dimanche 29 novembre 2015

ACTU - Situation et perspectives pour la lecture en Espagne

L'étude "Situación actual y perspectivas de futuro de la lectura en España" de Javier Urgel Parreño vient de paraître et est gratuitement téléchargeable.
Toutes les informations en suivant ce lien:
http://www.tramaeditorial.es/situacion-actual-y-perspectivas-de-futuro-de-la-lectura-en-espana-javier-urgel-parreno/
[Une information de Trama Editorial].

samedi 28 novembre 2015

Le livre imprimé peut-il nourrir une nostalgie ?

Le livre imprimé peut-il véritablement nourrir une nostalgie ?
Pour moi, sans hésitation, la réponse est : oui.
Pourquoi ?
Parce qu'il est un moyen d'évasion, de locomotion vers des lieux que nous n'avons habités qu'en imagination. 
Cependant il y a un vide que l'industrialisation des procédés a creusé par une surproduction effrénée des livres. La lecture s'y épuise.
La lecture sur écrans, que quelques-uns promeuvent sans vergogne, apporte bien peu dans les faits.
Face à celles et à ceux qui ne lisent pas ou plus, et face à celles et à ceux qui font commerce de livres comme ils le feraient de n'importe quelles autres marchandises, où la littérature pourrait-elle survivre, et la lecture poursuivre son besoin, ou son rêve, de livres ?
 
L'engagement prospectif
 
Mon engagement prospectif au cœur du contemporain unit la prospection, la recherche et l'exploration, au tracé de nouvelles perspectives, de droites lancées comme des lignes à écrire.
La prospective du livre est une démarche qui trace ses propres voies et doit pouvoir se retourner lorsqu’elle fait fausse route.
Qualifier la lecture par ses dispositifs est vraiment regrettable.
Comment lisions-nous, lisons-nous, lirons-nous ? Je parle de la lecture naturelle et de la lecture littéraire.
Comment, par exemple, Ernesto, qui "était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie", précise Marguerite Duras, dans La pluie d'été (1990, P.O.L. Editeur), lisait-il ?
"Au début il disait qu'il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu'à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c'était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d'une histoire par soi inventée.".
C'est ainsi que Marguerite Duras éclaire la voie de la prospective du livre et de la lecture, et ses méthodes parfois excentrées et excentriques par rapport aux autres champs de la prospective.

Aujourd’hui les tablettes de plastique, de verre et de composants électroniques rebattent les cartes, mais les esprits libres et sensibles peuvent toujours (je l’espère), dans cette métamorphose du livre comme miroir, percevoir le rayonnement fossile venu des âges mythologiques comme un continuum de conscience qui traverserait l’ordre du vivant.
Nous pouvons y voir de nouvelles fenêtres (des “fait naître”) à ouvrir.
Même si le présent en ce domaine ne se ramènerait qu’à un seul acte : celui de dé-corréler les textes et les images de leurs supports d’affichage. (Car cela arriverait pour la première fois ?)
Quoi qu’il en soit, les réflexions ci-dessus doivent je pense nous inviter à envisager la lecture littéraire comme une pratique émancipatrice de notre condition humaine, et nous inciter à nous considérer davantage comme des transmetteurs que comme des novateurs.

lundi 23 novembre 2015

La disparition du livre ? Et après ?

Dans le texte titré : La disparition du livre ? Et après ? j'envisage comment l'émergence des technologies immersives va, au cours des prochaines années, modifier en profondeur nos interfaces numériques, ainsi que nos rapports à la fiction, aux narrations, et conséquemment, à la lecture.
Ces technologies immersives concernent en effet directement les interfaces hommes-machines, mais la question essentielle qui se trouve posée est en fait la suivante : la disparition de l'objet livre imprimé, comme interface de lecture, s'inscrit-elle dans cette dématérialisation apparente des supports ? Ou pas ?
Les effets de réel que la lecture de romans imprimés engendre apparaissent indépassables, et nous ne devons pas être dupes non plus des vastes stratégies commerciales qui sont en action derrière ce qui n'est souvent en grande partie qu'un business de l'imaginaire. Cinéma et littérature participent pour beaucoup à une fictionnalisation abusive du monde qui ne pourrait plus se réenchanter que dans une relation massivement consumériste.
Au terme de cette réflexion j'avance, en guise de conclusion provisoire, deux idées.
La première est que nous assisterions actuellement au divorce de la lecture d'avec les pouvoirs de l'écrit.
La seconde, que ce sera demain aux œuvres de rendre visible le livre, et non plus l'inverse.
L'intégralité du texte est en ligne en suivant ce lien...
N'hésitez pas à le commenter, et surtout si vous n'êtes pas d'accord avec mon point de vue !

mardi 3 novembre 2015

Ce qui donnera alors réalité aux livres une fois que...

Certaines choses disparaissent...
Après la disparition du livre imprimé l'absence de livre parlera encore. Cela, surprenant, prendra sans doute la forme rassurante d'une histoire, d'une légende qui nous protègera de la menace qu'elle nous racontera. 
Sur quoi, alors, ce récit de la disparition sera-t-il fondé ?
Sur "une survivance parlante, le reste obscur qui ne veut pas céder..." ? (détournement d'une citation de Maurice Blanchot, dans Le livre à venir, 1959).
Car, l'air de rien, cette part obscure du volume imprimé donnait une consistance aux choses artificielles de l'esprit.
"Tibet imaginaire".
Et oui ! nous disions : "des volumes".
Nous disions : "un pavé".
Et voilà ! on le jette dans la mare.
Et quoi ?
Rien.
"Apparemment un grand silence. C'est ce qu'on dit poliment lorsque quelque écrivain disparaît : une voix s'est tue." (Blanchot).

Qu'est-ce qui, alors, donnera encore réalité de livre aux livres ?
La lecture, seule, pourrait-elle s'affirmer, briller seule ?
"Dans la clarté mystérieuse qu'elle propage et que chaque création littéraire lui renvoie en la multipliant, comme s'il y avait donc une "essence" de la littérature..." (une nouvelle fois, détournement d'une citation de Maurice Blanchot, dans Le livre à venir, 1959).
Nous avions bien conscience jusqu'à aujourd'hui d'une certaine réalité du livre.
Et là voilà qu'elle se dérobe.
J'avance l'idée que ce serait, que ce sera, aux oeuvres, finalement, de rendre visible le livre (et non plus l'inverse).
J'avance l'idée que les oeuvres littéraires seront un jour d'outre-livre, à porter l'absence de livre à un tel point d'incandescence que cela en sera peut-être parfois obscène, voire même d'une indécence cruelle, et ce sera cet horizon-là qu'il nous faudra alors dépasser pour véritablement entrer dans des œuvres que nous ne pourrons plus simplement aligner sur des étagères.