De légitimes interrogations s'expriment sur le pourquoi de la compilation de mes chroniques de 2012, publiée il y a quelques jours aux éditions Akibooks. Un extrait de l'avant-propos pourrait je pense y répondre :
" Durant les cinquante
deux semaines de l'année 2012 j’ai réfléchi sur ce que vous
faites en ce moment même, à cet instant précis : lire.
Vous lisez.
Le titre que j'avais
trouvé pour ce journal de l’année 2012 fut donc, dans un premier
temps : ce que vous faites…
Il
signifiait aussi [...] : ce que certains font, ou voudraient faire du
livre et de la lecture à l’époque des industries du
divertissement et de la connexion permanente. Mais finalement, à la
relecture, j'ai trouvé ce titre pleurnichard et pas véritablement
en phase avec le ton de mes textes. Ceux-là, écrits dans la foulée
de mes humeurs, de mes indignations, révélèrent à ma propre
relecture une autre dimension, à la fois glorieuse et mortifère, à
la fois dans la lignée de Don
Quichotte, « miroir
et lumière de toute la chevalerie errante »,
et comme inscrite aussi dans la gravure de Dürer : Le
Chevalier, la Mort et le Diable.
Mais La Chronique
Quichotte, donc, je l'entends
aussi différemment, je l'entends comme étant celle : « qui
chotte ».
Ce
spontané mouvement de pensée met au monde un nouveau verbe, ou
Verbe nouveau, nous appelant tous à réfléchir moins pour penser
plus, à formuler moins pour redéfinir plus, à être attentifs à
la probabilité d'effectivité de
l’hypothèse Sapir-Whorf, laquelle postule depuis les années 1930
que : « les
représentations mentales dépendent des catégories linguistiques,
autrement dit que la façon dont on perçoit le monde dépend du
langage »
(Wikipédia).
De quoi s'agit-il alors
ici ? Du verbe Chotter,
lequel signifiera : agacer par la pointe des mots les installés,
les établis, ceux qui se font passer pour de débonnaires moulins à
vent, qui brassent des mots qu'ils prennent pour des idées, qui
brassent des papiers, des manuscrits des contrats, des gros chèques
et des billets de banque, qui brassent beaucoup d'air mais qui sont
en réalité des géants, des ogres affairistes et affairés, de
perpétuels affamés qui font de l'éternelle et universelle
République des Lettres leur grasse pitance quotidienne. Et non
seulement ceux-là, mais aussi ceux qui tentent de se faire passer
pour les gentils promoteurs d'un nouveau monde 2.0, pour y inoculer
leur mentalité et leurs pratiques dans la sphère de l'édition
numérique. Ce sont les pires peut-être, les plus hypocrites
certainement.
J’avais donc décrété
l’année 2012, année de la colère. [...] Le ton était donné
cependant et l’année 2012 est ainsi passée. Durant ses cinquante
deux semaines j’ai, tous les dimanches, mis en ligne sur le web un
billet d’humeur [...]
Au final cela n'a rien
d'un essai savant. Et c'est tant mieux. Je ne suis pas savant, je
suis cherchant.
Le ton reste familier.
Cela tient plus du journal, de la confession, des mouvements
d'humeur, de mes émotions, de mes découragements parfois, toujours
du besoin de partager.
Au début je pensais
naïvement être suivi.
J'ai vite déchanté.
Par exemple, ma chronique du 29 janvier, consacrée à quelques
dangers de l'édition numérique, me fit perdre sans autre forme de
procès la direction de la collection Comprendre le livre
numérique que j'assumais depuis
l'année précédente pour le compte d'un éditeur... numérique.
J'étais lu, les
statistiques de mon blog en attestaient, de plus en plus au fil des
semaines, mais j'étais aussi de plus en plus décrié et rejeté.
Je pointais d'un doigt
accusateur ceux qui sont aujourd'hui en position de pouvoir orienter
ou désorienter nos pratiques de lecture en décidant pour des
raisons purement commerciales et des objectifs financiers à court
terme des nouveaux dispositifs de lecture et de leurs usages, des
conditions d’accès aux textes et à leurs utilisations, ceux qui
n'ont pas le temps de lire car ils travaillent à gagner de l'argent
et qui font passer le livre et la lecture derrière les intérêts de
leurs actionnaires et de leurs héritiers.
Une liseuse ou une
tablette connectées ne sont pas uniquement des moyens de lire. Ces
dispositifs de lecture ne sont pas comme des livres qui se
suffiraient à eux-mêmes. Ils sont en vérité les parties
apparentes d’un système organisant et contrôlant aussi nos
lectures. C'est pourquoi la plus grande vigilance m’apparaît
nécessaire. C'est pourquoi j'en appelle ici à l'attention
collective et à l'analyse.
Tout cela tourne autour
de la prospective du livre, bien entendu [...] Je pense toujours que
l'avenir du livre ne peut pas être son passé, mais, que si les
outils numériques ne servent pas à l'émancipation des auteurs et
des lecteurs, s'ils sont utilisés comme des armes technologiques
contre eux, alors là il y a danger. Il faut alors le dire et s'y
opposer..."
En complément Viabooks publie en exclusivité un très large extrait de la chronique du 15 juillet 2012...
« Rêveries sur le livre de demain, analyses sur les innovations en cours, interrogations sur le sens de la lecture... le lecteur trouvera de nombreuses lumières pour mieux comprendre la nouvelle révolution Gutenberg d'aujourd'hui. En exclusivité pour Viabooks, Lorenzo Soccavo a choisi un extrait qui évoque une vision futuriste des livres, miroirs de leurs lecteurs. ».
A lire ici...
Vous pouvez aussi découvrir des extraits et télécharger le livre sur Google Play...
« Rêveries sur le livre de demain, analyses sur les innovations en cours, interrogations sur le sens de la lecture... le lecteur trouvera de nombreuses lumières pour mieux comprendre la nouvelle révolution Gutenberg d'aujourd'hui. En exclusivité pour Viabooks, Lorenzo Soccavo a choisi un extrait qui évoque une vision futuriste des livres, miroirs de leurs lecteurs. ».
A lire ici...
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