Cette sorte de sensation intérieure serait-elle seulement liée au sens de notre écriture ?
Ou bien une instance du livre dans notre inconscient serait-elle ici en jeu ?
Je me rappelle d'un documentaire dans lequel Agnès Varda disait que
l'effet intérieur ressenti par les spectatrices et spectateurs à la projection de son film Sans toit ni loi, venait du fait que ses
nombreux travellings se déroulaient de droite à gauche, c'est-à-dire dans le sens inverse de celui dans lequel nous sommes habitués à lire
dans notre monde occidental.
Et qu'est-ce lire, sinon aussi procéder à un long travelling transversal à la surface des pages, et au fil de notre avancée progressive dans
l'épaisseur du volume ?
Ne serait-ce pas un mouvement de l'âme, généré par ce déplacement imaginaire, qui engendrerait notre sentiment d'immersion dans l'histoire
lue ?
Pour la philosophe Simone Weil la lecture serait lecture des correspondances et des rapports de proportions.
Prendre davantage conscience des effets intérieurs de nos lectures pourrait-il contribuer à la conscientisation et à l'autonomisation de la part subjective de soi que lectrices et lecteurs projettent spontanément dans les fictions littéraires qu'ils lisent ?
Un beau sujet de conférence, non ?
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