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jeudi 13 septembre 2018

Le Livre Audio vous tire par les oreilles ?

Vous n'avez pas pu ne pas entendre parler de la montée en puissance du livre audio !
 
Même s'il s'agit peut-être là d'une vaste opération intelligemment orchestrée  le phénomène n'en est pas moins réel, intéressant à suivre, et s'inscrit dans des siècles d'histoire de la lecture.

Je vous conseille l'excellent essai signé Alberto Manguel : Une histoire de la lecture, pour mesurer l'ancestralité et toute l'importance de la lecture à voix basse, de la lecture à haute voix... 
 
Si ce marché qui émerge peut contrecarrer celui des livres numériques, des idées originales pourraient cependant peut-être, au regard précisément de l'histoire de la lecture, en faire une locomotive pour certains titres imprimés. A voir... Je suis à votre écoute... 

En attendant, éditrices, éditeurs, si vous souhaitez profiter des opportunités que le livre audio pourrait vous apporter et si vous êtes désireux d'adapter certains des ouvrages de vos catalogues dans des formats audiobooks, n'hésitez pas à me contacter : je vous conseillerais et vous orienterais gracieusement (c'est-à-dire gratuitement, si si, c'est promis, vous verrez !) :-)

samedi 19 mai 2018

Quels lieux de discussions et d'information pour les droits des lecteurs ?

Dès 2013 j'ai commencé à essayer de formuler quels devraient être les principaux droits des lectrices et des lecteurs par rapport à la nouvelle donne de l'édition numérique. 
Aujourd'hui, après quelques conférences, beaucoup de veille et de réflexion sur le sujet, je propose une nouvelle version des droits des lecteurs recentrés en réaction aux dérives que nous pouvons constater.
Volontairement, ce n'est là qu'une plateforme de départ pour amorcer une prise de conscience collective, susciter les échanges et générer des initiatives.  
Je pense que ce sont les bibliothèques et les médiathèques qui sont les lieux les plus propices pour en débattre, informer les lectrices et les lecteurs, et travailler de concert avec eux à de multiples manifestations pour la connaissance et la défense de ces droits. 
Je suis à la disposition de tous pour venir en débattre.


#LesLecteursOntDesDroits
1 - Le droit de ne pas être profilés et fichés à partir de nos lectures.

2 - Le droit d’accéder librement et gratuitement au téléchargement des oeuvres littéraires du domaine public.

3 - Le droit à des dispositifs et des interfaces de lecture numérique pérennes respectant des normes d'interopérabilité et non soumis à une obsolescence programmée.

4 - Le droit d'avoir dans sa langue une information indépendante sur les évolutions de l'édition numérique et de son marché.

5 - Le droit d’être pleinement propriétaire des livres numériques achetés ou reçus en cadeaux et de pouvoir les partager librement dans un cadre privé non commercial.

6 - Le droit à l’autonomie et à la confidentialité dans le choix et l'utilisation d'applications logicielles d’annotation et de lecture partagée.

7 - Le droit à un juste prix et à un juste différentiel de prix entre version numérique et version imprimée d'un même livre.

8 - Le droit d’égalité de traitement avec les lecteurs des autres pays, notamment en termes d’offre et de traductions.

9 - Le droit à une médiation humaine notamment en librairies et en bibliothèques numériques.

10 - Le droit à la bibliodiversité et à l'excellence, sans censure marchande ou politique et dans la filiation de la tradition littéraire de la République des Lettres.

11 - Le droit à une offre de qualité convenablement numérisée et corrigée et en tous points conforme aux textes des oeuvres originales.

12 - Les mêmes droits d'accès aux oeuvres littéraires pour tous, avec le respect des droits précédents quel que soit son handicap éventuel, notamment visuel ou moteur, et sa situation sociale.

samedi 28 avril 2018

Prospective Stratégique des Métiers de la Narration - Le Livre Blanc est disponible :-)

Le Livre Blanc sur les besoins d'une véritable prospective stratégique pour l'interprofession du livre et les métiers de la narration est gratuitement téléchargeable en suivant ce lien...
 
La clé de lecture pour bien saisir son message est : Ne regardez pas le doigt qui montre la lune, mais regardez la lune que montre le doigt...

Critiques constructives bienvenues en commentaires ou en messages privés...

vendredi 27 avril 2018

Résultats du questionnaire sur la Prospective du Livre

Le nombre de réponses à l'enquête sur les attentes liées à la Prospective du Livre et de la Lecture ayant atteint en un mois le chiffre rond de 240 participants-e-s et les réponses se raréfiant, j'ai décidé de suspendre le questionnaire et de vous présenter une synthèse des résultats.

Les participant-e-s
En introduction je précise que parmi les participant-e-s : 67% étaient des femmes et 33% des hommes (ce qui semble le reflet de l'interprofession du livre), 46% en province, 42% en Ile-de-France et 12% à l'étranger (ce qui montre le rayonnement de mon activité, notamment sur la francophonie). 30% ont déclaré avoir entre 40 et 50 ans, 21% entre 30 et 40 ans et entre 50 et 60 ans, et seulement 17% entre 20 et 30 ans et aucun de moins de 20 ans (a priori je pensais toucher principalement des étudiant-e-s des filières livre et édition qui me sollicitent souvent, mais ils n'ont de fait été que 4% des répondants). La majorité, 30% se sont en effet déclaré-e-s éditeurs ou éditrices et 21% bibliothécaires, le reste se répartissant entre libraires, auteurs, correcteurs et correctrices (ce qui me semble refléter l'engagement des acteurs de l'interprofession du livre sur les réseaux sociaux)...
50% pensent que la publication d'un Livre Blanc sur le périmètre et les applications de la prospective stratégique du livre et de la lecture leur serait utile, tandis que 42% se déclarent sans opinion sur cette question. Ces 92% là pourront bientôt se faire une idée plus précise avec le futur Livre Blanc sur la Prospective Stratégique des Métiers de la Narration actuellement en chantier.

