samedi 21 septembre 2013

Une rentrée littéraire sur les livres

Dans cette sempiternelle rentrée littéraire trois titres sur les livres méritent je pense de retenir notre attention.
 
  
De Frédéric Barbier, Histoire des bibliothèques, d’Alexandrie aux bibliothèques virtuelles (en librairie le 25 septembre, Armand Colin, Coll. U) :
« Aujourd’hui, où nous sommes plongés dans la «troisième révolution du livre», la révolution des nouveaux médias, la question des bibliothèques se pose dans des conditions largement nouvelles. Pourtant, les bibliothèques et les collections de livres n’intéressent pas seulement le présent, et leur histoire est intrinsèquement liée à l’histoire même de la pensée et de la civilisation occidentales.
De l’Antiquité classique, avec le modèle toujours pris en référence du Musée d’Alexandrie, aux bibliothèques des grands monastères carolingiens, puis à la bibliothèque des rois de France, à celle de Mathias Corvin, à la Bibliothèque vaticane et aux monumentales collections italiennes, allemandes, etc., cette histoire met en jeu des perspectives d’ordre intellectuel et scientifique, mais aussi d’ordre politique et social : la bibliothèque est signe de distinction pour un prince qui sera autant le prince des muses que le prince des armes. L’histoire des bibliothèques, profondément renouvelée par la Réforme, prendra une signification encore élargie à partir du XVIIIe et au XIXe siècle avec la « deuxième révolution du livre » : le livre, c’est le savoir et la civilisation, de sorte que l’accès au livre et à l’écrit devient un enjeu politique important.
En définitive, l’histoire des bibliothèques ne désigne donc pas seulement un domaine très particulier de l’histoire générale, mais est directement articulée avec l’histoire de la pensée, des idées, de la politique, de l’information, voire de l’architecture et de l’urbanisme. En adoptant un cadre chronologique large et en insistant systématiquement sur la perspective comparatiste, l’auteur envisage cette thématique très importante (mais paradoxalement négligée) en fonction des transformations du système général des médias au cours des siècles. La question des bibliothèques, comme plus largement celle de l’information, s’impose l’une des interrogations de civilisation essentielles posées en notre début de IIIe millénaire. » (Quatrième de couverture).
     
La grande aventure du livre, de la tablette d'argile à la tablette numérique, BnF et Hatier éd., collectif sous la direction d'Anne Zali, que j’avais eu le plaisir d’écouter attentivement lors d’une passionnante conférence sur “Les très riches heures du codex” le 13 juin dernier à la Bibliothèque de l’Arsenal.
  
« Ce manuel abondamment illustré, qui donne à voir certains des plus beaux trésors conservés à la Bibliothèque nationale de France, retrace les temps forts de l’histoire du livre. Les enseignants de collège et de lycée y trouveront des repères pédagogiques, des documents commentés et des focus qui leur permettront de faire découvrir aux élèves les nombreux acteurs – imprimeur, libraire, éditeur, relieur, typographe, graphiste, etc. – qui ont contribué à faire du livre un art à part entière.
Une structure en 3 parties : le livre comme objet ; le texte ; le livre et ses usages : lectures, postures, rituels. De multiples entrées pour les enseignants de lettres et d’histoire-géographie au collège et au lycée. Des reproductions commentées et des focus pour étudier des documents patrimoniaux de l’écrit en lien avec les programmes : en français, les grands auteurs (Balzac, Hugo, Rousseau, Mallarmé…), en histoire, les grandes périodes (la naissance de l’écriture, la découverte de l’imprimerie, les Lumières…). Et notamment, plus particulièrement en lycée : un ouvrage de référence pour les deux premiers thèmes proposés dans l’enseignement « Littérature et société » ; un ouvrage précieux pour les élèves dans le cadre de leurs activités de recherche de documentation (TPE, exposés…). »
(Présentation sur le site des éditions de la Bibliothèque nationale de France).
Présentation sur le site des éditions Hatier...
   
 Et enfin, une dystopie sous la plume de Cécile Coulon : Le rire du grand blessé, aux éditions Viviane Hamy.
  
« Dans un pays sans nom dirigé par Le Grand, les « Manifestations À Haut Risque » – lectures publiques hebdomadaires et payantes ayant lieu dans les stades – sont la garantie de l’ordre social. En retirant son caractère privé à la lecture, les élus ont transformé un certain type de livres en outil de parfaite manipulation.
Dans l’arène, des Liseurs « surjouent » des histoires préécrites – et destinées à rester inédites – devant un public captif, haletant, qui absorbe ce qu’il croit ne jamais pouvoir posséder.
Et le spectacle commence dans les rangées des consommateurs : dûment encadrées par les Gardes, les passions et les émotions, la rage et le désespoir, l’hystérie collective ont droit de cité pendant une heure, le temps, pour chaque citoyen, d’atteindre un semblant d’assouvissement. Jusqu’à la prochaine Manifestation.
1075, né dans les campagnes abandonnées en périphérie de la ville, est, lui, parfaitement analphabète. Pour exister, la Société ne lui propose qu’une issue : intégrer l’élite des Gardes au service du système. Formés dans des conditions extrêmes, ces jeunes gens ont pour unique et simple règle de ne jamais apprendre à lire.
1075 devient le meilleur des Agents.
Sa vie bascule, pourtant, le jour où, mordu par un molosse, il découvre qu’un animal féroce est bien plus efficace et rentable qu’un Garde. À l’hôpital, où il s’ennuie, il s’en veut de ne pas avoir été à la hauteur de sa tâche, à la hauteur de ce que l’on attendait de lui. Jusqu’à ce qu’un hasard facétieux lui permette d’assister à la curieuse leçon d’alphabet qu’une jeune femme donne à l’étage où sont parqués les enfants.
Le désir comme le besoin de comprendre sont des pièges délectables...
On se repaît de cette fable grinçante, jubilatoire et déstabilisante, qui tape à bras raccourcis sur une société qui muselle la conscience par le divertissement et désigne l’imagination comme l’ennemi public n°1.
Le Rire du grand blessé est un hommage vibrant rendu à la pensée et à l’imaginaire qui ouvrent à la littérature, quelles que soient les dénominations dans lesquelles on l’enferme : française, étrangère, classique, moderne, contemporaine, d’anticipation… »
(Présentation sur le site de l’éditeur).
  
Bonnes lectures !
 

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