Affichage des articles dont le libellé est Séminaire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Séminaire. Afficher tous les articles

lundi 31 octobre 2016

Perdons-nous la sérénité du texte imprimé ?

Le texte de mon intervention de décembre 2015 au séminaire Franco-brésilien dirigé par Ana-Maria Peçanha à l'université Paris-Descartes sur le thème : "De la Sérénité - Comment vivre la sérénité en périodes de crises ou de menaces ? Une approche transdisciplinaire" est depuis hier disponible en ligne dans un numéro de la Revue Internationale en Sciences Humaines et Sociales, M@gm@.

Lien direct http://www.magma.analisiqualitativa.com/1402/article_07.htm 





Résumé

  
" Ce texte de réflexion a pour objectif de questionner l'éventuelle perte du sentiment de sérénité de la lecture profonde, au fil des mutations des dispositifs et des pratiques de lecture que nous observons depuis quelques années déjà. 
C'est à une nouvelle grille de lecture du monde que nous devons nous adapter en nous acculturant à de nouvelles pratiques de lecture. 
Pour faire face les lecteurs du 21e siècle devront être des lecteurs augmentés. Bien loin de toute sérénité, le lecteur deviendrait alors lui-même une machine à traiter l'information, un dispositif mental apte à simuler et à stimuler une grammaire générative nous donnant accès à plusieurs niveaux de lecture de l’univers. 
En arrière-fond de cette mutation des dispositifs et des pratiques de lecture, les grands récits mythiques, d'avant les livres, d'avant même l'écriture, irriguent toujours nos imaginaires et notre inconscient collectif. Romans familiaux et romans nationaux ne font toujours que puiser dans le réservoir de ces temps immémoriaux. Algorithmes, métadonnées et big data, ne sont que des expressions contemporaines de forces antédiluviennes, des mots substitués pour désigner en fait des avatars d'anges et de démons. Les mythes agissent comme de véritables hologrammes narratifs (un hologramme étant un ensemble d'informations qui n'ont justement pas besoin d'un support physique pour apparaître). "
 

mardi 24 mai 2016

Vers une bio-informatique au service des fictionautes

Le titre peut-être un peu énigmatique de ce post cherche en fait à exprimer le message subliminal que j'ai essayé de faire passer le samedi 21 mai 2016 lors de mon intervention intitulée " LE LIVRE : ESPACE INTERIEUR OU INTERMONDE ? " au cours de la séance consacrée à La Symbolique du Livre, dans le cadre du séminaire Cultures Numériques à la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne.
Le texte complet de mon intervention est en ligne sur le site du carnet de recherche du séminaire sur Hypothèses.org en cliquant sur ce lien...

jeudi 12 mai 2016

La Symbolique du Livre

J'aurai le plaisir d'intervenir sur ce thème de la symbolique du livre, le samedi 21 mai 2016 de 10H00 à 12H00 à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (Salle des formations) dans le cadre du séminaire "Cultures Numériques" organisé par Thibaud Zuppinger et la revue en ligne "Implications Philosophiques", avec une réflexion autour de la question : LE LIVRE, ESPACE INTERIEUR OU INTERMONDE ?
 
* Entrée libre (infos accès)  sur réservation par mail à implications.philosophiques@gmail.com

lundi 15 février 2016

Mutations de paradigmes - impact des dispositifs d’écriture-lecture sur nos représentations du monde

Le 13 février 2016 j'ai eu le plaisir de présenter le texte ci-dessous dans le cadre de la reprise du séminaire Cultures Numériques, organisé par la Revue Implications Philosophiques à la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne.
Ai-je réussi à faire passer le message que je cherchais à transmettre, à savoir ce point précis, que ce serait je pense au niveau de la lecture que se jouent, depuis les origines jusqu'à nos interrogations contemporaines sur l'avenir, les mues successives de notre espèce ? N'hésitez pas à donner votre avis en commentaires...
  
 
 
"Ce texte n'est qu'une réflexion préparatoire qui vise à mettre en perspective l'histoire passée, les changements présents et les possibles évolutions à venir des dispositifs de lecture, avec comme postulat que ce que nous désignerions comme des mutations seraient en fait une succession de mues en interdépendance avec nos représentations du monde.
En si peu de temps un tel champ ne peut qu'être survolé et je vais surtout m'attacher à en pointer les principales lignes de tension, qui chacune pourraient faire l'objet d'une recherche approfondie.
Pour déterminer donc s'il y aurait de « grandes mutations de paradigmes » que nous pourrions repérer dans l'histoire des dispositifs d'écriture-lecture, et quelles seraient leurs influences sur nos représentations du monde, je vais progresser en sept parties très brèves, assénant quelques points que je pense essentiels, et mettant dans une perspective anthropologique et transhistorique les principales questions que nous devrions nous poser si nous voulions entreprendre sérieusement des recherches transdisciplinaires sur la lecture.
 
1 Au commencement était la lecture
Tout organisme vivant est nécessairement une machine à lire, c'est-à-dire en soi un dispositif de lecture, un lecteur. La plus petite unité de vie, la cellule, doit décoder et documenter son environnement si elle veut remplir sa mission au monde (être). Or, décoder et documenter c'est lire.
Cela peut se résumer en deux points : -1- La vie capte l'attention (économie de l'attention : la lecture en est le premier vecteur) -2- Vivre c'est lire.
Pour l'humain, comme pour toutes les autres formes de vie, la première expression de la lecture fut probablement une lecture spontanée de la bibliographie naturelle du monde. De cette époque est ancrée en nous la double métaphore du monde comme livre et du livre comme monde. Faire signifier le monde extérieur c'est déjà initier la pratique fabulatrice d'où pourra quelques milliers d'années plus tard émerger un jour le livre sous toutes ses formes.
 
