Présences flottantes et lieux lisibles

Le roman littéraire est pour moi un endroit dans lequel je pourrais me loger.

Les stratégies narratives n'imitent pas la vie, mais le mécanisme du réel, l'animation de leurs propres structures, de façon à faire illusion, comme les mécaniques oniriques. Ces systèmes répliquant, qui à la fois dupliquent et répondent, répliquent, se répondent entre eux et répondent d'abord aux manquements du réel, en se faisant ressentir comme des arrière-cours : les arrière-cours du réel, mais aussi, du coup, de la fiction.

Un lecteur entraîné, aguerri et emporté à la fois, y ressent sa propre présence comme une présence flottante, parce qu'il a là l'impression d'espaces habitables, ces vides laissent sur lui l'impression de pouvoir s'y faire une place. "Quelque part" (sic) ces terres de fiction que sont les arrière-cours du réel et des fictions, sont à proprement parler précisément des utopies. Ce sont également, véritablement, des lieux-dits, puisque écrits et lus, des non-lieux lisibles aussi, auxquels il conviendrait de donner suite à nos plaintes et d'y réclamer justice en réparation précisément des manquements du réel.