J'ai assisté hier soir au sein de l'École Polytechnique (Palaiseau) à une "Conférence Transhumanisme" réunissant Rémi Sussan sur le thème : Mythes et légendes du transhumanisme, Laurent Alexandre sur la question : L'homme qui vivra 1000 ans est-il déjà né ? et Olivier Nérot sur le sujet : Émotions et machines.
Passionnant.
Nonobstant je suis atterré de constater, une fois de plus, le placard dans lequel est remisée la prospective du livre.
Ce n'était pas le sujet ? Si. Il suffit de connaître un minimum les travaux de Clarisse Herrenschmidt, membre de l'Institut d'anthropologie sociale du Collège de France et d'avoir lu son essai Les trois écritures : langue, nombre, code (Gallimard éd.), de mettre cela en perspective avec les travaux de Tim Ingold (professeur d'anthropologie sociale à l'université d'Aberdeen : "Une brève histoire des lignes", éd. Zones sensibles) et, par exemple, avec Le laboratoire des cas de conscience (Alma éd.) dans lequel Frédérique Leichter-Flack présente la littérature comme "le laboratoire des cas de conscience", avec L'espèce fabulatrice de Nancy Huston (Actes Sud), pour que cette lecture des perspectives transhumanistes s'impose.
Je le redis : la lecture est l'activité, sinon première, en tous cas naturelle du vivant, qui a besoin de lire, de déchiffrer et de documenter son environnement.
Malheureusement la lecture est tellement intrinsèque à l'expression du vivant que nous oublions de la considérer, lire la lecture relève d'une introspection globale, au niveau de l'espèce, puis du vivant, dans leur historicité, laquelle englobe les avenirs les plus lointains.
La lecture du vivant
Il a été question hier soir, notamment dans l'intervention de Laurent Alexandre (neurobiologiste de formation) de lecture du vivant. Mais qu'est-ce que la lecture des chromosomes, de l'ADN, sinon du code ?
L'ingénierie du vivant relève en fait de la bibliothéconomie.
L'ignorer peut nous induire en erreur.
Le problème principal auquel je me heurte en tant qu'initiateur de la prospective du livre et de la lecture est ce syndrome de "la lettre volée" (paradoxal s'agissant de la lecture ! mais les divinités s'amusent sans doute comme elles peuvent...) : nous nous focalisons benoîtement sur un hypothétique passage de l'édition imprimée à l'édition numérique (alors que j'ai ailleurs déjà émis deux hypothèses sur la non-existence de l'édition numérique) et la très grande majorité des acteurs ne s'intéresse en fait qu'au marché du livre, à l'objet livre (imprimé, numérisé ou numérique) et à son commerce, les sous, les petits sous toujours.
C'est sur un autre plan que celui des héritiers et des actionnaires de l'édition que la partie se joue.
Nous ne sommes pas seulement des lecteurs de livres pour quelques-uns d'entre nous, mais nous sommes tous par nécessité des lecteurs de la vie ; et nous ne sommes pas seulement des lecteurs, mais nous sommes également du lu, chacun d'entre nous est une bibliothèque, un livre, un texte, un mot et une lettre.
Et nous refusons de voir cela en face.
C'est pataud. Vraiment.
Ce n'était pas le sujet ? Si. Il suffit de connaître un minimum les travaux de Clarisse Herrenschmidt, membre de l'Institut d'anthropologie sociale du Collège de France et d'avoir lu son essai Les trois écritures : langue, nombre, code (Gallimard éd.), de mettre cela en perspective avec les travaux de Tim Ingold (professeur d'anthropologie sociale à l'université d'Aberdeen : "Une brève histoire des lignes", éd. Zones sensibles) et, par exemple, avec Le laboratoire des cas de conscience (Alma éd.) dans lequel Frédérique Leichter-Flack présente la littérature comme "le laboratoire des cas de conscience", avec L'espèce fabulatrice de Nancy Huston (Actes Sud), pour que cette lecture des perspectives transhumanistes s'impose.
Je le redis : la lecture est l'activité, sinon première, en tous cas naturelle du vivant, qui a besoin de lire, de déchiffrer et de documenter son environnement.
