jeudi 8 octobre 2009

La Réforme, fille de Gutenberg ?

« A propos de l’ars chalcographica, je veux ajouter ici que c’est principalement pour cette raison que Dieu a inspiré il y a quelques années la découverte de cette invention [l’imprimerie] : pour qu’elle serve à diffuser la vérité à notre siècle. » Carrément ! Voilà ce qu’affirmait en 1526 François Lambert d’Avignon.
Jean-François Gilmont, de l’Université catholique de Louvain, est lui aujourd’hui plus mesuré, notamment dans la partie huitième d’une Histoire de la lecture dans le monde occidental (Réformes protestantes et lecture). Il relativise cette « affirmation [qui s’est, il faut le reconnaître, largement répandue depuis le 16e siècle, et qui pour lui] relève souvent du lieu commun plus que de l’analyse érudite. ».
Cette conviction, en partie donc erronée, de : « l’importance du livre imprimé dans la diffusion du protestantisme », trouverait sa source, d’après l’auteur, dans le raz de marée pamphlétaire qui se répandit à cette époque sur toute l’Europe, et allait engendrer un besoin grandissant d’ouvrages imprimés dans les différentes langues nationales. Cela accélérant donc le développement de l’imprimerie ;-)
De, La Réforme, fille de Gutenberg, nous passerions donc à, l’imprimerie dopée par La Réforme, qui, de fait, et ceci est historiquement prouvé, favorisa l’éclosion, puis le développement, des premiers centres typographiques.
« Imprimer des livres réformés […] représentait, nous rappelle Jean-François Gilmont, une source de fructueux profits. ». Aussi, après avoir insisté sur l’importance à l’époque des « enjeux politiques et sociaux de la lecture de la Bible », nous rappelle-t-il qu’ « Au XVIe siècle, la nouveauté du livre est sa multiplication dans un monde où l’essentiel des rapports est oral. ».
La société chrétienne oscille entre la Parole (Logos), et le Livre (Biblos) ; (Serait-ce encore vrai aujourd’hui en 2009 ?) ; posant ainsi la question qui demeure elle essentielle au fil des siècles : par quels canaux l’information circule-t-elle ?
(Et pourrions-nous dire qu'au 21e siècle, la nouveauté du livre est sa libre diffusion numérique (flux) dans un monde où l'essentiel de la culture est imprimé et payant ?)
C’est de l’appropriation des textes par les lecteurs, au point qu’eux-mêmes les diffusent (le lecteur qui « se fait le propagateur des idées qu’il y découvre [dans les livres] ») dont cela dépend. C’est le statut (la statue ;-) du lecteur comme médiateur, comme prescripteur du livre.
Nonobstant, hier comme aujourd’hui : « Un mensonge est aussi facile à imprimer que la vérité. ». Et encore plus facile à numériser, ajouterai-je ;-)
A suivre…

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