lundi 21 décembre 2009

Bonnes fêtes, bonnes lectures et offrez des livres !

Lorenzo Soccavo - P.L.E. Consulting souhaitent, à toutes les amoureuses, à tous les amoureux, des livres et de la lecture, à toutes les actrices, à tous les acteurs, de l'interprofession du livre : d'heureuses fêtes de Noël et de fin d'année. A bientôt...

mardi 15 décembre 2009

Comment représenter la mutation de la chaine du livre ?

C'est aujourd'hui une évidence pour tous : après la chaîne de fabrication au siècle précédent, la chaîne du livre, versants éditorial et économique, mute à son tour. Les enjeux et les impacts probables sont conséquents, car c'est la chaîne de valeur qui est directement impactée par ces changements en profondeur.
Les deux illustrations ci-dessous se proposent de représenter cette mutation de la chaîne du livre. Elles sont extraites du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. N'hésitez pas à communiquer des liens vers d'autres représentations graphiques de cette mutation ;-)


S'il est évident à la réflexion que le passage à l'édition numérique, dans une logique de diffusion multicanal multisupport, et dans le cadre d'une économie dite “de l'immatériel”, permettra de substantielles économies d'échelle, de légitimes inquiétudes et hésitations au niveau des prises de décisions se font sentir face à une désintermédiation massive, marquée, d'une part, par l'entrée de nouveaux acteurs, notamment industriels et issus d'autres horizons que celui des arts graphiques (je pense, entre autres, aux opérateurs de téléphonie mobile et aux fournisseurs d'accès à Internet), et, d'autre part, par le rôle croissant des lecteurs qui deviennent contributeurs, critiques, prescripteurs...

vendredi 11 décembre 2009

Quid du Digital Planning au service de l'édition ?

Essayer de générer du buzz ou de viraliser une campagne marketing est une démarche de plus en plus classique, mais qui reste aléatoire. Il est impératif de garder présent à l'esprit deux points essentiels.
Le premier est que les rythmes d'évolution sont asynchrones (Cf. illustration) entre :
– les technologies numériques et en particulier celles d'affichage et de diffusion multicanal multisupport,
– les pratiques des lecteurs/consommateurs et des auteurs,
– les modèles économiques, datant encore majoritairement du siècle précédent et peu, voire pas, adaptés à l'économie numérique en général, ni, en particulier, à l'économie de la connaissance.
Le deuxième point essentiel est que les internautes sont des humains. Cela semble idiot d'évidence, mais il ne faudrait surtout pas l'oublier !
Nous pouvons formuler plus exactement cette évidence ainsi : de plus en plus d'humains sont des internautes. Ces derniers, tout au moins dans un domaine spécifique comme celui du livre et de la lecture, ne vont pas se résoudre à converser virtuellement avec des algorithmes, agents intelligents, ou autres trouvailles technologiques. Le besoin d'une relation humaine restera très probablement prépondérant dans les médiations du livre, que ce type de relation s'établisse par textes brefs, comme aujourd'hui les SMS ou les tweets, ou, demain, par le truchement d'un représentant numérique, des avatars à son image, ou, un jour, pourquoi pas, par téléportations holographiques (?).
C'est pour cette raison qu'il est essentiel que l'ensemble des acteurs de l'interprofession du livre, et notamment les libraires et les bibliothécaires, investissent dès aujourd'hui massivement l'avenir de leurs métiers dans la conquête de ces nouveaux territoires numériques.
Dans ce contexte, nouveau et évolutif, et compte tenu des deux points que je viens de préciser, le digital planning prend en compte les spécificités et les évolutions du Web 2.0.
Au lieu d'essayer de simplement générer du buzz ou de viraliser une campagne marketing, il s'applique à mettre en œuvre une stratégie opérationnelle fondée sur une (re)connaissance des territoires numériques, exactement comme s'il s'agissait de territoires de la géographie physique.
En effet, le Web 2.0 (actuel) se décline déjà sur plusieurs niveaux : un Web sémantique (qui émerge), un Web social (en pleine expansion avec les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, etc.), un Web émotionnel (en constitution), un Web polysensoriel et un Web 3D (à venir dans les prochaines années), et qui évoluent tous vers un Web de flux (“un Web sans sites web”, pour reprendre l'expression de Thierry Crouzet), un Web en temps réel.
N.B. : illustration et commentaires sont extraits du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. Ils n'ont aucune prétention à la perfection et tous les apports constructifs seront accueillis avec reconnaissance...

mercredi 9 décembre 2009

Une méthodologie dédiée au business development de l'édition et des métiers du livre

Tandis que la société et ses usages de consommation de biens culturels évoluent perpétuellement et apparemment de plus en plus rapidement, l'innovation peut surgir de partout !

La représentation graphique ci-dessus explicite une méthodologie particulièrement dédiée au business development de l'édition et des métiers du livre. Dans la représentation proposée, l'axe vertical figure le travail de R&D en stratégies de l'innovation. L'axe horizontal figure le travail orienté Business development.
Il faut considérer ces deux postes comme des curseurs que nous pourrions déplacer chacun sur leur axe respectif.
Logiquement la situation de départ, au commencement des travaux de R&D et de business development, correspond à une phase initiale de préparation (cahier des charges…), qualifiée ici dans la représentation de “État actuel – Définition du projet”. Il s'agit de la phase de départ, numérotée 1.
En déplaçant les deux “curseurs” sur leurs axes, l’expert déploie une activité de veille stratégique et concurrentielle, de benchmark et de détection des usages émergents (orientés BtoB et/ou BtoC). C'est la phase 2, laquelle recouvre entre autres les différents aspects relevant de la veille stratégique.
En déplaçant encore plus les deux “curseurs” et en les éloignant sur leurs axes, l’expert déploie une activité pure de prospective, positionnable sur des échéances à court, moyen et long terme. C'est la phase 2'.
Dans la pratique, les phases 2 et 2' sont mises en œuvre conjointement. C'est en jouant intellectuellement, à un niveau conceptuel, sur l'écartement entre ces curseurs : R&D en stratégies de l'innovation, et, Business development, que l'expert peut concevoir un produit ou un service éditorial, à la fois innovant, et, en phase avec les possibilités techniques et les réalités du marché.
Dans ce que nous pourrions définir comme la zone de tensions créatrices entre 2 et 2', se libère alors le juste espace, la fenêtre de tir, pour la conception, la réalisation et le lancement de tels produits ou services.
C'est cette étape qui est figurée dans la représentation par “Commercialisation d'un produit, d'un service innovant”. La phase 3. Laquelle, à son tour, peut prendre position en phase 1 d'une nouvelle étape et générer un nouveau processus.
Cette représentation peut ainsi servir de modèle pour enclencher une réflexion et un processus opérationnel de structuration d'une offre commerciale innovante et de sa chaîne de valeur.
La méthode des scénarios prospectifs trouvera sa place légitime en phase 2'.
N.B. : illustration et commentaires sont extraits du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. Ils n'ont aucune prétention à la perfection et tous les apports constructifs seront accueillis avec reconnaissance ;-)

lundi 7 décembre 2009

Avenir de la lecture vs "un analphabétisme diffus"

Pour cette dernière partie de mes notes de lecture d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental, je serai malheureusement moins optimiste que dans mes précédents billets. Tant la partie concernée, titrée : Lire pour lire, et sous-titrée : Un avenir pour la lecture, sous la plume d'Armando Petrucci, de l'École normale supérieure de Pise, que l'horizon du livre, apparaissant aujourd’hui chargés tous deux d’incertitudes.

