samedi 31 octobre 2015

Epistémologie des objets magiques

J'assisterai (et vous serez les bienvenus) le mercredi 04 novembre prochain à la séance du séminaire Ethiques et Mythes de la Création sous la responsabilité de Sylvie Dallet, et sur le thème précis :
Ancrer les transformations : épistémologie des objets magiques
(Les expériences de Gilbert Simondon et de Pierre Schaeffer. Ponctuations cybernétiques : pierres, tambours, machines, multimédia, monnaies…), avec la participation de Vincent Bontems, Thierry Gaudin et Frédéric Pascal. 
 
Programme
- Sylvie DALLET (Présidente Institut Charles Cros) : introduction aux résurgences mythiques et énergétiques dans la culture technique.
- Thierry GAUDIN (prospectiviste, cf. site web et ouvrages en téléchargement) : La monnaie, ce grand fétiche
- Frédéric PASCAL (docteur de l’EHESS / Institut Jean Nicod/ENS) : La part sacrée de l’invention (Simondon/Schaeffer) 
- Vincent BONTEMS (agrégé de philosophie, docteur de l'EHESS) : Le rapport éthique aux objets techniques (Simondon).
(Programme PDF détaillé)
 
Informations pratiques : Mercredi 04 novembre 2015. Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord (20 rue Georges Sand à Saint-Denis) métro Front Populaire.
De 14 heures à 17 heures 30, salle 408 (site web). 

jeudi 29 octobre 2015

Des lectures marginales

En prospective du livre et de la lecture, c'est-à-dire la réflexion et l'étude sur les mutations des dispositifs et des pratiques de lecture(s), régulièrement s'offrent des publications en marge, qui viennent enrichir nos connaissances et ouvrir de nouvelles perspectives.
Ni reconnue, ni structurée comme une discipline à part entière, la prospective du livre et de la lecture se constitue ainsi progressivement comme un champ, à la fois à explorer et à arpenter.
 
Récemment ce fut ainsi éclairant de lire et de mettre en parallèle deux essais.
Le premier de Paul Watzlawick, La réalité de la réalité, date de 1978 pour sa traduction française, et pose la question : mais où est donc le réel, comme référent suprême, et existe-t-il... réellement ?
Le deuxième est paru cette année aux éditions du CNRS et constitue, sous la plume d'Anne Besson, chercheuse spécialiste des ensembles romanesques et de la fantasy (université d'Artois) et le titre de : Constellations - Des mondes fictionnels dans l'imaginaire contemporain, un véritable panorama des univers alternatifs proliférants qui, s'ils sont souvent préfabriqués pour nous soumettre à des logiques marchandes à l'échelle planétaire, n'en demeurent pas moins potentiellement habitables et colonisables par des lecteurs libérés.
"Les œuvres de fiction deviennent des mondes, le monde réel est fictionnalisé. Nous vivons une ère de l'imagination réhabilitée... Anne Besson décrypte pour nous ce nouvel âge de la fiction." (extrait 4e de couverture).
   
Dès lors il s'agit bien, comme le propose la prospective de la lecture, de s'interroger sur le devenir de ce que nous appelons "lecture" face à de nouveaux accès de l'imaginaire dans des mondes fictionnels.
Nous devons prendre conscience que les mutations en gestation dans le secteur, apparemment innocent, du livre, dépassent de beaucoup les simples et habituelles questions matérielles liées aux supports et aux dispositifs de lecture. Probablement même qu'à l'échéance de la fin de ce siècle la problématique ne se posera plus en ces termes (c'est-à-dire dans ceux où, malheureusement, la majorité d'entre nous la pose encore aujourd'hui), et, sans que cela n'ait plus alors aucune espèce d'importance, elle n'aura pas pour autant, cette problématique, été résolue, ni par rapport à une opposition, ni même par rapport à une complémentarité, papier / écran, imprimé / numérique.
Car ce qui se prépare actuellement est en fait bien plus de l'ordre de l'émergence, d'une part, de nouvelles formes de narration, et, d'autre part, d'univers transfictionnels, avec des moyens d'accès et de locomotion dans l'imaginaire que nous commençons tout juste à pouvoir deviner (casques de réalité virtuelle, lunettes et/ou lentilles connectées, intelligences artificielles et transferts de mémoires, etc.).


lundi 26 octobre 2015

Dans 100 innovations qui vont changer votre vie :-)

J'ai eu le plaisir de contribuer à l'ouvrage collectif 100 INNOVATIONS QUI VONT CHANGER VOTRE VIE, de la communauté des éclaireurs de Soon Soon Soon.
 
