" Le succès des réseaux
sociaux et des smartphones prouve clairement le besoin d’échanges qui nous
anime tous, même par le truchement d’un écran. Malgré leurs défauts évidents,
la publicité, le profilage, l’addiction qu’ils entrainent, les réseaux sociaux
nous attirent et nous retiennent. Pourquoi ? Parce que nous sommes d’une
espèce grégaire.
C’est pour cette raison que
dès son origine le web, si nous le considérons comme un outil de communication,
n’a jamais été pleinement adapté aux besoins de notre espèce, et qu’il a
engendré autant de contentements que de frustrations. C’est pourquoi il a assez
rapidement évolué vers ce que nous avons appelé alors : le web 2.0, et
c’est pourquoi ce qualificatif de 2.0 a fait florès et a été abondamment repris
dans les stratégies marketing.
Vers le co-browsing
Le co-browsing, c’est-à-dire
la navigation conjointe de plusieurs internautes sur une même page Web, a
toujours été un challenge inabouti. Tchat-textes et vidéos ne parviennent pas à
restituer les conditions émotionnelles d’un échange présentiel. Cela serait
pourtant un véritable accélérateur, notamment pour les activités de formation
en ligne et le shopping social ou collaboratif.
Pour stigmatiser cette
insuffisance du web je prendrais pour exemple deux milieux que je connais
bien : celui des bibliothèques et celui des librairies.
Je vous invite à réaliser
une expérience simple. Allez dans une librairie, puis dans une bibliothèque,
qui ont des sites web. Ensuite, une fois de retour chez vous, connectez-vous à
leurs sites web. CQFD ! Le web appauvrit l’expérience, limite les
possibilités d’exploration et de découvertes, et, surtout, rend quasiment
impossibles les échanges entre personnes.
Il y a la 3D et la 3D… immersive
[...] La 3D, parce qu’elle
correspond à notre modalité naturelle de perception du monde, se développe, du
cinéma jusqu’aux imprimantes.
[...] L’absence de contacts humains
diminue pourtant l’attrait de l’ensemble des ressources accessibles sur le web.
A la motivation sur-sollicitée des internautes, qu’aucune interaction synchrone
ne vient valoriser, s’ajoute une absence totale de médiation. Rien d’étonnant
donc à ce que le temps que nous passons sur un site web se réduise de plus en
plus. Déçus, frustrés, nous cliquons, nous zappons, toujours en quête de
véritables interactions.
[....] "
J'ai beau travailler dans le secteur elearning, je considère qu'une médiation 3D ne serait pas une "véritable interaction" non plus. La véritable interaction est la rencontre "in real life" : sortir de chez soi, recontrer les personnes et interagir avec elles en face à face. L'objectif est-il d'aller toujours un cran plus "loin" (régression plus que progrès) "dans le "réalisme" jusqu'au point d'une telle confusion que les limites paraissent indicernables.
RépondreSupprimerL'objectif à moyen terme est-il de discuter avec des avatars si semblables à un interlcuteur "réel" qu'il soit impossible de les discerner...et de découvrir que l'on discute en réalité avec un robot (une IE) habilement programmé, comme il en court depuis des années sur les chats ? Je comprends l'excitation intellectuelle, mais quantité de choses possibles et attrayantes ne sont pas pourautant souhaitables. Il faut avoir une vision plus large des tenants et aboutissants de nos actions. Les taupes font de gros dégâts, parfois en croyant bien faire, souvent par pur intérêt matérialiste.
Réapprenons à sortir de chez nous, bouger nos gambettes, réapprenons à discuter en face à face avec nos voisins, avec nos semblables, avec le monde. J'ai rencontré mon voisin du dessus sur Internet, il y a quelques années sur réseau social d'hospitalité entre voyageurs et locaux : cela m'a rappelé les choses à leur juste niveau.
Voyageons, ne serait-ce que dans les 500 mètres aux alentours de chez vous , interégissons réellement dans la vie réelle, les routes, les chemins, les parcs, où que ce soit. Et ensuite nous réaliserons que l'essentiel n'est pas d'avoir une représentation ultraréaliste d'une personne que l'on connaît...ou que l'on n'a jamais vu, mais bien plutôt de rencontrer cette personne "en vrai". Le web est un outil à utiliser, pas une vie. A utiliser de manière équilibrée.
Bonne journée à tous
Bonjour,
SupprimerJe vous remercie pour votre commentaire.
Je pense bien comprendre votre préoccupation et je la partage en grande partie.
C'est justement pour ces raisons qu'il m'apparait important de réhumaniser la médiation numérique autour du livre et de la lecture, notamment pour les bibliothèques et les librairies numériques. Le plus souvent cette médiation est confiée à des algorithmes, et elle le sera en effet de plus en plus à des agents conversationnels.
En revanche, derrière les avatars, il y a des internautes bien réels, ce peut être des bibliothécaires, des libraires, des usagers comme vous et moi. Il ne s'agit alors absolument pas de remplacer la relation entre humains, mais, au contraire, de la solliciter, voire d'inciter au déplacement de l'internaute "in real life" dans la bibliothèque ou dans la librairie.
Tout est possible et il s'agit justement d'expérimentations grandeur nature, pour y réfléchir, tester, et faire au mieux.
Le risque serait pour moi de laisser les territoires numériques entre les mains de quelques grosses multinationales. Les professionnels du livre indépendants et les lecteurs doivent y avoir leurs places.
En marge, je vous ferais part de mon expérience personnelle : depuis 2006 que je veille sur le web 3D immersive, j'ai rencontré et sympathisé "in real life" avec plusieurs personnes que je n'avais dans premier temps connues que sous la forme de leur avatar.
Je reprends votre conclusion : "Le web [3D immersive] est un outil à utiliser".
La finalité de mon projet Bibliosphère est précisément d'étudier comment l'utiliser "de manière équilibrée" dans le cadre des bibliothèques...
Bien à vous,
Lorenzo Soccavo
Tout comme la vidéo n'a pas tué les salles de cinéma -car elle a intéressé les mêmes passionnés par l'art cinématographique- pour ce qui est de mon expérience avec la 3D immersive, elle fait se sentir particulièrement à l'aise les personnes déjà communicantes et versées naturellement dans la relation à l'autre, si bien que ce sont souvent les mêmes personnes qui parlent facilement à leurs voisins et se connectent ensuite ou avant sur leur plateforme 3D immersive... L'avantage de ce moyen est qu'il permet de dépasser les frontières de son quartier, ville, pays, continent, et sans les limites du simple échange ou partage d'informations imposé par les réseaux sociaux du web : l'immersion restitue les mêmes conditions que dans le présentiel pour éprouver des vibrations et émotions qui rendent une relation plus authentique et "réelle", même si virtualisée (tout comme une conversation téléphonique virtualise la proximité de la voix d'un interlocuteur dans l'espace). Le bénéfice, le vrai progrès est que dans la vraie vie, si l'on ne peut se déplacer partout, on peut cependant et désormais partager malgré tout des lieux, des objets et des activités avec d'autres. Les pixels et les machines n'en sont que le véhicule, à ne pas confondre avec des programmes se substituant à la conscience ou la volonté humaines, bien au contraire! En termes d'applications, pensons à la socialisation de millions de personnes isolées pour des raisons de handicap, de manque de temps hors contraintes quotidiennes ou de véhicules, aux personnes âgées abandonnées... et à tout un chacun avide de partager davantage en temps réel!
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