Dans ces vingt-six pages seulement, de cette partie qui, à défaut de concluante se devait à mon avis d’être conclusive, tout laisse le lecteur en suspension. Il me faut cependant honnêtement signaler, d’une part, que l’édition originale du présent livre est datée de 1995 pour les éditions Giuseppe Laterza & Figli Spa à Rome, et de 2001 pour l’édition française au Seuil, et, d’autre part, qu’il est, en effet, et ce toujours en décembre 2009, comme le conclut malgré tout Armando Petrucci, « trop tôt », pour lire ce que sera l’avenir de la lecture au cours de ce 21e siècle.
Nonobstant, si, d’un côté, l’auteur souligne la persistance de l’analphabétisme au cours des millénaires, il précise néanmoins qu’ « Aussi longtemps que l’on produira des textes écrits [sous une forme ou une autre], l’activité complémentaire, la lecture, continuera d’être pratiquée, au moins par une portion [infinie ou infime] de la population du globe. ». Au fond, c’est sans doute cette préoccupation que j’avais en tête, alors que je définissais récemment le livre numérique comme étant : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. », cherchant à exprimer le plus clairement possible, avec cette quantification de 50 % de texte, le besoin que j’estime encore nécessaire, aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir toujours distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Bien malin aujourd’hui celle ou celui qui pourrait dire, non pas tant ce que deviendront les livres, mais ce que deviendra la lecture au cours du siècle. La télévision avec ses feuilletons, les séries américaines, les jeux vidéos, ont habitué les jeunes générations de lecteurs, peut-être davantage même, tout autant en tout cas (?) que le Web 2.0, à de nouvelles formes de narrations.
En fin de compte et en fin de fin de cette histoire de la lecture, Armando Petrucci renonce donc honnêtement à lire l’avenir de la lecture, « fait de pratiques individuelles, de choix personnels, de refus des règles et des hiérarchies, de chaos productif et de consommation sauvage, de métissages, de répertoires divers… ». Au passage, une belle définition de la liberté ! Nul doute cependant qu’il s’agit là, avec la lecture en mutation, « d’un phénomène étendu et complexe ». Et Petrucci de conclure (en 1995 apparemment) que : « C’est seulement dans cinquante ou cent ans que nous pourrons savoir […] et, si nous [le] savons, émettre un jugement. ». Normal, Armando Petrucci est philologue et historien du livre, pas prospectiviste ;-)
Voilà donc pour cette Histoire de la lecture dans le monde occidental (que je mets en Livre du Mois dans la colonne de droite). Les différents billets (15) qui lui ont été consacrés et que vous retrouverez facilement dans les archives du blog (colonne de droite une nouvelle fois) ont été :
  • La lecture redeviendrait une histoire de flux...
  • Pourquoi le codex ?
  • De la lecture extensive à une lecture intensive
  • Lecture extensive vs lecture intensive
  • "Les textes sont désormais trop nombreux pour être tous lus."
  • Lire aux derniers siècles du Moyen Age
  • La sacralisation du livre
  • Livres de plage et de champ de bataille
  • Les médiateurs du livre
  • La Réforme, fille de Gutenberg ?
  • “L’énormité du marché du livre religieux”
  • Qui lisaient en ces temps-là ?
  • Pandémie de lecture vs Grippe A H1N1
  • Une entreprise de séduction
  • Avenir de la lecture vs “ un analphabétisme diffus ”

jeudi 3 décembre 2009

Développer une offre légale de livres numériques

Le gouvernement français peut-il vraiment favoriser le développement d’une offre légale de livres numériques ?En tout cas, à mon sens, le développement d’une telle offre (mais pas seulement numérique et légale, mais, également, pertinente par rapport aux pratiques émergentes de lecture et aux nouvelles générations de lectrices et de lecteurs – mais là, la balle est dans le camp des auteurs et des professionnels de l’édition), le développement d’une telle offre, disais-je, est indispensable, et, cela dit, force est de constater que la nouvelle mission confiée à Christine Albanel irait dans ce sens : « Sur la proposition de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, le Premier ministre a confié à Christine Albanel, ancien ministre, le soin de conduire une mission destinée à préparer les conditions de l’entrée de l’économie du livre dans l’ère numérique. Cette mission comporte trois volets, qui viennent compléter ou prolonger une série de travaux déjà engagés sous l’égide du ministre de la Culture et de la Communication. »

Au titre de ce troisième volet : « Christine Albanel expertisera les conditions dans lesquelles le secteur de l’édition pourra tirer parti de ce dispositif pour mener la lutte contre le piratage des œuvres de l’écrit sur les réseaux numériques.
Enfin, à partir notamment des conclusions qui auront été rendues par la mission Zelnik-Toubon-Cerutti en vue de favoriser le développement de l’offre légale numérique dans le secteur du livre, Christine Albanel mènera un travail de concertation avec les éditeurs français destiné à faciliter leur exposition sur internet et la mise en œuvre, par ces entreprises, de propositions commerciales attractives en ligne. » (Car, en effet, le développement d’une offre légale de livres numériques ne passe pas exclusivement par une lutte contre le piratage, qu’on se le dise ;-)

mercredi 2 décembre 2009

Pour une TVA réduite pour le livre numérique

Je soutiens l’initiative d’Antoine Gallimard, P-DG des Éditions Gallimard, en faveur de l’adoption d’une TVA réduite pour le livre numérique téléchargé ou consulté en ligne.
« Antoine Gallimard, P-DG des Éditions Gallimard (Paris, France), a lancé le 27 novembre 2009 une pétition en faveur d’une TVA à taux réduit sur le livre numérique, afin de convaincre l’ensemble des États membres de l’importance et de l’urgence de cette mesure. Si vous êtes un professionnel de la filière livre, vous êtes invité à signer cette pétition. Attention, les signatures seront fermées le 23 décembre 2009, à 23 heures, heure de Paris. La pétition sera publiée à la veille du prochain conseil ECOFIN, en janvier 2010. »
Extraits du texte de la pétition en français
« Une TVA réduite pour le livre numérique : La lecture de livres au format numérique devient une pratique courante. Brisant les barrières traditionnelles propres à la circulation des biens matériels, elle ouvre pour les œuvres écrites des opportunités de publications plus étendues et durables que par le passé. C’est une chance pour nous tous, auteurs, éditeurs, lecteurs, libraires et prescripteurs, qui n’avons d’autre souhait que de permettre au plus grand nombre l’accès aux œuvres de savoir et d’imagination. On peut certes s’interroger sur la valeur d’usage des supports de lecture qui nous sont aujourd’hui proposés et sur l’urgence qu’il y a à se conformer aux pratiques qu’elles induisent. Pour autant, les acteurs de la filière du livre doivent désormais réunir leurs efforts pour composer et promouvoir une offre légale et universelle qui satisfasse le lecteur, garantisse une juste rémunération des créateurs et respecte les maillons fondamentaux de la chaîne de valeur du livre. […] Une des clés de l’émergence rapide de cette offre légale est le prix de vente du livre numérique, qu'il convient de rendre attractif en faisant bénéficier le lecteur de l’économie faite sur la dématérialisation du livre papier. […] la TVA applicable sur le livre numérique reste à ce jour supérieure à celle, réduite, dont bénéficie le livre imprimé (en France : 19,6 % pour le numérique contre 5,5 % pour le papier, soir 14,1 points d’écart !). […] À maintenir un tel point de vue, on en viendrait à considérer à rebours que la TVA réduite pour le livre imprimé est l’expression du pouvoir régulateur d’une démocratie papetière et non le fait d’une démocratie culturelle. […] C’est pourquoi, nous appelons aujourd’hui solennellement les États membres à mettre tout en œuvre, et le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop tard, pour adopter une TVA réduite pour le livre numérique téléchargé ou consulté en ligne. »(Intégralité en ligne ici…)

lundi 30 novembre 2009

Définir le livre numérique ?

