vendredi 15 mai 2020

Faire le point sur les futurs possibles du livre et de son marché...

Reportée à cause des événements la conférence que je devais donner à la Semaine du Livre de Bastia (A settimana di u libru) est plus que jamais d'actualité. Elle sera prochainement reprogrammée mais je peux aussi venir en débattre avec vous (en présentiel ou en distanciel) où que vous soyez...
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Quels futurs possibles pour le livre et la lecture au 21e siècle ?
   
" La pandémie du printemps 2020 et le confinement que nous avons traversés ont aussi modifié nos rapports aux livres et à la lecture.
La fermeture soudaine des librairies et des bibliothèques a obligé beaucoup d’entre nous à imaginer de nouvelles stratégies. Des lectrices, des lecteurs ont pu regretter de n’avoir pas encore une liseuse, ces petites tablettes à encre électronique sur lesquelles on peut lire comme s’il s’agissait de papier imprimé. D’autres ont découvert l’existence de sites web sur lesquels télécharger gratuitement et en toute légalité de très nombreuses œuvres du domaine public, c’est-à-dire des milliers de titres de la littérature classique. Beaucoup ont expérimenté de nouvelles formes de médiation sur les réseaux sociaux où groupes et communautés littéraires fleurissent abondamment.
 
En fait depuis l’aube de l’humanité les supports et les pratiques de lecture ont toujours évolué. Le rythme de ces changements est parfois lent et difficilement perceptible. Par exemple, tout comme entre un escalier et un ascenseur il n’y a aucune ressemblance, entre une tablette d’argile, un rouleau de papyrus et ce que nous appelons aujourd’hui encore un livre, le lien n’est pas évident même s’il s’agit à chaque fois d’une amélioration du dispositif de lecture.
Pour progresser il faut souvent faire preuve d’audace. Les ampoules électriques ne sont pas des bougies améliorées et c’est à une autre interface de lecture que nous devrions rêver.
Au cours des prochaines années l’objet usuel que nous appelons livre va muter. Les livres imprimés ne vont pas disparaître, mais, davantage peut-être que de nouveaux objets sur lesquels lire, comme c’est déjà le cas depuis quelques années avec les écrans, ce sont de nouvelles relations qui pourraient s’instaurer entre les lecteurs et les textes.
Ces nouvelles relations pourraient être des passerelles, des manières de relier entre eux différents univers narratifs, de naviguer d’un texte à un autre, de découvrir notre fictionaute, cette part subjective de nous-mêmes que nous projetons dans les mondes fictionnels, de relier nos vies avec les véritables laboratoires de pensée que sont les territoires hors-sol des romans, et peut-être même d’entrer un jour en contact avec cette forme particulière d’intelligences artificielles que peuvent être les personnages qui les habitent.
Voilà quelques-uns des points que je devais développer à l’occasion de la semaine du livre de Bastia au lieu de rester confiné à Paris. Mais comme Robert Charlebois chantait : « Je reviendrai à Montréal dans un grand Boeing bleu de mer... », je chante quant à moi maintenant : je viendrai à Bastia dans un grand avion bleu Méditerranée;-)

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