s’instaurer entre les lecteurs et les textes.
Ces nouvelles relations pourraient être des passerelles, des manières de relier entre eux différents univers narratifs, de naviguer d’un texte à un autre, de découvrir notre fictionaute, cette part subjective de nous-mêmes que nous projetons dans les mondes fictionnels, de relier nos vies avec les véritables laboratoires de pensée que sont les territoires hors-sol des romans, et peut-être même d’entrer un jour en contact avec cette forme particulière d’intelligences artificielles que peuvent être les personnages qui les habitent.
Voilà quelques-uns des points que je devais développer à l’occasion de la semaine du livre de Bastia au lieu de rester confiné à Paris. Mais comme Robert Charlebois chantait : « Je reviendrai à Montréal dans un grand Boeing bleu de mer... », je chante quant à moi maintenant : je viendrai à Bastia dans un grand avion bleu Méditerranée;-)

mardi 12 mai 2020

Le Livre est-il mort ? 3 réponses...

Lorenzo_Soccavo_in__2020-05-12 NEON
Ma réponse sur NEONMAG.FR...
Mon entretien avec Pauline Petit paru dans le NEON #75 de février est maintenant librement consultable en suivant ce lien.
"L’avenir du livre dépend de l’évolution de la société et des industries du divertissement. En 2007, le e-paper et les liseuses semblaient représenter l’avenir, mais face au lobby des papetiers et des imprimeurs et aux avancées technologiques des écrans, smartphones et tablettes, le rendez-vous a été manqué...
 

jeudi 7 mai 2020

Que lire et surtout relire ?

Dans le texte de mes réponses à Emmanuel Lemieux (dont des extraits étaient parus dans Marianne mi-avril) je précise l'air de rien quelques éléments significatifs sur mon parcours intime de lecteur et ce qui m'a conduit à la découverte de mon fictionaute. 
Les relectures, les lectures de diverses traductions d'un même texte sont deux pistes pour transformer un livre en laboratoire de pensée.

- A découvrir dans le magazine Idées - L'actualité des savoirs #7-8 (Que lisez-vous ? p.208), et / ou bien n'hésitez pas à me contacter directement !

vendredi 1 mai 2020

Lecture & Expérience de pensée

Ce 1er mai 2020 j'ai eu le plaisir de participer au séminaire marathon de douze heures pensé et organisé par Franck Ancel pour Scénographie & Technologie #3. 
Au cours de mon intervention sur le sujet : La lecture littéraire comme expérience de pensée j'ai eu l'occasion d'exposer la découverte de mon fictionaute dans le roman qui fut pour moi un laboratoire de pensée, La montagne magique de Thomas Mann, puis de donner un aperçu d'une expérience en pensée sur la projection d'un fictionaute dans "l'horloge interne d'une narration". 
N'hésitez pas à me contacter pour plus de précisions si le sujet vous intéresse.