Une définition doit être un phare. D’autre part, dans le contexte actuel, définir le livre numérique est indispensable pour plusieurs raisons : fiscales d’abord, notamment par rapport à la fixation du taux de TVA, législatives ensuite, par rapport aux règlementations relatives au commerce du livre, à l’édition et au droit d’auteur.
Nonobstant, à ma connaissance, en ce jour du 30 novembre 2009, nous n’avons toujours aucune définition du livre numérique.
Certes, cela fait un moment que, tant les organisations représentatives de l’interprofession, que quelques évangélisateurs, se creusent la cervelle sur cette question. Mais, force est de constater que si, incontestablement, nombre de ces apports sont instructifs, voire éclairants, aucun n’est suffisamment clair pour servir de cadre structurant au nouveau paysage qui se dessine sous nos yeux.
Il ne s’agit pas en l’occurrence d’expliquer, mais, de définir. Or : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. », écrivait l’ami Boileau en 1674 dans son Art poétique. Définir une automobile, par exemple, c’est dire : “Véhicule routier mû par un moteur à explosion, à combustion interne, électrique, ou par turbine à gaz.” (Larousse.fr), et, non pas, décrire dans le détail les différentes pièces mécaniques et leur fonctionnement les unes par rapport aux autres et cetera. Une définition doit oser prétendre à une certaine universalité et ainsi, faire abstraction des cas singuliers et des expériences particulières.
Aussi, définir le livre numérique, cela doit être simplement : énoncer les principaux attributs qui le distinguent.
Dans mon Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition, je propose la définition suivante : un livre numérique ou e-book est : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. ».
Il ne s’agit bien évidemment que d’un modeste apport personnel, mais qui a au moins l’avantage je pense d’être véritablement, non pas une tentative de description exhaustive, d’explication, mais, bel et bien, une définition. J’en ai pesé et réfléchi chaque terme, et je me suis appliqué à en imaginer les diverses incidences interprétatives auxquelles elle pourrait donner lieu.
Ainsi la précision : “dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes”, traduit-elle clairement le besoin que j’estime nécessaire aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir encore distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Le livre numérique reste un bien matérialisable (enregistrement du fichier, impression partielle ou totale à la demande…) qui peut donc toujours être objet de possession et de droits.
Sinon, qu’est-ce qu’un livre, dans l’esprit de la majorité des lecteurs en ce début de 21e siècle ? Après la page 1, vient toujours la page 2, comme la 109 suit toujours la 108. Mais cela, je vous le dis, pourrait bien rapidement changer ;-)

dimanche 29 novembre 2009

Avenir du livre sur Linkedin

René Duringer de L’Observatoire des Tendances accueille depuis ce dimanche 29 novembre 2009 au sein « du groupe Chasseurs de tendances de Linkedin , un nouveau sous-groupe [a été] dédié aux nouvelles tendances, mutations en cours concernant les pratiques de lecture, l'édition et le marché du livre au 21ème siècle ! ... ». N’hésitez pas à venir y participer !

vendredi 27 novembre 2009

Nouveaux dispositifs de lecture au CRFJ de Lausanne

J'ai eu ces derniers jours le plaisir de pouvoir profiter un peu d'une ville que j'aime beaucoup : Lausanne. J'y suis en effet intervenu auprès de la section de formation continue du Centre Romand de Formation des Journalistes, pour une conférence sur le thème : Les nouveaux dispositifs de lecture et de diffusion pour la presse. État des lieux et perspectives...
L'occasion aussi de présenter à l'assistance les principaux readers disponibles en Europe ( L'Iliad Book Edition et le récent Digital Reader 1000S d'iRex Technologies (diffusés par 4DConcept), les PRS-505 de Sony (Portable Reader System) et le nouveau Sony Reader eBook Touch Edition PRS-600, le Kindle d'Amazon...). L'occasion également de donner quelques interviews aux médias suisses, notamment à Lucie Notari de LaTélé (Vaud Fribourg TV) et à l'équipe de “Le Nouvelliste”.
Ma conclusion ? Un séjour bref, mais agréable et fructueux :-)

lundi 23 novembre 2009

Des apports concrets de la Prospective de l'Edition

Quelques modes d’interventions possibles en prospective de l'édition, listés dans le Livre Blanc de la Prospective du Livre et de l'Edition :
 "• Diagnostic et développement des processus d'innovation latents (fonds, collections existantes, valorisation des projets déjà en cours, reprint à valeur ajoutée, livres enrichis...).
• Accompagnement de l'évolution des chaînes de valeurs du livre physique vers le livre numérique, en prenant en compte l'ensemble des postes concernés (conception/écriture, édition, promotion, diffusion/distribution).
• Création d'un système d'innovation (business development, structuration d'une offre commerciale innovante et de sa chaîne de valeur...).
• Sensibilisation et communication en interne (conférences privées, tables rondes, cellules de brainstorming et de scénarisation...).
• Pérennisation des avantages concurrentiels...
• Redynamisation de la chaîne de la valeur...
• Intégration des nouveaux usages et des nouvelles pratiques de lectures (gestion des UGC, User Generated Content = contenus produits par les lecteurs, gestion de communautés et/ou de blogs dédiés...).
• Préconisations et définition des objectifs : rédaction de cahiers des charges dédiés aux fournisseurs de nouvelles technologies...
• Veille stratégique / intelligence économique, benchmarking...
• Gestion de projet (accompagnement stratégique dans une migration numérique, notamment vers une édition Web pure player : développement d'une activité éditoriale de type Web 2.0 avec pour vocation de prendre position dans le secteur émergent de l'édition 2.0... Qualification des métadonnées liées aux livres numériques... Accompagnement migration Web 3D, notamment pour le e-commerce...).
• Intermédiation avec les fournisseurs de nouvelles technologies dédiées à l'édition (Logiciels de lecture, nouveaux dispositifs de lecture, POD...)"

vendredi 20 novembre 2009

Définir la prospective de l'édition


« La prospective est une réflexion pour éclairer l'action présente à la lumière des futurs possibles. », c'est cette définition de Michel Godet (De l'anticipation à l'action : manuel de prospective et de stratégie, Paris, Dunod éd., 1991, page 10) que je mets en exergue de mon Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition.
Tout au long je m'attache à donner des définitions précises pour éclairer en quoi la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, peut constituer une discipline nouvelle, et ce qu'elle peut apporter, concrètement, à l'interprofession, dans la période de mutations (technique, numérique, économique, sociale...) que nous traversons.
J'y propose une définition claire de la prospective de l'édition :  "Nous pouvons définir la prospective de l’édition comme étant : la discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y mettre en oeuvre des stratégies de développement.", et je formule entre autres huit propositions pour en favoriser l'essor :
"1 – La création de Commissions de la prospective, au sein du CNL (Centre national du livre), du SNE (Syndicat national de l’édition), du SLF (Syndicat de la librairie française) et de la SGDL (Société des gens de lettres), ainsi que des différentes instances régionales au service du livre et de sa diffusion.
2 – La désignation d’une Madame ou d’un Monsieur Prospective au sein des maisons d’édition.
3 – La prise en considération des spécificités de la prospective du livre et de la prospective de l'édition, notamment dans leur dimension transhistorique, par les structures possédant déjà un département R&D.
4 – L'enseignement de la prospective du livre et de la prospective de l'édition dans les formations aux différents métiers du livre et de l'édition, dans les établissements privés de communication, et dans les cursus de formation continue.
5 – L'organisation et la mise en oeuvre systématiques de méthodes d'observation, d'analyse et d'accompagnement de l'évolution des pratiques de lecture chez les jeunes lectorats natifs du numérique (manuels scolaires numériques, e-learning, serious games...).
6 – La valorisation des réseaux francophones consacrés à l'édition, aux livres et à la lecture, existants déjà sur le Web.
7 – Le traitement journalistique suivi et faisant appel à des experts, des questions et des enjeux de l'avenir du livre et de l'édition, dans les médias grand public (la presse écrite, autrement que par le biais d'informations ponctuelles “à sensations”, mais par des chroniques spécialisées ; la radio et la télévision, notamment du service public).
8 – La constitution d 'un Think Tank (groupe de réflexion), institution privée et publique, à la fois observatoire et comité d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition, de la prospective et de l'économie de la connaissance, et se saisissant de cette question essentielle en cette première moitié du 21e siècle : Où va la civilisation du livre ?"

jeudi 19 novembre 2009

Le livre média et industrie culturelle

Plusieurs points du récent Décret n° 2009-1393 du 11 novembre 2009, relatif aux missions et à l'organisation de l'administration centrale du ministère de la culture et de la communication, justifient, à mon sens, l’existence et la pertinence d’une véritable prospective du livre et de l’édition, et, notamment, confortent plusieurs des recommandations que j’ai formulées dans mon récent Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition.
Un vent nouveau souffle sur l’interprofession du livre et il va nous falloir avoir le pied marin. Le siècle ne fait que commencer !
Ci-dessous quelques extraits, les plus significatifs, concernant les différents secteurs du livre. (L’intégralité du décret est en ligne ici…).

