jeudi 18 mars 2010

Le facteur humain en prospective du livre et de l’édition

Je le constate sur le terrain off et on line : nombre de bibliothécaires, de documentalistes, d'enseignants et d'universitaires sont davantage préoccupés par le devenir des livres, des lectures et des lecteurs, que la plupart des acteurs de l'interprofession du livre, avant tout soucieux, sur un plan collectif, de la survie économique de leurs entreprises et de leurs secteurs d'activité, et, sur un plan personnel, de leurs carrières. Il faut reconnaître que cela est logique et compréhensible. Mais aussi que cela aura une influence sur l'avenir du livre.
Il est aujourd’hui incontestable que nous passons de l’ère de l’imprimé à celle du numérique. Après avoir connu au 15e siècle sa première révolution avec Gutenberg, puis, la révolution industrielle au 19e siècle, le livre connaît maintenant (et depuis quelques années déjà) sa troisième révolution : la révolution numérique. Ses pionniers se sont mis en marche dans les années soixante-dix, et, aujourd’hui, le Web littéraire est en pleine expansion, de nouveaux dispositifs de lecture sont commercialisés et de nouvelles pratiques de lecture, d’écriture et de publication, voient le jour.
Dans ce contexte, il est je pense capital de pouvoir apporter et de partager sur ces mutations, une information réfléchie, structurée et mise en perspective, et ce, tant avec les acteurs de l'interprofession du livre, qu'avec les lectrices et lecteurs.
Il est essentiel de sauvegarder la culture du livre dans sa dimension culturelle transhistorique, et notamment d'accompagner les métiers les plus directement liés aux livres physiques et à leur commerce.
Il est essentiel de prendre en compte le facteur humain. Si nous considérons les vrais enjeux pour le livre, la lecture et la création littéraire, à la fois dans une dimension transhistorique et prospective, alors c'est main dans la main, ceux du papier et ceux du papiel, et ce, quel que soit le ou les supports de demain et d'après-demain, qu'il nous faudrait aujourd'hui réfléchir et travailler ensemble.
L’Association Culture Papier, initiée par l’UNIC (Union Nationale de l’Imprimerie et de la Communication), la Fondation Payot pour la promotion de la lecture et l’accès à la culture en Suisse romande (FPPL, Lausanne), l’Association des Professionnels de l’édition (APE, Paris), œuvrent-elles suffisamment dans cette direction ?

Ne pas prendre les lecteurs pour des canards sauvages

Le facteur humain demande également la prise en considération, d’une part, des effets de continuités et de ruptures générationnelles :
- Le changement naturel des générations de lectrices et lecteurs, directement influencées par les mutations en cours au niveau des dispositifs et des pratiques de lecture…
- Le changement naturel des générations d’étudiantes d’étudiants, au sein des formations aux métiers du livre et de l’édition, puis, un renouvellement générationnel, plus lent, des enseignants.
- L’arrivée de nouveaux jeunes professionnels, au sein des maisons d’édition notamment, et la création, face aux maisons entre guillemets “historiques”, de start-up d’édition “pure player“ (nous en voyons déjà quelques-unes depuis le débarquement du iPhone comme terminal de lecture et l’arrivée prochaine de l’iPad semble accélérer ce mouvement…).
D’autre part, le facteur humain demande également la prise en considération des lecteurs. Même si nous considérons ces derniers comme de simples acheteurs consommateurs de produits culturels, de type livres numériques, encore faut-il que ces produits soient adaptés aux réalités du marché.
Tant un “petit” éditeur indépendant, qu’une “major de l’édition”, qu’un “industriel de la culture numérique” ou un simple importateur de tablettes de lecture taïwanaises, devraient d’abord s'assurer que leurs offres de nouveaux dispositifs de lecture et/ou d’ebooks, correspondent aux attentes, aux besoins et aux budgets des lecteurs.
Il faudrait voir à ne pas prendre les lecteurs pour des canards sauvages. A l’heure du Web 2.0 et à venir, ils pourraient bien s’envoler ;-)

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