2 L'émergence du langage articulé chez les hominidés
Nous ne disposons d'aucune archive pouvant documenter l'apparition et les premiers développements du langage au sein de notre espèce et seul peut-être notre anthropocentrisme naturel nous incite à toujours le distinguer des autres formes de communications végétales et animales. Le développement du langage articulé dans l'espèce humaine serait probablement lié à la faculté de vouloir, dans un premier temps, puis à force, de pouvoir un jour, évoquer des faits qui ne sont pas ou qui ne sont plus directement observables par ses interlocuteurs (accession au signal découplé par Homo erectus il y a environ 1,5 million d'années). De là, la description de scènes éloignées, la mise en récits d'événements passés, puis un jour l'irruption de la fiction, peut-être par le biais du mensonge.

dimanche 31 janvier 2016

Reprise du séminaire Cultures Numériques

La première séance de l’année du séminaire “cultures numériques” se tiendra le samedi 13 février, de 14h00 à 16h00, dans la Bibliothèque de la Sorbonne, (BIS) – salle de formation.
 
Le séminaire est ouvert à tous (sur inscription en raison des consignes de sécurité) et s’adresse à tous les acteurs du monde numérique : chercheurs, étudiants, responsables de fabrication, éditeurs…
Inscription et renseignements :
 
implications.philosophiques@gmail.com

Séance de reprise = Les nouveaux paradigmes de la culture numérique
Le samedi 13 février 2016 – 14h00 – 16h00.

1 - Avenir de l’écrit et langages numériques : une perspective socio-anthropo-historique sur la longue durée, par Georges BERTIN, directeur de recherches CNAM Pays de la Loire, président de CENA, directeur d’Esprit Critique.
 
2 - Grandes mutations de paradigmes : l’impact des dispositifs d’écriture-lecture sur nos représentations du monde, par Lorenzo SOCCAVO, chercheur associé au programme de recherche “Éthiques et Mythes de la Création” à l’Institut Charles Cros. Prospectiviste du livre et de la lecture à Paris.
 
Organisation : Thibaud Zuppinger

Programme des prochaines séances :

Samedi 19 mars 10h-12h / Les nouvelles socialités

 Samedi 23 avril 10h-12h / Les carrefours de l’édition scientifique

Samedi 21 mai 10h-12h / La symbolique du livre

Samedi 18 juin 2016 10h-12h  / Interactions et accompagnements numériques

jeudi 7 janvier 2016

Avis aux personnes intéressées par les livres et la lecture

J'aimerais en 2016 participer à davantage de tables rondes, conférences et entretiens, séminaires et cours, pour débattre des idées développées dans l'expérience d'écriture que je conduis sur la plateforme Wattpad sur le thème du voyage intérieur du lecteur. N'hésitez pas à me contacter et merci de diffuser ce message sur vos réseaux :-)

samedi 31 octobre 2015

Epistémologie des objets magiques

J'assisterai (et vous serez les bienvenus) le mercredi 04 novembre prochain à la séance du séminaire Ethiques et Mythes de la Création sous la responsabilité de Sylvie Dallet, et sur le thème précis :
Ancrer les transformations : épistémologie des objets magiques
(Les expériences de Gilbert Simondon et de Pierre Schaeffer. Ponctuations cybernétiques : pierres, tambours, machines, multimédia, monnaies…), avec la participation de Vincent Bontems, Thierry Gaudin et Frédéric Pascal. 
 
Programme
- Sylvie DALLET (Présidente Institut Charles Cros) : introduction aux résurgences mythiques et énergétiques dans la culture technique.
- Thierry GAUDIN (prospectiviste, cf. site web et ouvrages en téléchargement) : La monnaie, ce grand fétiche
- Frédéric PASCAL (docteur de l’EHESS / Institut Jean Nicod/ENS) : La part sacrée de l’invention (Simondon/Schaeffer) 
- Vincent BONTEMS (agrégé de philosophie, docteur de l'EHESS) : Le rapport éthique aux objets techniques (Simondon).
(Programme PDF détaillé)
 
Informations pratiques : Mercredi 04 novembre 2015. Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord (20 rue Georges Sand à Saint-Denis) métro Front Populaire.
De 14 heures à 17 heures 30, salle 408 (site web). 

samedi 17 octobre 2015

A la découverte de nouveaux espaces pour la lecture et l'école

Ma récente conférence du mercredi 14 octobre 2015 au Canopé (réseau de création et d'accompagnement pédagogiques) de l'Académie d'Orléans-Tours, sur le thème : La médiation du livre et de la lecture dans le web immersif - perspectives pour l'enseignement et la formation, a été l'occasion de synthétiser un certain nombre de mes observations et réflexions, à la fois sur la question du web 3D immersif comme espace de médiation de nouvelles pratiques de lecture, et également de son fort potentiel dans le cadre d'activités pédagogiques et créatives.
Belle occasion aussi de présenter rapidement quelques prototypes développés depuis quelques années avec le Collectif i3Dim (l'Incubateur de la 3D immersive) et de réaliser en fin de conférence un court duplex avec la plate-forme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Une belle journée à Orléans, avec un auditoire attentif et intéressé :-)

lundi 7 septembre 2015

Ne vous accrochez pas au réel !

