mardi 16 mars 2010

Les auteurs appelés à la vigilance

Dans sa Lettre N°37 de ce mois de mars 2010, la Société des Gens de Lettres appelle avec raison les auteurs, dans un contexte de numérisation des œuvres, à identifier et protéger l’intégralité de leurs droits. « … il est absolument nécessaire, écrit Alain Absire, Président de la SGDL, que chacun d’entre nous fasse le point sur ses cessions de droits d’exploitation commerciale. »
En l’absence de modèle économique pérenne et d’organisation de l’interprofession du livre en matière d’exploitation numérique, la SGDL appelle les auteurs à faire inscrire dans tous leurs « contrats d’édition une clause de renégociation régulière des termes de la cession de [leurs] droits numériques. »

lundi 15 mars 2010

Comment nommer les machines à lire ?

Au-delà les problèmes de définitions, notamment juridique et fiscale, du livre numérique, se pose avec de plus en plus de force la question de comment qualifier génériquement la multitude d’appareils qui ont pour fonction, parfois parmi beaucoup d’autres, de permettre la lecture de ces livres numériques précisément.
Ne serait-ce qu’en implications marketing, nommer ces objets va influencer le marché et orienter les pratiques de lecture du siècle.
Les appeler “liseuses”, terme lancé en France par Virginie Clayssen (Directrice adjointe du développement numérique chez Editis et Présidente de la Commission numérique du SNE Syndicat National de l'Edition) me semble risqué. C’est en partie valider de fait ces machines comme des machines à lire, sans tenir forcément compte de la manière dont elles vont certainement influencer et orienter l’évolution des pratiques de lecture dans les décennies à venir. C’est un peu leur donner un blanc seing.

Affordance de l’iPad en question

C’est l’affordance qui est ici en fait questionnée. (Pas le blog éponyme d’Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en Sciences de l'information et de la communication, et dont je profite de l’occasion pour recommander la lecture : Affordance.)
L’affordance est la capacité d’un objet à suggérer sa propre utilisation (Wikipédia). Qu’en est-il donc alors de l’affordance de ces machines à lire ? Tant des tablettes e-ink / e-paper présentées dans l’eBook Reader Matrix que de ce fameux iPad ?
Le concept d’affordance serait particulièrement intéressant à étudier je pense, dans le contexte actuel de mutation des interfaces de publication, de lecture et d’écriture, sous ses aspects de psychologie de la perception, de design, et d’interaction homme-machine (dans le sens où je parle souvent d’interfaces i2L, interfaces Lecteurs/Livres).

iPad vs eBook

L’iSlate tant attendu s’est appelé iPad lorsqu’il est apparu. Quant aux différences de fonctions ainsi induites par le changement entre nom supposé et nom imposé, l’effet est certes subtil, mais peut-être pas négligeable. Cela pourrait se discuter. Mais là n’est pas le plus important je pense. L’important c’est qu’un “pad of paper” c’est un bloc notes, pas un livre. Nous retrouvons bien, dans cette dénomination iPad, ce qui se joue actuellement dans la redéfinition des pratiques d’écriture et de lecture : un déplacement du centre de gravité et une (con)fusion des usages.
Le terme e-book, forgé en 1998 au sein de la société américaine NuvoMedia qui, depuis la Silicon Valley, allait lancer en 1999 les deux premiers lecteurs d’e-books (le Rocket eBook et le Softbook), ce terme e-book reste, plus de 10 ans après son invention, toujours approximatif dans son emploi, tantôt désignant le contenu (le fichier texte qui est lu), tantôt le contenant (l’appareil).
Le terme québécois livrel (construit sur le modèle de courriel) semble davantage fixé pour désigner les contenus. Des diverses appellations poétisantes comme, par exemple, “baladeur de textes” de Pierre Schweitzer, pour nommer son projet @folio en 1996, ou “Lyber” de Michel Valensi des Éditions de l’Éclat, et au rang desquelles j’ai tendance à mettre également “liseuse”, c’est encore ce “livrel” de nos amis québécois qui fonctionnerait le mieux.
La définition proposée en 2000 par Emmanuelle Jéhanno dans son ouvrage : Enquête sur la filière du livre numérique (éditions 00h00), et que nous pourrions résumer ainsi :
On parle d’e-book, ou livre électronique, quand il y a, à la fois :
- Un contenu numérisé
- Un support de lecture électronique
- Un logiciel de lecture dédié ; si elle clarifiait les choses en 2000, ne fait en 2010 qu’entériner la confusion née dans ces années là, étrangement proches et lointaines à la fois.
En septembre 2002, Marie Lebert dans Le Livre 010101, aux éditions Numilog, rapportait cette déclaration, pertinente et toujours à méditer, de Pierre Schweitzer : « J’ai toujours trouvé l’expression livre électronique très trompeuse, piégeuse même […]. Car quand on dit livre, on voit un objet trivial en papier, tellement courant qu’il est devenu anodin et invisible... alors qu’il s’agit en fait d’un summum technologique à l’échelle d’une civilisation. […] Quand on lui colle [au livre] électronique ou numérique derrière, cela renvoie à tout autre chose : il ne s’agit pas de la dimension indépassable du codex, mais de l’exploit inouï du flux qui permet de transmettre à distance, de recharger une mémoire, etc., et tout ça n’a rien à voir avec le génie originel du codex ! C’est autre chose, autour d’Internet, de l’histoire du télégraphe, du téléphone, des réseaux... »