Des réponses qui font sens 
100%, oui 100%, déclarent trouver claire et pertinente la définition que je propose de la prospective du livre et de la lecture, à savoir : L'étude de l'évolution des dispositifs et des pratiques de lecture afin de prévoir leurs différentes évolutions possibles ; et 100% encore déclarent se sentir concernés dans le cadre de leur activité professionnelle. Enfin, 100% pensent utile de faire de la veille.
Cette veille professionnelle, ils sont 78% à la souhaiter stratégique, c'est-à-dire à la fois concurrentielle et technologique, et seulement 26% à ne la vouloir que technologique, et 22% seulement sur les réseaux sociaux. Pour 71% une veille logicielle automatisée n'apparait ni suffisante ni pertinente.
87% attendraient d'une formation à la veille stratégique qu'elle leur permette d'évaluer les évolutions et d'anticiper les mutations de leur secteur d'activité, 75% de valider les possibilités de valorisation et d'innovation de leurs offres.
L'attente vis-à-vis de formations à l'élaboration de scénarios prospectifs est plus mitigée. 54% pensent cependant que cela leur serait utile, 58% en attendraient davantage d'autonomie pour piloter à l'avenir leur projet de développement, et 50% souhaiteraient acquérir les bases de la prospective stratégique.

Des attentes clairement exprimées
- A la question de savoir ce qui devrait d'abord concerner la prospective du livre et de la lecture, 75% répondent l'édition numérique, puis à égalité, 58% (plusieurs réponses étaient possibles) l'édition imprimée, et, les nouveaux médias ! Comme les autres options, telles la réalité virtuelle, la réalité augmentée, les jeux vidéos ou les arts numériques n’obtiennent que très peu de suffrages, qu'en conclure, sinon que le livre reste un concept homogène dans l'esprit de ses concepteurs (ce qui est peut-être une bonne chose).
- A la question, à quoi pour vous la prospective du livre et de la lecture devrait-elle principalement s'intéresser, une grande majorité (75%) opte pour : "Les nouvelles formes de diffusion et de commercialisation", suivi de près (71%) par : "Les nouvelles formes de médiation du livre", puis "Les nouvelles formes de communication et de prescription", "L'évolution des lectorats". Là aussi les acteurs de l'interprofession du livre restent concentrés sur le développement de leur activité et pragmatiques dans leurs attentes.
Qu'en pensez-vous ? Si vous n'avez pas répondu au questionnaire initial vous pouvez toujours réagir ici en commentaires...

samedi 21 avril 2018

Le Futur du Livre est entre les mains des Lectrices et des Lecteurs !

Les lectrices et les lecteurs ont des droits.
Sans faire de bruit, ils les revendiquent à leurs manières, soit par de la résistance passive, que ce soit au tout-informatique ou bien aux politiques commerciales des éditeurs, soit en contournant le marché du livre pour tout simplement lire gratuitement.
  
Ce qui était il y a peu encore un signal faible, dont j'avais invité l'interprofession du livre à prendre conscience et à anticiper les conséquences dès 2013 en définissant 14 droits légitimes que les lectrices et les lecteurs allaient inévitablement de plus en plus revendiquer, ce qui était alors un signal faible est en train de devenir une véritable tendance.
 
Je n'évoque pas plus le piratage que le vol à l'étalage de livres, pratiques illégales, même si nous pourrions probablement en trouver traces notamment dans le passé de nombre de nos plus grands auteurs, voire de beaucoup d'entre nous, comme une stratégie de survie pour pouvoir lire malgré la cherté des livres. Non, j'évoque simplement le bon vieux système D, la débrouille : la prescription et la médiation par les pairs via les blogs et une véritable galaxie de groupes et de communautés sur les multiples réseaux sociaux, l'accès libre et légal aux oeuvres du domaine public, les solutions inattendues de prêts, de bibliothèques sauvages, de ventes et de reventes d'occasions, de dons, d'autopublications, etc.
Mais ce phénomène est en train de passer à un autre plan avec le développement de pratiques qui, s'exprimant simplement au niveau humain des lectrices et des lecteurs échappent en fait complètement aux radars sociaux et institutionnels classiques.
  
 Une Nouvelle République des Lettres
  
C'est une nouvelle République des Lettres qui émerge du cyberespace, sans lui être limitée, et en accueillant de plein droit comme membres à part entière les lectrices et les lecteurs.
Je crois que dès à présent seuls les lectrices et les lecteurs sont en capacité d'en percevoir les limites et de s'y glisser intuitivement. 
Ce que le numérique leur apporte n'est pas tant au niveau de nouvelles interfaces de lecture, d'un remplacement du marché de l'imprimé ou autres balivernes, ce qu'il apporte, outre au niveau de la rédaction, de la fabrication et de la diffusion, est en fait au niveau de nouvelles possibilités d'émancipation par rapport aux régulations des pouvoirs de l'écrit.
Je ne peux que prendre acte de convergences fortes entre mon travail de veille et les constatations de mes observations quotidiennes. 
Mes travaux portent de plus en plus sur la recherche des conditions qui seraient nécessaires au déclenchement d'un processus d'autonomisation des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. Il y a des raisons à cela !
L'ensemble des acteurs de l'interprofession du livre, imprimé ou numérique, et plus largement l'ensemble des professionnels de la narration, ont tout à gagner à prendre ces dimensions en compte, et beaucoup à perdre s'ils ne voient dans les lectrices et les lecteurs que de simples clients consommateurs plus ou moins passifs de contenus, simplement attirés par le divertissement, l'immersion et l'addiction. 
L'humain, et surtout l'humain qui aime lire, ne se réduit pas à cela. 
Ce n'est qu'en se proposant eux-mêmes comme citoyens de la Nouvelle République des Lettres que les professionnels du livre et de la narration sauveront leurs têtes !  

samedi 24 mars 2018

Livre et Prospective - Donnez votre avis !

