mardi 27 décembre 2016

Transmédia et Narration - Les intervenants

Le 09 janvier 2017 au sein de l'Amphi Charlie de l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques de la Ville de Paris) une rencontre-débat aura lieu autour de la question : L'impact de l'interactivité sur la narration.
J'aurai le plaisir d'introduire ces échanges qui seront ensuite animés par Olivia Phélip de Viabooks.
Pour participer inscrivez-vous gratuitement par mail auprès de : pan.sarmant@ecole-estienne.fr.
 
Les participants seront :

Hélène ADAMO
Après un premier Master scientifique, Hélène Adamo s’est formée à la communication numérique interactive à l’école des Gobelins en 2012. Creative technologist, elle assure la gestion de production des projets nouveaux médias depuis 2013 chez Camera lucida productions (http://www.cameralucida.fr/), de la coordination des équipes à la veille technologique en passant par l’élaboration de la stratégie de communication et d’engagement des audiences tout au long de la fabrication des projets. Esprit « mi-geek mi-créatif », sa passion a toujours été de relier l’art et la technologie. Son site web : http://www.helene-adamo.com/
Projet en cours : The Enemy, deux expériences interactives : une installation à l’aide d’un casque de réalité virtuelle, et une expérience en réalité augmentée, pour mobiles et tablettes pour permettre aux utilisateurs de confronter leurs notions d'ennemi et d'empathie (http://theenemyishere.org/).

Pierre-Emmanuel LYET
Diplômé des Arts Décoratifs de Paris, Pierre-Emmanuel Lyet est réalisateur, illustrateur et graphiste freelance (http://www.pierre-emmanuel-lyet.fr/). Il vit et travaille à Paris. Il a été le réalisateur de Pierre et le Loup, un film de 30 minutes mixant animation et captation de prises de vues de l'Orchestre National de France et de son application iPad, disponible sur l'Apple Store.

Pierre CATTAN
Co-fondateur de la revue Usbek&Rica et du magazine TOC, Pierre Cattan fonde avec Zazon la société de production Otoko Films en 2006. En 2009, avec Cinquième étage production, il produit le documentaire d’animation Les Terres Imaginées (60’, Canal +) et l’hypervidéo interactive Happy world : Birmanie, la dictature de l’absurde (en coproduction avec Upian). En 2012, Pierre fonde le studio transmédia Small Bang (http://smallbang.fr/). Il produit et réalise les lives de Mediapart et des applications culturelles, documentaires ou scientifiques : Cinemacity (Arte, 2013), BirdLab (Vigie-Nature, Muséum National d’histoire Naturelle, 2014), Les Saisons : Morphosis, une storyapp’ accompagnant le film de Jacques Perrin (Nouvelles écritures FTV, 2015), et Phallaina (Nouvelles écritures FTV, 2016), la première “bande défilée“, un roman graphique pour écrans tactiles.
Projet en cours : Diorama, une adaptation de L’Iliade d'Homère en jeu vidéo.

Julien SIMON
Auparavant libraire, Julien Simon a fondé en 2010 les éditions Walrus (http://www.walrus-books.com/), dont il est aujourd'hui le directeur éditorial. Walrus s'est très vite spécialisé dans les littératures infréquentables, de "seconde zone", ancrées dans les cultures populaires. Grâce à des associés venus aussi bien du livre que du web, l'entreprise s'est également illustrée à travers la publication de livres dont vous êtes le héros, de feuilletons/séries ou encore d'un livre-web (Radius), mais aussi via des coéditions dont l'intérêt était de repenser totalement un contenu existant pour l'adapter au numérique : ainsi sont nés "Kadath, le guide numérique de la cité inconnue" et le web-livre "Un an dans les airs", en collaboration avec Mnemos (http://www.mnemos.com/). À la base 100% numérique, Walrus ouvre désormais son catalogue pulp, nerd et underground à l'impression à la demande. Julien Simon tient aussi un blog (page42.org) où il commente les évolutions du web, du livre, du droit et du métier d'auteur.

Présentation du thème et informations pratiques en suivant ce lien... 

samedi 24 décembre 2016

Cadeau de l'au-delà (la prospective du livre)

En cadeau, en ce 24 décembre, pour les lectrices et les lecteurs de ce blog consacré à la prospective et à la futurologie du livre et de la lecture (si ! si ! il y en a, et il y en aurait même quelques milliers par mois, même si, c'est vrai, cela ne se voit guère par le nombre de commentaires, disons plutôt : par l'absence de commentaires et d'échos ; qu'en dire alors ? et qu'en penser ? Faire la part entre les timides et les profiteurs qui croient me manger la laine sur le dos sans que je m'en rende compte et qui à peine mon cadavre refroidi calculeront combien ils pourront gagner de petits sous à dévoyer les quelques voies que j'aurais défrichées de mon vivant ? Ou bien alors...
Ou bien alors une majorité d'entre eux, lectrices et lecteurs de ce blog, sont en fait des robots. C'est en effet possible. Voire probable. A quelques jours de l'an 2017, à l'approche de la troisième décennie du 21e siècle pour ne nous situer que dans ce carcan illusoire, faire un cadeau à des robots peut être grinçant.
Je sais bien que certaines et certains qui lisent ce blog iront un jour avec joie danser sur ma tombe, ne serait-ce qu'en pensées, que feront alors les machines ? RIEN cependant.). 





