Lire ce n'est pas seulement prononcer à haute voix ou mentalement des mots écrits. C'est aussi, c'est d'abord (car l'écriture du langage oral ne date que de 5400 ans au plus), pouvoir accéder au sens d'un texte et/ou d'un contexte.
Progressivement l'acquisition de l'écriture nous a fait oublier que lire était aussi lire, non pas uniquement ce que notre espèce écrit, mais aussi tout ce qui nous environne : décoder et documenter, tant notre environnement extérieur que notre vie intérieure.
La lecture est l'objet d'un apprentissage. Mais notre propos est ici d'envisager la lecture elle-même comme objet d'étude en prospective.
Les historiens et les linguistes se sont d'abord accaparés cet objet. Aujourd'hui la lecture est de plus en plus un objet d'étude pour les neurosciences cognitives.
Les historiens abordent surtout l'histoire du livre, et souvent par le petit bout de la lorgnette, avec par exemple des sujets comme celui-ci (imaginé pour ne viser personne) : "Fonds de la bibliothèque d'un notaire de province au XVIIIe siècle - L'Etude de Me Hilaire Pécuchet à Barneville-Carteret, Basse-Normandie - 1705-1720" (N'étant pas historien je ne garantis pas la plausibilité de la chose.). Je vous recommanderais plutôt "Une histoire de la lecture" d'Alberto Manguel.
Les neurobiologistes découvrent progressivement les fondements programmatiques du langage et de la lecture (voir par exemple les cours au Collège de France de Stanislas Dehaene sur les mécanismes cérébraux de la lecture).
Une nouvelle méthode de lecture...
Dans la perspective qui est la nôtre, telle qu'exprimée précédemment dans un billet du mois de juillet : Cette Chose derrière le Code, étudier la lecture au 21e siècle, c'est envisager comment les technologies émergentes et notamment la Grande convergence NBIC pourraient, non pas nous instrumentaliser, mais nous équiper pour que nous devenions de véritables lecteurs-fictionautes pratiquant la métalepse narrative comme méthode de lecture.
Les développements actuels de la robotique m'incitent à penser que nous devrions faire le pari que des androïdes dotés d'intelligence hériteraient tôt ou tard de l'espèce humaine qui les aurait imaginés et créés la capacité fabulatrice, le besoin d'imaginer d'autres mondes possibles et de se raconter des histoires, qui est peut-être la seule dimension qui nous caractérise fondamentalement sur l'éventail du vivant.
Est-ce à dire que le transhumain sera lecteur, ou alors qu'il ne sera pas ?
Serait-ce là, la ligne de démarcation entre transhumain, et, post-humain ? La lecture ?
Dans la perspective qui est la nôtre, telle qu'exprimée précédemment dans un billet du mois de juillet : Cette Chose derrière le Code, étudier la lecture au 21e siècle, c'est envisager comment les technologies émergentes et notamment la Grande convergence NBIC pourraient, non pas nous instrumentaliser, mais nous équiper pour que nous devenions de véritables lecteurs-fictionautes pratiquant la métalepse narrative comme méthode de lecture.
Les développements actuels de la robotique m'incitent à penser que nous devrions faire le pari que des androïdes dotés d'intelligence hériteraient tôt ou tard de l'espèce humaine qui les aurait imaginés et créés la capacité fabulatrice, le besoin d'imaginer d'autres mondes possibles et de se raconter des histoires, qui est peut-être la seule dimension qui nous caractérise fondamentalement sur l'éventail du vivant.
Est-ce à dire que le transhumain sera lecteur, ou alors qu'il ne sera pas ?
Serait-ce là, la ligne de démarcation entre transhumain, et, post-humain ? La lecture ?
Belle prospective. Merci.
RépondreSupprimerJe vous rejoins Lorenzo sur cette intéressante interrogation. "Est-ce que le transhumain" sera lecteur ?" A mon avis, un robot de Google est déjà bien capable de "lire" et d'indexer des milliards de pages.. et de faire des liens entre nos différentes "pensées"/habitudes. Il en tire aussi déjà des conclusions. Donc, oui, je pense que le transhumain, encore plus "évolué" sera lecteur, et "intelligent". Aura t-il pour autant le sentiment de compassion, et de sacrifice ?
