samedi 28 novembre 2015

Le livre imprimé peut-il nourrir une nostalgie ?

Le livre imprimé peut-il véritablement nourrir une nostalgie ?
Pour moi, sans hésitation, la réponse est : oui.
Pourquoi ?
Parce qu'il est un moyen d'évasion, de locomotion vers des lieux que nous n'avons habités qu'en imagination. 
Cependant il y a un vide que l'industrialisation des procédés a creusé par une surproduction effrénée des livres. La lecture s'y épuise.
La lecture sur écrans, que quelques-uns promeuvent sans vergogne, apporte bien peu dans les faits.
Face à celles et à ceux qui ne lisent pas ou plus, et face à celles et à ceux qui font commerce de livres comme ils le feraient de n'importe quelles autres marchandises, où la littérature pourrait-elle survivre, et la lecture poursuivre son besoin, ou son rêve, de livres ?
 
L'engagement prospectif
 
Mon engagement prospectif au cœur du contemporain unit la prospection, la recherche et l'exploration, au tracé de nouvelles perspectives, de droites lancées comme des lignes à écrire.
La prospective du livre est une démarche qui trace ses propres voies et doit pouvoir se retourner lorsqu’elle fait fausse route.
Qualifier la lecture par ses dispositifs est vraiment regrettable.
Comment lisions-nous, lisons-nous, lirons-nous ? Je parle de la lecture naturelle et de la lecture littéraire.
Comment, par exemple, Ernesto, qui "était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie", précise Marguerite Duras, dans La pluie d'été (1990, P.O.L. Editeur), lisait-il ?
"Au début il disait qu'il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu'à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c'était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d'une histoire par soi inventée.".
C'est ainsi que Marguerite Duras éclaire la voie de la prospective du livre et de la lecture, et ses méthodes parfois excentrées et excentriques par rapport aux autres champs de la prospective.

Aujourd’hui les tablettes de plastique, de verre et de composants électroniques rebattent les cartes, mais les esprits libres et sensibles peuvent toujours (je l’espère), dans cette métamorphose du livre comme miroir, percevoir le rayonnement fossile venu des âges mythologiques comme un continuum de conscience qui traverserait l’ordre du vivant.
Nous pouvons y voir de nouvelles fenêtres (des “fait naître”) à ouvrir.
Même si le présent en ce domaine ne se ramènerait qu’à un seul acte : celui de dé-corréler les textes et les images de leurs supports d’affichage. (Car cela arriverait pour la première fois ?)
Quoi qu’il en soit, les réflexions ci-dessus doivent je pense nous inviter à envisager la lecture littéraire comme une pratique émancipatrice de notre condition humaine, et nous inciter à nous considérer davantage comme des transmetteurs que comme des novateurs.

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