Alors comment nommer les machines à lire ?

Des acteurs des industries de la communication, comme Apple ou Google, par exemple, pourront certainement user de leur puissance en ingénierie sociale pour imposer l’air de rien une dénomination sexy apte à séduire les consommateurs. Ce ne sera pas la première fois qu'un nom de marque ou de fabricant s'imposera pour désigner un objet appelé à devenir quotidien. Rappelons-nous Frigidaire, Kleenex, Caddie, ou encore Cocotte minute, marque déposée de SEB.
Cette situation dans laquelle, nous autres lecteurs, nous nous retrouvons aujourd’hui en 2010, me rappelle ces quelques mots d’Albert Bensoussan, dans sa présentation du chef-d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude (Collection Points Poche éd. du Seuil) : « Là, tout sera à créer et l'on vivra le déchiffrement des premiers jours du monde, car "beaucoup de choses n'avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt". Et voilà l'humaine condition installée dans l'Histoire, dans la contingence, dans le devenir et le cyclique... » Oui, en effet ;-)

vendredi 5 mars 2010

Des outils pour la veille stratégique des métiers de l’édition et du marché du livre

Le marché du livre est un secteur économique en pleine mutation.
Son contexte actuel se caractérise par :
– Des innovations technologiques disruptives, notamment au niveau des technologies d’affichage (multiplication de nouveaux dispositifs de lecture, e-ink, ou de type iPhone et iPad) et des processus de diffusion multicanal multisupport…
– La création de nouvelles sociétés par des professionnels de l’interprofession du livre (éditeurs “remerciés” par des grands groupes, libraires qui se lancent dans le commerce en ligne, etc.)
– Le lancement de start-up éditoriales par des professionnels extérieurs à l’interprofession du livre (ingénieurs télécom qui se lancent dans la diffusion de livres numériques, agences en communication, etc.)
– L’arrivée de nouveaux concurrents, venus d’horizons divers (informatique, Web, opérateurs de téléphonie mobile, moteurs de recherche, géant du commerce en ligne, etc.) et qui ont des cultures d’entreprises différentes de celles des métiers du livre.

Dans ce contexte, la mise en œuvre d’une veille stratégique dédiée est vitale pour toute entreprise liée au commerce du livre, qui souhaite pérenniser et développer son activité.
Les acteurs de l’interprofession du livre sont aujourd’hui submergés par une masse d’informations redondantes, émanant généralement de blogueurs, dont la majorité se contente souvent, en fait, de relayer et de commenter l’innovation outre-Atlantique.
Or, ils ont incontestablement besoin d’une information réfléchie, structurée et mise en perspective. Ils ont besoin d’analyses ciblées pour développer leurs marchés et leurs lectorats. Ils ont besoin d’informations qualifiées, leur permettant de pouvoir prendre les bonnes décisions, en toute connaissance de cause, aux bons moments.
Pour être assuré de posséder un avantage compétitif décisif, le décideur doit pouvoir bénéficier en temps voulu de l’information stratégique qui répond précisément à ses besoins.

Une veille stratégique peut prendre différents aspects, souvent complémentaires, qu’il convient de distinguer à la source, afin de lui conserver une réelle efficacité et des applications pratiques, concrètes pour le développement de l’entreprise.