il s'agit de débattre ensemble...
Note d'information : nous sommes pour la rentrée 2015 dans une perspective futurologique de conférences-débats sur les devenirs de la lecture, avec des thèmes innovants qui bousculent les consensus et les a priori, par exemple :
 
- Préhistoire et histoire des (nouveaux) dispositifs de lecture ;
- Des émergences du transhumanisme et des NBIC pour ouvrir de nouvelles portes à la lecture littéraire ;
- Le renouveau de la médiation documentaire numérique dans des environnements numériquement simulés ;
- Lire pour véritablement accéder à d'autres mondes ;
- La place des livres et de la lecture dans le Métavers ;
- Bibliocène vs anthropocène ;
- Les bibliothèques vont-elles disparaître ?

Ne vous accrochez pas au réel manipulé par les lobbyistes et les commerciaux, même lorsqu'ils sont déguisés en consultants.
Ce programme de conférences à la carte a pour objectif de vous aider à penser par vous-mêmes le futur du livre et le livre du futur.
Livres et lecture doivent rester des portes d'accès à l'imaginaire et ne pas devenir seulement des tuyaux pour les industries culturelles. Réfléchissez ! Osez !

samedi 11 avril 2015

La prospective du livre et de la lecture en quête de mythanalyse

Ma contribution au numéro spécial "En quête de Mythanalyse" pour la Revue internationale en sciences humaines et sociales, M@gm@  est en ligne ici :
Résumé
" La propagation plastique des mythes au sein des civilisations humaines et au fil du temps inscrit leur puissance mémétique dans la conscience des hommes. Nous sommes pris dans le filet tissé par l’évolutionnisme et le créationnisme, deux récits qui présupposent, pour le premier une loi immanente, pour le second une loi transcendante. Ce dualisme là est opérant, il bipolarise comme tout ce qui relève d’une double nature. La pensée mythique s’y originerait dans la faculté exceptionnelle du langage humain à se découpler du réel et à se référer à des réalités de l’espace intérieur et non plus du monde extérieur.
L’animal fabulateur qu’est l’être humain a toujours inventé des machines à produire des simulacres, les récits mythiques et les livres en sont. Or, ces technologies de l’illusion fonctionnent trop bien. Elles nous maintiennent dans la croyance que ce que nous appelons du nom de “Réel” serait dans les réalités extérieures.
Davantage qu’une matrice sémantique, le corpus mythique doit être envisagé comme une grossesse : un état transitoire entre un moment passé de fécondation, et celui, encore à venir de l’accouchement. Et là où la mythanalyse pourrait se concevoir comme une navigation pour remonter à la source d’un fleuve, la prospective de la lecture s’offre elle comme la quête d’un détroit de Magellan vers un océan intérieur : deux approches complémentaires pour les animaux fabulateurs que nous sommes. "

lundi 12 janvier 2015

Bibliographie naturelle et anthropocentrisme

De gauche à droite Georges Chapouthier (CNRS),
Lorenzo Soccavo, Sylvie Dallet (responsable du séminaire). 
Ma récente intervention à la Maison des Sciences de l'Homme - Paris Nord, dans le cadre de la séance de janvier 2015 du séminaire "Éthiques et Mythes de la Création : Parentés animales de la pensée humaine – Le retour des forces spirituelles associées" était titrée "Dépasser l'horizon humain pour se ressaisir de la force spirituelle du langage".
J'ai d'abord légendé les trois tableaux ci-dessous, puis j'ai essayé de développer une réflexion théorique sur la possibilité que des textes puissent nous ouvrir l'accès à d'autres territoires ou à d'autres formes d'expression du vivant, et sur la possibilité que le langage recèle certaines formes de vie.
 

1 - L'allégorie de l'aube - 1544 - Battista Dossi
Nous sommes d'une espèce animale capable d'anthropomorphiser les phénomènes et de les articuler dans des récits à la mesure des capacités d'imagination et d'entendement que nous pouvons mobiliser. Cette représentation de l'aube nous stigmatise comme membres de L'espèce fabulatrice.
2 - La Vierge de l'Annonciation - 1475 - Antonello de Messine
Le mystère de l'Annonciation s'illustre ici comme une expérience intime dans l'espace mental de Marie, en l'intériorité de sa pensée, une intériorité hors lieu, une pensée de l'être qui habite le dedans, une prise de conscience.
(Commentaires : cela peut nous conduire nous à une réflexion sur la réalité d'espaces intérieurs, où la pensée humaine pourrait se relier au vivant au sein de non-lieux (et nous relier à des sur-êtres ? Comme l'Ange Gabriel ?), des architectures imaginaires et interprétatives (c'est-à-dire qui recèlent des interprétations), des rébus habitables, des projections holographiques de pages écrites (ou de volumes). Nous connaissons tous ici de tels contextes qui dissimulent des alphabets non phonétiques, par exemple des lieux qui sont consacrés (cathédrales, etc., mais qui peuvent être aussi dans la nature, comme des enceintes de pierres levées – cromlech, monuments mégalithiques, menhirs, ou comme les pistes chantées des aborigènes australiens…). C'est-à-dire des contextes non-alphabétiques qui font écho dans nos territoires intérieurs.
L'exploration des parentés animales de la pensée humaine ne passerait-elle pas par celle de ces inexplorés territoires intérieurs ?
   