Depuis un moment vous vous demandez ce que la prospective peut bien avoir à faire dans le domaine du livre et de la lecture, et ce qu'elle pourrait y apporter ? 
Le petit questionnaire ci-dessous est fait pour vous permettre d'y voir clair et de donner votre avis. 
Profitez-en et partagez-le, plus il y aura d'avis plus nous y verrons clair !




Vous pouvez aussi faire part de vos attentes, avis et critiques en commentaires ci-dessous...

samedi 17 mars 2018

Edition Numérique Volume 2

Nous sortons des e-incunables !
La liste de 184 éditeurs numériques francophones en date du 11 juin 2017 est passée à 145 au 1er janvier 2018, soit une chute de 39, et précisément : 104 éditeurs (au lieu de 143) et 41 prestataires. 
Les maisons d'édition numérique disparues passent ainsi de 25 à 65.

Quelles conclusions provisoires en tirer ?
D'abord : rien de grave, il nous faut relativiser, tout d'abord parce que certains acteurs ne se manifestent pas auprès de moi ou ne sont pas suffisamment visibles pour que je les repère.
 
Cependant, quelques remarques intéressantes peuvent être faites je pense :
- Depuis 2011, année où j'ai lancé cette liste, c'est la première fois, durant le second semestre 2017, où le nombre d'éditeur numérique francophone décroit.
- Cette actualisation de janvier 2018 montre que le "mouvement" se recentrerait sur la France métropolitaine et le Québec (la plupart des autres initiatives francophones ne répondent plus présent apparemment).
- Les sous-capacités techniques du marché des applications ne sont pas adaptées à la plasticité de la lecture de fictions littéraires et à l'imagerie mentale naturelle des lectrices et des lecteurs, excepté peut-être pour le livre jeunesse qui est le secteur de l'édition numérique le plus créatif et celui qui résiste le mieux.

Une explication ?
Je ne pense pas que l'explication soit unique et simple. D'une part, de plus en plus d'éditeurs « traditionnels » (imprimé) produisent des versions numériques (.epub) de leurs titres, d'autre part, de plus en plus de studios de production transmédia et VR (réalité virtuelle) ou RA (réalité augmentée) sous différentes appellations explorent de nouvelles formes de narrations littéraires. Par ailleurs, et là aussi pour de multiples raisons, l'interprofession et les médias poussent au développement du livre-audio.

Des questions...
- Je me pose cependant quelques questions, oui, autour desquelles je travaille et auxquelles, à bien y réfléchir, les réponses dessineraient peut-être les limites du marché du livre pour les prochaines années :


- Comment a posteriori rendre compte de ce qui pourrait apparaitre comme un sous-développement volontaire des potentialités des dispositifs à base d'encre et de papier électroniques (liseuses) ?
 

- Comment faire la part des choses entre, l'évolution de tendances générationnelles de fond des lectorats (d'une part, des générations qui restent attachées au support papier, et, d'autre part, des générations smartphones), et, en arrière-fond, l'important travail des lobbies, l'influence de leur communication, des enquêtes d'opinion et des campagnes de presse qu'ils organisent
 
- L'édition numérique est-elle déjà du passé ? N'aura-t-elle finalement été que l'équivalent des incunables, les premiers livres imprimés entre 1450 et 1501 qui reprenaient encore en grande partie les codes des ouvrages manuscrits, et faudrait-il maintenant, au-delà du marché du livre imprimé, chercher les nouvelles aventures éditoriales du côté des nouvelles formes de narration, le transmédia et la réalité virtuelle et, au-delà de Youtube (succès des booktubeuses...) chercher de nouvelles formes de médiation dans le web immersif et conversationnel ?
 
Pour des étudiant-e-s des différentes filières du livre et de la médiation culturelle et numérique en général, il pourrait être pertinent et instructif je pense de reprendre l'historique de cette liste, de contacter les différents éditeurs pure-players concernés afin de les interroger sur le parcours et le sort de leur projet. 

De mon côté je reste ouvert à... tous projets !

jeudi 8 mars 2018

Pour se rencontrer à LIVRE PARIS 2018


Si vous souhaitez profiter de votre passage à Livre Paris 2018 pour me rencontrer, j'y serai à la matinée professionnelle du lundi 19 mars 2018, n'hésitez pas à me faire signe ou à voir ci-dessus l'onglet CONTACT pour... me contacter ;-)

dimanche 31 décembre 2017

Futur du Livre et de la Lecture - Les posts 2017 les plus lus !