A tous donc, je vous offre en avant-première l'audio du spectacle scénarisé en immersion 3D, actuellement en cours de réalisation en marge des explorations que j'imagine depuis l'an 2006 dans le métavers.
En l'occurrence il s'agit d'un bel extrait du Carnet littéraire du 10ème arrondissement de Paris, rédigé par la québécoise Danielle Dussault, à l'occasion d'une passée résidence d'écriture au Centre international d'accueil et d'échanges des Récollets de Paris, carnet littéraire inédit à ce jour.
La lecture du texte, avec la participation de l'auteure, est interprétée par Jacqueline et Jean-Claude Barral du Théâtre de l'Adret (Masterisation JPG). La mise en espace sur une plate-forme web 3D immersive est en cours de construction par Jenny Bihouise. Une nouvelle aventure à suivre et des réalisations déjà propulsées en 2016 et à découvrir... en suivant ce lien...

samedi 17 décembre 2016

LE TRANSMÉDIA VA-T-IL RÉINVENTER LE LIVRE ?

Le lundi 09 janvier 2017 au sein de l'Amphi Charlie de l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques de la Ville de Paris) le débat aura lieu autour de la question de : " L'impact de l'interactivité sur la narration " avec une table ronde que j'ai eu le plaisir de préparer et que je présenterai en introduction.
 






PRÉSENTATION

Les livres qui osent le transmédia ne sont-ils pas en train de réinventer le territoire narratif ? L’interactivité ne crée-t-elle pas de facto une nouvelle relation avec le lecteur ? Et si la déconstruction du récit, induite par les nouvelles technologies, renouait avec l’incertitude de la tradition orale d’avant l’imprimerie, où le texte « conté » évoluait selon l’auditoire ou l’interprète ? Dans ce contexte de livre « global », comment les auteurs, les designers et les éditeurs repensent-ils leur travail de création ? De la narration interactive, en passant par la déclinaison numérique, l’application ou le documentaire animé, ce débat interrogera toutes les nouvelles formes de la narration moderne.

PARTICIPANTS

- Hélène ADAMO, New media production manager Camera lucida.
- Pierre-Emmanuel LYET, Réalisateur de films d’animation, illustrateur et graphiste (site web).
- Pierre CATTAN, Producteur studio transmédia Small Bang.
- Julien SIMON, Directeur éditorial Walrus Ebook.
- Le débat sera animé par Olivia PHELIP, fondatrice et rédactrice en chef de Viabooks.



 
Informations pratiques
Lundi 09 janvier 2017 de 18H00 à 20H00 - Amphi Charlie - Ecole Estienne - 18 boulevard Auguste-Blanqui 75013 Paris (accès...).
Participation gratuite sur réservation obligatoire par mail auprès de l'Ecole Estienne à : pan.sarmant@ecole-estienne.fr 
Une rencontre-débat organisée avec le soutien de l'Ecole Estienne, l'ATEP (Association des techniciens de l'édition et de la publicité), et Viabooks.

  

samedi 10 décembre 2016

Faits et Fiction : une impossible frontière

De l'argent liquide
Si nous voulons absolument qu'il y ait une nette distinction tracée entre les faits et la fiction, il nous faudrait commencer alors par dé-fictionnaliser les faits, alors que dans leur très grande majorité ils ne sont ni plus ni moins que des manifestations d'un consensus culturel consenti et renforcé par l'usage et l'habitude que nous en avons : des inventions humaines.
La nation, la valeur de l'argent, la séparation entre préhistoire et histoire, les noms de toutes choses, quoi d'autre que des inventions de notre espèce animale : des fictions ?

lundi 28 novembre 2016

Le sens de Babel vs nouveaux dispositifs de lecture

Mon texte Le sens de Babel ? vient de paraitre dans la revue en ligne du Cube (Centre de création numérique). 
Il questionne la légitimité des nouveaux dispositifs de lecture et leur prétention à vouloir remplacer le livre, à l'aune de l'histoire des supports d'écriture-lecture et du mythe de la Tour de Babel. A lire ici gratuitement avec les autres articles et fictions de la Revue du Cube...

vendredi 25 novembre 2016

Informer les futurs professionnels du livre

J'ai eu hier après-midi le plaisir d'intervenir auprès des étudiant(e)s des Masters Lettres parcours Métiers de l'écriture et de la création littéraire de l'université de Cergy-Pontoise pour une conférence de deux heures sur le thème : "Impacts et enjeux des mutations des dispositifs et des pratiques de lecture sur l'interprofession du livre".
Un auditoire attentif et concerné, cela fait plaisir ! :-)

dimanche 20 novembre 2016

Du manuel scolaire numérique à l'école du futur

J'invite les lecteurs et lectrices du blog de la prospective du livre et de la lecture à découvrir et à soutenir comme moi ce projet d'Ecole Virtuelle pour Tous, présenté sur la plate-forme Provence Booster. 
 
