Pour cette dernière partie de mes notes de lecture d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental, je serai malheureusement moins optimiste que dans mes précédents billets. Tant la partie concernée, titrée : Lire pour lire, et sous-titrée : Un avenir pour la lecture, sous la plume d'Armando Petrucci, de l'École normale supérieure de Pise, que l'horizon du livre, apparaissant aujourd’hui chargés tous deux d’incertitudes.
Dans ces vingt-six pages seulement, de cette partie qui, à défaut de concluante se devait à mon avis d’être conclusive, tout laisse le lecteur en suspension. Il me faut cependant honnêtement signaler, d’une part, que l’édition originale du présent livre est datée de 1995 pour les éditions Giuseppe Laterza & Figli Spa à Rome, et de 2001 pour l’édition française au Seuil, et, d’autre part, qu’il est, en effet, et ce toujours en décembre 2009, comme le conclut malgré tout Armando Petrucci, « trop tôt », pour lire ce que sera l’avenir de la lecture au cours de ce 21e siècle.
Nonobstant, si, d’un côté, l’auteur souligne la persistance de l’analphabétisme au cours des millénaires, il précise néanmoins qu’ « Aussi longtemps que l’on produira des textes écrits [sous une forme ou une autre], l’activité complémentaire, la lecture, continuera d’être pratiquée, au moins par une portion [infinie ou infime] de la population du globe. ». Au fond, c’est sans doute cette préoccupation que j’avais en tête, alors que je définissais récemment le livre numérique comme étant : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. », cherchant à exprimer le plus clairement possible, avec cette quantification de 50 % de texte, le besoin que j’estime encore nécessaire, aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir toujours distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Bien malin aujourd’hui celle ou celui qui pourrait dire, non pas tant ce que deviendront les livres, mais ce que deviendra la lecture au cours du siècle. La télévision avec ses feuilletons, les séries américaines, les jeux vidéos, ont habitué les jeunes générations de lecteurs, peut-être davantage même, tout autant en tout cas (?) que le Web 2.0, à de nouvelles formes de narrations.
En fin de compte et en fin de fin de cette histoire de la lecture, Armando Petrucci renonce donc honnêtement à lire l’avenir de la lecture, « fait de pratiques individuelles, de choix personnels, de refus des règles et des hiérarchies, de chaos productif et de consommation sauvage, de métissages, de répertoires divers… ». Au passage, une belle définition de la liberté ! Nul doute cependant qu’il s’agit là, avec la lecture en mutation, « d’un phénomène étendu et complexe ». Et Petrucci de conclure (en 1995 apparemment) que : « C’est seulement dans cinquante ou cent ans que nous pourrons savoir […] et, si nous [le] savons, émettre un jugement. ». Normal, Armando Petrucci est philologue et historien du livre, pas prospectiviste ;-)
Voilà donc pour cette Histoire de la lecture dans le monde occidental (que je mets en Livre du Mois dans la colonne de droite). Les différents billets (15) qui lui ont été consacrés et que vous retrouverez facilement dans les archives du blog (colonne de droite une nouvelle fois) ont été :
- La lecture redeviendrait une histoire de flux...
- Pourquoi le codex ?
- De la lecture extensive à une lecture intensive
- Lecture extensive vs lecture intensive
- "Les textes sont désormais trop nombreux pour être tous lus."
- Lire aux derniers siècles du Moyen Age
- La sacralisation du livre
- Livres de plage et de champ de bataille
- Les médiateurs du livre
- La Réforme, fille de Gutenberg ?
- “L’énormité du marché du livre religieux”
- Qui lisaient en ces temps-là ?
- Pandémie de lecture vs Grippe A H1N1
- Une entreprise de séduction
- Avenir de la lecture vs “ un analphabétisme diffus ”
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