samedi 9 février 2013

Portrait du lecteur en apiculteur, et deux trois autres intuitions...

L'activité lecturante - cette désignation pour bien marquer d'emblée la participation dans la présence de sa lecture du lecteur, place ce dernier dans la situation de celui récoltant le miel de ses imaginations.
La lecture c'est un peu l'équivalent pour l'imaginaire de l'influx nerveux dans un corps vivant.
Le passage du mode, du monde de l'imprimé à celui sur le seuil duquel nous chancelons - car il s'agit bien là, qui nous souffle au visage, de "la part d'éternel qui affleure dans le passage" ainsi que Baudelaire désignait le moderne, cela est une véritable sorcellerie ; j'entends par là : est de l'ordre de l'envoûtement et de la possession.
"Au commencement des temps, nous rappelait Freud, les mots et la magie étaient une seule et même chose".
La langue, comme sédimentarisée maintenant dans le texte imprimé y retrouve dans cette sorcellerie une part de la puissance évocatrice de l'abracadabra ; la pensée magique du lecteur y supplée à une lecture profonde et linéaire par les sillons figurés des lignes, des interlignes, des marges inviolées.
Des peintures magdaléniennes, se jouant des incidents naturels de la pierre et de l'incertitude des torches, aux tablettes tactiles connectées, c'est la même technologie de l'illusion qui est à l'oeuvre, celle au fond de l'Allégorie de la caverne de Platon, dont nous n'avons sans doute pas encore tiré tout l'enseignement.
Le numérique est le grand mythe du 21e siècle.
En conclusion provisoire : la construction simultanée du lecteur et de sa lecture s'opère peut-être ainsi tant par ce qu'il lit que par ce sur quoi il le lit.
 

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