samedi 26 avril 2014

De l'hypothèse Sapir-Whorf en prospective du livre

A la question : La prospective du livre et de la lecture devrait-elle prendre en compte l'hypothèse de Sapir-Whorf (HSW), laquelle peut se formuler simplement ainsi : les façons dont nous percevons le monde dépendent du langage que nous utilisons, la réponse serait : "Oui, évidemment !".
La corollaire étant que les langages créent des mondes.
Le court texte ci-après, intitulé "Seuils et avoisinances" est un pas de côté en prospective, pour approcher ce pouvoir créateur, modestement dans la filiation des Villes invisibles d'Italo Calvino.   
J'évoquais récemment ces pistes dans un autre post : Les processus de la lecture éclairés par la théorie des univers parallèles.
Cette démarche s'inscrit elle-même en parallèle, en marge, en complément, en écho... de la toute récente création de la Société Internationale de Mythanalyse par Hervé Fisher au Québec. 
 
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la surface des pensées...
" Les orygines sont une espèce d’antilopes particulièrement étranges. Leur viande est réputée immangeable à un point tel que même les grands carnivores ne les chasseraient pas. Pour autant les orygines ne pullulent pas. Elles ont, pour s’exprimer, le besoin de vastes espaces dépeuplés de toutes espèces animales. Longtemps les hommes ont cru que c’était au-dessus des nuages que les orygines galopaient en toute liberté, mais l’invention de l’aviation a tué ce mythe. S’il reste aujourd’hui des orygines elles sont certainement en nombre réduit, en petits groupes isolés, otages d’espaces confinés au sein desquels elles se morfondent.
  
Les hiéroglyphes sont des insectes sociaux des sables.
  
Les teyxtes sont des tissus algueux vivants qui se développent à la surface des pensées.
  
Les xylophones sont des mots entêtants qui empêchent de penser.
  
La rutylance est comme un sentiment exacerbé de certitudes acquises.
  
L’hydre, ce n’est pas la peine qu’elle finisse ses phrases. Elle en dit toujours trop.
  
Et puis les l’eytres, ces grands oiseaux qui planent au-dessus des étants."


mardi 22 avril 2014

Des avatars jouables des mondes numériques aux nouveaux usages

Je viens de lire l'ouvrage collectif récemment paru sous la direction d'Etienne Armand Amato et d'Etienne Perény, du Laboratoire Paragraphe de l'Université Paris 8, aux éditions Lavoisier : Les avatars jouables des mondes numériques.
Je l'ai lu avec la subjectivité, d'une part, d'un chercheur indépendant qui évolue en marge des instances universitaires, et, d'autre part, qui s'interroge et expérimente depuis 2006 les possibilités d'utiliser le truchement des avatars pour réhumaniser les médiations autour du livre et de la lecture au sein des bibliothèques et des librairies numériques gérées par des algorithmes (après MétaLectures, mon projet Bibliosphère s'inscrit dans cette dynamique).
Même s'il est regrettable que l'intelligence des auteurs de l'ouvrage en question se soit exercée presque uniquement sur le métavers Second Life et le MMORPG World of Warcraft, dont les noms mêmes stigmatisent l'imaginaire et orientent les possibles appropriations par les internautes, le fond du propos est cependant plutôt intéressant, bien que très "théorisant". 
 
Passer des avatars jouables aux avatars communicants
 
Pour ma part, à une réflexion thématique sur les "avatars jouables des mondes numériques", je préférerais de beaucoup des expériences pratiques sur... les avatars communicants des mondes immersifs.
L'avatar, en tant "qu'objet heuristique" et transversal sur lequel s'interrogent Amato et Perény depuis 2010, "présentifie l'internaute", c'est-à-dire, à mon humble avis, le projette dans un nouvel espace social au sein duquel il peut, à nouveau, "surfer" sur le web, en compagnie et/ou en mentor de ses pairs.
Je trouve vraiment dommage que les opensims soient ici à ce point négligés. (Etrangement, mais cela est souvent le cas avec les livres imprimés abordant les évolutions des usages liés à l'emploi d'outils numériques, le contenu apparait parfois en partie presque déjà dépassé.) La volonté manifeste de théorisation à outrance ne fait, selon moi, que renforcer cet effet.
L'ouvrage est sur ce point cependant sauvé par les contributions de Claire Sistach (dont la notion de "switch identitaire" a retenu toute mon attention) et de Yann Minh.
Il est important qu'un tel travail de conceptualisation se fasse versant francophone, mais il manque ici en l'occurrence, à la fois, des perspectives pluridisciplinaire et prospective, et une véritable synthèse cohérente. Dommage.
Le plus surprenant dans cet ouvrage est en fait... son prix. 97,00 euros (quatre-vingt dix-sept euros, oui), avec en plus quelques erreurs typographiques et une version numérique seulement au format PDF et... au même prix de 97,00 euros ! 
Cela fait cher pour 300 pages et quelques de réflexions, certes intéressantes, mais diluées par le jargon universitaire qui n'appelle pas un chat, un chat, mais, un felis silvestris catus.
Nos universitaires sont-ils des ca(c)tus pensants ? Et comment n'ont-ils pas pensé alors qu'un tel prix excessif ne pouvait que nuire à la transmission, notamment auprès des étudiants et des jeunes chercheurs ?
En tous cas, des "avatars jouables des mondes numériques", aux nouveaux usages d'un web social immersif, le chemin est long :-(

mardi 15 avril 2014

Intéressants échanges sur le site du Cerig, cellule de veille technologique de Grenoble INP-Pagora

En écho au petit-déjeuner que j'ai animé en mars dernier pour l'association Culture Papier, et dont le compte rendu est en ligne ici même : L'avenir du papier dans le futur du livre, nous avons eu envie avec Jacques de Rotalier, analyste reconnu dans le secteur des papiers graphiques, d'échanger nos points de vue sur le site du Cerig, la cellule de veille technologique de Grenoble INP-Pagora (Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux) qui accueille aimablement cet échange, merci à eux.
Pour lire mon texte : Le monde de l'autre côté de la page, et accéder aux chroniques de Jacques de Rotalier auxquelles il répond, il suffit simplement de suivre ce lien...