Voilà bien, en effet, un projet qui doit absolument pouvoir être mené à son terme, terme qui ne pourra être qu'un nouveau départ pour aller encore plus loin. Pourquoi ?
Parce que depuis des années se développe, en marge des sociétés commerciales et des institutions, un web 3D open source qui réalise, à la fois, les promesses à ce jour dévoyées du web 2.0 contaminé par les conflits d'intérêts du monde physique, et, que la forme de réalité virtuelle avec avatars objectivés qu'il rend possible, apporte une toute autre dimension en réhumanisant l'internaute (avec le co-browsing, c'est-à-dire la navigation simultanée de plusieurs dizaines d'internautes dans des conditions similaires, mais avec des possibilités augmentées par rapport aux contraintes du monde physique, et ce en préservant l'accès aux ressources du web 2.0).
Cette modalité singulière de territoire numérique (que j'explore depuis 2006 pour y développer de nouvelles médiations autour du livre et de la lecture) est probablement à la base de ce que sera un jour l'environnement de nos descendants : un "monde-miroir" informé et informant.
Enfin, le domaine de l'éducation est évidemment crucial : à la dimension plane des pages et des écrans, le web 3D substitue des espaces de partages et d'acquisition du savoir dans lesquels il est possible de se déplacer, comme nous nous déplaçons quotidiennement dans le monde physique, et d'y apprendre à donner forme à nos idées. 
Là se réalise à un autre plan technique l'ars memorativa de l'antiquité.
L'horizontalité et la verticalité se conjuguent là à la profondeur et à l'ascendance.

 
Les générations qui demain peupleront la planète Terre doivent acquérir aujourd'hui la liberté d'esprit que ce web détourné permet.
La futurologie des dispositifs et des pratiques de lectures passe par cette voie. 
Voilà la raison pour laquelle je soutiens ce projet.


vendredi 11 novembre 2016

Presque 200 start-ups du livre en 2016

La dernière actualisation 2016 de la liste des éditeurs numériques francophones (édition pure-player) vient d'être mise en ligne [ y accéder gratuitement ].
 
Au regard de l'évolution, tant de l'interprofession du livre que des usages, d'un côté du très lent développement de cette forme d'édition, et d'un autre de l'arrivée trompettes sonnantes de la réalité virtuelle et de ses casques, de la possible convergence jeux vidéos / réalité virtuelle / édition (?), et de l'emploi répété à outrance et parfois abusif de "narration", "récit"..., comme qualificatifs vendeurs, la question se pose de savoir s'il serait ou pas judicieux d'inclure dans cette liste une rubrique dédiée aux productions..., comment dire : de narrations assistées par ordinateurs ? ;-)

Quelles seront demain les limites de l'édition ? 
L'édition est-elle soluble dans le numérique ?  Dans le transmédia ?
Pourrait-elle à terme disparaitre comme disparurent les ateliers de copistes avec le développement de l'imprimerie ? 
Suffit-il que "ça" fasse récit pour que cela soit de l'édition ?
Là, notre attention doit se porter sur l'émergence de nouvelles écritures pour des médias interactifs numériques.
 

Une édition sans éditeurs ?


Wikipédia définit l'édition comme : "filière de l'industrie culturelle consacrée à la production et à la distribution de produits culturels et d'information." (page consultée le 10/11/2016 17:20).
Pouvons-nous y lire le périmètre d'une édition sans éditeurs ("L'éditeur ou l'éditrice est un métier dont l'activité consiste à examiner des manuscrits littéraires, scientifiques, techniques ou musicaux dans le but d'en imprimer et reproduire un certain nombre d'exemplaires et d'en assurer ensuite la diffusion auprès des libraires et autres points de vente." - Wikipédia, page consultée le 10/11/2016 17:30), comme en prolongement, par une voie détournée, à l'ouvrage éponyme d'André Schiffrin ?
 
La question se pose donc bel et bien de savoir si le plus important est que cette liste reste telle quelle sur la voie qui lui a été tracée lors de sa création, ou bien, qu'elle intègre plus largement d'autres genres de productions culturelles "narratives" / documentaires, ou encore, que de liste (de maisons) d'éditions elle devienne liste d'éditeurs (?)... A suivre...

lundi 7 novembre 2016

Une forme particulière de narration



Si nous définissons le réel comme une lecture partagée du présent, les récits qui nous en sont proposés n'entretiennent notre attention et notre adhésion qu'en nous offrant des tranches factices de son making-of. 
Si le réel n'est qu'une forme particulière de narration de l'instant, à laquelle, en tant que personnages ou qu'acteurs nous sommes bien obligés d'adhérer, alors la question de son avenir, de l'avenir du réel, relève bien de la prospective et de la futurologie de la lecture.
Qu'en pensez-vous ?

samedi 5 novembre 2016

Transgresser le papier

Avec la récente traduction en français de son essai Post-Digital Print - La mutation de l'édition depuis 1894, Alessandro Ludovico, le fondateur et rédacteur en chef de la revue cyberpunk Neural [http://neural.it/] traceuse de passerelles entre les arts graphiques et numériques, met le pied dans la fourmilière.
Octets et caractères brisent leurs chaînes, bits et pixels s'agitent puis s'amalgament au fur et à mesure que le pied s'enfonce dans la chair des fausses certitudes, les nôtres, celles que nous nourrissons tous plus ou moins sur le livre et son histoire, sur celle des écritures et de la lecture comme si, comme s'il y en avait une seule de possible, de lecture.
Et bien non !
« Prédire l'avenir n'est jamais facile, mais tenter même simplement de l'imaginer sans effectuer d'abord une analyse correcte du passé est absolument vain. » (p. 15), dixit l'auteur au premier chapitre, et je partage pleinement cet avis.
Curieusement, l'idée de disparition du papier semble en effet avoir toujours été liée à celle de progrès, et, par ailleurs, dans sa recherche de dispositifs destinés à amplifier sa parole dans le monde, l'homme a toujours cherché à dépasser les contraintes inhérentes à ce support. Sa geste pamphlétaire s'est toujours dopée en détournant les voies tracées ou en adoptant en précurseur celles qui étaient en rupture (les débuts de l'imprimerie en témoignent).

