lundi 18 février 2019

Une possible réinvention de la librairie avec Quartier Libre ?

Quartier Libre se définit comme un Hyper-Lieu collaboratif, une librairie de nouvelle génération "capable de relier de façon transversale tous les secteurs de la culture du li(v)re, in et off dans lequel la communauté des lecteurs/auteurs s'enrichit dans un cercle vertueux...".
Bien au-delà d'un simple commerce, la librairie se repense dans ce projet comme un tiers-lieu ouvert, à l'image de son rapport au langage qui s'exprime dans l'idée, par exemple, de Lieu-n du Li(v)re.

Découvrez le Quartier Libre
Ce qui serait en train de se mettre ainsi en place serait un véritable écosystème éditorial qui regroupera à Bruxelles un Wifi bar et un "Reading Room", un MédiaLab du li(v)re et un FabLab, un espace de coworking et une maison d'édition, une galerie d'art et une scène, et, enfin, quand même une librairie avec une dimension connectée, interactive et trans-média.
Un concept innovant de librairie pour les prochaines décennies et qui est à découvrir et à soutenir ici sur la plateforme LITA.co .

mercredi 13 février 2019

Plafond de verre et interprofession du livre !

Dans ce texte : Le seuil d'e-incunabilité du livre sur LinkedIn, j'expose brièvement mon point de vue sur : " Cette difficulté à passer de l'escalier à l'ascenseur, de la bougie à l'ampoule électrique [qui freine l'interprofession du livre et] constitue un véritable plafond de verre ", mais j'espère ouvrir quelques perspectives....

samedi 9 février 2019

Consultation des bibliothécaires jusqu'au 26 février...

La consultation sur Le Futur des Bibliothèques vu par les bibliothécaires lancée le 26 janvier 2019 se poursuivra jusqu'au MARDI 26 FEVRIER MINUIT. 
 


vendredi 8 février 2019

Pour une protection des Lieux Imaginaires...

La littérature regorge, pas seulement de personnages, mais surtout de lieux. 
Comme nous, les personnages de fictions sont toujours quelque part, même si ce quelque part est nulle part.
Et tout autant que les personnages ces lieux ont un impact sur notre imaginaire et sur notre identité narrative.
Ils peuvent être la représentation d'un endroit existant dans la réalité et il peut s'y opérer alors une sorte de recouvrement partiel (comme pour les lieux proustiens ou le Dublin de l'Ulysse de James Joyce, le Paris de Patrick Modiano, les landes girondines de François Mauriac...), il peut aussi y avoir dissipation au contact de la réalité (comme pour le domaine des Sablonnières d'Alain-Fournier dans son roman Le Grand Meaulnes), il peut encore s'agir de lieux susceptibles de rendre efficient un phénomène de métalepse, c’est-à-dire de passage d’un lieu réel à un lieu fictionnel.

Au fil du temps certains de ces lieux littéraires imaginaires, qui peuvent être des refuges pour la pensée humaine, peuvent s'effacer de notre mémoire et disparaître du rang des trésors de l'humanité auxquels ils appartiennent de fait.
 
Dans le texte ci-après, paru en janvier 2019 dans un numéro de la revue internationale en sciences humaines et sociales M@GM@, j'explore le potentiel des espaces au sein des fictions littéraires et j'expose l'idée d'une éventuelle inscription de certains d'entre eux un jour au Patrimoine Culturel Immatériel de l'humanité (PCI) de l'Unesco.




N.B. : Un autre texte (plus court) examine la même idée, mais dans la perspective des humanités numériques et de la notion de République des Lettres et est, lui aussi, librement accessible, en l’occurrence sur la plateforme Academia.edu : Fictionnaliser la République des Lettres pour la réaliser.

dimanche 3 février 2019

Etres Virtuels - Quels impacts possibles sur la fiction ?

Je pense que nous devons éviter d'envisager l'évolution des pratiques de lecture avec un imaginaire emprunté à la science-fiction, avec toute une imagerie spectaculaire véhiculée par la littérature et le cinéma fantastiques.