Nous pouvons distinguer ainsi principalement :
- La veille technologique
- La veille sectorielle documentaire
- La veille concurrentielle et benchmarking.
Une plus grande précision est cependant nécessaire, et est possible, après un, ou quelques entretiens préalables, avec les cadres de l’entreprise concernée par la mission de veille stratégique.

Cliquez sur la carte heuristique pour l'agrandir

L’objectif premier d’une veille est de permettre l’anticipation par les décideurs des évolutions et des innovations à court et moyen termes.
Une veille stratégique peut consister : d’une part, à repérer les tendances émergentes (tant au niveau technologique que concurrentiel et sociétal, en prenant garde à bien distinguer ce qui relève de trends de longue durée – tendances fortes du marché, de ce qui relèverait de mouvements purement conjoncturels, ou d'effets de modes passagers), et, d’autre part, à détecter les signaux faibles, qui doivent faire l'objet d'une écoute anticipative, dans le but de diminuer l'incertitude et de pouvoir saisir des opportunités.

La finalité est d’apporter des réponses opérationnelles qui puissent aider à la prise de décisions adaptées.

Pour être pertinente, une veille doit impérativement être enrichie. Ses informations doivent être recoupées et vérifiées, puis, analysées et mises en perspective, à partir, d’une part, de l’expertise du veilleur par rapport à la sphère sectorielle concernée, et, d’autre part, des réseaux et du “carnet d'adresses” de l'expert-veilleur.

En aucun cas une veille stratégique ne peut se limiter à une simple collecte automatisée de données et à leur restitution sous la forme d’une synthèse. L’agrégation automatisée des flux RSS des blogs et la consultation, même régulière, des informations publiques du Web, ne peuvent suffire en situation de crise. Pas plus qu’une simple “veille maison”, aux interprétations soumises aux variations climatiques internes (climat social de l’entreprise, tensions salariales, etc.).

Par sa présence active depuis plusieurs années sur les principaux réseaux sociaux et l’animation de communautés dédiées au livre, à ses évolutions et à son marché, P.L.E. Consulting – Lorenzo Soccavo, dispose de plus d’un millier de contacts validés, tous plus ou moins liés à l’interprofession du livre. Nombre de ces personnes sont régulièrement contactées et rencontrées IRL (in real life).


Le renseignement qui fait sens, qui favorise l’orientation et donne des indications précises, par rapport aux données brutes, est, logiquement, plus productif qu’un simple traitement automatisé de l’information ouverte, au mieux soumise ensuite à un brainstorming en interne. Ce renseignement qui fait sens, souvent directement ou indirectement de source humaine, n’est pertinent que s’il n’émane pas de son entourage familier, mais s’il vient de l’extérieur, notamment, d’une écoute attentive des échanges sur les réseaux, et s’il fait l’objet d’un traitement et d’un signalement à très court terme.
Une veille efficace, apparentée à l’intelligence économique, conjugue les résultats d’une veille stratégique (technologique, concurrentielle, etc.) à ceux d’une recherche documentaire dédiée (veille juridique, benchmark…) d’informations ouvertes, tout en s’armant d’une phase complémentaire d’investigation, laquelle se décompose en plusieurs étapes :
- Détection et écoute des signaux faibles (facteurs d’opportunités ou de menaces dans l'environnement, qui doivent faire l'objet d'une écoute anticipative, dans le but de réduire l'incertitude et d'établir une stratégie gagnante)
- Traitement critique
- Analyse critique
- Interprétation croisée
- Synthèse analytique de l’ensemble des renseignements obtenus…
= Le tout pour déboucher sur une reformulation opérationnelle en termes de :
- prises de décisions et de conduites de projets,
- anticipation et maîtrise des risques.

C’est dans cette optique et avec ces ambitions que P.L.E. Consulting – Lorenzo Soccavo se met au service des acteurs de l’interprofession du livre, pour leur proposer des prestations de veilles dédiées :


Sur simple demande, et après un ou deux rendez-vous indispensables d’évaluation de vos besoins réels, P.L.E. Consulting vous adressera, gracieusement et sans aucun engagement de votre part, une proposition détaillée, argumentée et chiffrée.
Les services proposés par P.L.E. Consulting – Lorenzo Soccavo, recouvrent aussi bien : la veille concurrentielle, que technologique et documentaire, le sourcing d’informations, la détection des signaux faibles, l’identification d’experts, l’identification de concurrents potentiels, que la veille contre les plagiats.
Tous ces services sont entièrement dédiés et à la carte, peuvent être enrichis de conseils en R&D et business development, et sont particulièrement ciblés sur les marchés francophones (compte tenu que : d’une part, le marché du livre reste, dans les faits et culturellement, lié aux langues, et, d’autre part, les législations s’appliquant à l’édition et au commerce du livre sont nationales).
Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à contacter P.L.E. Consulting