Extraits du décret
« L'administration centrale du ministère chargé de la culture comprend […] la direction générale des médias et des industries culturelles. » (Article 1).
« La direction générale des médias et des industries culturelles définit, met en œuvre et évalue la politique de l'Etat en faveur du développement et du pluralisme des médias, de l'industrie publicitaire, de l'ensemble des services de communication au public par voie électronique, de l'industrie phonographique, du livre et de la lecture et de l'économie culturelle. Elle suit les activités du Centre national de la cinématographie. » (Article 5)
Suite de cet Article 5 : « Elle contribue aux travaux d'étude et d'évaluation économiques et de recherche, ainsi que de veille et d'expertise sur l'évolution des technologies numériques, dans son champ d'activités.
Elle veille à l'équilibre entre les différents acteurs qui interviennent dans le domaine du livre et, à ce titre, au développement de l'économie du livre, en France et à l'étranger. Elle favorise le développement de la lecture et procède à l'évaluation des politiques dans le domaine de la lecture publique. Elle contribue à la modernisation des bibliothèques et des médiathèques, et notamment au renforcement des réseaux et services de coopération, ainsi qu'à la formation de leurs personnels. Elle veille à la conservation, à l'enrichissement et à la valorisation du patrimoine des bibliothèques et des médiathèques. Elle exerce le contrôle technique de l'Etat sur les bibliothèques et les médiathèques des collectivités territoriales. » [...]
« En lien avec le secrétariat général, elle contribue à l'élaboration de la position française pour les négociations européennes et internationales touchant à la réglementation et à la régulation des médias, des industries culturelles, du livre et des services en ligne. »
Qu’on se le dise : « Dans tous les textes réglementaires en vigueur […] la référence à la direction du développement des médias et à la direction du livre et de la lecture est remplacée par la référence à la direction générale des médias et des industries culturelles… » (Article 8).

mercredi 18 novembre 2009

Avenir des métiers du livre et de l'édition

J'ai eu hier soir le plaisir de proposer à l'Association des professionnels de l'édition (A.P.E.), plus précisément, dans le cadre de son groupe de travail : Nouveaux supports -Edition numérique, quelques réflexions sur "L'avenir des métiers". Je les reprends ici dans le texte ci-dessous, afin de susciter commentaires et réactions, étant entendu qu'éditrices et éditeurs seront tous bienvenus au sein de cette association, en général, et de ce groupe, en particulier...

" Ce texte a pour vocation de proposer quelques pistes de réflexion autour de la question du devenir des métiers du livre et de l’édition, dans le contexte de l’arrivée sur le marché de nouveaux dispositifs de lecture.

