Récemment j’ai eu l’occasion dans le cadre de mon
activité de veille d’assister à plusieurs manifestations qui ont pu nourrir ma
réflexion.
Les principales étaient :
— La journée
d’étude : Le rôle stratégique des bibliothèques dans l’appropriation du numérique par les citoyens en France et en Europe, qui s’est déroulée le 10 septembre 2013 à la Bibliothèque
Publique d’Information (BPI, Centre Georges Pompidou, Paris), organisée par le
pôle Culture du CNFPT Institut national spécialisé d’études territoriales
(INSET de Nancy) et la BPI.
— Une partie des rencontres du Colloque international
et festival dédié à la littérature numérique à la BnF, Chercher le texte,
organisé par le Laboratoire d’excellence Arts-H2H et
l’Electronic Literature Organization, à Paris du 23 au 28 septembre 2013.
— La présentation de l’ouvrage collectif : La grande aventure du livre, une coédition
Bnf éditions Hatier, sous la direction d’Anne Zali, à la BnF le 25 septembre.
— La Journée Neurosciences, Esthétique et Complexité du 28 septembre 2013, organisée par
le groupement de recherche (GDR) Esthétique Arts et Sciences (ESARS)
du CNRS et de l’Université Paris Descartes.
— Manifestations auxquelles nous pourrions ajouter ma
participation à distance le 25 septembre aux Conversaciones liquidas entre editores y bibliotecas organisées par la Fundación Germán Sánchez
Ruipérez à Salamanca (Espagne), avec mon texte de réflexion :
"Inventer ensemble les nouvelles médiations du livre" (Inventar
juntos las nuevas mediaciones del libro).
La voie du
rêve…
Tout cela pourrait une nouvelle fois se résumer en
une seule phrase : il nous faut déglacer notre rapport à la lecture, sans
surévaluer pour autant le numérique.
Et se décliner ainsi, sous la forme d’une liste de
pistes, avec interrogations multiples aux nombreux carrefours :
— J’observe de plus en plus des glissements de sens
significatifs de plusieurs mots (livre, lecteur, par exemple…), mais celui de
bibliothèque semble demeurer stable (le terme de médiathèque n’ayant jamais
réellement pris dans les usages, fait intéressant à noter…).
— Les bibliothèques pourraient-elles accéder au plan
d’hyper-lieux (c’est-à-dire des non-lieux, de véritables utopies) de la lecture
publique et émancipatrice ?
— La forme de narration dominante du 21e siècle
émergera peut-être de la convergence jeux vidéo – transmédia – réalité augmentée
et internet des objets (des formes élaborées de fictions interactives, ou jeux
d’aventures textuelles…), tandis qu’une nouvelle forme de littérature
(hyperfictions ?) pourrait émerger d’une hybridation avec les arts
numériques et le filon d’une littérature numérique dont les premières œuvres
peuvent en fait être datées des années 1950.
— Il y a nécessité à explorer la totalité de la matière
textuelle et à sublimer le potentiel narratif des hyperliens au-delà des
imperfections des nouveaux dispositifs (transitoires) de lecture.
— Conjointement
à ces influences des arts et du numérique sur le livre, nous percevons une plus
grande intégration du livre dans l’histoire (et son enseignement), et dans
l’histoire des arts visuels sur une échelle, un temps que je qualifierais
d’anthropologique.
— C’est le lecteur qui reçoit, constitue et crée le
livre comme Livre (c’est-à-dire ce qu’il lit). Il passe au travers et cela
passe au travers de lui.
— A l’espace bidimensionnel circonscrit de la page répond
celui, multidimensionnel et ouvert, de la lecture (forme de géométrie
projective ?). Nous percevons bien dans la littérature numérique
l’ambition de rivaliser avec le texte et de sortir le lecteur de l’espace
tridimensionnel qu’il perçoit ordinairement.
L’expérience performative de la lecture est ici
questionnée (mais insuffisamment).
Nous sommes biologiquement programmés pour ne
percevoir et concevoir (imaginer ?) qu’un éventail (très ?) limité
des possibles.
Les neurosciences de l’esthétique ne sont pas encore
suffisamment appliquées à l’affectivité, ni à la lecture.
— Pourrait-on envisager l’expérience de lecture à la
lumière d’une éclipse de la conscience, laquelle éclipse rendrait possible une
dissociation de l’immersion dans la scène théâtrale du roman (narrativité), d’avec
le ressenti sensoriel du milieu naturel de lecture (de ses conditions et de son
support) ?
— Considérer le livre-codex comme un vestibule replié
sur soi (?). Et la lecture comme un système vestibulaire (?).
En cette période “d’e-incunabilité”, la métamorphose
du livre et de la lecture pourrait s’ouvrir sur des champs (chants ?)
libérateurs (fédérateurs ?) du langage de l’espèce. A suivre…
En complément dans le même registre vous pouvez
lire : Pistes de réflexions et perspectives fuyantes pour la prospective du livre – opus 1
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