“Nuage” de ce post (Cliquez dessus pour l'agrandir)

mardi 2 mars 2010

Sur la politique du livre face au défi du numérique

A signaler cet intéressant rapport d’information du sénateur Yann Gaillard, pour la commission des finances du Sénat : Sur la politique du livre face au défi du numérique.
Comme j’aime à le faire, le sénateur Yann Gaillard, place son étude dans une perspective transhistorique, notamment en citant judicieusement Frédéric Barbier, dont j’ai souvent recommandé la lecture.
Ce rapport de la commission des finances est un rapport de contrôle de l’exercice 2009, « La question qui paraissait la plus urgente, ou qui préoccupait particulièrement le rapporteur, était celle de l’avenir du livre-papier par rapport à la montée du livre-électronique. ».
Aussi j’en recommande la lecture. Le rapport est téléchargeable à l’adresse : http://www.senat.fr/rap/r09-338/r09-3381.pdf

Quid de la politique du livre en France ?

Je ne retiendrai ici que quelques-unes seulement des principales observations du rapporteur, les plus en rapport avec le champ d’appétence et de compétences de P.L.E. Consulting :

Sur le coût de la politique du livre
« Le soutien à la chaîne du livre concerne essentiellement les éditeurs. Cela est justifié si l’on considère que même si les aides étaient davantage orientées vers les libraires, ce sont vraisemblablement essentiellement les éditeurs qui, d’un point de vue économique, en bénéficieraient, dans la mesure où leur pouvoir de marché et le prix unique du livre leur permettent d’imposer le prix de vente, respectivement, aux libraires et aux lecteurs. On peut cependant se demander s’il ne serait pas souhaitable de consacrer davantage de moyens au soutien « ciblé » de librairies… »
« Compte tenu du caractère éclaté des moyens entre différents ministères, il paraît nécessaire de désigner un ministre chef de file… »

Sur l’évaluation de la politique du livre et la mise en œuvre des préconisations des rapports
« De 2007 à 2009 ce sont six rapports commandés par le Gouvernement qui ont été publiés sur la politique du livre […] Les six rapports contiennent 108 propositions. Sur ces 108 propositions, 29 ont été mises en œuvre, 47 sont en cours de mise en œuvre et 32 ne se traduisent par aucune évolution… » (Cf. tableau extrait du rapport)
« Conformément aux préconisations des rapports, les aides du CNL à la librairie ont été accrues : alors qu’elles étaient de 1,3 million d’euros en 2007, elles sont désormais de 3 millions d’euros… »
« D’un point de vue qualitatif, les propositions relatives au livre numérique sont de loin les plus importantes. Elles ne sont pourtant que très partiellement mises en œuvre à ce stade… »

Cliquez sur le tableau pour l'agrandir.

Sur la numérisation du patrimoine des bibliothèques
« A l’automne 2009, Google indiquait que 10 millions de livres avaient été numérisés. En février 2010, il a indiqué au rapporteur qu’il s’agit désormais de “12 millions d'ouvrages numérisés au global dont 50 % non anglophones”… »
« Les libertés prises par Google avec les droits d’auteur doivent être relativisées. »
Le rapporteur souligne, avec pertinence à mon avis, le risque de marginalisation des œuvres françaises.

Sur la commercialisation de livres numériques et l’avenir du livre papier
« Le rapporteur estime qu’un scénario où, en France, le nombre de ventes de livres numériques serait égal à terme à 50 % du nombre de livres papier n’est pas irréaliste… »
(N.B. Pour ma part, sur ce point précis, j’irais plus loin et je serais plutôt de l’avis de Bruno Patino, qui envisage un moment où les ventes de livres numériques dépasseront celles des livres physiques.)