L'illustration que j'ai choisie pour ce post exprime l'urgence de résister à cet emballement et de "remettre les choses à plat" dans la perspective de la double métaphore du monde comme livre, et, du livre comme monde.
 

Notre imaginaire est régulièrement sollicité par des projections dystopiques. 
Le plus souvent les scénarios du futur qui nous sont proposés engendrent un sentiment diffus de crainte, une peur latente que des stratégies narratives éprouvées rendent addictive. 
  
Je pense que nous devons, au contraire, être attentifs dans notre environnement technologique actuel à la récurrence de signaux de moins en moins faibles et qui pourraient potentiellement être détournés de leurs cadres et contextes initiaux d'expérimentation si seulement nous le souhaitions vraiment.
En complément à mon post passé du 7 novembre 2018, Personnages de fictions et extraterrestres, dans lequel j'évoquais notamment les développements de plusieurs phénomènes concomitants : l'avatarisation, les agents conversationnels, les créatures biodigitales, nous devons je pense être également vigilants aux manifestations suivantes :
- d'incarnation virtuelle : s'incarner dans un corps virtuel peut paraitre relever d'un oxymore, mais ce pourrait devenir un jour l'expression naturelle d'une extension de nos corps, qui ne sont ni matière, ni esprit, mais, matière ET esprit.  (A titre d'exemple un article récent sur ce sujet : S'incarner dans un corps virtuel - Les inédits du CNRS) ;
- d'êtres virtuels : enrichis en intelligence artificielle différents types d'avatars pourraient figurer un jour l'avènement dans la réalité perceptible de créatures imaginaires. (A titre d'exemple un article récent sur ce sujet : Les êtres virtuels remplaceront-ils la VR ?).

La convergence des recherches sommairement présentées dans les articles en liens ci-dessus pourrait engendrer une sorte de cristallisation. 
Si nous les orientons dans ce sens, ces "êtres virtuels" pourraient se former en exosquelettes, soit de personnages de fictions littéraires qui pourraient alors migrer vers notre monde physique, soit de notre fictionaute (la part subjective de soi que nous projetons dans ce que nous lisons) qui pourrait s'autonomiser et explorer des mondes fictionnels. 

Aujourd'hui le design éditorial et les projets en édition dite numérique ne peuvent pas, ne devraient pas pouvoir, faire l'économie d'une veille stratégique dédiée et d'une véritable réflexion théorique et prospective sur les possibles mutations des pratiques de lecture de textes de fiction, ni sur les enjeux d'une véritable autonomisation des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires.

Si jamais il y avait un jour une volonté autre que celle de nous maintenir dans la domestication et la peur du lendemain, alors les portes d'un nouveau monde pourraient s'ouvrir à nous.
Je suis à votre écoute...

samedi 26 janvier 2019

Grande Consultation sur le Futur des Bibliothèques

Nous lançons une grande consultation sur le futur des bibliothèques vu par les bibliothécaires...


Cette enquête est réservée aux bibliothécaires (médiathécaires, documentalistes) en activité (ou en formation, ou retraite), salarié-e-s ou bénévoles.


L'analyse des réponses et les éventuelles suites données (tables rondes, débats, conférences publiques, etc.) seront annoncées sur ce blog. Vous pouvez indiquer votre mail si vous souhaitez être personnellement informé. Vous pouvez également réagir en commentaires ici même...

vendredi 18 janvier 2019

Attention Apparitions possibles de Nouveaux Récits !

Lire c voyager
De plus en plus, avec les séries télévisées et le transmédia, certains mondes fictionnels deviennent de plus en plus denses. 
Et de plus en plus, avec le perfectionnement constant de nouvelles interfaces de diffusion de masse, un autre rapport de force va s'instaurer, qui n'aura de cesse de réinterroger notre rapport au réel et à l'actualité.