Les 6 + 1 posts qui en 2017 ont le plus attiré l'attention des passionnés du livre et de la lecture, tellement passionnés qu'ils s'intéressent à l'évolution et aux mutations des supports et des pratiques de lecture, et qu'ils s'intéressent aux innovations dans le domaine de la fiction, des nouveaux médias et de leurs passerelles avec le marché du livre, aux nouvelles formes de médiation du livre et de la lecture... 
Bravo et merci à eux (et à elles bien évidemment !) :   

 
Les Mondes Miroirs comme nouveaux espaces de médiation littéraire 
 
Introduction table ronde Transmédia et Narration 
 
La Narration Non Verbale - table ronde 
 
Du marché du livre comme un échiquier 
 
La vie est naturellement transmedia 

Enfin, un post du 20 décembre 2017 seulement, mais qui grimpe vite :  

 Le Cyberespace comme champ narratif

lundi 30 octobre 2017

Réponses à une étudiante au sujet de la "littérature numérique"

J'ai régulièrement le plaisir de répondre à des interviews d'étudiantes ou d'étudiants de diverses filières, mais qui tous ont en commun de s'interroger sur les évolutions des dispositifs et des pratiques de lecture. 
En général je suis à leur écoute et à celle de leurs enseignants et de leurs établissements pour notre intérêt réciproque, car, de fait, nous traversons tous bel et bien une période historique que nous pourrions qualifier, comme je le fais parfois, comme étant celle des "e-incunables"... 
  
- Faites-vous une distinction entre littérature numérique et littérature électronique ?
  
Je tiens d'abord à faire une distinction entre les mots et les idées. Distinguer "littérature numérique", "littérature électronique, "littérature informatique", etc., peut permettre tant une clarification qu'une inutile complexification. 
Quelle serait l'idée motrice derrière ces distinctions ?
Cela me rappelle les années, pas si lointaines, durant lesquelles nous passions du temps à distinguer e-book, avec un trait d'union, d'ebook, en un seul mot, et à nous demander comment appeler les nouveaux dispositifs de lecture à encre électronique. Jusqu'au jour où les usagers ont tranché à leur insu en utilisant le terme de "liseuse", proposé un jour par Virginie Clayssen. Aujourd'hui presque tout le monde sait ce que nous appelons "liseuse", mais cette acculturation en quelque sorte semble s'être faite naturellement, spontanément.
Globalement, pour vous répondre, nous pourrions considérer que la "littérature numérique" concernerait la littérature qui s'écrit et se diffuse par les voies du numérique, tandis que la "littérature électronique", un peu plus ancienne historiquement, concernerait elle plutôt ce qui est produit par des programmes informatiques, la littérature générative combinatoire, les générateurs de textes, par exemple. Je pense notamment à l'Atelier de Littérature Assistée par les Mathématiques et les Ordinateurs (ALAMO) lancé par le poète oulipien Jacques Roubaud dès 1981. Ce qui est écrit alors n'est plus l'oeuvre, mais, le programme qui générera l'oeuvre.
 
- Quelle définition donneriez-vous à la littérature numérique ? Lui donneriez-vous ce nom ?

Par nature je me méfie beaucoup des définitions qui nous enferment dans un cadre de pensée. L'important je pense, au 21e siècle, est de redéfinir : redéfinir le livre, redéfinir la lecture, redéfinir la littérature, etc.
Je ne sais pas s'il existe véritablement une "littérature numérique". Je dirais qu'il existe plus spécifiquement une "poésie numérique", dans le sens qu'il y a bel et bien depuis des années une production d'oeuvres poétiques expérimentales à la croisée des arts numériques et des performances artistiques en public. Cela peut remonter à Dada, voire même avant. Le numérique apporte simplement aux poètes de nouveaux outils d'expression et un formidable canal de diffusion.
Comme j'ai, à partir de 2011, défini les éditeurs numériques comme : "Un éditeur pure-player est un entrepreneur qui publie des livres exclusivement dans des formats numériques à destination des nouveaux dispositifs de lecture", je définirais aussi la littérature numérique de manière très formelle et rationnelle. La littérature numérique est la production littéraire écrite et diffusée par des outils numériques.
C'est surtout une question de supports et de dispositifs, et pas tellement de littérature je crois. Comme toujours cette dimension est primordiale cependant. Nous savons que passer des rouleaux de papyrus aux livres manuscrits sur parchemin n'a pas été sans incidences sur la création littéraire. De même l'imprimerie a révolutionné le champ d'expression romanesque. Nonobstant, si l'influence des supports et des canaux de diffusion est primordiale, elle n'est pas unique.
Comme une eau qui s'écoule, la création littéraire prend tous les chemins qu'elle peut suivre pour irriguer en nous.

- Mon mémoire questionne un certain angle : la littérature numérique s’inscrit-t-elle au sein d'un mouvement littéraire (qui est en cours de formation selon moi) ? Qu’en pensez-vous ?

Je suis assez dubitatif... A moins de définir la "littérature numérique" par rapport aux nouvelles formes de narrations que les outils numériques permettraient ? Appelleriez-vous "littérature numérique" ce que certains appellent : transmédia ?
En termes de "mouvement littéraire", ce que nous pouvons en fait observer pour l'heure est du domaine de la fusion (voire de la confusion) entre les champs de la littérature, du jeu vidéo et de la BD, et principalement par rapport à une construction en grande partie purement commerciale qui amalgamerait les différents styles des littératures de l’imaginaire à un genre "young adults", qui serait lui plutôt un segment du marché du livre. Nous sommes, ne l'oublions pas, à l'époque, non seulement du numérique, mais aussi, des industries culturelles.
Si mouvement littéraire il y a là, il serait dans une remise en cause du contrat de lecture et, à mon sens, dans la reconsidération des espaces imaginaires de la littérature comme de véritables espaces, explorables, voire habitables par les lecteurs. Mais nous sortirions là du cadre historique des écoles littéraires. Nous assisterions à une émancipation, une autonomisation des lecteurs par rapport aux modes de pensée du passé.
 
