Je parle souvent certes et
je m’intéresse de près à l’édition numérique, soit, mais cela simplement car il
est incontestable que le numérique impacte aujourd’hui de plus en plus
fortement nos dispositifs et nos pratiques de lecture (quoique cela puisse se
discuter et j’en discute justement, je relativise croyez-moi…). Mais je ne
travaille aucunement ni dans ni pour ni même sur… l’édition numérique !
Le chewing-gum deviendrait
un vecteur de transmission des textes que je m’intéresserais de près aux
chewing-gums.
Je n’y connais rien en
informatique et je ne suis même pas technophile.
Je suis un lecteur.
Mes recherches se portent
sur la prospective du livre et de la lecture, c’est-à-dire, dans une perspective
historique et anthropologique (histoire des écritures, du livre et de la lecture, de ses pratiques et de ses influences….) sur l’étude des
mutations en cours et la prévision de leurs possibles effets durant les prochaines
années, notamment et justement sur nos pratiques de lecture. Je m’intéresse aussi énormément
à l’élaboration de nouvelles formes de médiations numériques autour du livre et
de la lecture, et ce particulièrement à destination des bibliothécaires et des
libraires.
Précisons les choses…
Pour le dictionnaire de
français Larousse, la prospective est la : « Science ayant pour objet l’étude des causes techniques, scientifiques,
économiques et sociales qui accélèrent l’évolution du monde moderne, et la
prévision des situations qui pourraient découler de leurs influences
conjuguées. ».
Initiateur en 2006 (avec mon
livre Gutenberg 2.0 le futur du livre,
paru en 2007) de la prospective appliquée aux domaines du livre et de la
lecture j’en propose, dans ce cadre précis, la définition suivante :
« l'étude des mutations des supports
et des surfaces perçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire en les
considérant comme des interfaces lecteurs / lu et, compte tenu des codes qu'ils
véhiculent, en étudiant leurs effets sur le vécu et les impacts de la lecture. ».
L’époque des e-incunables
Comme je le dis dans mes
cours et dans mes conférences je considère que nous sommes depuis 1971 dans
l’époque des e-incunables (référence claire aux incunables des années
1450-1501).
Je pense que nous devrions
être davantage attentifs et critiques à ce passage de l’édition imprimée à
l’édition numérique.
Je considère (nombreux sont
les posts de ce blog à en témoigner) que l'édition numérique n'est qu'un
épiphénomène d'une mutation de bien plus grande ampleur au niveau du langage et
de l'espèce.
Je n’assène pas cela ici
pour me mettre en avant, mais simplement pour clarifier la perspective de mes
interrogations et de mes recherches.
Une édition numérique sectaire
Que cela soit donc clair :
je ne suis ni un militant de l’édition numérique, ni un béni-oui-oui des
pouvoirs de l’imprimé.
Honni de beaucoup sans
doute, je demeure un esprit libre.
Enfin, à titre personnel je
regrette vivement que le milieu de l’édition numérique soit encore plus sectaire
que ceux de l’édition imprimée. Je parle d’expérience. J’ai en effet perdu la
direction d’une collection parce que sur ce blog j’avais émis quelques réserves
sur certaines pratiques de l’édition numérique, des éditeurs numériques refusent
la publication de ma chronique de l’année 2012 sur ces sujets justement parce
que je m’y montre critique. Ces preuves manifestes d’intolérance et de
fanatisme ne parlent pas en leur faveur.
La prospective du livre
n’est pas l’édition numérique, qu’on se le dise ! Pour preuve, ce que je
considère aujourd’hui comme mon principal combat concerne les droits des lecteurs… Mais cela aussi bien évidemment ne fait pas l’affaire des marchands de fichiers
epub !
Bravo Lorenzo pour ce remarquable post! Humour et humeur au coeur de l'été, voilà qui est tonique et rafraichissant
RépondreSupprimerChristian Gatard
Lilian Ronchaud des éditions L'ivre-Book, éditeur 100% numérique et sans DRM.
RépondreSupprimerPour moi, les pachydermes de l'édition papier passant au numérique ne font pas partie du milieu de l'édition numérique. Il faut regarder du côté des petits ou minuscules (comme moi) éditeurs numériques où les droits des auteurs sont respectés par des contrats spécifiques et honnêtes vis-à-vis d'eux ; où les droits des lecteurs sont respectés en vendant des ebooks à prix raisonnable et sans protection.
Ces éditeurs n'ont, bien entendu, pas la même visibilité que les autres, mais c'est par eux que passera l'évolution numérique.