mercredi 17 avril 2019

Regardeur Lecteur face au fameux petit mur jaune


Mon rapport au Grand Œuvre* de Marcel Proust n'est ni celui d'un universitaire ni celui d'un proustien. 
Deux de mes textes précédents en témoignent : Marcel Proust du chaman au fictionaute (dans le cadre du séminaire Ethiques et Mythes de la Création de l'Institut Charles Cros), et, La crainte de devenir proustien (publié chez Mondes Francophones).
Concernant le fameux petit mur jaune (en fait une toiture) dans le tableau Vue de Delft du peintre néerlandais Johannes Vermeer, et qui suscita un tel émoi chez Proust, chez son personnage de Bergotte, puis chez des générations de lectrices et de lecteurs, mon interprétation personnelle est la suivante :
 
- Dans son face à face avec le tableau et sa ressemblance avec la réalité du monde le regardeur se trouve exposé à un double mouvement concomitant : à la fois celui de la plongée de son regard vers l'entrée de la ville et le fond du tableau, la ligne d'horizon, et, celui suggéré par lequel des nuages avancent vers lui, viennent à lui. Dès lors il suffit que son oeil s'accroche à ce petit pan jaune pour, de fait, ne plus voir d'emblée que lui.

Ce petit bout de toiture jaune est comme une poignée de porte à laquelle on se raccroche, à la fois pour éviter de perdre l'équilibre et, en même temps, pour se retenir d'ouvrir la porte. Un facteur (un vecteur) métaleptique (?).
Dans le texte de Proust, le tableau imaginé dans son entier, le tableau lu, jouerait-il comme ce petit espace jaune joue, lui, sur le tableau réel, le tableau vu ?
 
* Terme généralement employé dans le contexte de l'alchimie.

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