Logiquement, les métiers qui seront les plus directement impactés seront ceux qui sont le plus dépendants pour leur exercice de la matérialité de l’objet livre.
Je les distingue dans le triptyque suivant :
I. Papetiers / imprimeurs
II. Diffuseurs / distributeurs
III. Libraires / bibliothécaires.
1 – Les papetiers et les imprimeurs
Même si le marché de l’impression n’est pas négligeable, il ne serait nullement indispensable à la survie de la filière papetière. Cette dernière développe depuis plusieurs années, d’une part, des efforts techniques et en termes de communication, concernant l’écobilan de sa production, d’autre part, en R&D, pour faire évoluer le “matériau papier” vers des “papiers intelligents” (notamment pour l’emballage des denrées alimentaires, et dans le secteur de l’hygiène – lingettes désinfectantes, mouchoirs en papier, etc.).
Les imprimeurs seront certainement dans une position plus délicate s’ils venaient à perdre les marchés de l’édition et de la presse écrite, dans un contexte où, en outre, la publicité non sollicitée qui encombre nos boîtes aux lettres est de moins en moins justifiable et efficace pour les annonceurs qui l’utilisent.
Dans un premier temps, les marchés émergents de l’autoédition (1,5 million de Français auraient un manuscrit dans leurs tiroirs, Le Monde des Livres du 12/11/09), et de l’impression à la demande (si les éditeurs développaient de véritables offres innovantes de livres personnalisables à la carte) pourraient retarder le déclin de l’imprimerie.
Le renouvellement du parc matériel et notamment pour l’impression numérique à la demande, a nécessité des investissements considérables dont l’amortissement serait compromis si le point de bascule de l’imprimé au numérique survenait à brève échéance.
Le travail de lobbying de la filière graphique (je pense notamment à la Fondation Culture Papier) s’explique, logiquement, par cette inquiétude légitime.
2 – Les diffuseurs et les distributeurs
Depuis le début des années 2000 la filière diffusion / distribution du livre prépare sa reconfiguration vers le tout numérique, les principaux acteurs étant détenus pas les grands groupes éditoriaux. Ces derniers cherchent à maintenir leur monopole vis-à-vis, d’une part, de l’ensemble de la profession (plusieurs milliers de maisons d’édition en comptant les indépendants), d’autre part, vis-à-vis des fournisseurs d’accès à Internet et des opérateurs de téléphonie mobile, qui cherchent eux à contrôler les flux numériques des biens et services culturels (musiques, vidéos, ebooks, etc.).
Dans cette optique, les grands groupes éditoriaux mettent en place de véritables plateformes de diffusion distribution de livres numériques.
Pour simple rappel, citons chronologiquement : le groupe Hachette Livre avec la plateforme Numilog (créée par Denis Zwirn et son équipe en 1999), le regroupement de Gallimard, La Martinière et Flammarion au sein de la plateforme Eden-Livres, le groupe Editis avec Média Participations via leur e-plateforme. Dans ce contexte des tensions et des crispations commencent à s’exprimer entre deux modèles : une plateforme unique regroupant les éditeurs français, ou, une multitude de circuits indépendants, reposant sur des modèles économiques différents. Ce conflit latent ne fait au fond que dupliquer sur les territoires numériques, la situation quasi-monopolistique qui s’est développée au cours du siècle précédent sur les territoires physiques, sur lesquels la mondialisation rendrait l’édition soluble dans des majors du divertissement.
Cela dit, concrètement, les entrepôts de stockage de livres papier seront remplacés par des datas centers, et les norias de camionnettes qui véhiculaient ces cartons de livres et d’invendus, par des câbles en fibres optiques. Mais attention. Tout cela n’a rien ni d’immatériel ni de gratuit !
Cette réorganisation représente d’importants investissements financiers, notamment en termes d’infrastructures, en logistique et en maintenance, et également en énergie (importante consommation électrique pour le fonctionnement et le refroidissement des centres de données) et donc, également en termes de développement durable.
3 – Les libraires et les bibliothécaires
Pour les libraires, d’une part, les structures matérielles des librairies (loyers, assurances et personnels rendus nécessaires par la gestion physique des livres et des lieux de vente) pèsent de plus en plus lourd, et, d’autre part, le commerce en ligne, et notamment celui des livres, se développe.
Les librairies risquent de connaître le même destin tragique que celui des disquaires, des photographes, des loueurs de vidéos : la disparition pure et simple.
Des libraires réagissent et cherchent à innover (je pense ici à : Bernard Strainchamps, weblibraire responsable de Bibliosurf, Joël Faucilhon avec Lekti-ecriture.com, Charles Kermarec de la Librairie Dialogues à Brest, d’autres certainement) et il serait bien d’écouter ce qu’ils auraient à nous dire de leurs expériences et de leurs besoins, en termes de mutualisation et de solidarité interprofessionnelles.
Équiper les librairies “brick and mortar” de dispositifs coûteux d’impression à la demande, ou de bornes de téléchargements de livres numériques (inutiles du moment que ces derniers sont déjà téléchargeables sur ordinateurs et smartphones) ne me semble personnellement pas réaliste.
Le Web, sur lequel décollent, lentement mais continument, les ventes de livres, sur lequel se développe la “longue traîne” de Chris Anderson, et sur lequel Amazon ou la Fnac.fr réalisent déjà de substantiels chiffres d’affaires, ce Web évolue lui aussi.
Nous allons vers un Web immersif. Les plus grandes marques travaillent déjà à la “virtualisation” de leurs espaces de vente. Il s’agit, dans un premier temps, de la modélisation en 3D des boutiques, avant d’intégrer, dans un second temps, des passerelles entre, boutiques en ville, et, boutiques en ligne. Essayage virtuel de vêtements ou de paires de lunettes par l’entremise d’un avatar présentant ses caractéristiques physiques et son propre visage, nouvelle génération de cabines d’essayage se réduisant à un “miroir magique”, tout cela se développe et arrivera au cours des prochaines années.
Les librairies doivent s’y préparer, elles aussi. Les nouvelles générations de lecteurs voudront pouvoir, à distance, accéder, non plus au fonds, mais aux conseils personnalisés de leur libraire préféré, feuilleter les livres à distance, accéder à des informations complémentaires, dialoguer par vidéo ou par le truchement d’un avatar avec le libraire, payer en ligne et avoir dans la minute accès au livre numérique ou au service sur leurs dispositifs de lectures nomades.
Si nous portons notre attention uniquement sur Second Life, nous remarquons déjà la présence de nombreuses bibliothèques, dont celles des principales universités américaines, ainsi que des tests de dispositifs de lecture innovants. Plusieurs îles anglo-saxonnes de cet univers virtuel sont dédiées aux livres, et notamment une pour les développeurs d’Amazon. Des manifestations littéraires, des conférences d’auteurs au lancement du reader de Sony dans l’espace d’exposition de l’éditeur Ramdom House, et quelques initiatives pédagogiques (avec de premières expériences d’immersion de jeunes lecteurs dans des univers romanesques) y ont régulièrement lieu. Cet univers, maladroitement baptisé du qualificatif de virtuel, est imparfait et abscons pour le grand public, mais c’est un laboratoire de ce que sera un jour le Web.
Nous en venons donc enfin ainsi aux bibliothécaires. Depuis quelques années des bibliothèques ont testé le prêt de nouveaux dispositifs de lecture. Notamment la bibliothèque universitaire d’Angers, grâce à Daniel Bourrion, la bibliothèque municipale de Boulogne-Billancourt, grâce à Alain Patez, prochainement la BPI… A mon sens les conclusions ne sont guère concluantes. En février 2010 normalement, la Bibliothèque nationale de France devrait ouvrir un espace permanent sur les futures technologies de lecture, baptisé Labo BnF, et qu’elle définit ainsi : « lieu expérimental de présentation des nouvelles technologies d’écriture et de lecture. Papier électronique communicant, consoles de poches, dispositifs de réalité augmentée […] aussi lieu de réflexion sur la mutation des métiers du livre, les médias numériques… ».
Je pense que durant ce 21e siècle les bibliothèques vont évoluer sur le modèle suivant : d'une part, la bibliothèque-médiathèque physique, "brick and mortar", laquelle sera en permanence couplée par des systèmes de réalité augmentée au réseau des autres bibliothèques sur toute la surface de la Terre, et, d'autre part, sera également couplée en temps réel à son propre double "pure player", dans ce futur Web 3D immersif que j’évoquais pour les librairies. Les deux, la bibliothèque physique, et, la bibliothèque, entre guillemets, "virtuelle", seront interfacées par ce que nous appelons aujourd'hui la "bibliothèque numérique", c'est-à-dire les fonds numérisés.
Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les bibliothécaires, alors que l’entreprise planétaire de Google Books s’étend et que peinent à se développer, tant le projet Europeana, que celui de la Bibliothèque Numérique Mondiale de l’Unesco.
Avec le numérique, le mythe d’une bibliothèque universelle renaît, le grand rêve d’Alexandrie et celui, plus inquiétant, de la Bibliothèque de Babel prophétisée en 1941 par Borges, comme, en somme, une vision annonciatrice des datas centers de Google, d’Amazon et d’Apple. Or, il ne s’agit là aucunement de bibliothèques. Et pourquoi ? Parce qu’une bibliothèque numérique ne doit pas, à l’évidence, se limiter à un service de recherche de livres du type Google Book Search.
Concernant les libraires et les bibliothécaires, il y a une chose importante que je voudrais rappeler : les internautes sont des êtres humains, ce sont nous, ce sont nos proches, et plutôt qu’avec des algorithmes nous préfèrerons toujours avoir un dialogue avec un vrai libraire, avec un vrai bibliothécaire. Le besoin d'une relation humaine restera très probablement prépondérant dans les médiations du livre, que ce type de relation s'établisse par textes brefs, comme aujourd'hui les tweets, ou, demain, par le truchement d'un représentant numérique, des avatars à son image, ou, un jour, pourquoi pas, par téléportations holographiques (?).
Mais encore faut-il que libraires et bibliothécaires investissent aujourd’hui l’avenir de leurs métiers dans ce nouvel ouest des nouveaux territoires numériques.
En conclusion, je dirai simplement que l’existence de ce groupe et de ce sous-groupe au sein de l’Association des Professionnels de l’Edition est justifiée et pertinente."

lundi 16 novembre 2009

Le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition est disponible

Le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition est disponible.

Depuis août 2010 il est téléchargeable gratuitement sur le site de la bibliothèque numérique de l'enssib (école nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques).
Voici le lien de sa notice bibliographique à partir de laquelle vous pourrez le télécharger gratuitement =
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-48577
         
Pourquoi un gramophone en illustration ?
  
Parce que, si l'interface du codex est indépassable, elle ne peut plus répondre, aujourd'hui, aux nouvelles pratiques de lecture. Et alors direz-vous ? Pourquoi un gramophone ?
Parce qu’il y a, entre les nouveaux dispositifs de lecture, dont nous commençons à disposer en ce début de 21e siècle, et ceux dont nous disposerons à la fin de ce même siècle, la même différence qu’entre un gramophone et un iPod !
Les nouveaux dispositifs de lecture ne doivent pas être des pocket PC avec des fonctions en moins, mais, des e-livres de poche avec des fonctions en plus !
Cela dit, au cours de la prochaine décennie 2010-2020 vont arriver, face au marché du livre, les premières générations de lecteurs qui spontanément, pour lire, n'iront plus vers des livres imprimés. Dès lors, la prospective peut aujourd'hui ouvrir de nouvelles perspectives à l'édition qui voit son avenir incertain face aux nouveaux médias et à l'arrivée de ces nouveaux lectorats.

Ce livre blanc a donc un double objectif :

1. D'abord, définir ce qu'est la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, et ce que cette discipline nouvelle peut apporter, concrètement, à l'interprofession dans la période de mutations (technique,  numérique, économique...) que nous traversons...
2. Ensuite, élucider mon expertise auprès de l'interprofession du livre. Il m'est en effet apparu essentiel de clarifier mon expertise auprès de mes interlocuteurs, principalement éditeurs, libraires et bibliothécaires.
Toutes vos remarques, suggestions, commentaires et critiques constructives, seront bienvenues. Alors... @ bientôt ;-)

jeudi 12 novembre 2009

Résumé du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition

Résumé du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition qui sera disponible à partir de ce lundi 16 novembre 2009 :-)

Résumé
" Ce livre blanc a pour vocation de définir ce qu'est, ce que pourrait devenir et ce que pourrait apporter concrètement la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, au marché du livre et à la lecture.

