J'ai eu ce week-end le plaisir de pouvoir m'exprimer sur L'Express .fr dans le cadre d'un entretien donné à Elodie Bousquet :
L'occasion de revenir sur mon récent essai "De la bibliothèque à la bibliosphère : les impacts des livres numériques sur les bibliothèques et leur évolution" aux éditions NumérikLivres (Collection Comprendre le Livre Numérique) et d'expliciter ce que j'y entendais précisément par cette notion de : bibliosphère.
Extraits
"Où en est-on avec le numérique dans les bibliothèques françaises aujourd'hui ?
L.S. : Des bibliothèques expérimentent... mais le plus souvent séparément, sans plan d'ensemble concerté. Certaines testent le prêt de liseuses. Je pense que cela est surtout pertinent pour familiariser les bibliothécaires eux-mêmes avec les nouveaux dispositifs de lecture. [...]
Et à l'étranger ?
Les deux premières bibliothèques sans livres ont ouvert leurs portes l'été dernier aux Etats-Unis. C'est une nouvelle façon de concevoir la mission des bibliothèques, au-delà de leur vocation patrimoniale. On peut se demander s'il est pertinent d'aller dans une bibliothèque pour être comme chez soi, face à son ordinateur portable. Pourtant, il suffit de fréquenter ces lieux pour constater [...]
Hormis ces bibliothèques sans livres, que peut-on envisager d'autre comme évolutions ?
Les dix prochaines années vont être très riches. L'iPad ne nous donne qu'un aperçu des livres numériques augmentés du 21e siècle. L'Internet des objets, la réalité augmentée, avec la 3D, et l'intelligence artificielle vont converger et seront autant de portes de communication entre ce qu'on nomme le réel et le virtuel, le matériel et l'immatériel. [...]
Est-ce en quelque sorte cela "la bibliosphère" ?
Oui, en effet. Dans mon livre ce que j'appelle "bibliosphère" est la bibliothèque unique qui tisse sa toile sur la planète entière. Cela peut rappeler Borges ou Neal Stephenson, mais aussi Google Livres.
Avec cette convergence, d'une part, de la dématérialisation des contenus et de la mise en réseau des bibliothèques, et d'autre part, de l'équipement des personnes avec de nouveaux dispositifs de lecture connectés, nous allons vers une extension du domaine des bibliothèques "en dur".
Je crois que celles-ci vont évoluer vers ce que nous pourrions appeler des "bibliothèques-hub" à trois niveaux: l'un physique, auquel nous sommes bien habitués, le second, numérique -sans être simplement un serveur de textes numérisés- qui servirait d'interface avec le troisième niveau ; celui de la bibliothèque virtuelle, telle que l'on commence à en tester dans le métavers.
Pour l'instant on pense à Second Life et on sourit. Mais un jour Google Earth pourrait bien en quelque sorte dupliquer le monde physique. Avec l'Internet des objets et le développement des solutions de réalité augmentée, la porosité va être de plus en plus importante entre ce que nous qualifions, trop facilement, de réalité et de virtualité."
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