Un éditeur qui ne craint pas de devenir la cible de la CIA pourrait être intéressé par cet essai de phénoménologie subjective d’un effet de réel et de fiction : L'Amérique n'existe pas !
Un texte court (57.500 signes/espaces pour un petit format au contenu percutant) dont voici l'introduction titrée Dépressurisation :
" Une baisse subite de pression dans un espace clos. Voilà ce que le texte qui suit a prétention à provoquer chez ses lectrices et lecteurs. Une respiration. La possibilité de reprendre son souffle.
L’espace clos dont il s’agit sera le texte en lui-même au sein duquel la décompression opérera.
Quels qu’ils soient, les spécimens de notre espèce animale sont tellement immergés dans le langage, comme des poissons dans l’eau, que rares sont celles et ceux qui en ont conscience.
La pression psychologique exercée par le langage sur les cerveaux humains est pourtant terrible. La tension permanente à laquelle la plupart d’entre nous sont soumis altère notre perception du réel et conditionne nombre de nos comportements quotidiens.
Si le réel reste une énigme pour tous, avec sa variabilité, sa diversité et son instabilité, mais aussi avec pourtant son immutabilité impitoyable, nous pouvons parfois, exceptionnellement, percevoir le temps d’un éclair comme un décalage entre certains mots et ce qu’ils sont censés désigner.
Un décalage, oui. Décaler c’est ôter la cale solide qui empêche le laisser-aller. Le sens alors part à la dérive. Jusqu’où peut-il dériver ? Il peut dériver des siècles durant semble-t-il. Il peut dériver sur des milliers de kilomètres, recouvrant alors de son contresens la Terre entière.
Comme les mots employés à bon escient, les mots mal employés, mal interprétés, infusent des images, infusent des idées. Ces images et ces idées sont alors nocives. Elles sont toxiques. D’autant plus qu’après un temps de confusion le bon sens, un instant contrarié, s’y habitue par facilité. En devenant commun le contresens devient sens commun. Il coïncide de plus en plus avec l’expérience du réel que font ses locuteurs. Un abîme terrible se creuse alors dans notre esprit entre réalités multiples et miroitements de la fiction. Un jeu de dupes en somme et de miroirs déformants. La fiction ne prend pas la place du réel, elle l’épuise, elle le contourne, elle se gausse de lui dans son dos.
Au départ d’un tel processus un seul mot peut suffire parfois pour déclencher une véritable dynamique, tant au service du bien que du mal. Un mot seul peut engendrer beaucoup de maux.
La fiction n’est pas le mal dès lors qu’elle s’offre comme laboratoire du réel, mais elle le devient dès qu’elle se substitue à lui et nous tient bride courte.
Alors nous allons débrider ici, à titre d’exemple, ce qu’un seul mot bride depuis des siècles.
Nous allons relâcher sa pression, la pression que ce mot exerce sur nous.
Le texte qui suit se veut chambre de décompression.
Le mot sera le mot : Amérique. "
Un texte court (57.500 signes/espaces pour un petit format au contenu percutant) dont voici l'introduction titrée Dépressurisation :
" Une baisse subite de pression dans un espace clos. Voilà ce que le texte qui suit a prétention à provoquer chez ses lectrices et lecteurs. Une respiration. La possibilité de reprendre son souffle.
L’espace clos dont il s’agit sera le texte en lui-même au sein duquel la décompression opérera.
Quels qu’ils soient, les spécimens de notre espèce animale sont tellement immergés dans le langage, comme des poissons dans l’eau, que rares sont celles et ceux qui en ont conscience.
La pression psychologique exercée par le langage sur les cerveaux humains est pourtant terrible. La tension permanente à laquelle la plupart d’entre nous sont soumis altère notre perception du réel et conditionne nombre de nos comportements quotidiens.
Si le réel reste une énigme pour tous, avec sa variabilité, sa diversité et son instabilité, mais aussi avec pourtant son immutabilité impitoyable, nous pouvons parfois, exceptionnellement, percevoir le temps d’un éclair comme un décalage entre certains mots et ce qu’ils sont censés désigner.
Un décalage, oui. Décaler c’est ôter la cale solide qui empêche le laisser-aller. Le sens alors part à la dérive. Jusqu’où peut-il dériver ? Il peut dériver des siècles durant semble-t-il. Il peut dériver sur des milliers de kilomètres, recouvrant alors de son contresens la Terre entière.
Comme les mots employés à bon escient, les mots mal employés, mal interprétés, infusent des images, infusent des idées. Ces images et ces idées sont alors nocives. Elles sont toxiques. D’autant plus qu’après un temps de confusion le bon sens, un instant contrarié, s’y habitue par facilité. En devenant commun le contresens devient sens commun. Il coïncide de plus en plus avec l’expérience du réel que font ses locuteurs. Un abîme terrible se creuse alors dans notre esprit entre réalités multiples et miroitements de la fiction. Un jeu de dupes en somme et de miroirs déformants. La fiction ne prend pas la place du réel, elle l’épuise, elle le contourne, elle se gausse de lui dans son dos.
Au départ d’un tel processus un seul mot peut suffire parfois pour déclencher une véritable dynamique, tant au service du bien que du mal. Un mot seul peut engendrer beaucoup de maux.
La fiction n’est pas le mal dès lors qu’elle s’offre comme laboratoire du réel, mais elle le devient dès qu’elle se substitue à lui et nous tient bride courte.
Alors nous allons débrider ici, à titre d’exemple, ce qu’un seul mot bride depuis des siècles.
Nous allons relâcher sa pression, la pression que ce mot exerce sur nous.
Le texte qui suit se veut chambre de décompression.
Le mot sera le mot : Amérique. "
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