- Le numérique n’est-il pas le socle nécessaire pour que la littérature existe dorénavant ?
 
Peut-être, mais, pour ma part, je ne le crois pas vraiment. Je repense souvent à la fin de ce roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451. Elle est particulièrement émouvante je trouve dans l'adaptation cinématographique de François Truffaut. On y voit des groupes de lecteurs résistants cachés dans les bois et qui apprennent par coeur des livres entiers, chacun un livre, et chacun porte comme nom le nom du livre qu'il apprend... Et puis... que deviendrions-nous si la fée électricité venait à nous quitter ? Même aujourd'hui, comment accéder à cette littérature numérique sans le truchement de l'électricité ?
Je crois que le numérique est comme une fusée, mais ce n'est pas la Lune, et que la littérature, le texte avec une portée esthétique et morale, excède (dans son double sens de dépasser et d'importuner) toujours les outils d'écriture et de lecture.
Une autre face du numérique serait aussi à prendre en considération par rapport au livre : celle, moins créative, du profilage des lecteurs et des prescriptions de lectures par des algorithmes. Si vous voulez vraiment parler de littérature, la question est alors celle d'un rapport à la langue, et, qu'elle soit médiatisée par une machine matérielle ou logicielle c'est sa plasticité, sa créativité à elle, la langue, qui prédominent, et non pas celles de machines construites. Je pense aux "machines à mots" de Bernard Heidsieck qui finalement cherchaient peut-être à exprimer cela.
 
- Cette évolution de la littérature a-t-elle un avenir selon vous ? Deviendra t-elle une référence ?
   
Ce sera une étape, espérons-le. Je suis prospectiviste et non pas devin, ni prophète, et, en plus, mon point de vue est certainement subjectif. D'abord en tant que lecteur (de romans surtout) et par rapport certainement à ma génération, à mon âge. Mes apprentissages et mes premiers contacts avec l'écriture et la lecture ont été sur papier. Probablement que les tout jeunes enfants, qui aujourd'hui apprennent à lire et à écrire dans un environnement numérique, voient et verront ces questions autrement. En outre, mes recherches sont orientées versant lecteur. Comment faire, comment utiliser le numérique, pour enrichir l'imagerie mentale et augmenter le sentiment d'immersion des lecteurs par rapport à une fiction littéraire ? Je suis donc doublement subjectif ! Mais je crois vraiment que ce qui se joue actuellement se joue au niveau de la narration et de la suspension d'incrédulité à laquelle le lecteur accepte tacitement de s'abandonner. Le roman a bénéficié de l'imprimerie, mais, comment le numérique pourrait-il le métamorphoser tout en préservant la puissance du verbe sur celle des images animées ? 
   

mardi 15 août 2017

Extension du domaine du livre et de la lecture

Le périmètre du champ d'influence des livres et de la lecture, ou dit autrement des dispositifs et des pratiques de lectures, ne cesse de s'étendre.
Que ce soit comme sources d'informations ou comme supports de diffusion, mon attention se porte de plus en plus entre autres vers les recherches universitaires et vers les arts numériques au sens large.
Pour ce qui est du versant public de mon travail permanent de veille, en plus de mon intense activité sur Facebook, Twitter, Google+, Linkedin, Viadeo..., réseaux sur lesquels je relaie des contenus souvent différents en fonction de leurs spécificités, j'ai récemment élargi ma zone de publication à deux autres plateformes :
- Framasphère (réseau social de Framasoft, mouvement d'éducation populaire du logiciel libre, créé à partir du réseau social libre Diaspora*), et,
- Digitalarti (réseau digital art & innovation, pour lequel : "L'art numérique est au carrefour de l'art, de la science, de la technologie et des émotions."). 
N'hésitez pas à venir m'y retrouver !
Si vous avez besoin pour vos projets de développement d'une veille stratégique dédiée et confidentielle, contactez-moi alors en privé. Les prestations que je propose sur ce domaine d'intervention sont hautement personnalisées (aucun recours à des logiciels de veille automatisée) et reposent avant tout sur mon approche et mes connaissances transversales des devenirs du livre et de la lecture, le renseignement humain, la détection de signaux faibles et l'intermédiation.

http://media.digitalarti.com/fr/blog/lorenzo_soccavo

dimanche 11 juin 2017

Actualisation de la Liste des Editeurs Numériques Francophones

Liste actualisée le 11 juin 2017 des 184 acteurs de l'édition numérique francophone (143 éditeurs et 41 prestataires de services).
La majorité sont en France, mais quelques-uns aussi au Québec, en Belgique, en Suisse Romande, en Afrique francophone, au Danemark, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Calédonie, en Australie…
Si vous en connaissez d'autres merci de nous les signaler en commentaires.
Accès direct, gratuit et sans publicités sur ce  blog de la Prospective du Livre en suivant ce lien...

lundi 24 avril 2017

Le Livre Audio fait la Une de Strasbourg

Le mardi 16 mai 2017 j'aurai le plaisir de donner la conférence inaugurale du Festival du Livre Audio au sein du Centre de Culture Numérique (CCN) de Strasbourg.
Organisée par La Plume de Paon, cette manifestation de cinq jours, dont vous pouvez télécharger le programme complet en suivant ce lien, ouvre le débat et les échanges sur le développement du livre audio face à l'imprimé et au numérique.