3 - Sisyphe au pied de la Tour de Babel - 2014 - Hervé Fischer
Pourrait-on imaginer la Tour de Babel comme métaphore de la tour d'ivoire du lecteur ?
(Commentaires :
Le mythe de Sisyphe : pour avoir osé défier les dieux Sisyphe fut condamné à rouler jusqu'en haut d'une colline un rocher qui éternellement redescendait avant qu'il ne parvienne au sommet. (Serait-ce ici une bulle à calculi de Sumer ? l'anthropologue des écritures Clarisse Herrenschmidt les présente comme des projections de la cavité buccale qui renferme les mots avant qu'ils ne deviennent paroles. Ce sont ces boules qui aplaties deviendront des tablettes d'argile tenant dans une main ouverte…).
Le mythe de la Tour de Babel : pour avoir osé défier les dieux les hommes voient leur langage brouillé et se dispersent sur la surface de la Terre (Terre : projection macrocosmique de la boule roulée par Sisyphe ?).

Texte de réflexion

Comme une éponge imbibée d'eau, peut-être notre encéphale est-il imbibé de fiction, et que quelles que soient les singularités que nous percevons nous tendons généralement à les interpréter comme rationnelles, et peut-être que le clivage nature/culture n'est qu'une pure illusion anthropocentrique.
Les mythes qui nous activent, tels des programmes sémantiques (comme nous parlerions de programmes informatiques pour désigner des séquences d'instructions conditionnant des réponses spécifiques) sont tissés de langage, d'une grammaire qui conditionne la manière dont nous interprétons des signaux, les ordonnançant en récits, ce qui aurait pour conséquence d'engendrer l'illusion du temps (cf. tableau 1 : L'Allégorie de l'aube).
Je cherche là à évoquer des contextes sécrétant leur propre substance temporelle (comme dans le roman La montagne magique, Thomas Mann), en entendant par contexte un rébus habitable, une substitution métaphorique en trois dimensions à du texte (c'est-à-dire à du langage) (cf. tableau 2 : La Vierge de l'Annonciation).
 
S'agissant des Parentés animales de la pensée humaine j'avancerais l'idée que le vécu du vivant serait, sinon littéraire, nécessairement narratif, et je poserais la question suivante : peut-on être vivant sans avoir de vécu ?
Comme texte-contexte je me référerais alors à la notion de bibliographie naturelle (nous en trouvons une bonne définition descriptive dans l'approche de la ville de Tamara, dans le recueil Villes invisibles, d'Italo Calvino:
« L'œil s'arrête rarement sur quelque chose, et seulement quand il y a reconnu le signe d'autre chose : une empreinte sur le sable indique le passage du tigre, un marais annonce une source, la fleur de la guimauve la fin de l'hiver. Tout le reste est muet et interchangeable ; les arbres et les pierres ne sont que ce qu'ils sont. Pour finir, le voyage conduit à la ville de Tamara. On y pénètre par des rues hérissées d'enseignes qui sortent des murs. L'œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d'autres choses » ; nous penserons aussi à cette bibliothèque que nous appelons « univers » (« L'univers (que d'autres appellent la Bibliothèque) », La bibliothèque de Babel, Borges).
L'animisme, qui laisse l'humain intégré au réseau du vivant, pourrait-il être une voie pour renouer le fil avec ces forces spirituelles qui relieraient pensée humaine et pensée animale dans un même champ vibratoire ?
 
Plusieurs expériences pourraient ici être rapportées. J'en propose une, extraite de l'ouvrage Mystiques et magiciens du Tibet d'Alexandra David-Néel en 1929. L'auteur relate le récit d'un lama qui dans sa jeunesse avait avec son frère quitté son monastère pour aller servir et étudier auprès d'un ascète étranger qui venait de s’installer dans leur région. Comme cela se pratiquait pour combattre à la fois la peur et l'incrédulité des disciples concernant l'existence des démons, étant entendu comme le rapporta alors un docteur en philosophie à Alexandra David-Néel que :
« Le disciple doit comprendre que dieux et démons existent réellement pour ceux qui croient à leur existence et qu'ils possèdent le pouvoir de faire du bien ou du mal à ceux qui leur rendent un culte ou qui les redoutent. », l'ascète ordonna au plus jeune des deux frères d'aller s'attacher trois jours et trois nuits à un arbre dans un endroit isolé, et de s'imaginer une vache offerte en offrande, précisément là où rodait un démon sous la forme d'un tigre. Le matin du cinquième jour le maître dit au disciple resté près de lui d'aller chercher son frère car il avait fait un rêve étrange. Il alla et trouva le corps de son jeune frère déchiqueté et à demi dévoré. Lorsqu'il revint à la hutte celle-ci était vide et le maître disparu. Dès lors nous avons plusieurs niveaux d'interprétation de cette histoire. D'abord celui littéral des faits : ne voyant pas revenir son disciple l'ascète a compris qu'il avait eu un accident et a préféré s'éclipser discrètement. Puis, celui du lama racontant l'histoire et qui, à l'époque, considéra que le démon-tigre avait effectivement eu raison de son jeune frère pas encore suffisamment avancé initiatiquement pour s'en défendre. Enfin, le niveau d’interprétation auquel le lama parvint après plusieurs années de travail, à savoir que l'ascète en question était probablement lui-même le démon-tigre, métamorphosé en homme pour piéger de jeunes moines venant de quitter leur monastère.
Dans son essai Marcher avec les dragons (2013) l'anthropologue Tim Ingold montre comment dans les communautés monastiques du moyen-âge occidentale le recours au dragon jouait le même rôle que celui du démon-tigre tibétain :
« le dragon, précise Tim Ingold, existait pour autant que la crainte existe, non comme une menace extérieure mais comme une souffrance imprimée au cœur même de la personne qui la subissait. En tant que tel, il était aussi réel que l’expression de son visage ou l’insistance de sa voix. Mais il ne pouvait être vu ou entendu que par celui qui en était lui-même effrayé. ».
 