Pour une politique du livre qui soit lisible

Nous serons nombreux, je pense, à être d’accord avec le sénateur Yann Gaillard pour trouver que la politique du livre, répartie entre plusieurs ministères et dépourvue de chef de file, est peu lisible.
« Compte tenu du caractère éclaté des moyens entre différents ministères, écrit Yann Gaillard, il paraît nécessaire de désigner un ministre chef de file. On rappelle qu’un ministre chef de file, désigné par le Premier ministre, a la responsabilité de coordonner les activités de l’État relevant de programmes de différents ministères. »
En tant que prospectiviste du livre et de l’édition, j’ai personnellement sur le présent blog de P.L.E. Consulting, pris à plusieurs reprises la liberté de formuler l’idée que le Secrétariat d'État chargé de la Prospective et du Développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre, actuellement piloté par Nathalie Kosciusko-Morizet, devrait prendre la main sur ce qui concerne les dimensions prospectives du livre et des pratiques d’écriture et de lecture. Cette suggestion se rapproche, peut-être, de la recommandation du sénateur Yann Gaillard, concernant la nécessité d’un ministre chef de file, pour une politique du livre cohérente et efficace. Je dirais, pour une politique du livre… lisible ;-)

© Illustrations :
- Photo : Palais du Luxembourg (Sénat)
- Tableau extrait du Rapport d’information du sénateur Yann Gaillard.

lundi 1 mars 2010

Conférences,Tables Rondes et Interventions en entreprises sur la Prospective du Livre et de l'Edition

En tant qu'expert en prospective du livre et de l'édition j'ai le plaisir d'intervenir régulièrement depuis 1998 pour des conférences privées ou publiques, des formations, ainsi que comme organisateur, participant ou modérateur de tables rondes, autour de thématiques concernant la situation et les évolutions :
de l'édition et de l'interprofession du livre,
- du marché du livre,
- des nouveaux dispositifs et,
- des nouvelles pratiques de lecture...


Pour me contacter : lorenzo[point]soccavo[at]wanadoo[point]fr
  
Quelques références :
  
Pour des réseaux de documentalistes :
- BibDoc, scérén CRDP Académie d'Orléans-Tours.
- Réseau GO!DOC des professionnels de l'information scientifique et technique de l'ile de France, CNRS, ENS.
- RNDH, Réseau National des Documentalistes Hospitaliers, CHU de Nantes.
- JURICONNEXION (Réseau des professionnels de l'information juridique électronique), Paris...
- SAVOIRS CDI (Réseau national des documentalistes d'établissements scolaires).
- COUPERIN (Consortium universitaire de publications numériques).
  
Pour des réseaux de bibliothécaires :
  
- RERO, Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale, Lausanne.
- Bibliothèque Centrale Bruxelles-Capitale, Ministère de la Communauté française, Bruxelles.
- Des médiathèques : de Roanne, de Ganges, Réseau des médiathèques de Saint-Quentin-en-Yvelines, etc.
- Bibliothèques de Cergy et de son agglomération (95), Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, Bibliothèque Multimédia de Valenciennes, Bibliothèque Départementale de l'Aisne, Bibliothèque Départementale de l'Isère...
  
Pour des institutions publiques ou privées ou des entreprises :
   
- UNESCO (AAFU, Club Perspectives), Paris.
- Ministère de l’Education nationale (Séminaire Manuel scolaire et numérique, Strasbourg).
- Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche (Bar des sciences, Salon du livre de Paris 2009).
- CNED-Eifad, direction de l'innovation, Poitiers, octobre 2010.
- Rectorat de Poitiers (journée académique des enseignants documentalistes, 2010).
- Maison des Cultures du Monde (programme "Courants", créé à l’initiative du Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Ministère des affaires étrangères et européennes), Paris.
- La Cantine numérique rennaise, 2011 et 2012.
- XEROX France, 2011.
- Technopole Lannion Tregor, ADIT, 2008.
- SNE, Syndicat national de l'édition, Commission nouvelles technologies, 2008, Paris.
- SOGEFIR-Médiafir (Groupe Michel Leclercq), 2007, Belgique.
- GROUPE LAGARDERE, Séminaire Lagardère, 2007, Deauville.
- Technopole Brest Iroise, 2007...
      