Ma conférence titrée : 

L'Audio et le Livre, une aventure de l'Antiquité au Cyberespace,

retracera l'importance de la lecture à haute voix dans l'histoire de la transmission des mythes puis des livres, en s'attachant à en faire ressortir les lignes de force qui s'expriment aujourd'hui, et sans doute même plus fortement encore que dans le passé. 
Le projet Lire en Chœur d'expérimentation d'enregistrement d'une émission de web radio sur la lecture à voix haute, dans un studio d’enregistrement virtuel sur la plate-forme EVER de l'université de Strasbourg servira d'illustration finale.

lundi 3 avril 2017

Une Liste de Booktubeuses et Booktubeurs Francophones

Voici une modeste liste de quelques Booktubeuses et Booktubeurs francophones, presque une soixantaine, passionnés de livres et souvent aujourd'hui meilleurs prescripteurs que les médias traditionnels. 
  
Le classement est par ordre alphabétique, afin de rompre volontairement avec la pratique qui consiste à renforcer ceux qui ont déjà une forte audience en les mettant systématiquement en avant. Rien ne dit, et les médias grand public nous le prouvent quotidiennement depuis des décennies, qu'aux plus grandes audiences correspond forcément la meilleure qualité. C'est plutôt l'inverse que nous observons.
 
En général est portée la mention "généraliste" dès lors que l'onglet "A propos..." sur leur page Youtube ne fait pas mention d'une spécialité. Dans les faits cependant, la grande majorité des acteurs de la prescription littéraire sur Youtube est constituée de jeunes femmes, des booktubeuses donc, et le plus souvent principalement lectrices de littératures de l'imaginaire et "young adults".
Lorsqu'un autre genre littéraire apparait clairement je le mentionne.
Je précise aussi si l'animateur ou l'animatrice est de la francophonie (quelques-un-es de Suisse et du Québec), et j'indique lorsqu'un blog dédié est apparenté à la chaine vidéo.

Comme pour la liste des éditeurs numériques francophones il s'agit là d'une initiative indépendante et bénévole et en aucun cas d'une recommandation de quiconque.
Cependant cette liste, contrairement à la précédente, n'a pas vocation a être régulièrement actualisée. Je vous renvoie vers le site web et les applications Booktubers, qui a déjà référencé plus de 500 booktubeurs francophones, qui vous propose leurs vidéos et de multiples services...
Vous pouvez également consulter une liste régulièrement actualisée des presque 200 éditeurs numériques francophones en suivant cet autre lien... 

 LA LISTE DES BOOKTUBEURS-EUSES FRANCOPHONES

mercredi 8 mars 2017

Le Livre Audio - Les intervenants

Le jeudi 30 mars 2017 à 18H00 aura lieu au sein de l'Amphi Charlie de l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques de la Ville de Paris) une rencontre-débat autour de la question : 
 
LE LIVRE AUDIO - Chainon manquant entre imprimé et numérique ?
 
J'aurai une nouvelle fois le plaisir d'introduire ces échanges qui seront ensuite animés par Olivia Phélip de Viabooks.

Pour participer inscrivez-vous gratuitement par mail auprès de : pan.sarmant@ecole-estienne.fr.

Les participants seront :

 - Valérie LEVY-SOUSSAN
Présidente-directrice générale d'Audiolib (http://www.audiolib.fr/), maison d'édition de livres audio lancée en 2008 et filiale du Groupe Hachette Livre, elle est également Vice-présidente de la commission livre audio du SNE (syndicat national de l'édition - http://www.sne.fr/commissions/livre-audio/) créée en 2015 et présidée par Paule du Bouchet (Gallimard - Écoutez Lire).

- Cécile PALUSINSKI
Présidente de l'association reconnue d’intérêt général La Plume de Paon de promotion du livre audio et du livre audio numérique à Strasbourg (http://www.laplumedepaon.com/), elle est l'organisatrice du Grand Prix du Livre Audio, du Prix du Public, de la Plume de Paon des Lycéens et du Festival du livre audio. Elle est également auteur de livres audio et présidente de Numered Conseil (http://www.numered.com), agence de conseil et de formation à destination des professionnels de la culture confrontés à la mutation numérique.

- Françoise PRÊTRE
Fondatrice et directrice des éditions numériques jeunesse et d'audiobooks La souris Qui Raconte (http://www.lasourisquiraconte.com/) créées en juin 2010 et dédiées aux 5-10 ans. Ancienne directrice de production et directrice artistique elle s'adresse au grand public, mais aussi aux collectivités (bibliothèques et écoles), son équipe compte 22 auteurs, 31 illustrateurs et 6 comédiens-conteurs.

- Laurent MORGANA
Co-fondateur et président d'AtmosFeel (https://www.atmosfeel.fr/), éditions multimédia faisant appel à des comédiens professionnels créées en juin 2014, et Les Voix AtmosFeel (http://lesvoix.atmosfeel.fr/) studio de casting voix et d'enregistrements audio. AtmosFeel a pour ambition de mêler les arts littéraires, musicaux et (photo)graphiques au travers d'œuvres multimédias collaboratives.

