Après Le sens des choses, se présentant comme le premier hyperlivre, signé Jacques Attali (avec la collaboration de Stéphanie Bonvicini) chez Robert Laffont, et dont il est certainement plus intéressant de considérer la campagne marketing que de s‘attarder à ses aspects “hyperlivresques”, lesquels ne présentent au fond rien de vraiment innovant et ont reçu un accueil plus que réservé sur les réseaux littéraires du Web, voici donc maintenant ce que je me permettrais de qualifier d’antilivre, sous la plume de Jean-Claude Carrière et Umberto Eco, chez Grasset : N’espérez pas vous débarrasser des livres.
Présenté sous la forme d’entretiens avec le journaliste Jean-Philippe de Tonnac et mené tambour battant avec esprit par les deux compères, l’ouvrage s’attache en fait, en puisant dans l’histoire du livre, à faire accroire aux lecteurs que le livre imprimé serait indépassable.
Quelques-uns y trouveront certainement leurs comptes, et notamment les industriels et les financiers qui ont intérêt à vendre du papier.
Nonobstant, de telles stratégies éditoriales de la part de maisons et d’auteurs reconnus sont, à mon sens, particulièrement perverses au moment où l’interprofession du livre se trouve confrontée à de profondes mutations, et où tous, professionnels du livre comme lectrices et lecteurs, ont besoin d’un accompagnement sur les processus en cours à tous les niveaux de la chaîne du livre.
Chercher à insinuer dans “l'esprit du grand public” (entre guillemets) que ceux qui travaillent aujourd'hui au futur du livre, à son avenir, voudraient en fait se débarrasser des livres, est ignoble.
Comment l’auteur de Lector in fabula, peut-il ne plus croire à l’évolution du livre, alors qu’elle se fonde sur une évolution des pratiques de lecture ? Mystère !
Comment les éditions Albin Michel, éditeur historique de L’apparition du livre, peuvent-elles traiter avec mépris ma proposition d’une suite baptisée L’évolution du livre, et dont l’ambition est d’explorer et d’éclairer les pistes nouvelles qui s’ouvrent à nous depuis que le livre a entrepris sa mutation numérique. Mystère !
Dans cet essai, en recontextualisant les bouleversements et les mutations que le monde du livre et de l’édition traverse actuellement avec le numérique, et en les inscrivant dans une perspective historique (références à l’ouvrage de Lucien Febvre et Henri-Jean Martin, L’apparition du livre), je voulais faire apparaître clairement, qu’au-delà des crises et des ruptures apparentes, c’est, bel et bien, l’histoire du livre qui se poursuit en ce début de 21e siècle. Il s’agissait de réfléchir les mutations du livre et de son marché, de l'édition et de son statut, mais aussi de la lecture et de ses usages, dans une perspective, à la fois, historique, mais également, dynamique, en un mot : prospectiviste.
Je pense que la question essentielle est aujourd’hui : Où va la civilisation du livre ?
Mais apparemment, pour entretenir vaille que vaille l’économie papier d’une édition du 20e siècle, il ne serait pas essentiel d’y répondre :-(
Mais apparemment, pour entretenir vaille que vaille l’économie papier d’une édition du 20e siècle, il ne serait pas essentiel d’y répondre :-(
Qui vivra verra…