mercredi 3 février 2021

Sur l'immersion fictionnelle | Mr. Dutilleul et la jeune Alice

Qu'est-ce que lire ? Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose.
Entre ce "quelque chose", et, cet "autre chose", il y a donc une certaine distance et dans un premier temps nous pourrions émettre l'hypothèse suivante :
- ce serait cette distance virtuelle qui serait mentalement parcourue par la lectrice ou le lecteur de fictions littéraires pour qu'ils se retrouvent "immergés" dans le monde de ce qu'ils sont en train de lire, dans la posture de lecteur telle que l'évoque à plusieurs endroits de sa Recherche Marcel Proust, par exemple lorsqu'il se remémore dans Du côté de chez Swann : "l’espèce d’écran diapré d’états différents que, tandis que je lisais, déployait simultanément ma conscience", ou bien encore quand il parle de "cristal successif ". N'aurions-nous pas là chez Proust des mots cherchant à exprimer ce qui serait de l'ordre d'une traversée du miroir ?  

Je propose donc une approche rationnelle s'appliquant dans un premier temps à rapprocher des extraits de fictions littéraires de la définition "Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose", dans le but d'envisager la relation de l'expérience d'un corps physique qui traverse un obstacle matériel comme une possible métaphore du voyage immobile que font les lectrices et les lecteurs.

Nous pouvons penser évidemment à la nouvelle fantastique de Marcel Aymé, Le Passe-muraille, l'histoire de Monsieur Dutilleul, un petit employé qui découvre incidemment qu'il peut passer à travers les murs, mais c'est à partir d'une fresque de street-art de la jeune Alice de Lewis Carroll que se sont cristallisées plusieurs facettes de mes recherches sur les métalepses. Alice ici semble apparaitre à la surface du mur comme si elle venait de le traverser.

Je postule que cette muraille que nous traverserions lorsque nous lisons un roman serait le langage, ce langage qui dans la vie quotidienne médiatise notre expérience immédiate du monde et vient faire écran et qui là, dans le processus de lecture d'une fiction littéraire, jouerait comme une sorte de miroir magique.
Je vous propose de se rencontrer autour de ce postulat pour une conférence-débat* richement illustrée et, vous le verrez, très documentée et rigoureusement argumentée.
Qu'en pensez-vous ?

N.B. Illustrations | Photos D.R. Céline Mounier, janvier 2021 Paris 13e, graffeur Azel.
A lire de Céline Mounier sur le site des Arts Foreztiers : Aimer les furtives...

* En présentiel ou en visioconférence, vous pouvez également télécharger librement le PDF du Catalogue 2021 de mes conférences et formations.

2 commentaires:

  1. Et que dire des coulisses de la lecture ? De ce qu'on apprend sur l'auteur, plus tard, qui donne un éclairage tout autre ? Depuis que j'ai lu les agissements de Lewis Carroll avec la véritable petite Alice Lidel, le pays des merveilles a pourri.

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  2. C'est une autre facette des rapports complexes entre fiction et réalité dans la perspective que j'abordais il y a tout juste un an dans une Tribune pour Livres Hebdo : "Fiction littéraire et principe de réalité : ce que révèle "l’affaire Matzneff"..." : https://www.livreshebdo.fr/article/fiction-litteraire-et-principe-de-realite-ce-que-revele-laffaire-matzneff

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