Informations pratiques

Jeudi 30 mars 2017 de 18H00 à 20H00 - Amphi Charlie - Ecole Estienne - 18 boulevard Auguste-Blanqui 75013 Paris (Entrée par la rue Abel Hovelacque).
Participation gratuite sur réservation obligatoire par mail auprès de l'Ecole Estienne à pan.sarmant@ecole-estienne.fr

samedi 4 mars 2017

Edition Numérique - Etat des Lieux

Pour la première actualisation 2017 de la liste des éditeurs numériques francophones (à consulter librement en suivant ce lien) s'est imposé le besoin de faire un point critique sur l'édition numérique francophone

Force est de constater, en effet, que depuis la création de cette liste en avril 2011, et même depuis la parution en 2007 de mon livre Gutenberg 2.0 le futur du livre, l'édition numérique stagne
On me le fait souvent remarquer avec un sourire moqueur, certains confondant avec un plaisir niais "prospective" avec "numérique", voire avec "informatique" ;-( 

Quelques constats...

- Depuis le lancement de cette liste, 24 éditeurs ont "mis la clef sous la porte", comme l'on dit familièrement. Mais, régulièrement, de nouveaux se lancent. Ils étaient une trentaine au départ, ils sont aujourd'hui presque 180, et cette liste n'est sans doute pas exhaustive.
- De plus en plus parmi eux proposent l'impression à la demande, souvent en partenariat avec... Hachette ;-)
- Le lectorat traditionnel suit peu. Ou alors il emprunte des voies détournées (?), soit, en téléchargeant gratuitement des titres du domaine public - plusieurs sites permettant en toute légalité d'accéder à de très nombreux classiques de la littérature, soit, en devenant parfois pirate.
- Par ailleurs, il est encore trop tôt pour que de nouvelles générations de lecteurs, natives du numérique, et ayant fait leur apprentissage de la lecture en partie au moins sur des supports numériques, soient en mesure d'influer sur le marché du livre.
- L'édition numérique jeunesse reste toujours le secteur le plus créatif et elle joue certainement un rôle important qui ne se révélera qu'à moyen terme, lorsque ses jeunes lecteurs seront devenus grands ;-)

Pourquoi cette stagnation


vendredi 17 février 2017

Le Livre Audio - table ronde

Le jeudi 30 mars 2017 j'aurai une nouvelle fois le plaisir d'introduire une table que j'ai organisée en partenariat avec l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques), l'ATEP (Association des Techniciens de l'Edition et de la Publicité) et Viabooks.
 
Son thème :
LE LIVRE AUDIO - Chainon manquant entre imprimé et numérique ?

" Le développement tant attendu d'une demande pour le livre audio semble correspondre avec le constat de la stagnation du marché du livre numérique, est-ce un hasard ou un signe ? Comment le livre audio se positionne-t-il par rapport à l'imprimé et au numérique et quels lectorats cible-t-il ? De quelle manière la nouvelle expérience de « lecture » par l’audio génère-t-elle de nouveaux usages par rapport au texte, non plus « lu-vu », mais « lu-entendu » ? Quelle importance l'audio a-t-il auprès des enfants qui seront les lecteurs de demain et comment cela influencera-t-il leurs futures pratiques ? En résumé, nous débattrons pour essayer de savoir si le livre audio pourrait se révéler être un trait d'union entre l'édition papier et les nouvelles pratiques de lecture que nous pouvons observer. "

En introduction, je rappellerai brièvement l'importance de l'oralité et des pratiques de lecture à voix haute au cours de l'histoire du livre et préciserai les enjeux du développement du livre audio dans les perspectives actuelles de mutations des dispositifs et des pratiques de lecture. Puis interviendront : 

 
- Valérie Lévy-Soussan
, P-DG d'Audiolib et Vice-présidente de la Commission livre audio du SNE (syndicat national de l'édition).
- Cécile Palusinski, Présidente de l'association La Plume de Paon, organisatrice du Grand Prix du Livre Audio, du Prix du Public, de la Plume de Paon des Lycéens et du Festival du livre audio.
- Françoise Prêtre, fondatrice et directrice des éditions numériques jeunesse La Souris Qui Raconte.
- Laurent Morgana, co-fondateur et président d'AtmosFeel (éditions multimédia) et Les Voix AtmosFeel (studio).
- Le débat sera animé par Olivia Phélip (Viabooks).

Informations pratiques
Jeudi 30 mars 2017 de 18H00 à 20H00 - Amphi Charlie - Ecole Estienne - 18 boulevard Auguste-Blanqui 75013 Paris (Entrée par la rue Abel Hovelacque).
Participation gratuite sur réservation obligatoire par mail auprès de l'Ecole Estienne à pan.sarmant@ecole-estienne.fr

samedi 4 février 2017

Du marché du livre comme un échiquier

Du marché du livre considéré comme un échiquier, en trois points :
 
1 - L'interprofession du livre est depuis des années impactée par l'informatique, puis par le numérique, c'est-à-dire non seulement au niveau de la conception et de la fabrication au sens large, mais aussi de la diffusion et de la médiation.
Les auteurs s'émancipent de plus en plus de la traditionnelle chaine du livre. Les prescripteurs changent (médias sociaux, booktubeurs...). Les lecteurs explorent d'autres voies, d'autres contenus, voire piratent. De nouveaux entrants ouvrent de nouveaux champs narratifs venus des jeux vidéos, des arts numériques, de la recherche universitaire...
Pour maintenir son activité il est devenu vital de pouvoir accompagner l'émergence des nouvelles pratiques de lecture et de consommation de l'information pratique et lexicale (dictionnaires...), et de pouvoir anticiper sur les impacts des effets générationnels.

2 - La prospective est une discipline éminemment pratique.
Par des méthodes de veille et de simulations (scénarios envisageant les différentes évolutions possibles) elle aide à la prise de décisions.
La prospective peut également influer sur l'avenir en orientant des décisions stratégiques à plus ou moins long terme vers l'accomplissement d'un futur jugé comme plus souhaitable que d'autres, et/ou en détectant suffisamment tôt des signaux faibles porteurs de potentielles ruptures.