Du Dieu de Parole aux divinités de papier

Or, le papier est toujours là et c'est sur lui que nous pouvons réellement éprouver aujourd'hui encore le plaisir de lire le fameux coup de dés mallarméen
Le papier est toujours là et le plus souvent les nouveaux dispositifs qui viennent s'ajouter n'ont pour principale fonction plus ou moins éphémère que de créer de toutes pièces de nouveaux marchés en suscitant de nouvelles demandes.
Le constat, de ce côté là, est clair lui aussi : « les types d'interaction que permet le papier demeurent impossibles avec les nouvelles technologies (l'inverse est d'ailleurs également vrai). Il n'existe encore aucun outil électronique qui reproduirait toutes les caractéristiques du papier : sa légèreté, le fait qu'il puisse se plier, se manipuler en fonction de diverses pratiques de lecture, se partager facilement au sein d'un petit groupe de personnes interagissant de manière simultanée en utilisant un seul médium, et qu'il puisse accueillir facilement des types de contenu très différents, tous générés instantanément par la main... » (pp. 28-29).
Ce constat fait, notre instinct demeure le même : détourner les médias pour nous faire entendre des divinités.

Le papier et l'écran, la chair et le métal

Les recherches de El Lissitzky dans les années 1920-1930 allaient bien dans ce sens. « El Lissitzky considérait le livre comme un objet dynamique, une "unité de systèmes acoustique et optique" exigeant la participation active du lecteur. » (p. 39).
Là où nous sacraliserions peut-être exagérément le numérique c'est en oubliant qu'il n'est qu'une utilisation plus poussée de l’électricité. D'autres ont précédé, d'autres suivront.
Mais pourquoi ce sous-titre : La mutation de l'édition depuis 1894 ? Parce que cette année-là dans la collection Contes pour bibliophiles, deux littérateurs en quête d'audience, Octave Uzanne et Albert Robida annoncèrent La fin des livres [http://www.gutenberg.org/ebooks/2820], qui allaient inévitablement disparaître avec… le téléphone.
Le papier c'est donc bien, mais n'empêche que les 327 notes de cet ouvrage, qui sont presque toutes des liens web, ne sont, de fait, pas cliquables.
Certes, la POD (impression à la demande) abordée (pp.78-93) pourrait nous illusionner sur une éventuelle complémentarité des supports, mais il faudrait voir plus loin et envisager la possible convergence du web 3D immersive et de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et des hologrammes. Sans parler du rôle des intelligences artificielles, tant versant production de contenus, que versant médiation ou assistance aux lecteurs et aux chercheurs.
Alessandro Ludovico n'occulte pas complètement ce futur qu'il exprime magistralement dans cette formule qu'il qualifie de « métaphore cyberpunk » : « Le papier, c'est la chair, et l'écran le métal » (p. 134).

Les extrêmes du passé et du futur

« Ce à quoi nous avons affaire est un médium de transition, avec des propriétés hybrides en mutation permanente. Même lorsqu'ils se font concurrence, papier et pixel se complètent. » (p. 134).
Aujourd'hui les recherches les plus avancées, notamment celles sur les encres électro-conductrices et l’électronique imprimée, s'inscrivent à leur tour dans ce mouvement de l'histoire des techniques qu'Alessandro Ludovico évoque même s'il ne va pas aussi loin dans la prospective qui n'est pas son terrain. Le titre même de son essai cependant : Post-Digital Print, désigne clairement cet horizon d'une sublimation de l'imprimé plutôt que d'une bête disparition. Les recherches progressent bien vers une fusion du papier et de l'écran, mais elles seront peut-être rendues rapidement obsolètes par une génération de cyborgs.
Si l'auteur en revient judicieusement à Marshall McLuhan et sa logique : « Manifestement, emmagasiner, c'est déjà accélérer la diffusion, puisque ce qui est emmagasiné est plus accessible que ce qui doit être rassemblé. » (dans Comprendre les médias) (p. 152), qui justifierait finalement aujourd'hui le web tel qu'il est devenu et les politiques prédatrices des GAFAM, ce qui déborde toujours du métal c'est la chair : le primat des réseaux sur les supports.
Gageons en allant plus loin, qu'avec le transhumanisme, voire un post-humanisme, il ne s'agira pas de la chair du papier mais bien de la nôtre. La chair humaine. La chère humaine.
Evidemment, parvenu à ce stade où extrême passé et extrême futur entrent en collision, le mythe reparaît aussi radieux que jamais et nous pourrions peut-être plus facilement lire cet avenir que nous cherchons à deviner à la lecture de Post-digital print, dans celle de L'Iliade et de L'Odyssée : de la chair et du métal.
« Le réseau : ici commence l'avenir » (p. 173) remet l'ensemble de la réflexion initiale en perspective, tant il apparaît clair alors que le réseau de la culture humaine date de l’apparition de l'espèce humaine, et que de l'invention du papier à nos jours, ce support en fut un acteur majeur. Certes, une nouvelle fois, mais demain ?

L'imprimé comme réseau social ?