Malheureusement la lecture est tellement intrinsèque à l'expression du vivant que nous oublions de la considérer, lire la lecture relève d'une introspection globale, au niveau de l'espèce, puis du vivant, dans leur historicité, laquelle englobe les avenirs les plus lointains.
La lecture du vivant
Il a été question hier soir, notamment dans l'intervention de Laurent Alexandre (neurobiologiste de formation) de lecture du vivant. Mais qu'est-ce que la lecture des chromosomes, de l'ADN, sinon du code ?
L'ingénierie du vivant relève en fait de la bibliothéconomie.
L'ignorer peut nous induire en erreur.
Le problème principal auquel je me heurte en tant qu'initiateur de la prospective du livre et de la lecture est ce syndrome de "la lettre volée" (paradoxal s'agissant de la lecture ! mais les divinités s'amusent sans doute comme elles peuvent...) : nous nous focalisons benoîtement sur un hypothétique passage de l'édition imprimée à l'édition numérique (alors que j'ai ailleurs déjà émis deux hypothèses sur la non-existence de l'édition numérique) et la très grande majorité des acteurs ne s'intéresse en fait qu'au marché du livre, à l'objet livre (imprimé, numérisé ou numérique) et à son commerce, les sous, les petits sous toujours.
C'est sur un autre plan que celui des héritiers et des actionnaires de l'édition que la partie se joue.
Nous ne sommes pas seulement des lecteurs de livres pour quelques-uns d'entre nous, mais nous sommes tous par nécessité des lecteurs de la vie ; et nous ne sommes pas seulement des lecteurs, mais nous sommes également du lu, chacun d'entre nous est une bibliothèque, un livre, un texte, un mot et une lettre.
Et nous refusons de voir cela en face.
C'est pataud. Vraiment.
Aïe... une bonne question et ...
RépondreSupprimer"nous refusons de voir cela en face" ? ce qui nous prive de quoi?
Je ne crois pas que lire la vie, qui est essayer de comprendre ce que nous sommes et où nous sommes pourquoi, puis en tatonnant, choisir quoi faire...
se compare avec la lecture d'un texte, codifié selon un code que nous devons apprendre (pour atteindre notre mode réflexe rapide) pendant 2 à 3 dizaines d'années.
Nous tentons de décoder la vie.
Le livre et le texte sont des codes conventionnels que nous n'avons plus à décoder consciemment ce qui permet à notre cerveau de rentrer en interaction avec le cerveau de l'auteur.
C'est bcp plus puissant que nos tâtonnements de décodage de ce qui se passe autour de nous.
Mais pour revenir au fond...
1//ceux qui ne savent pas lire, et profiter de la lecture, liront ils plus avec le numérique ?
À l'évidence oui, du seul fait de l'augmentation généralisée, pour tous les humains, de 1 à 117 ans, du temps passé devant les e-écrans.
2// ceux dont le mode réflexe pour décoder le code écrit a besoin de sensations physiques d'accompagnement(), arriveront ils à se recréer un mode réflexe devant les e-écrans? Pas sur pour tout le monde tout de suite, mais tôt ou tard.
Le pb c'est comme le démarrage de la lecture pour un enfant et souvent un ado: il faut un titre qui absorbe tellement le nouveau lecteur qu'il traverse le miroir, et ayant ressenti la bonne sensation, sait qu'elle existe... et y retourne, y compris pour des livres moins attractives de l'extérieur. Les romans de Harry Potter ont magnifiquement joué ce rôle pour des centaines de millions de terriens. J'ai même rencontré des Agrégés de lettres anciennes en faire l'apologie initiatrice pour eux et leurs élèves...
Donc, pour faire passer à la e-lecture : prêter au malheureux encore réfractaire une e-tablette contenant une oeuvre qua la personne aimerait bien ouvrir... ça marche.
Lire est une expérience du cerveau qui ne se découvre qu'en la vivant, pas en lisant des argumentaires en sa faveur.
et au passage, avec Tiki® c'est la même chose pour l'e-écriture ... d'où le texte long, sorti d'une seule traite, sans m'en apercevoir plus qu'en lisant mon premier livre mystère... ya plus de 60 ans...