3 - Bien comprise, la prospective des dispositifs et des pratiques de lecture, au-delà de ses dimensions théoriques, recouvre en réalité des aspects très concrets et opérationnels à court et moyen termes, notamment par l'apport d'une veille stratégique et technologique concurrentielle, d'intermédiations avec les acteurs d'autres horizons, et d'aides à l'innovation et à la prise de décisions.

Si vous n'avez pas de stratégie, c'est que vous faites partie de la stratégie de quelqu'un d'autre.” Alvin Toffler
Qu'on se le dise à toutes fins utiles, n'est-ce pas ?

jeudi 12 janvier 2017

Introduction table ronde Transmédia et Narration

Le 09 janvier 2017 avait lieu à l'Ecole Estienne (école supérieure des arts et industries graphiques de la Ville de Paris) une table ronde sur le thème : Le transmédia va-t-il réinventer le livre ?

Ci-après une retranscription de mon introduction à cette table ronde : 
 
" [...] Dans le cadre de mon travail permanent de veille stratégique sur les dispositifs et les pratiques de lecture je note deux points en rapport direct avec notre thème de ce soir :
 
1 - le transmédia et les nouvelles formes de narration confirment le besoin de notre espèce humaine en fictions ;
2 - mais les questions : Sous quelles formes ? Sur quels supports ? Avec quels dispositifs ? demeurent toujours. 
 
Voilà pourquoi j'ai souhaité que nous parlions ce soir à partir de faits concrets.
Aussi j'ai donc constitué le plateau de cette table ronde dans le souci de réunir des jeunes professionnels, qui ont déjà à leur actif des réalisations en édition numérique ou transmédia, et, qui ont également des projets actuellement en cours. 

Pour introduire les échanges qui seront ensuite animés par Olivia Phélip de Viabooks, j'ai juste relevé quelques informations sur ces derniers mois :
 
- A la mi-juin 2016 le premier groupe d'édition français, Hachette Livre, a fait l'acquisition au Royaume-Uni d'un studio de jeux vidéo. Interrogé à plusieurs reprises durant l'été par les médias le PDG de Hachette Livre, Arnaud Nourry, a clairement justifié ce choix stratégique par la stagnation du marché des e-books qui ne prendrait pas en France et serait en recul aux Etats-Unis et en Angleterre.
- En octobre 2016, Stéphane Roussel, directeur exécutif de Vivendi et président de GameLoft déclarait (Le Monde) : "Je crois beaucoup aux jeux vidéos scénarisés.".
- Fin octobre, pour la première fois, la réalité virtuelle et ses potentialités narratives étaient présentées au sein de la fameuse Foire du Livre de Francfort...
- En novembre, Serge Hascoët, directeur éditorial du pole créatif central d'Ubisoft déclarait (Le Monde) : "Dans les prochains jeux vidéo Ubisoft, il y aura de moins en moins de narration.". 
Patatras ! Là, celles et ceux qui s'imaginaient la route toute tracée vers le tout immersif, le tout narratif etc., ne savent plus que penser. Mais c'est que les choses ne sont pas si simples que cela. Ubisoft cherche à anticiper le "tourisme virtuel", l'émergence de territoires virtuels à explorer et où chaque "joueur", chaque "lecteur", comme dans la vraie vie, écrira librement sa propre histoire. Second Life préfigurait ce modèle, High Fidelity, autre Métavers, lui en cours d'élaboration sur le web 3D immersive, incluant l'usage de casques de réalité virtuelle, vont dans ce sens [...].
Enfin pour conclure, deux autres faits très récents :
- Il y a quelques jours, le 5 janvier 2017, l'ACBD (Association des critiques et journalistes de bandes dessinées) publiait son Rapport 2016. Elle y présente la BD numérique comme un échec. De fait, si l'offre est de plus en plus conséquente, il n'y a pas véritablement un lectorat et un marché. Lire une BD sur album est et reste une expérience différente de celle de visionner un dessin animé ou un film d'animation. 
Sur ce point les réalisations de nos invités nous montreront qu'il peut en être autrement... 
- Enfin, aujourd'hui même 9 janvier, Delphine Ernotte, présidente de France Télévision, présentait son plan de création qui vise à produire 50% de fictions de plus d'ici 2020.

Alors comment penser l'avenir face à ces informations qui peuvent sembler contradictoire ?
Depuis les peintures pariétales notre espèce animale est animée par un besoin de créer des simulacres de la réalité, aussi la question essentielle à mon avis est-elle ce soir : comment exprimer ce besoin aujourd'hui au niveau de l'interprofession du livre, et comment permettre aux futurs professionnels, tels ceux formés à l'Ecole Estienne, d'atteindre et de dépasser cet horizon que serait le transmédia ? [...] "

Pour celles et ceux qui n'ont pas pu assister à cette table ronde, à voir : 
- PHALLAINA http://phallaina.nouvelles-ecritures.francetv.fr/ (qui était présenté par notre invité Pierre Cattan de Small bang...),
- THE ENEMY http://theenemyishere.org/fr/ (qui était présenté par notre invitée Hélène Adamo de Camera Lucida...)
- A lire : Livre numérique : ce que nous avons raté, pourquoi nous l'avons raté, et comment nous allons changer les choses, par notre invité Julien Simon sur le blog de Walrus ebook studio.

Illustration : photo par Laurent d'AtmosFeel.