Demain, dans sa conclusion « Impression postnumérique : un scénario pour l'avenir » (p. 175), Alessandro Ludovico en ébauche une esquisse : « le véritable pouvoir de l'édition numérique, écrit-il, réside moins dans sa manière d'intégrer des media multiples que dans ses capacités supérieures de mise en réseau. » (p. 176), mais aussi en évoquant « l'éthique de l'édition imprimée DIY », en écho aux siècles de production et d'activisme imprimé qui s'écoulent aujourd'hui par d'autres chemins (p. 177).
Le numérique finalement pourrait bien s'imposer, pour les esprits autonomes, comme une simple boite à outils pour faciliter la diffusion de l'imprimé contestataire, versus une diffusion numérique propagandiste et commerciale de masse (?).
A la génération pratiquement spontanée de formes hybrides répond une « nouvelle génération d'éditeurs, capable d'exploiter divers média, anciens et nouveaux, sans ressentir le poids d'une quelconque affiliation idéologique vis-à-vis d'aucun d'entre eux, [et qui] sera donc sûrement en mesure de développer de nouvelles publications véritablement hybrides, en combinant de manière inventive les meilleurs formats et interface du numérique et de l'imprimé. » (p. 180).
 

Nous sommes après le numérique

La postface signée Florian Cramer nous rappelle enfin que nous sommes en réalité de fait dans un moment postnumérique.
« Les communautés du fanzine ou du livre d'artiste [et bien d'autres probablement] elles-mêmes sont connectées via les blogs et les forums Internet. [Mais] plus important encore peut-être, elles utilisent l'imprimé comme une forme de réseau social qui n'est pas contrôlé par Google, Twitter ou Facebook. Ainsi ces communautés constituent-elles une avant-garde de la nouvelle culture imprimée postnumérique – culture qui coupe court à la fausse dichotomie "imprimé" / "électronique" (qui nous hante depuis McLuhan). » (p. 186). CQFD.
 
Sommes-nous alors à l'aube d'une ère nouvelle où le papier ne sera pas remplacé par des gadgets technologiques, mais où il s'effacera naturellement de lui-même, comme excédé par la langue, les mots et les maux, et où, à la table de la grande conversation des médias, vieux et nouveaux, reviendra la parole. Dis, Babel, c'est encore pour longtemps ?

mardi 1 novembre 2016

Invention de la Bibliographie Narrative

A la fin de mon texte "Existe-t-il une sérénité du texte imprimé et de sa lecture ?", récemment paru dans la revue M@gm@, je propose ce qui y est appelé une : "Bibliographie informelle". 
En vérité il s'agit là d'une première tentative d'invention de ce que nous pourrions appeler des "Bibliographies Narratives". 
En avez-vous déjà entendu parler ? 
Cela existe-t-il déjà sous un autre nom ? 
Voici ce dont il s'agit... 
   

Essai de Bibliographie Narrative 

 
Dans l'exemple évoqué la chose se présente ainsi :
" Ces propositions de lectures qui, volontairement, ne sont pas présentées prises au piège d'une forme académique, tracent une piste, un jeu de piste que vous pouvez suivre en lisant dans cet ordre ces livres où il est question de lectures, et parfois de meurtres : L'espèce fabulatrice (Nancy Huston) … Le chant des pistes (Bruce Chatwin) … Le château des destins croisés (Italo Calvino) … La caverne des idées (José Carlos Somoza) … El último lector (David Toscana) … Fictions (Jorge Luis Borges) … Le Jeu des perles de verre (Hermann Hesse) … Manger le livre (Gérard Haddad). " 

L'idée est que la liste de livres, qui peut mêler fictions et non-fictions (comme c'est le cas ici), propose au lecteur un cheminement progressif l'amenant, par la lecture de ces livres dans l'ordre précis dans lequel ils lui sont proposés, à une prise de conscience du coeur du message, que le texte (ou l'autre livre) que ladite bibliographie accompagnait, cherchait à exprimer. 
J'appelle ce type de bibliographie (que pour ma part je n'ai encore jamais rencontré) "narrative", car, pour qui a lu ou lira ces livres, cela, cet ordre, fait narration, une sorte de méta ou d'hyper-narration par rapport, en l’occurrence, à mon texte initial (Existe-t-il une sérénité du texte imprimé et de sa lecture ?).

L'objectif est d'initier une lecture à plusieurs niveaux de compréhension en y faisant résonner les échos harmoniques d'autres sources.

Une des applications pratiques pourrait être dans des prescriptions ciblées en bibliothérapie (?).

Qu'en pensez-vous ?  
Ne pensez-vous pas qu'il y aurait là des découvertes à faire, des territoires à explorer ? 
L'aventure vous tente-t-elle ? 

lundi 31 octobre 2016

Perdons-nous la sérénité du texte imprimé ?

Le texte de mon intervention de décembre 2015 au séminaire Franco-brésilien dirigé par Ana-Maria Peçanha à l'université Paris-Descartes sur le thème : "De la Sérénité - Comment vivre la sérénité en périodes de crises ou de menaces ? Une approche transdisciplinaire" est depuis hier disponible en ligne dans un numéro de la Revue Internationale en Sciences Humaines et Sociales, M@gm@.