Car que fait-on aujourd'hui de certaines lectures ?... on s'en sert contre autrui. Pour faire du mal. (cf les lanceurs d'alertes, certains états, ou les organisations terroristes).
Je pense donc que la "touche" humaine se trouverait davantage ici, sur ce point sensible du sentiment. Plutôt que de la lecture.
Merci Franck pour ce commentaire. Oui, le point que vous soulignez là rejoint je pense les réflexions de Pierre Bayard dans "Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ?" et de Frédérique Leichter-Flack dans "Le laboratoire des cas de conscience".
SupprimerIl y a différents niveaux de lecture et une appréhension des textes qui peuvent permettre d'expérimenter dans la fiction des situations extrêmes ou éthiquement sensibles.
Cela dit, ce que je cherchais à exprimer dans ce court texte est qu'une intelligence artificielle, à partir d'un certain seuil de développement, pourrait développer spontanément des capacités fabulatrices (?). C'est là une hypothèse.
Comparer différentes options, anticiper les conséquences de différents choix possibles, ce que devraient pouvoir faire un jour, par exemple, des robots androïdes dits "intelligents", revient à scénariser la réalité, à imaginer les réponses possibles de l'environnement selon telle ou telle de ses actions.
D'autres aspects je pense distingueraient plus directement un lecteur transhumain. (Je profite de votre commentaire et de ma réponse pour mieux préciser ma réflexion ;-) Par exemple, des possibilités d'enrichir son imagerie mentale, son sentiment d'immersion dans la fiction lue, jusqu'à peut-être pouvoir accéder à "l'espace intérieur" de sa lecture (?).
Davantage que de la prospective il s'agit peut-être là de futurologie. Ce serait plus des voyages dans l'imaginaire, que des voyages dans des livres, et en tout cas je pense que les signaux faibles que nous pouvons aujourd'hui percevoir sur ce futur possible de la lecture, sont davantage au niveau des études de neuroesthétique et des neurosciences de le lecture, de nouvelles formes de narration, de certains jeux massivement multijoueurs (domaine que je connais moins) et du web immersif (secteur dans lequel j'expérimente), qu'au niveau des dispositifs de lecture de type tablettes, "liseuses", etc.
Le lecteur transhumain sera je pense appareillé pour lire. C'est cet aspect que j'évoquais en écrivant : "envisager comment les technologies émergentes et notamment la Grande convergence NBIC pourraient, non pas nous instrumentaliser, mais nous équiper pour que nous devenions de véritables lecteurs-fictionautes pratiquant la métalepse narrative comme méthode de lecture." :-)
J'avoue ne pas tout ,car mon niveau d'étude sur le sujet est plutôt faible, et il faut que j'évolue sur la signification de certains termes employés,mais je suis assez d'accord avec votre analyse sur le fond. Je suis moi non plus pas très pratiquant de jeux en réseau, mais par contre au contact, (car animateur) de séances de jeux sur tablettes, du genre "Monument valley", ou l'intuitivité et la tactilité sont deux élements essentiels à la "lecture" des scénarios possibles (une demoiselle genre Alice, qui doit évoluer dans des décors et architectures à la Escher, et dont les déplacements défient la réalité et même l'imagination.) Néanmoins, je suis ébahis par la capacité de certains joueurs, assez jeunes, à lire les espaces, et donc les solutions qui leur permettent d'évoluer rapidement. .
RépondreSupprimerCette lecture - vue dans l'espace, qui précède et amène des solutions, m'enchante et rejoint j'imagine les neuro sciences, tout en préfigurant les possibilités des transhumains, reliés au(x) réseau(x).
> "Je pense, donc je joue" ? ;-)
Intéressant, oui :-)
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerNe pas tout "comprendre". ;-)
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