Pour progresser vers une impossible conclusion je citerai une nouvelle fois Italo Calvino dans une autre de ses villes invisibles (Théodora, étymologiquement "don de Dieu") : « Reléguée pendant un temps indéfini dans des repaires à l’écart, depuis l’époque où elle s’était vue détrônée par le système des espèces désormais éteintes, l’autre faune revenait au jour par les sous-sols de la bibliothèque où l’on conserve les incunables, elle descendait des chapiteaux, sautait des gargouilles, se perchait au chevet des dormeurs. Les sphinx, les griffons, les chimères, les dragons, les hircocerfs, les harpies, les hydres, les licornes, les basilics reprenaient possession de leur ville. ».
 
Vous comprenez bien que je ne peux pas conclure, je dirais simplement que je crois qu'avoir, à la fois l'humilité et le courage, que je qualifierais de chevaleresques, tels l'humilité et le courage de Don Quichotte, de dépasser l'horizon humain pour se ressaisir de la force spirituelle codée (infusée ? Engrammée ?) dans notre langage, c'est s'autoriser à incarner le rôle décisif de Sisyphe roulant une bulle à calculi sur la face de la Tour de Babel (cf. tableau 3 : Sisyphe au pied de la Tour de Babel), ce qu'il faudrait concevoir comme une expérience de pensée.
 
Si l'on s'intéresse vraiment à la lecture, et se reportant aux parentés animales de la pensée humaine, les quelques illustrations et exemples que je vous ai proposés aujourd'hui, avancent deux idées :
1 – que nos contextes sont tissés de textes qui pourraient nous ouvrir l'accès à d'autres territoires et à d'autres expressions du vivant ;
2 – que le langage recèlerait des formes de vie, comme, par exemple, des démons-tigres ou des dragons.

 

vendredi 12 décembre 2014

Séminaire Ethiques et Mythes de la Création


J'ai le plaisir de participer cette année universitaire 2014-2015 au séminaire de recherche interdisciplinaire Ethiques et mythes de la création, sous la responsabilité de Sylvie DALLET, professeur des universités et présidente de l'Institut Charles Cros, dans le cadre du programme international de recherches « Éthiques de la Création ».
La séance inaugurale du 05 décembre 2014 a été l'occasion, après introduction de Sylvie Dallet (autour des "pierres de rêve", de forêts des mythes et forêts des âmes, des mythes comme "des lumières d'étoiles mortes", et en guise de viatique cette citation de Paul Valéry : "Nous entrons dans l'avenir à reculons."), d'écouter Hervé Fischer sur la condition fabulatoire de l'être humain, la notion de divergence (voir "La divergence du futur"), et l'origine biologique des mythes qui seraient issus des fabulations de l'infans (enfant qui n'a pas encore acquis le langage) face au monde qui vient à lui ; Luc Dellisse sur les formes individualistes de réponse aux mythes ; Christian Gatard sur les instruments de navigation qu'il propose (se référer à mon billet du 27 juin "Sur Mythologies du futur de Christian Gatard") ; et enfin Georges Lewi sur "le cercle du mythe", la logique de frontière et la fabrication de l'ennemi comme ressources pour le moi de saisir sa place dans le monde...
[Vidéos de cette séance inaugurale en suivant ce lien...]
Mon intervention à la séance du 07 janvier 2015, « Parentés animales de la pensée humaine - Le retour des forces spirituelles associées » aura pour titre :