Lien direct http://www.magma.analisiqualitativa.com/1402/article_07.htm 





Résumé

  
" Ce texte de réflexion a pour objectif de questionner l'éventuelle perte du sentiment de sérénité de la lecture profonde, au fil des mutations des dispositifs et des pratiques de lecture que nous observons depuis quelques années déjà. 
C'est à une nouvelle grille de lecture du monde que nous devons nous adapter en nous acculturant à de nouvelles pratiques de lecture. 
Pour faire face les lecteurs du 21e siècle devront être des lecteurs augmentés. Bien loin de toute sérénité, le lecteur deviendrait alors lui-même une machine à traiter l'information, un dispositif mental apte à simuler et à stimuler une grammaire générative nous donnant accès à plusieurs niveaux de lecture de l’univers. 
En arrière-fond de cette mutation des dispositifs et des pratiques de lecture, les grands récits mythiques, d'avant les livres, d'avant même l'écriture, irriguent toujours nos imaginaires et notre inconscient collectif. Romans familiaux et romans nationaux ne font toujours que puiser dans le réservoir de ces temps immémoriaux. Algorithmes, métadonnées et big data, ne sont que des expressions contemporaines de forces antédiluviennes, des mots substitués pour désigner en fait des avatars d'anges et de démons. Les mythes agissent comme de véritables hologrammes narratifs (un hologramme étant un ensemble d'informations qui n'ont justement pas besoin d'un support physique pour apparaître). "
 

lundi 10 octobre 2016

Voyagez dans le présent et le futur du livre !

Nous avons rendez-vous à l'accélérateur international de startups NUMA-Paris le mardi 18 octobre, en collaboration avec les éditions AtmosFeel, pour une rencontre exceptionnelle avec... vous, auteurs et lecteurs :-) 

Toutes les infos sur :

samedi 8 octobre 2016

La Lecture à Voix Haute revient en force

Dans son captivant essai en 1998, "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel expose longuement l'antériorité et la primauté de la lecture à voix haute, par rapport à la lecture à voix basse, comme saint Augustin fut surpris de voir son maitre saint Ambroise la pratiquer, ou la lecture silencieuse, intériorisée, qui semble notre lot commun depuis que des machines à enregistrer et à restituer les sons ont envahi notre environnement. 

Je pense également aux travaux de Jesper Svenbro, lorsqu'il évoque l'intériorisation de l'espace théâtral dans l'espace écrit, et le fait que la lecture silencieuse aurait pu être rendue mentalement possible dans la Grèce antique par l'expérience du théâtre.
Aujourd'hui le mouvement inverse semble s'amorcer. Les vibrations du langage parlé vont peut-être nous devenir plus perceptibles dès lors que l'augmentation bionique de nos organes sensoriels et de nos capacités cérébrales de décodage nous rendra plus sensibles au complexe tissage harmonique du vivant. 
Aujourd'hui, alors que de nouvelles formes de conversations émergent des réseaux sociaux, que réalité augmentée et réalités virtuelles, avec ou sans avatars, nous ouvrent de nouvelles perspectives, que la littérature audio se rappelle au souvenir des lecteurs, que les arts numériques et les robots prétendent renouveler l'expérience théâtrale, peut-être pourrions-nous lire dans cette conjonction de signes le déclin de la lecture silencieuse des textes imprimés et la nécessité pour les lecteurs et les lectrices de tracer leur voyage intérieur dans la résonance, dans l'écho de leurs lectures au plus profond d'eux-mêmes.
 
Hybrider la scène la page et l'écran
  
Dans cette perspective il n'est plus extravagant alors de penser que demain des territoires numériques puissent hybrider ce qui jusqu'alors étaient la scène, la page, puis l'écran.
C'est là une des explorations que nous développons sur la plate-forme web 3D immersive avec avatars EVER (acronyme d'Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Outre les différents projets fédérés autour de mon incubateur virtuel d'un MétaCafé littéraire (voir un post précédent : Les nouveaux chemins de l'oralité), notre nouvelle initiative prend une toute autre forme. 
L'objectif, par rapport à mes recherches en futurologie des dispositifs et des pratiques de lectures, est d'explorer le potentiel de la lecture partagée à distance au sein d'environnements simulés (c'est-à-dire, quelque part, fictifs).

Connectez-vous sur http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php

Chaque opus de ma chronique Le Livre Est Ailleurs aborde une facette de la manière dont le langage que nous utilisons tisse le monde que nous percevons, comment les limites de notre langage signifient les limites de notre propre monde (pour paraphraser Wittgenstein) et comment les mondes numériquement simulés peuvent aujourd'hui repousser ces limites.
Vous pouvez découvrir (c'est-à-dire écouter) le pilote de cette expérimentation enregistrée en multiplex sur la plate-forme web 3D de l'université de Strasbourg depuis plusieurs localisations physiques en France et au Québec, les textes lus, dont celui de ma chronique (Alice et le Plat Pays) en suivant ce lien : http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php 

Pour suivre l'actualité de ce projet vous pouvez vous inscrire au groupe Amis du Théâtre de l'Adret sur Facebook.

mercredi 5 octobre 2016

Refuser la disparition du livre mais pas son évolution !