"Lire c'est voyager, voyager c'est lire." écrivait Victor Hugo dans Choses vues. Une juste mais encore bien rapide interprétation de la double métaphore du monde comme livre et du livre comme monde, mais qui nous donne cependant déjà à réfléchir sur les rapports du monde des livres, dans toutes ses acceptions, au monde-monde, et vice-versa.
Et Friedrich von Schiller : "Va devant toi et si le monde que tu cherches n'existe pas, il jaillira tout exprès de l'onde pour justifier ton audace".  
C'est ainsi, dans un tel élan, que pourraient émerger de nouvelles formes de récits comme, par exemple, des fictions auto-réalisatrices.  
 
En 1865 le roman d'anticipation de Jules Verne, De la Terre à la Lune, ne préfigurait que fort lointainement la mission Apollo 11 de juillet 1969. Mais la parole écrite, dans une intention autre que purement divertissante, peut toujours renfermer un pouvoir d'accès au plan des réalités, pouvoir qui reste généralement étranger (et heureusement) à la littérature de science-fiction et à ses dystopies. 
Ce faisant les affabulations se réaffirment avec la "Cli Fi", fictions qui traitent spécifiquement "du" changement climatique, et les récits collapsologiques.
La double dimension esthétique et éthique du texte littéraire reste cependant, je pense, cruciale pour révéler le potentiel créateur des mots, et cette exigence, dans une certaine mesure, nous protège souvent de l'éventuelle réalisation de ces textes toxiques. 

Des Narrations à Fort Pouvoir de Réalisation ?

La plus performante des fictions auto-réalisatrices modernes fut probablement ainsi l'apparition de l'Ordre secret de la Rose-Croix. 
Un théologien allemand du 17e siècle dénommé Johann Valentin Andreæ serait en effet l'auteur des trois textes qui déclenchèrent en Europe ce vaste mouvement de pensée, et notamment du fameux récit d'alchimie spirituelle : Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, personnage imaginaire et prétendument fondateur d'un Ordre initiatique qui allait de fait émerger a posteriori de la communauté des lecteurs de son histoire.
Le processus métaleptique (de passage de la fiction à la réalité) qui est entré ici en action n'est sans doute pas unique dans l'histoire de notre espèce animale. Loin de là même ! Que font d'autre l'ensemble des mythes fondateurs et des grands textes religieux ?

Aujourd'hui la potentielle viralité des littératures numériques et hypermédiatiques pourrait cependant donner naissance depuis le cyberespace à des récits déclencheurs tout autant, voire autrement plus performatifs, et c'est la raison pour laquelle nous devrions y être particulièrement vigilants et nous préparer à en être des lectrices et des lecteurs autonomes, c'est-à-dire en capacité d'interpréter les mondes qu'ils proposeront et d'acquérir la faculté de passer d'un monde à un autre.

L'enjeu pour les prochaines années est de développer des récits qui, au lieu de nous inciter à fuir la réalité, nous proposeraient des reformulations de notre monde pouvant nous permettre, d'une part, d'acquérir une distance critique et d'expérimenter de nouveaux modèles, d'autre part, d'anticiper les différents devenirs possibles pour notre espèce animale fabulatrice.
La complexité narrative croissante que nous pouvons observer dans les productions contemporaines issues des technologies du numérique est à double tranchant. Elle peut demain, ou bien asservir la liberté de lecture, les possibilités d'interprétation du monde par les lectrices et les lecteurs, par ailleurs habitantes et habitants du monde réel, notamment en réutilisant à leur insu et à des fins de manipulation des contenus mythologiques, ou bien, déverrouiller trop brutalement leur liberté d'esprit, comme un prisonnier à l'isolement qui se verrait soudain sorti à la lumière du soleil. 
 
L'aventure numérique de la fabrique des récits nous oblige à réinterroger les capacités d'expansion des mondes fictionnels dans le monde réel, et vice-versa.  
LAmbient Literature en est un bon exemple en explorant les formes littéraires qui pourraient émerger de l’utilisation des données personnelles des lectrices et des lecteurs, notamment de leurs pratiques sociales et de leur géolocalisation, pour générer des fictions plus immersives et en interaction avec leurs environnements réels de lecture.
 
Le monde dans lequel nous vivons c'est le monde que nous lisons, et nous lirons demain le monde que nous aurons écrit aujourd'hui.