Bibliographie naturelle vs anthropocentrisme : dépasser l'horizon humain pour se ressaisir de la force spirituelle du langage
Résumé
"Aussi loin que nous puissions remonter dans l'épopée de l'espèce humaine, les mutations des dispositifs et des pratiques de lecture s'écoulent dans le lit d'un même fleuve, aujourd'hui en crue.
En référence aux dits du moyen âge, compositions narratives imaginaires (par exemple, le Dit de l'unicorne et du serpent, Herman de Valenciennes, 13e siècle) je parlerai de « lit », pour désigner à la fois ce qui est lu et ce qui en fait le lit, la couche, le terreau fertile de l'activité fabulatrice de l'espèce.
Notre anthropocentrisme nous incite à penser l'homme comme (seul) animal-lecteur (Alberto Manguel), mais nous oserons une tentative pour lire cet animal-lecteur par ce qui l'engage (langage) dans les perspectives tracées par la mythanalyse et la prospective du livre et de la lecture, c'est-à-dire dans une démarche entre historicité (ce qui est historiquement attesté) et historisation (ce qui relève de la transformation de mythes en récits historiques ou scientifiques).
Je considère la lecture comme une activité essentielle du vivant pour décoder et documenter son environnement ; comme premier degré de lecture la reconnaissance immunitaire, et comme source des dispositifs de lecture, les artefacts symboliques du langage, aussi nous faut-il je pense lire le monde à d'autres niveaux. Du chant des pistes des aborigènes australiens, aux travaux sur les lignes de l'anthropologue Tim Ingold, des chamanes aux hackers, les voies sont multiples.
Le Pardès de la Kabbale (tradition ésotérique du judaïsme), ou la lectio divina (exégèse biblique par Origène), incitent à exercer la lecture comme une forme active de prière et d'écoute, écoute d'une puissance créatrice qui voudrait nous parler, par les Écritures dites sacrées, des/les forces spirituelles du Verbe.
Je propose alors d'envisager, de dévisager le langage, non plus comme ce qui singulariserait l'homme au sein de l'harmonie du vivant, mais au contraire comme ce qui le ravirait dans la symphonie de l'univers, et d'imaginer ce que la grammaire pourrait receler comme formes de vie. Celles, par exemple, qu'évoquait Italo Calvino dans une de ses villes invisibles (Théodora, étymologiquement "don de Dieu") : « Reléguée pendant un temps indéfini dans des repaires à l’écart, depuis l’époque où elle s’était vue détrônée par le système des espèces désormais éteintes, l’autre faune revenait au jour par les sous-sols de la bibliothèque où l’on conserve les incunables, elle descendait des chapiteaux, sautait des gargouilles, se perchait au chevet des dormeurs. Les sphinx, les griffons, les chimères, les dragons, les hircocerfs, les harpies, les hydres, les licornes, les basilics reprenaient possession de leur ville. ».
Une autre manière de formuler l'émergence de ce que j'appelle le bibliocène, par l'activation des codes qui programment autant nos mythes, nos récits de sciences et de fictions, qu'en grande partie notre perception de la réalité (Hypothèse Sapir-Whorf)."
Vous serez les bienvenus à cette séance du mercredi 07 janvier 2015, informations pratiques en suivant ce lien...
Interviendront également au cours de cette séance : Georges Chapouthier (biologiste, CNRS), Wei Liu (doctorante Arts CHCSC-UVSQ) et Emile Noël (Institut Charles Cros).

samedi 24 mai 2014

De nouvelles formes d'oralités en milieux numériques ?

Le texte ci-après est la retranscription de mon intervention à la séance de clôture du Séminaire cultures, savoirs et techniques numériques 2013-2014, organisé par Thibaud Zuppinger et Florian  Forestier, avec le soutien de MSH Paris Nord et Implications philosophiques, à l'Ecole nationale des Chartes.
  
Nouvelles pratiques de lectures et nouvelles formes d'oralités en milieux numériques :
   
" Bien au-delà de l’informatique, les technosciences nous invitent à une conversion du regard anthropologique (trop souvent anthropocentriste), nous incitent à un véritable mouvement de pensée qui remet en question la superstructure fictionnelle de ce que nous appelons du nom, du « beau nom grave » d’univers, puits et source de l’imaginaire, l’uni-vers, réservoir et résurgence, comme Cervantès pouvait qualifier Don Quichotte de : « miroir et lumière de toute la chevalerie errante », et comme nous pouvons voir un Frère de Don Quichotte dans la gravure de Dürer : Le Chevalier, la Mort et le Diable.
 
Ainsi, nous pouvons assez facilement concevoir comment les dispositifs de lecture, par leur maniabilité, et ce qu’elle impose aux lecteurs comme contraintes à résoudre, influencent les pratiques de lecture. Marcel Mauss en 1934 dans Les techniques du corps contribue à l’élucidation des « actes traditionnels efficaces » (c’est ainsi qu’il définissait les techniques) qui se transmettent par l’éducation. Malheureusement il n’y est pas question des dispositifs de lecture, et il n’en est pas question non plus dans l’essai plus récent (1989) de Jacques Perriault sur La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer, approche ethnotechnologique, qui met en évidence des détournements d’innovations vers des logiques dictées par les usagers. Le livre, comme dispositif de lecture, est pourtant bien « une machine à communiquer » et « une technologie de l’illusion ».
  
On ne lit ni avec la même intention ni avec la même attention, ni dans la même posture physique ni dans le même état d’esprit, une stèle porteuse d’inscriptions gravées, une tablette d’argile recouverte de caractères cunéiformes, un rouleau de papyrus, un parchemin manuscrit, un livre imprimé, un livre de poche, un livre numérisé sur une “liseuse”, un livre numérique dit “augmenté”, “enrichi” d’audio et de vidéo sur une tablette numérique, tactile et connectée, un livre-application sur un smartphone dans le métro, un site web sur un écran d’ordinateur, des informations sur l’écran de sa montre ou de ses lunettes connectées.
 
Alors que depuis le 1er siècle de notre ère nous lisions ordinairement sur l’interface du codex : feuilles pliées, réunies en cahiers reliés et protégés par une couverture, depuis la fin du siècle précédent et la désolidarisation des messages et de leurs supports, le nombre de dispositifs de lecture a été en moins de dix ans multiplié par dix (au moins). Potentiellement, toute surface pouvant afficher du texte devient de fait un dispositif de lecture, sans pour autant être un livre cependant.
 
