Reportée à cause des événements la conférence que je devais donner à la Semaine du Livre de Bastia (A settimana di u libru) est plus que jamais d'actualité. Elle sera prochainement reprogrammée mais je peux aussi venir en débattre avec vous (en présentiel ou en distanciel) où que vous soyez...
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Quels futurs possibles pour le livre et la lecture au 21e siècle ?
" La pandémie du printemps 2020 et le confinement que nous avons
traversés ont aussi modifié nos rapports aux livres et à la
lecture.
La fermeture soudaine des librairies et des bibliothèques a obligé
beaucoup d’entre nous à imaginer de nouvelles stratégies. Des
lectrices, des lecteurs ont pu regretter de n’avoir pas encore une
liseuse, ces petites tablettes à encre électronique sur lesquelles
on peut lire comme s’il s’agissait de papier imprimé. D’autres
ont découvert l’existence de sites web sur lesquels télécharger
gratuitement et en toute légalité de très nombreuses œuvres du
domaine public, c’est-à-dire des milliers de titres de la
littérature classique. Beaucoup ont expérimenté de nouvelles
formes de médiation sur les réseaux sociaux où groupes et
communautés littéraires fleurissent abondamment.
En fait depuis l’aube de l’humanité les supports et les
pratiques de lecture ont toujours évolué. Le rythme de ces
changements est parfois lent et difficilement perceptible. Par
exemple, tout comme entre un escalier et un ascenseur il n’y a
aucune ressemblance, entre une tablette d’argile, un rouleau de
papyrus et ce que nous appelons aujourd’hui encore un livre, le
lien n’est pas évident même s’il s’agit à chaque fois d’une
amélioration du dispositif de lecture.
Pour progresser il faut souvent faire preuve d’audace. Les ampoules
électriques ne sont pas des bougies améliorées et c’est à une
autre interface de lecture que nous devrions rêver.
Au cours des prochaines années l’objet usuel que nous appelons
livre va muter. Les livres imprimés ne vont pas disparaître,
mais, davantage peut-être que de nouveaux objets sur lesquels lire,
comme c’est déjà le cas depuis quelques années avec les écrans,
ce sont de nouvelles relations qui pourraient s’instaurer entre les
lecteurs et les textes.
Ces nouvelles relations pourraient être des passerelles, des
manières de relier entre eux différents univers narratifs, de
naviguer d’un texte à un autre, de découvrir notre fictionaute,
cette part subjective de nous-mêmes que nous projetons dans les
mondes fictionnels, de relier nos vies avec les véritables
laboratoires de pensée que sont les territoires hors-sol des romans,
et peut-être même d’entrer un jour en contact avec cette forme
particulière d’intelligences artificielles que peuvent être les
personnages qui les habitent.
Voilà quelques-uns des points que je devais développer à
l’occasion de la semaine du livre de Bastia au lieu de rester
confiné à Paris. Mais comme Robert Charlebois chantait : « Je
reviendrai à Montréal dans un grand Boeing bleu de mer... »,
je chante quant à moi maintenant : je viendrai à Bastia
dans un grand avion bleu Méditerranée…" ;-)
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