La prospective peut aujourd'hui ouvrir de nouvelles perspectives à l'édition qui voit son avenir incertain face aux nouveaux médias et aux nouveaux lectorats.
La prospective concerne la prévision et l'analyse des différents avenirs possibles.
Nous pouvons définir la prospective du livre comme étant : l’étude des évolutions et des mutations des livres, conçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire en les considérant comme des interfaces lecteurs / livres ; et la prospective de l’édition comme étant : la discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques, dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y mettre en œuvre des stratégies de développement.
Un e-book ou livre numérique est, soit, la copie exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes.
Le livre pourrait-il un jour prochain apparaître comme un objet obsolète aux générations natives du numérique ? La question se pose avec une acuité qu'il serait aujourd'hui irresponsable de nier.
La mise en œuvre d’une veille stratégique dédiée est aujourd’hui vitale pour toute entreprise d’édition qui souhaite pérenniser et développer son activité.
En prospective de l'édition, la notion d'innovation se décline sous trois aspects : une innovation technologique, une innovation structurelle, et, une innovation de produit ou d'interface.
L'objectif premier de la prospective de l'édition est la structuration de nouvelles offres commerciales, d'une part, pertinentes, c'est-à-dire s'intégrant pleinement dans une chaîne de valeur positive, en adéquation avec les attentes du marché et les nouvelles pratiques de lecture et de recherche et consultation d'informations, et, d'autre part, préparées (digital planning, teasing, buzz...) et lancées avec un plan de communication et médias adapté à leurs aspects novateurs.
Dans cette optique plusieurs actions concrètes sont possibles, tant au service du développement des maisons d'édition, que des autres acteurs de l'interprofession du livre.
Onze modes d'interventions possibles en prospective de l'édition sont listés. L'interprofession peut suivre plusieurs orientations (j'en propose six) : (s'émanciper de l'industrie du print, expérimenter, reconfigurer les circuits de diffusion/distribution et adapter le marketing et les relations presse aux nouveaux médias, mettre auteurs et lecteurs au cœur des projets éditoriaux dans une logique 2.0, inventer et tester de nouveaux modèles économiques, ...), et je formule huit propositions pour favoriser le développement de la prospective du livre et de l’édition : (son introduction dans les départements R&D des maisons d'édition, la création de commissions de la prospective dans les différentes instances publiques liées à la politique du livre, son enseignement dans les formations aux divers métiers du livre et de l'édition et dans les cursus de formation continue, ...).

En conclusion, la prospective du livre et de l'édition peut certainement recréer du lien dans une chaîne du livre qui passe d'un modèle linéaire, à un mode de fonctionnement réticulaire, et, par les nécessaires désintermédiation et mutualisation, contribuer à résorber certains réflexes corporatistes, certains égoïsmes catégoriels, qui seraient suicidaires à l'heure de l'édition 2.0. "

mardi 10 novembre 2009

1er livre sur la Prospective du Livre et de l'Edition

Mon livre blanc sur la prospective du livre et de l'édition, spécialement destiné aux acteurs de l'interprofession du livre, sera prochainement disponible (sortie prévue le lundi 16 novembre 2009 :-)

Si vous souhaitez être personnellement et directement avisé de sa disponibilité, merci de m'adresser un mail...
(Photo couverture © Jean-Marc Godès. PhotoLivre)

Sommaire
Pourquoi ce livre blanc ?
Synthèse
1 - Résumé
2 - Mots clés
I - Défis et définitions
1 - Le livre face à la singularité technologique
2 - Des perspectives de la prospective
3 - Définitions de la prospective
4 - Du livre, de l'e-book et de l’édition
=> Le livre comme dispositif de lecture
=> L’édition comme interprofession
II - Prospective du livre
1 - Définition de la prospective du livre
=> Schéma : l'évolution du livre
=> Schéma : des signes aux flux numériques
2 - L’interface lecteurs / livres
3 - La notion de “ disruptive innovation ”
4 - Champs d’application de la prospective par rapport aux mutations du livre - Méthodologie
=> Tendances émergentes et mouvements conjoncturels
=> Scénarios prospectifs
=> Schéma : La méthode des scénarios
III - Prospective de l’édition
1 - Définition de la prospective de l’édition
2 - La mutation de la “chaîne du livre”
=> Schéma : La “chaîne du livre” au 20e siècle
=> Schéma : La “chaîne du livre” au 21e siècle
3 - L'innovation en prospective de l'édition
4 - Champs d’application de la prospective dans l’édition - Méthodologie
=> Veille stratégique
=> Schéma : Méthodologie business development et innovation
=> Le Digital Planning au service de l'édition
=> Schéma : superposition des rythmes d'évolution
=> Les modes d’interventions possibles
IV - Propositions pour le livre et l’édition
1 - Mutations, risques, et orientations à prendre
­=> A - Les mutations
=> B - Les risques
=> C - Les orientations
V - Perspectives...
Propositions pour favoriser le développement de la prospective du livre et de l’édition
VI - Annexes
1 - Lectures conseillées
2 - Extraits d'entretiens
3 - Du Web 2.0 au web 3D
4 - L’auteur
5 - P.L.E. Consulting
=> Le blog P.L.E. Consulting
=> Contacts
6 - Bibliographie et liens
=> Livres
=> Articles
7 - Table des illustrations
=> Couverture
8 - Remerciements

dimanche 8 novembre 2009

Mais n'éprouvez-vous rien monsieur Soccavo ?

" La mutation du livre et de son marché s'accélère, il va y avoir du grabuge, c'est maintenant évident, le ton monte, "vos oreilles sifflent" comme on dit familièrement, et vous ne dites rien. Vous n'éprouvez rien ?
- Si. Bien évidemment. Je ne peux ignorer que l'on parle de moi, parfois, comme d'un "évangélisateur", un "insider", et que, parfois, l'on écoute ce que j'ai à dire. Mais le plus sidérant est cet ostracisme méprisant de ceux qui font tourner les manèges de l'édition. Ils savent, comme je le sais, qu'il va y avoir, en effet, des disparitions. Accidents ou suicides ? Il ne sera pas facile de faire la part des choses et des responsabilités.
- Vous aurez votre part de responsabilité.
- Certes. Une nouvelle fois : cela est évident. Aussi j'éprouve bien un sentiment sur toutes ces choses qui se jouent actuellement. En ce moment même. Un sentiment bizarre. Etrange. "Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C'est un sentiment si complet, si égoïste que j'en ai presque honte alors que la tristesse m'a toujours paru honorable." Nonobstant, c'est bien, et vous le voyez bien, sans chercher aucunement à m'absoudre, un sentiment de l'ordre de celui que définit la jeune Cécile dans le sublime Bonjour tristesse, de Françoise Sagan, que j'éprouve aujourd'hui face à tout cela : bonjour tristesse..."