Ces nouveaux dispositifs de lecture, réinscriptibles à loisirs, induisent inévitablement de nouvelles pratiques de lecture. Ces dernières se signalent par un certain nombre de caractères que nous pouvons rapidement lister de la façon suivante, quoique sans doute cavalière : fragmentation, connexion (téléchargement, streaming…), partages et commentaires, d’anciennes pratiques parfois aussi du temps des manuscrits et que nous redécouvrons. 
  
Je considère la révolution des dispositifs et des pratiques de lecture comme anthropologique, dans le sens où deux landmarks (des points de repère) qui nous apparaissaient comme éternels : d’une part, le lien indéfectible du message écrit et de son support, et, d’autre part et concomitamment, l’espace circonscrit d’inscription de la page, sont désormais désunis.
J’ai précédemment évoqué en filigrane dans le survol historique la dé-liaison, le divorce, ce dé-lire, du texte et de son plan d’écriture. La métamorphose des livres en tant que contenants, et, la volatilité du livre en tant que contenus, s’inscrit en creux dans le désencrage et le “désancrage” de la parole écrite. La notion de page, elle, comme espace rectangulaire délimité et saisissable par le regard, sur le modèle d’un vignoble, à l’œuvre sur les tablettes d’argile, les colonnes d’écriture des rouleaux, les feuilles des livres et les écrans successifs des sites web, est remise en question par quatre facteurs. Tout d’abord, les liens hypertextes (dont était précurseur en 1501 le dispositif de la roue à livres conçu par l’ingénieur italien Agostino Ramelli), puis, nous avons rapidement retrouvé sur nos écrans d’ordinateurs l’habitude du multifenêtrage (que nous avions perdu avec la normalisation de l’espace introduite par l’imprimerie à partir du 16e siècle), ensuite, des applications de lecture séquentielle (les mots y apparaissent au regard du lecteur successivement et rapidement un à un : le premier logiciel de ce type fut conçu à partir de 1996 par l’architecte designer strasbourgeois, Pierre Schweitzer, il s’appelait Mot@mot et a été breveté en avril 2001), enfin, l’infinite scroll inauguré par les réseaux sociaux (un réglage permettant au contenu des pages web de se charger progressivement et sans fin pendant que nous descendons la barre de défilement vertical). Alors devons-nous tourner la page de vingt siècles d’organisation spatiale de l’écriture-lecture ?
 
Gardons-nous de tout sensationnalisme dicté par les technophiles. Les observations, notamment oculométriques du Laboratoire des Usages en Technologies d'Information Numériques (Cité des sciences et de l’industrie, Paris), par exemple, ou les travaux du neurobiologiste Stanislas Dehaene, démontreraient que ce n’est pas le cortex cérébral qui au cours de l’évolution se serait modifié pour que nous puissions un jour lire des textes écrits, mais, les hommes qui ont dû adapter leurs systèmes d’écriture pour que la lecture leur soit plus facile et moins ambiguë. Nous devrons faire de même. Cette part d’accommodation humaine serait cependant soutenue par une certaine plasticité de nos circuits neuronaux aptes à répondre à de nouveaux besoins comme, par exemple, passer de la reconnaissance d’objets au déchiffrage d’écritures. Historiquement, les pratiques de lecture ont toujours évolué dans le temps conjointement à l’évolution des supports et des dispositifs de lecture, dont les lecteurs adaptaient progressivement l’usage à leurs possibilités cognitives.
Aujourd’hui, le sensationnel n’est pas au niveau des outils numériques, mais, au niveau d’usages naissant, c’est-à-dire dans ce que j’appelais dans mon titre : “de nouvelles formes d’oralités en milieux numériques”.
 
La notion de “milieux numériques”, au pluriel, fait référence, à la fois, à la multiplicité des autres lieux possibles (dont ceux imaginaires ou fictionnels simulés numériquement), et, à l’hybridation de plus en plus criante entre territoires physiques et espaces numériques, métissage favorisé par l’internet des objets, la réalité augmentée, la géolocalisation, l’expansion galopante du métavers (monde-miroir et hyper-monde virtuels en 3D immersive engendrés par des programmes informatiques).
Dans ce mille-feuille de mondes parallèles, forme de stratification du réel en couches fictionnelles, les nouveaux dispositifs de lecture, tant ambiants qu’embarqués par les lecteurs, entretiennent en permanence la possibilité de nouvelles formes de conversation. Aux nouvelles pratiques de lecture se conjuguent de nouvelles formes d’oralités. C’est, je pense, de leurs noces, que pourraient naitre de nouvelles formes de narration, de nouvelles manières de faire récit, d’entretenir nos mythes et de nourrir notre légende, celle d’une « espèce fabulatrice » (Nancy Huston), d’un « animal lecteur » (Alberto Manguel), les paraboles et hyperboles de notre condition humaine.
  