Pour des universités et écoles supérieures :
  
- Université Paris 13, Master 2 Commercialisation du livre...
- Académie Royale des Beaux-arts de Bruxelles. 
-  Master Marketing Opérationnel International, Université Paris Ouest Nanterre, Pole Universitaire Léonard de Vinci, Paris La Défense.
- ESTEN (Ecole Supérieure des Techniques d'Edition Numérique - Tours).
- ISCOM, Institut supérieur de communication et publicité, Paris.
- CRFJ, Centre Romand de Formation des Journalistes, Lausanne.
- Groupe EAC, Ecole des métiers de la culture, ESARTS Paris (Ecole Supérieure de gestion et de médiation des Arts). 
- ESAD, Ecole Supérieure d'Art et de Design, Amiens.
- HEIG, Haute Ecole d'Ingénierie et de Gestion (HEIG-VD St-Roch)-Iware, Yverdon-les-Bains (Suisse)...
  
Programme complet de mes interventions en cliquant sur l'onglet "Prestations" en haut de page... 
Devis précis et sans engagement sur simple demande.

  

vendredi 26 février 2010

lundi 22 février 2010

Lire sur iPad ? Conditions et conséquences…

J’avais eu le plaisir, le soir même de la sortie du tant attendu iPad, de donner mon avis à Karine Papillaud dans un entretien pour le quotidien 20 Minutes : L'iPad déchaîne les geeks mais pas l'édition française : [Extrait: « “C’est plus sur le modèle de diffusion qui sera mis en place, que sur la "machine à lire" et ses performances, que tout va se jouer”, conclut Lorenzo Soccavo. “2010 sera l’année de la recherche en matière de tablettes et de leur prix, et le consommateur jugera, reprend Tessa Destais [conseillère du président du groupe d’édition La Martinière]. Le métier d’éditeur s’attache au contenu qui lui ne change pas: protéger la création et le contenu littéraire fait partie de ses fondamentaux. En matière de livres, numériques ou autres, c’est quand même l’essentiel.”… »]
Je reviens ici sur le rôle que l’iPad pourrait cependant jouer comme accélérateur de la lecture numérique :

L’iPad disruptif ?
A priori, oui, considérant, d’une part, l’indéniable savoir-faire d’Apple, mais pas seulement celui, si souvent et assez justement reconnu, en termes de design et d’expérience utilisateur, mais, surtout, son savoir-faire marketing, qui se rapprocherait de l'ingénierie sociale (orchestration des événements, des plannings et de la communication, du design des produits et des pratiques de commercialisation, visant à modifier à grande échelle les usages culturels de groupes sociaux entiers. C’est ainsi que les aficionados d’Apple, y compris des journalistes professionnels assurent une véritable propagande pro-Apple…) ; a priori oui, considérant aussi, d’autre part, la rupture que fut l’iPod sur le marché des lecteurs MP3, et celle que fut l’iPhone sur celui des smartphones : il est donc ainsi probable que l’iPad sera disruptif sur le marché des nouveaux dispositifs de lecture.
L’iPad pourrait jouer un rôle d’accélérateur de la lecture numérique, la faisant passer du stade de tendance, à celui de pratique culturelle, dans un contexte de baisse de la lecture des livres et de la presse imprimés, d’un désinvestissement de la culture écrite, et d’un maintien du taux d’illettrisme, ce d’une part, et, d’autre part, dans un contexte de développement de nouvelles pratiques de lecture/écriture sur supports informatiques, pratiques demandant des compétences nouvelles par rapport aux imprimés.

Ne pas prendre la pomme pour le pommier !

Cela dit, il ne faut pas prendre la pomme pour le pommier et négliger d’explorer le verger !
Ce passage, d’une lecture de textes imprimés à une lecture-consultation de contenus numériques, pose une batterie de questions qui recouvrent en fait le champ, beaucoup plus large et complexe, des nouveaux usages culturels, de l’évolution des ordinateurs, des dispositifs nomades, des convergences ordinateurs/smartphones et ordinateurs/télévisions, à une époque de transition où l’ergonomie du livre physique resterait, à ce jour et à cette heure en tous cas, l’interface la plus appropriée à ce que nous appelons, depuis plusieurs siècles, la lecture.
Dans ce que l’histoire retiendra comme une troisième révolution du livre (révolution numérique, après la deuxième : la révolution industrielle et la médiatisation, et la première : la révolution gutenbergienne), l’iPad ne sera qu’anecdotique je pense, mais bien en phase cependant avec cette troisième révolution, laquelle, bien davantage qu’au passage de l’ère des manuscrits à l’ère des imprimés, est comparable au passage des rouleaux aux codex. Nous voyons bien que, même si nous établissons des parallèles entre papier et e-paper, les enjeux sont en faits au niveau des nouveaux dispositifs de lecture et de leurs interfaces.
Cela dit, une machine à lire du type de l’iPad, si elle était un dispositif ouvert, pourrait être un tremplin à la créativité de quelques auteurs, des bibliothécaires et des documentalistes, lesquels, d’après ce que je peux en juger, sont, des différents acteurs de l’interprofession du livre, les plus passionnés par les TIC. Et toc ! pour les autres ;-)
Une machine à lire du type de l’iPad pourrait-elle, à terme, générer une nouvelle façon de lire et du coup une nouvelle façon de penser ? (Car pour beaucoup nous pensons encore couramment comme au siècle précédent.)