mercredi 4 novembre 2009

Borges en prospectiviste

Oui. Je reconnais Borges comme précurseur de la prospective du livre et de l’édition. Quoi de plus flagrant et en l’espèce de plus probant, que cette déclaration sereine en entrée de sa nouvelle Le livre de sable (dans le recueil éponyme) : « La ligne est composée d’un nombre infini de points ; le plan [la page] d’un nombre infini de lignes ; le volume, d’un nombre infini de plans [de pages] ; l’hypervolume, d’un nombre infini de volumes. ». Quoi de plus en écho avec ce que nous vivons en ce début de 21e siècle, ces nouveaux dispositifs de lecture qui envahissent le champ du livre imprimé, ces tablettes d’e-paper d’une seule et unique page réinscriptible, ou davantage parlant encore, ce Web sémantique qui émerge, comme un hypervolume infini.
Il est aujourd’hui incontestable que durant ce millénaire l’objet livre avec ses avatars multiples échappera au temps, passera, en effet, des hypertextes à l’hyperlivre. Unique ?
Dans le labyrinthe de son œuvre, qui s’étage en spirale autour de l’axe de la littérature, de la littérature fondée sur la production vive de signes écrits et conçue comme une mémoire collective partagée (« Les mots sont des symboles qui postulent une mémoire partagée. » écrit-il dans Le Congrès), Jorge Luis Borges (1899-1986), dans le labyrinthe de son œuvre donc, les livres y figurent comme autant de bibliothèques labyrinthiques.
Des livres dans les bibliothèques, nous accédons aux bibliothèques dans un Livre unique. Volume ou rouleau infini ? Flux ?
Le livre de sable (1975) est en effet, avec La bibliothèque de Babel (écrite en 1941 et éditée en 1944), le texte qui, à ma connaissance, a le plus de liens avec ce que nous allons vivre au cours de ce 21e siècle. Mais nous pouvons aussi y ajouter Le Congrès (précédemment cité et situé dans le recueil Le livre de sable), car il y est aussi question d‘une bibliothèque : de “La bibliothèque du Congrès du Monde”, laquelle n’est pas sans nous rappeler les ambitions de projets actuels, tels Europeana, ou encore, de la Bibliothèque numérique mondiale (BNM) de l’Unesco.
Depuis la bibliothèque d’Alexandrie, non, en vérité bien plus tôt, depuis la plus haute Antiquité (3500 avant J.-C.) ce rêve d’une bibliothèque universelle a hanté les esprits savants, semblant devenir de plus en plus irréalisable au fil des siècles où les savoirs s’accumulèrent et s’accumulèrent et s’accumulèrent ! Et tant la noble visée de Michael Hart, en 1971, avec son Projet Gutenberg (lui qui écrivit en 1998 : « Nous considérons le texte électronique comme un nouveau médium, sans véritable relation avec le papier. Le seul point commun est que nous diffusons les mêmes œuvres, mais je ne vois pas comment le papier peut concurrencer le texte électronique une fois que les gens y sont habitués… ». Extrait entretien dans Technologies et livre pour tous, Marie Lebert, NEF, Université de Toronto, 2008), tant donc le Projet Gutenberg, que l’entreprise planétaire Google Books, se rattachent, tous deux, et les autres, à ce même rêve d’une bibliothèque universelle.
Pour les responsables du Congrès imaginé par Borges : « La bibliothèque du Congrès du Monde ne pouvait s’en tenir à des ouvrages de consultation et [que] les œuvres classiques de tous les pays et de toutes les langues constituaient un véritable témoignage que nous ne pouvions négliger sans danger. ».
Plus évocateur encore, La Bibliothèque de Babel (peut-être sa plus célèbre nouvelle au sein du recueil Fictions) n’est pas, aujourd’hui, sans nous rappeler les gigantesques data-centers, centres vitaux pour les géants de l’électronique mondiale et de l’entertainment réunis (Google et Apple notamment), et où chaque livre numérique est une infinie suite de 0 et de 1.
« L'univers (que d'autres appellent la Bibliothèque) se compose d'un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries [écrit Borges dans ce texte], avec au centre de vastes puits d'aération bordés par des balustrades très basses. De chacun de ces hexagones on aperçoit les étages inférieurs et supérieurs, interminablement. La distribution des galeries est invariable. […] Chacun des pans libres donne sur un couloir étroit, lequel débouche sur une autre galerie, identique à la première et à toutes. […] À proximité passe l'escalier en colimaçon, qui s'abîme et s'élève à perte de vue. Dans le couloir il y a une glace, qui double fidèlement les apparences. Les hommes en tirent conclusion que la Bibliothèque n'est pas infinie ; si elle l'était réellement, à quoi bon cette duplication illusoire ? Pour ma part, je préfère rêver que ces surfaces polies sont là pour figurer l'infini et pour le promettre... Des sortes de fruits sphériques appelés lampes assurent l'éclairage. Au nombre de deux par hexagone et placés transversalement, ces globes émettent une lumière insuffisante, incessante... » (Extrait de La Bibliothèque de Babel, 1941, in Fictions, trad. N. Ibarra revue par J.P. Bernés).
Je trouve ainsi naturellement chez Borges une dimension prophétique qui va au-delà de ce qu'Albert Robida écrivait en 1892 dans La vie électriqueCe que je pense de la destinée des livres, mes chers amis ? Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point, et que les progrès de l’électricité et de la mécanique moderne m’interdisent de croire, que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en désuétude… », et qui connaitra une certaine validation avec l’éphémère théâtrophone, inventé par Clément Ader et consistant en un réseau téléphonique relié à l’Opéra de Paris et permettant d’écouter l’opéra en restant chez soi, ce qu’affectionnait notamment Proust, système qui connut quelques succès parisiens entre 1881 et 1932...) ; et qui va bien au-delà également, de ce que Maurice Escoffier pouvait écrire quelques années plus tard dans La Mort du Livre. Anticipations bibliophiliques (Revue Mensuelle de l’Association des Anciens Elèves de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales, numéro spécial sur le livre de décembre 1932).
Borges a donc, à mes yeux, une dimension prophétique qui va au-delà.
Les progrès des neurosciences cognitives peuvent laisser espérer qu’il sera un jour possible d’optimiser les nouveaux dispositifs de lecture, qui apparaissent depuis la fin des années quatre-vingt dix, en fonction des capacités sensorielles des lecteurs, de leurs dispositions naturelles de vision et de décodage. La question se pose alors de savoir s’il serait un jour envisageable de contrôler l’activité neuronale mise en jeu lors de la lecture ? Serait-ce souhaitable ? Ce qui le serait, serait de parvenir à concevoir des dispositifs de lecture intelligents, capables de s’adapter à différents profils de lecteurs et d’enrichir leurs expériences de lecture. Dans le cadre d’une convergence entre canaux plurimédias (hypermédia), réalité augmentée, enrichie, et intelligence artificielle, le dispositif de lecture du 3e millénaire pourrait-il être un organisme exocéphale de décodage du monde ? Et se pourrait-il que cette évolution des dispositifs de lecture induise à terme des mutations de certaines fonctions cognitives chez les lecteurs ?
Umberto Eco, à ma connaissance admirateur de Borges, et qui s’en inspira notamment dans son célèbre roman Le nom de la rose, ferait bien de se pencher objectivement sur ces questions, au lieu de partir en croisade avec les défenseurs des industries graphiques. (Je suis toujours étonné que les admirateurs de Borges, je pense en ce moment également à Alberto Manguel, soient si méfiants et critiques vis-à-vis des évolutions du livre et de la lecture.)
Avec la miniaturisation et les avancées des bio-nanotechnologies, un lecteur, ou une lectrice bien évidemment, pourra peut-être un jour porter en lui cette bibliothèque universelle dont nous rêvons follement depuis que nous avons commencé à lire des signes tracés, rêve déraisonnable peut-être, qui n’est autre, au fond, que celui d’une omniscience divine.
Mais, rêveurs déraisonnables ou pas, ce qu’il nous faut tous retenir, c’est qu’il y a, entre les nouveaux dispositifs de lecture, dont nous commençons à disposer en ce début de 21e siècle, et ceux dont nous disposerons à la fin de ce même siècle, la même différence qu’entre un gramophone et un iPod. Qu’on se le dise ! Des machines à lire intelligentes et universelles seront, un jour prochain, possibles, qui nous offriront des expériences nouvelles de lectures immersives poly-sensorielles. Oui, qu’on se le dise !
Et, en vérité, dans ses contes et nouvelles oniriques, Borges prédisait simplement et raisonnablement, ce que les experts, aujourd’hui, prévoient, et c’est pourquoi je le reconnais comme précurseur de la prospective du livre et de l’édition :-)
P.S. Du coup je mets Le livre de sable en rubrique Le livre du mois, dans la colonne de droite ;-)

lundi 2 novembre 2009

Goncourt 2009 Marie NDiaye en livre numérique

Signe des temps : qui l'aurait cru il y a deux trois ans ? Peu. Quelques-uns et quelques-unes, certes, mais peu. Et voilà : le jour même de la proclamation du Prix Goncourt, l'heureuse élue est disponible en formats numériques (ePub et PDF précisément) pour eReaders, liseuses et compagnie.
Le sait-elle et en est-elle heureuse ? Ou contrariée, ou indifférente ?
15,20 € en PDF et 16,50 € en ePub chez Immatériel.fr et ePagine.fr, avec, dans les deux cas, la possibilité de feuilleter gratuitement des extraits en ligne (et notamment sur Eden Livres), et ce pour une version papier à... 19,00 € sur le site de Gallimard. No comment. Le débat est en cours et l'avenir devant nous (forcément ;-)