L’apparition et le développement de la faculté du langage articulé au sein de notre espèce restent des mystères, faute de transmission orale et de traces écrites. Pour ce qui est de la lecture, nous nous rappelons l’étonnement de Saint-Augustin la première fois où il surprit son maitre Saint-Ambroise à lire silencieusement.
Passerions-nous, après l’oralité, après l’écriture, à une autre étape mixant langage oral et langage écrit ?
Dans les transports en commun les personnes qui communiquent par SMS, textos, les tweets, les courriels (mails) et les smileys, les tchats-texts, l’application Snapchat qui limite le temps d’affichage…, entretiennent une conversation sur le mode et le rythme de l’oralité en utilisant des codes de l’écrit et une écriture parfois phonétique. Le métavers permet à des internautes avatarisés de recourir à des échanges vocaux ou écrits, en mode public ou privé, dans les conditions du présentiel alors qu’ils peuvent être physiquement éloignés de milliers de kilomètres. De nouvelles formes de temporalités s’organisent, porteuses de nouveaux contrats de confiance.
Le langage articulé aurait surgi lorsque nos ancêtres purent communiquer entre eux sur des choses qui n’étaient pas, qui n’étaient plus, à portée de leurs regards, qui relevaient du passé. C’est quand a pu s’opérer ce découplage qu’ils commencèrent véritablement à pouvoir parler. Bien plus tard les écritures abstraites leurs auraient ouvert la voie à la pensée abstraite (j’entendais récemment Marek Halter affirmer au sujet de l’émergence des monothéismes : « sans alphabet abstrait pas de Dieu abstrait »). Autre découplage par rapport aux écritures idéographiques.
Supports des paroles écrites, avant les tablettes d’argiles, les bulles-enveloppes étaient peut-être des projections de la cavité buccale (3300 av. EC., voir Les trois écritures, langue, nombre, code, de Clarisse Herrenschmidt).
Aujourd’hui, en 2014, un nouveau diabole opère, encore embryonnaire, la séparation des mots écrits et de leurs supports, la dissolution de la page dans…, dans notre espace mental peut-être et les différents plans de conscience auxquels les codes numériques pourraient nous donner accès.
 
Depuis que la lecture est sortie du bois, elle n’a pas cessé d’avancer. En accédant à la volatilité de la parole, l’écrit (et ses pouvoirs — Cf. Histoire et pouvoirs de l’écrit, de Henri-Jean Martin) accède à de nouvelles formes d’essaimage, de pollinisation, de viralité, lesquelles, si nous nous référons à l’hypothèse Sapir-Whorf (années 1930) qui postule que : « les représentations mentales dépendent des catégories linguistiques, autrement dit que la façon dont on perçoit le monde dépend du langage » (Wikipédia), lesquelles donc vont façonner notre vision de l’univers pour les siècles à venir. "
 

dimanche 23 mars 2014

Séminaire de Celle-les-Bois sur La Renaissance du Livre

Le compte-rendu de la séance inaugurale du séminaire de Celle-les-Bois sur La Renaissance du Livre, qui devrait avoir lieu le 26 janvier 2060, est d'ores et déjà en ligne sur le blog des éditions d'Alexandre Girardot (merci à lui), Long Shu Publishing.
Titré : 26/01/2060 Le Livre-Mentor indispensable compagnon de survie, cet essai, vous l'aurez compris, de futurologie, est prétexte à envisager les probables développements du livre et de la lecture au cours des années 2000-2060, dresser un possible état des lieux en janvier 2060, puis estimer les évolutions à l'horizon 2100.
Qu'en pensez-vous ?
Vos avis, vos commentaires, vos critiques nous intéressent !
Le compte-rendu de cette séance inaugurale est disponible en suivant ce lien, comme vous le remarquerez il comporte de nombreux hyperliens et quelques notes de fin d'article, cela parce que toutes les principales mutations dont il est fait état trouvent leurs origines dans des expériences, des recherches ou des prototypes existants : il s'agit ici d'un exercice de futurologie, pas de science-fiction !
 

lundi 11 novembre 2013

Le séminaire cultures savoirs et techniques numériques

J'ai le plaisir de participer au Séminaire cultures savoirs et techniques numériques, co-organisé par Florian Forestier et Thibaud Zuppinger avec la revue Implications Philosophiques, et qui se déroule à raison d'une séance mensuelle dans le cadre de l'université Paris 8, d'octobre 2013 à mai 2014.
En filigrane sont abordées, tout au long du séminaire - et plus particulièrement au cours de sa deuxième séance de ce samedi 16 novembre, les problématiques du "livre numérique" ("Le livre numérique, entre contraintes économiques et poids des représentations. Symbole occidental du savoir, le livre est bien plus qu’un objet fonctionnel. Chargé d’un poids de représentations, le livre est un témoin particulièrement significatif des bouleversements opérés dans les mentalités par le numérique. En cherchant à cerner les points de frictions et les lieux de cristallisations du débat, nous nous efforcerons de comprendre les attachements, les représentations et les métaphores qui accompagnent les évolutions économiques et techniques du livre. Les mutations engendrées par les nouvelles technologies ont profondément touché les modèles de création, de diffusion et de vente du savoir, dont le circuit du livre était le principal représentant. Si le secteur économique du livre est en crise, proclamer sa mort est plus que prématuré. Au cours de cette séance il s'agira d'enquêter sur les ressources et les potentialités qu'offrent le livre numérique. Pris entre la problématique de son poids symbolique dans la société et les contraintes économiques de sa fabrication et de sa diffusion, face à des alternatives faisant le pari du gratuit, de gré ou de force (piratage) le livre numérique représente une réponse adaptative à un paysage particulièrement complexe.").
Vous pouvez suivre l'actualité de ce séminaire ou contacter ses organisateurs sur le portail d'Hypothèses.org.