Une batterie de questions…

L’attente et les espoirs suscités par l’iPad posent en fait une batterie de questions, que nous pourrions ordonner sous trois grands registres :
1. La tablette iPad en tant que dispositif de lecture
2. Quels contenus lire sur iPad ?
3. Quels impacts sur la diffusion-distribution-vente des livres numériques ?

En vrac :
La question des “machines à lire”
Elles doivent répondre aux conditions de la lecture : stabilité et lisibilité…
Quid de l’ergonomie du confort de lecture (tenir le support à une main, ou bien avoir les deux mains mobilisées, possibilité de lecture en marchant, en extérieur, etc. ?).
Quid de la perte de valeur symbolique associée au codex ?
Quid des capacités d’attention, de concentration et de mémorisation par rapport à la lecture sur papier ?

La question des contenus numériques pour l’édition
Quid d’un envahissement publicitaire pour compenser la baisse de prix des contenus numériques par rapport aux contenus physiques ?
Quid de la volatilisation du texte numérisé ?
Quid d’une explosion de la production auto-publiée, sans validation éditoriale ? [Image d’un jardin littéraire avec ses fleurs et ses plantes cultivées, et, un terrain vague, ou, une jungle, ou ?]
Quid d’une lecture multitâche et hypermédia ?
Serait-il pertinent, ou bien serait-il complètement idiot, de se limiter aux livres numérisés homothétiques ? De préserver des îlots ?
Comment gérer la disparition des frontières dans les nouveaux usages : multiplicité des dispositifs de lecture nomade, bibliothèque portative, etc.

La question du circuit de vente des livres numériques
Qui fixera les prix ?
Quels rapports gratuité/abonnements/locations/achats ?
(Malgré ses défauts, un système propriétaire de type iTunes pourrait permettre en partie le passage d’un marché du livre physique payant, à un marché dématérialisé, trop souvent synonyme de gratuité. On le constate avec les téléchargements sur smartphones…)
Questions liées à l’immédiateté de l’accès par rapport à un déplacement pour l’acte d’achat (librairies, kiosques à journaux)…
Questions de la permanence de l’accès (streaming ?) par rapport à la périodicité des publications imprimées…
Quid des nouveaux rapports à la médiation institutionnalisée des éditeurs et des directeurs de journaux ?
Quid d’une lecture nomade omniprésente par rapport aux rythmes et aux lieux de lecture des imprimés (évolution des lectorats, facteurs générationnels, etc.).
Quels impacts à l’éclatement des corporations des arts graphiques et à l’envahissement des UGC (User Generated Content, contenus produits par les lecteurs), à la fin ou à la métamorphose des comités de lecture et de rédaction physiquement rassemblés en des lieux déterminés, etc.
Les éditeurs vont-ils sauter les cases diffuseur/distributeur/librairies pour la vente directe ?

Quid de l’avenir au-delà iPad ?

Au-delà du marketing d’Apple, d’Amazon et de Google, il y aurait nécessité de concevoir de nouvelles technologies dédiées à la lecture.
Nécessité d’accompagner l’évolution des lectorats, et notamment de ses composantes les moins technophiles qui vont se retrouver brutalement face à une offre hypertrophiée et répondant de moins en moins aux critères classiques de la lecture.
Nécessité pour les acteurs du livre de s’investir dans des stratégies de réseaux au lieu d’investir à fonds perdus dans des opérations ponctuelles qui ne tiennent que grâce à des subventions.
Nécessité de redéfinir des vecteurs de lecture et de structurer de nouvelles écluses du lire.
Car si notre souci est l’évolution du livre et de la lecture, alors, la technologie et le marketing ne suffiront probablement pas, qu’on se le dise !