N.B. Info dénichée sur eBouquin. Commentaires sibyllins et mise en perspective personnels ;-)

jeudi 29 octobre 2009

Quand les étudiants élaborent des projets d'édition dématérialisée :-)

J'ai eu le plaisir de rencontrer hier les étudiants de Master 2 de l'Institut supérieur de communication et publicité (ISCOM-Paris), comme expert conseil, intervenant dans le cadre de leur "jeu d'entreprises", sur le thème de la création d'une : "Communauté Internet de référence de l'édition dématérialisée".
Une intéressante occasion pour moi de découvrir la vitalité de cette école et l'intérêt de ses étudiantes et de ses étudiants pour les évolutions actuelles du livre et de son marché vers une édition dématérialisée :-)

mardi 27 octobre 2009

Imprimé et lecture au 21e siècle, présentation au Club Perspectives de l'Unesco

Des échanges intéressants hier après-midi à l'Unesco, dans le cadre du Club Perspectives de l'AAFU (Association des anciens fonctionnaires de l'UNESCO) où j'ai eu le plaisir d'intervenir, en compagnie de Virginie Clayssen (Directrice adjointe du développement numérique chez Editis et Présidente de la Commission numérique du Syndicat national de l'édition - SNE), et de Mauro Rosi (Responsable de la plateforme intersectorielle pour les langues et le multilinguisme, Unesco).
Je remercie Jean-Marc Dethoor, Président du Club Perspectives, pour son invitation, ainsi que les quelques amies et amis de Facebook et Viadeo qui étaient venus m'écouter ;-)
Ci-dessous, pour celles et ceux qui n'ont pas pu venir, le diaporama de ma présentation d'hier, sur le thème : L'imprimé et la lecture au 21e siècle : crise et perspectives.

vendredi 23 octobre 2009

Un Appel aux bibliothécaires sur Facebook

J'ai lancé sur Facebook un Appel aux bibliothécaires, dont les fruits, je l'espère, feront l'objet d'une “jolie salade” (sic) dans un futur billet du présent blog. L'occasion pour vous, si vous n'en êtes pas encore membre, de rejoindre sur Facebook le groupe : Prospective du livre et de l'édition.

Voici en attendant copie de cet appel :
"Alors que je déambulais cette nuit dans Saint-Germain-des-Prés, à la recherche du fantôme de Jacques Besse (La grande Pâque. Déambulation, La Chambre d’échos éd. 1999), et de quelques autres, une idée m’a traversé la tête. Eh oui.
Dans mes plus de 820 amis sur Facebook, les quelques 300 membres du groupe Prospective du livre et de l’édition, les 40 membres du groupe Littéraires et technophiles, il y a de nombreuses et de nombreux bibliothécaires et documentalistes.
Et si je leur posais la question de la bibliothèque au 3e millénaire ?
Alors voici la question…

« En tant que prospectiviste du livre et de l'édition, j'ai quelques bonnes raisons de penser que les bibliothèques vont évoluer au cours de ce 21e siècle sur le modèle suivant : d'une part, la bibliothèque-médiathèque physique, "brick and mortar", laquelle sera en permanence couplée par des systèmes de réalité augmentée au réseau des autres bibliothèques sur toute la surface de la Terre, et, d'autre part, sera également couplée en temps réel à son propre double "pure player", dans le futur Web 3D immersif qui se prépare (en gros une symbiose de Google street view et de Second Life, se reporter à l’illustration). Les deux, la bibliothèque physique et la bibliothèque, entre guillemets, "virtuelle", seront interfacées par ce que nous appelons aujourd'hui la "bibliothèque numérique", c'est-à-dire les fonds numérisés. Qu'en pensez-vous ? »

J’aurais pu intituler cet appel : La Bibliothèque, à l’aurore, en référence au très bel ouvrage d’Alberto Manguel, La Bibliothèque, la nuit (Actes Sud éd., 2006), seulement vous auriez peut-être été moins nombreux à cliquer sur le petit lien hypertexte pour accéder à la lecture de ces quelques lignes ;-)
Bien évidemment, se profilent dans cette aurore, le mythe d’une bibliothèque universelle, le grand rêve d’Alexandrie et le drame de la Tour de Babel, mais aussi les développements actuels, et pas uniquement du projet Google Books, mais aussi d’Europeana, ou de la Bibliothèque numérique mondiale de l’Unesco.
A l’heure où la Bibliothèque nationale de France se prépare à ouvrir (pour février 2010 normalement) un Labo BnF (espace permanent sur les futures technologies de lecture : « lieu expérimental de présentation des nouvelles technologies d’écriture et de lecture. Papier électronique communicant, consoles de poches, dispositifs de réalité augmentée […] aussi lieu de réflexion sur la mutation des métiers du livre, les médias numériques… » BnF), ma question de la bibliothèque au 3e millénaire se pose, et d’ailleurs : je la pose, je vous la pose.
(Éventuellement, potentiellement, de la substantifique moelle de vos réponses, un papier (sic) s’écrira sur mon blog P.L.E. Prospective du Livre et de l’Edition).
Merci et @ Bientôt alors,
Lorenzo "

mardi 20 octobre 2009

Une entreprise de séduction

Les nouveaux lecteurs au XIXe siècle (Femmes, enfants, ouvriers) est le sujet abordé par Martyn Lyons (de l’Université de Nouvelle Galles du Sud, à Sydney) dans la pénultième partie d’une Histoire de la lecture dans le monde occidental.

Le 19e siècle : « C’est l’ “âge d’or du livre” en Occident : la première génération à accéder à l’alphabétisation de masse aura été la dernière chez qui l’imprimé n’avait aucun rival comme moyen de communication, avant que la radio et les médias électroniques ne fassent leur apparition au XXe siècle. », et c’est alors seulement, à noter, que les éditeurs accèdent « au statut de professionnels spécialisés » d’une… vaste entreprise de séduction, (expression que j’emprunte avec plaisir à l’auteur, qualifiant ainsi le roman : « Le roman est, par lui-même, implicitement, une entreprise de séduction »), s’appuyant avant tout sur la féminisation massive du lectorat de romans, jusqu’à cette intéressante conclusion : « La lectrice [du 19e] est peut-être même quelque chose de plus : une pionnière des notions modernes de vie privée, d’intimité. ».
Martyn Lyons poursuit son essai avec le nouveau lectorat des enfants, scolarisés en France par les lois de Jules Ferry dans les années 1880, qui allaient, en créant le marché des manuels scolaires, assurer et développer les assises capitalistiques des éditeurs : « La naissance d’une prospère industrie de la littérature pour enfants, remarque Martyn Lyons, s’inscrivait dans ce que Philippe Ariès a appelé “l’invention de l’enfance” ; la définition de l’enfance et de l’adolescence comme deux phases particulières de la vie avec leurs difficultés et leurs besoins propres. ».
Quant aux lecteurs populaires des classes laborieuses, ils eurent les bibliothèques de prêt (dont certaines, en Allemagne tout au moins, bibliothèques d’usines : « Patrons et réformistes espéraient qu’en donnant aux ouvriers une littérature de bonne tenue et en encourageant la lecture, on pourrait atténuer les tensions sociales. »).
Pour nombre d’entre eux la lecture en autodidacte s’inscrivait alors pleinement dans une véritable « éthique du progrès individuel », alors que « dans la Russie tsariste, nous rappelle l’auteur, les affamés de littérature romanesque couraient le risque d’attirer l’attention de la police » ! A suivre…
(Illustration : La lecture abandonnée, par Félix Vallotton, 1924 ;-)