Avec son Fahrenheit 4.0 – Essai sur la disparition du livre, paru cet été aux éditions de L'Harmattan, Thierry Charles semble bien avoir rédigé le testament philosophique de la culture littéraire. Je réfute dans Viabooks (lire ici : La disparition du livre est-elle inévitable ?) cette vision pessimiste. Je vois en effet (et celles et ceux qui suivent la partie visible de mon travail de veille sur les réseaux sociaux également) dans les mutations des pratiques de lecture et dans les nouvelles formes de narration, des raisons de croire dans l'avenir de la fiction et de la lecture.


jeudi 29 septembre 2016

TICE et prospective du livre et de la lecture

TICE (Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement)
Les TICE et la prospective du livre... Découvrez pourquoi je suis aussi, plus que jamais, à l'écoute des actrices et des acteurs de l'éducation qui seraient désireux de s'informer du devenir des dispositifs et des pratiques de lecture au cours de ces prochaines années qui nous réservent bien des surprises !

lundi 26 septembre 2016

Imprimé et numérique : une alliance des frères ennemis sur ViaBooks

Ma lecture de l'essai d'Alessandro Ludovico "Post-Digital Print : La mutation de l'édition depuis 1894", paru le 24 septembre chez B42 éditions, à découvrir sur Viabooks : Imprimé et numérique : vers une alliance des frères ennemis ?

samedi 17 septembre 2016

DualCorps - Du livre au Cyberespace

Je suis avec intérêt le projet arts-sciences DualCorps lancé aujourd'hui et pour deux semaines non-stop sur un OpenSim.
Pour mes lectrices et lecteurs qui trouveraient cela a priori énigmatique, toutes les précisions sont clairement formulées sur le site compagnon de l’expérience : EUNICE VSG.
 
"Durant deux semaines, les deux auteures [Claire Sistach et Soizic Sanson] vont s’immerger de manière intensive (quotidiennement et sans autre activité) dans OpenSim, afin de vivre uniquement à travers leurs avatars, tous les autres canaux de communication étant coupés (téléphone, mail, etc) et leur seul espace de vie réduit au minimum (un appartement clos chacune).
La particularité : elles auront le même avatar dédoublé, soit deux avatars totalement jumeaux, reliés par la même base de données...

Cette expérience d'immersion intensive dans un monde simulé m'intéresse en effet à plus d'un titre, et d'abord parce qu'elle prend sa source dans un roman : Les Météores, de Michel Tournier (voir sur ce lien...).


Photo prise le 17 septembre 2016 17H48

dimanche 21 août 2016

samedi 20 août 2016

Les éditeurs numériques en aout 2016

A signaler la toute récente actualisation estivale de la liste des éditeurs numériques francophones : accessible en suivant ce lien...  
Pour tous vos projets d'articles, de conférences, d'organisation ou d'animation de tables rondes sur des sujets liés aux changements au sein de l'interprofession du livre, n'hésitez pas à consulter cette page, et à me contacter...

vendredi 12 août 2016

Nouvelles Technologies Nouveaux Publics par Sonia Bressler

Mes impressions de lecture au petit essai de Sonia Bressler paru fin 2015 (déjà !) et titré : Nouvelles Technologies - Nouveaux Publics, chez Jacques Flament éditions, sont certes un peu mitigées, car j'aurais aimé bien plus de développements sur nombre de questions abordées, mais cette réserve souligne aussi l'intérêt, malgré tout, de ce livre.

D'entrée de jeu Sonia Bressler rapporte LA question d'un étudiant et qui, en tant qu'enseignante et Docteur en philosophie et épistémologie, l'interpelle fortement : "Pourquoi apprendre si Google peut me donner la réponse en moins d'une seconde ?". 
"Voilà qui en dit long, souligne-t-elle, sur notre écart de temps, de compréhension et de formulation du savoir. Pour moi, le savoir est avant tout recherche. La recherche, c'est une création de liens entre différents thèmes, c'est une analyse qui avance avec les trouvailles, les questions nouvelles qui naissent..." (p. 11).  

Les lecteurs de demain

C'est clair, c'est cette focalisation sur les nouveaux publics et clairement affichée dans le titre même qui m'intéressait. 
Quid, en effet, de la problématique des nouveaux lectorats ? Une question que je me pose souvent au fil de mes recherches et qui est centrale dans mes diverses activités de veille stratégique et technologique. 
J'ai été là d'autant plus motivé que l'auteur l'effleure en affirmant en tête d'un paragraphe : "La littérature comme premier lieu d'expérimentation" (p. 75).
Dommage, une nouvelle fois, que cet aspect ne soit pas plus approfondi, mais de l'ensemble de cette approche nous pouvons retirer cependant quelques orientations intéressantes, par exemple que : "L'histoire des publics doit aujourd'hui prendre en compte celle de l'évolution des objets connectés, c'est-à-dire leur apparition depuis les années 2001-2003. Mais c'est aussi évoquer leur disparition. Peu à peu, les objets connectés vont se fondre à l'intérieur des corps. Les publics accéderont à l'information en clignant des yeux, où pourront déplacer des sommes d'informations en faisant des gestes dans l'espace, etc." (p. 71). 

Les mutations des pratiques de lecture(s) sont au coeur de la prospective et de la futurologie des dispositifs de lecture et de leurs usages. 
A côté du rythme naturel des changements de générations (qu'il convient d'estimer et de prendre en considération, que ce soit dans une optique pédagogique ou marketing), nous devons pouvoir détecter le plus en amont possible les signaux faibles qui annoncent parfois assez longtemps à l'avance, ou bien de manière fort discrète, une conversion du regard des utilisateurs, ou encore une technologie disruptive (notamment en ce qui nous concerne au niveau des interfaces et des supports d'écriture-lecture).
Il y a toujours, même dans les scénarios d'avenir les plus débridés, la nécessité d'une intention et d'une destination, qui peuvent être intellectuelles, esthétiques ou spirituelles, mais qui sont nécessaire pour faire lien et lieu, pour que la démarche du lecteur ou de la lectrice s'inscrive dans le monde, même si ce dernier est numérique ou virtuel, c'est-à-dire simulé. 
Le futur, quel qu'il soit, doit pouvoir s'écrire dans le prolongement d'une histoire, la nôtre, celle de notre espèce animale, et doit pouvoir se raconter par anticipation. C'est ce récit dont nous avons besoin pour nous diriger, ce récit qui ferait carte, comme à l'époque des Grandes découvertes maritimes... 