Bel album préfacé par Philippe Starck et qui paraît en ce mois d'octobre sous la direction d'Alexis Botaya et de Maïlys Gervais aux éditions Dunod.
Une agréable occasion pour tous de pouvoir découvrir la toute petite pointe émergée de mon travail de veille au service des professionnels du livre ;-)
 
Bonne lecture et exploration du futur !

dimanche 25 octobre 2015

Réflexions à la lecture de MAGIE ET TECHNOLOGIE de Manuela de Barros

Une intéressante réflexion sur une centaine de pages de Manuela de Barros sur les liens entre magie et technologie (comme arts de l'illusion et de la manipulation dirais-je) vient de paraître aux Editions Supernova.
Cet essai trouve sa place dans la bibliographie de la prospective du livre et de la lecture, en ce sens qu'il met en perspective la pensée et le discours des technosciences, et ce faisant par un effet de miroir, de réflexion, éclaire l'avenir en éclairant le passé.
Sur son étagère virtuelle cohabitent quelques livres comme, par exemple, La sorcière de Jules Michelet (évoqué par l'auteure), ou d'autres auxquels j'ai repensé, comme Les enchanteurs de Romain Gary, ou encore La logique de l'usage de Jacques Perriault. Rien que cela montre la diversité des approches à laquelle je suis si sensible, la subjectivité des points de vues et leurs noces alchimiques dans une multidisciplinarité féconde.
  
Dans ce premier volet d'une trilogie en gestation, Manuela de Barros s'attarde notamment sur la pensée et les travaux de Donna Haraway, pour laquelle: "La frontière qui sépare la science-fiction de la réalité sociale n'est qu'illusion d'optique".
Voilà de formulé avec clarté l'un des axes d'investigation de ma propre activité de chercheur en prospective de la lecture : "La réalité est faite de représentations, résume Manuela de Barros, comme dans un roman de K. Dick notre monde serait construit sur un mode hallucinatoire. C'est le discours sur le monde qui lui donne forme et le rend appréhendable, par exemple avec les mythes et la religion."
 
"Les "marginaux" de la Silicon Valley ont réussi par leur puissance monétaire et leur capacité à créer un monde imaginaire dans lequel la frontière entre le fictif, le réalisé et le réalisable est floue, à faire de l'ombre au monde réel...", nous met en garde l'auteur.
Mon travail de veille me confronte au quotidien à ce nouveau, à cet autre récit du monde en train de s'écrire et dans lequel nous ne savons pas exactement quels seront nos rôles et s'ils sont réellement (sic) enviables ? 
Ce phénomène d'écriture d'un nouveau récit a été tout récemment très bien documenté par Anne Besson dans son volumineux essai paru en avril 2015 aux éditions du CNRS : Constellations - Des mondes fictionnels dans l'imaginaire contemporain.
" [...] les technologies existent parce que quelqu'un y a cru assez pour créer une nouvelle réalité. Et j'ai même tendance à penser, ajoute Manuela de Barros, qu'il y a un processus encore à identifier totalement, par lequel on crée les conditions matérielles de réalisation d'objets et d'opérations imaginaires.". D'où, plus que la parallèle, l'inscription des technologies dans les stratégies de la magie pratique
 
La prospective de la lecture en fer de lance  
 
La Grande convergence, j'ai déjà avancé plusieurs fois cette proposition, a à voir avec la lecture. Avec la génomique le corps vivant lui-même est considéré comme un code à décrypter. La bio-ingénierie forme une génération de bibliothécaires dont nous peinons à imaginer de quels genres de livres ils seront un jour les gardiens et les médiateurs.
 
Ce dont nous devrions prendre conscience, c'est que les mutations en gestation dans le secteur, apparemment innocent, du livre, dépassent de beaucoup les simples et habituelles questions matérielles liées aux supports et aux dispositifs. Probablement même qu'à l'échéance de la fin de ce siècle la problématique ne se posera plus en ces termes (c'est-à-dire dans ceux où, malheureusement, la majorité d'entre nous la pose aujourd'hui), et, sans que cela n'ait plus alors aucune espèce d'importance, et qu'elle n'aura pas pour autant, cette problématique, été résolue par rapport à une opposition (ni même à une complémentarité) papier / écran, imprimé / numérique. Car ce qui se prépare actuellement est en fait bien plus de l'ordre de l'émergence, d'une part, de nouvelles formes de narration, et, d'autre part, d'univers transfictionnels, avec des moyens d'accès et de locomotion dans le fictionnel que nous commençons tout juste à pouvoir deviner (casques de réalité virtuelle, lunettes et/ou lentilles connectées, intelligences artificielles et transferts de mémoires, etc.).
 