"Si nous privons les générations à venir des mots anciens, conclut Sonia Bressler, nous les privons de leur histoire, et de leur mémoire. [...] il faut repartir du début avec l'analyse du langage, de son environnement, du principe même de la communication : la relation. [...] Comprendre c'est apprendre à parler, à dire les mots, les siens, ceux des autres et donc dépasser les limites de la pensée analytique. C'est sortir de la superstition." (p. 102). 
Un essai qui au final incite à la réflexion et à dépasser ses préjugés et dont la lecture, au regard de l'angle de vue adopté par son auteure, sera surtout profitable aux enseignants.

mardi 2 août 2016

La Condition du Lecteur - Le Voyage Interieur du Lecteur - Fin

Le livre est global. Le Livre en-globe Tout.
Une fiction est comme le reflet d'une réalité, or, les reflets, réfléchissons-y, ne font partie ni du réel ni du miroir, et refuser d'être enfermé dans le réel est bien la condition de tout lecteur de fictions littéraires.
Cela dit, ça va mieux :-)
Sachez que la phase publique du book in progress "Le Voyage Intérieur du Lecteur" est arrivée à son terme. Le texte n'est plus en ligne, consultable gratuitement et pouvant être commenté, que pour quelques jours seulement.
Le chantier est entré dans une nouvelle phase. 
Je remercie toutes celles et tous ceux qui m'ont encouragé en lisant, en commentant, publiquement ou en privé, et en signalant d'une façon ou d'une autre qu'ils aimaient un ou plusieurs des 25 chapitres, qui furent écrits de décembre 2015 à juin 2016.
Merci. L'aventure continue !

vendredi 22 juillet 2016

Les nouveaux chemins de l'oralité

La compréhension des phénomènes liés à l'avatarisation des internautes passe, selon moi, par l'exploration de l'inventivité de ces derniers à travailler la langue dans ces espaces nouveaux que sont les territoires numériquement simulés.
La parole, nous le savons, est antérieure à l'écriture, et la lecture à haute voix antérieure à la lecture silencieuse. Je recommande sur ce sujet les belles pages écrites par Alberto Manguel dans son : Une histoire de la lecture (Actes Sud éd.).
 
Car c'est par le langage que se conquiert le monde ! C'est bien là en tout cas la théorie développée par l'historien Yuval Noah Harari, dans son essai Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (Albin Michel éd., 2015), où il y explique que c'est ainsi que l'Homo Sapiens se serait imposé sur la planète : "La capacité de créer une réalité imaginaire à partir de mots a permis à de grands nombres d'inconnus de coopérer efficacement.".
Or, quiconque fréquente le Métavers sait bien que là est le problème : la possibilité d'y rassembler un nombre suffisant d'internautes capables d'y coopérer efficacement.
Le développement du cyberespace, comme extension des territoires physiques limités, passe nécessairement par sa colonisation et l'appropriation du virtuel par les mots.
 
Des expériences francophones !
 
Depuis octobre 2015 nous développons plusieurs réalisations expérimentales dans ce sens avec les comédiens du Théâtre de l'Adret (Jacqueline et Jean-Claude Barral), Jenny Bihouise et Anne Cordonnier, pionnières des environnements OpenSimulator, sur la plate-forme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg. 
 
Ces réalisations prennent la forme de spectacles accessibles en permanence à tous les internautes francophones (24H/24-7J/7) et sont librement accessibles à tous.
- La première proposition présentait un parcours de théâtre promenade sur les bords de la Saône (voir : Une autre dimension de la réalité augmentée - Du théâtre dans le Web immersif) à partir de textes de l'auteure Ann Rocard.
- La deuxième, un voyage imaginaire dans la pensée de Camille Claudel sur des textes de l'auteur québécois Denis Morin (voir : Lire devient un spectacle permanent).
- La troisième, qui vient juste d'être lancée en avant-première, vous propose une biographie poétique de la chanteuse Barbara, une nouvelle fois sous la plume de Denis Morin :  
BARBARA, Ebène et Ivoire, pour y accéder passez par le site du Théâtre de l'Adret: http://www.theatre-adret.fr/barbara-ebene-et-ivoire.php .
- Une quatrième proposition s'élabore à partir d'un texte de l'écrivain Bertrand Runtz.
 
Ces spectacles expérimentaux sont rattachés au MétaCafé littéraire que je coordonne sur la plate-forme EVER et qui organise régulièrement des rencontres littéraires à distance, permettant à des auteurs et à des lecteurs de se retrouver et d'échanger malgré les milliers de kilomètres physiques qui peuvent les séparer (voir : Lire, est-ce coloniser de nouveaux espaces ?).
Un prototype de librairie 3D, et un d'une MétaBibliothèque universitaire restent également visitables.
Début 2017 nous devrions lancer de nouvelles initiatives autour de la lecture à haute voix.
N'hésitez pas à me contacter pour toutes demandes d'informations ou pour une visite commentée privée de nos réalisations.