Nous assistons actuellement au divorce de la lecture d'avec les pouvoirs de l'écrit (Cf. pour mémoire : Histoire et pouvoirs de l'écrit, de Henri-Jean Martin).
Des questions essentielles se posent sans cesse à nous.
Qui écrit, qui contrôle les (nouvelles notamment) procédures narratives ?
A quoi, la fiction, en tant que puissance intégratrice, nous intègre-t-elle ?
Serait-ce dans le cœur de la fiction que pourraient se réaliser des expériences de pensées à la frontière des œuvres de Borges et de la mécanique quantique ? (Après la fiction romanesque comme laboratoire des cas de conscience (Frédérique Leichter-Flack), le roman comme laboratoire de physique quantique ?)
Et si Hermann Hesse avait été visionnaire de cela dans son fabuleux Le jeu des perles de verre ?
 
Voilà mes réflexions à la lecture de Magie et technologie, un essai accessible à partir du site des éditions Supernova, et dont je vous recommande la lecture (Vidéo de présentation par l'auteure).

samedi 17 octobre 2015

A la découverte de nouveaux espaces pour la lecture et l'école

Ma récente conférence du mercredi 14 octobre 2015 au Canopé (réseau de création et d'accompagnement pédagogiques) de l'Académie d'Orléans-Tours, sur le thème : La médiation du livre et de la lecture dans le web immersif - perspectives pour l'enseignement et la formation, a été l'occasion de synthétiser un certain nombre de mes observations et réflexions, à la fois sur la question du web 3D immersif comme espace de médiation de nouvelles pratiques de lecture, et également de son fort potentiel dans le cadre d'activités pédagogiques et créatives.
Belle occasion aussi de présenter rapidement quelques prototypes développés depuis quelques années avec le Collectif i3Dim (l'Incubateur de la 3D immersive) et de réaliser en fin de conférence un court duplex avec la plate-forme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Une belle journée à Orléans, avec un auditoire attentif et intéressé :-)

dimanche 11 octobre 2015

Une autre dimension de la réalité augmentée - Du théâtre dans le Web immersif

 
Vendredi 09 octobre 2015 une première francophone a eu lieu sur la plate-forme web immersif EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Conduite par les animateurs du Collectif i3Dim (Incubateur de la 3D immersive, avec Jenny Bihouise et Lorenzo Soccavo), en collaboration avec les comédiens Jacqueline et Jean-Claude Barral du Théâtre de l'Adret, sur des textes d'Ann Rocard, cette première expérience de théâtre-promenade à distance nous projetant dans un environnement reconstituant péniche, écluse et maison éclusière traditionnelle dans le décor naturel des bords de Saône, a permis d'approfondir comment le web immersif peut enrichir le web (quantitatif) 2.0 et 2D en dépassant ses limites.
  
Ambiances magiques...
 
Apparition de la vouivre alors que nous sommes sur la péniche
 
Une quinzaine d'internautes de plusieurs pays ont ainsi pu partager cette expérience, se pénétrant des histoires racontées tout en pénétrant dans un décor réaliste où, à tout instant, tout demeurait potentiellement de l'ordre du possible.
Les outils de navigation des logiciels libres utilisés pour cette expérimentation (opensimulator) permettent aux utilisateurs une véritable pratique du co-browsing augmenté.
Nous pourrions en l'occurrence parler d'une véritable réalité augmentée, dans le sens où ces outils permettent (à l'instar de l'outil de navigation de Google Earth, par exemple), de décentrer son regard et de démultiplier ses points de vue sur toutes les facettes d'un environnement. Des outils de déplacement et de communication développent encore davantage l'expérience de l'internaute et efface son sentiment de solitude face à l'écran de son ordinateur. 
 
Projections dans la projection ?


Un réalisme envoûtant (Photo Anne Cordonnier - EVER)
Versant prospective de la lecture, ces expériences interrogent la place de la lecture à voix haute dans les territoires numériques, ainsi que la conjugaison de mondes fictionnels, vécue comme une extension de l'imaginaire et un enrichissement des réalités quotidiennes.
Le prochain groupe de 15 personnes est prévu pour le vendredi 23 octobre 2015 (21H00 heure française). Il reste quelques places et d'autres groupes seront prévus ultérieurement.
 
POUR PARTICIPER (initiation et participation à l'expérience gratuites) RENDEZ-VOUS sur le site du Théâtre de l'Adret : http://www.diner-theatre.com/lecture-scenarisee-en-3d.php ...