lundi 7 décembre 2009

Avenir de la lecture vs "un analphabétisme diffus"

Pour cette dernière partie de mes notes de lecture d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental, je serai malheureusement moins optimiste que dans mes précédents billets. Tant la partie concernée, titrée : Lire pour lire, et sous-titrée : Un avenir pour la lecture, sous la plume d'Armando Petrucci, de l'École normale supérieure de Pise, que l'horizon du livre, apparaissant aujourd’hui chargés tous deux d’incertitudes.

Dans ces vingt-six pages seulement, de cette partie qui, à défaut de concluante se devait à mon avis d’être conclusive, tout laisse le lecteur en suspension. Il me faut cependant honnêtement signaler, d’une part, que l’édition originale du présent livre est datée de 1995 pour les éditions Giuseppe Laterza & Figli Spa à Rome, et de 2001 pour l’édition française au Seuil, et, d’autre part, qu’il est, en effet, et ce toujours en décembre 2009, comme le conclut malgré tout Armando Petrucci, « trop tôt », pour lire ce que sera l’avenir de la lecture au cours de ce 21e siècle.
Nonobstant, si, d’un côté, l’auteur souligne la persistance de l’analphabétisme au cours des millénaires, il précise néanmoins qu’ « Aussi longtemps que l’on produira des textes écrits [sous une forme ou une autre], l’activité complémentaire, la lecture, continuera d’être pratiquée, au moins par une portion [infinie ou infime] de la population du globe. ». Au fond, c’est sans doute cette préoccupation que j’avais en tête, alors que je définissais récemment le livre numérique comme étant : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. », cherchant à exprimer le plus clairement possible, avec cette quantification de 50 % de texte, le besoin que j’estime encore nécessaire, aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir toujours distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Bien malin aujourd’hui celle ou celui qui pourrait dire, non pas tant ce que deviendront les livres, mais ce que deviendra la lecture au cours du siècle. La télévision avec ses feuilletons, les séries américaines, les jeux vidéos, ont habitué les jeunes générations de lecteurs, peut-être davantage même, tout autant en tout cas (?) que le Web 2.0, à de nouvelles formes de narrations.
En fin de compte et en fin de fin de cette histoire de la lecture, Armando Petrucci renonce donc honnêtement à lire l’avenir de la lecture, « fait de pratiques individuelles, de choix personnels, de refus des règles et des hiérarchies, de chaos productif et de consommation sauvage, de métissages, de répertoires divers… ». Au passage, une belle définition de la liberté ! Nul doute cependant qu’il s’agit là, avec la lecture en mutation, « d’un phénomène étendu et complexe ». Et Petrucci de conclure (en 1995 apparemment) que : « C’est seulement dans cinquante ou cent ans que nous pourrons savoir […] et, si nous [le] savons, émettre un jugement. ». Normal, Armando Petrucci est philologue et historien du livre, pas prospectiviste ;-)
Voilà donc pour cette Histoire de la lecture dans le monde occidental (que je mets en Livre du Mois dans la colonne de droite). Les différents billets (15) qui lui ont été consacrés et que vous retrouverez facilement dans les archives du blog (colonne de droite une nouvelle fois) ont été :
  • La lecture redeviendrait une histoire de flux...
  • Pourquoi le codex ?
  • De la lecture extensive à une lecture intensive
  • Lecture extensive vs lecture intensive
  • "Les textes sont désormais trop nombreux pour être tous lus."
  • Lire aux derniers siècles du Moyen Age
  • La sacralisation du livre
  • Livres de plage et de champ de bataille
  • Les médiateurs du livre
  • La Réforme, fille de Gutenberg ?
  • “L’énormité du marché du livre religieux”
  • Qui lisaient en ces temps-là ?
  • Pandémie de lecture vs Grippe A H1N1
  • Une entreprise de séduction
  • Avenir de la lecture vs “ un analphabétisme diffus ”

jeudi 3 décembre 2009

Développer une offre légale de livres numériques

Le gouvernement français peut-il vraiment favoriser le développement d’une offre légale de livres numériques ?En tout cas, à mon sens, le développement d’une telle offre (mais pas seulement numérique et légale, mais, également, pertinente par rapport aux pratiques émergentes de lecture et aux nouvelles générations de lectrices et de lecteurs – mais là, la balle est dans le camp des auteurs et des professionnels de l’édition), le développement d’une telle offre, disais-je, est indispensable, et, cela dit, force est de constater que la nouvelle mission confiée à Christine Albanel irait dans ce sens : « Sur la proposition de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, le Premier ministre a confié à Christine Albanel, ancien ministre, le soin de conduire une mission destinée à préparer les conditions de l’entrée de l’économie du livre dans l’ère numérique. Cette mission comporte trois volets, qui viennent compléter ou prolonger une série de travaux déjà engagés sous l’égide du ministre de la Culture et de la Communication. »

Au titre de ce troisième volet : « Christine Albanel expertisera les conditions dans lesquelles le secteur de l’édition pourra tirer parti de ce dispositif pour mener la lutte contre le piratage des œuvres de l’écrit sur les réseaux numériques.
Enfin, à partir notamment des conclusions qui auront été rendues par la mission Zelnik-Toubon-Cerutti en vue de favoriser le développement de l’offre légale numérique dans le secteur du livre, Christine Albanel mènera un travail de concertation avec les éditeurs français destiné à faciliter leur exposition sur internet et la mise en œuvre, par ces entreprises, de propositions commerciales attractives en ligne. » (Car, en effet, le développement d’une offre légale de livres numériques ne passe pas exclusivement par une lutte contre le piratage, qu’on se le dise ;-)

mercredi 2 décembre 2009

Pour une TVA réduite pour le livre numérique

Je soutiens l’initiative d’Antoine Gallimard, P-DG des Éditions Gallimard, en faveur de l’adoption d’une TVA réduite pour le livre numérique téléchargé ou consulté en ligne.
« Antoine Gallimard, P-DG des Éditions Gallimard (Paris, France), a lancé le 27 novembre 2009 une pétition en faveur d’une TVA à taux réduit sur le livre numérique, afin de convaincre l’ensemble des États membres de l’importance et de l’urgence de cette mesure. Si vous êtes un professionnel de la filière livre, vous êtes invité à signer cette pétition. Attention, les signatures seront fermées le 23 décembre 2009, à 23 heures, heure de Paris. La pétition sera publiée à la veille du prochain conseil ECOFIN, en janvier 2010. »
Extraits du texte de la pétition en français
« Une TVA réduite pour le livre numérique : La lecture de livres au format numérique devient une pratique courante. Brisant les barrières traditionnelles propres à la circulation des biens matériels, elle ouvre pour les œuvres écrites des opportunités de publications plus étendues et durables que par le passé. C’est une chance pour nous tous, auteurs, éditeurs, lecteurs, libraires et prescripteurs, qui n’avons d’autre souhait que de permettre au plus grand nombre l’accès aux œuvres de savoir et d’imagination. On peut certes s’interroger sur la valeur d’usage des supports de lecture qui nous sont aujourd’hui proposés et sur l’urgence qu’il y a à se conformer aux pratiques qu’elles induisent. Pour autant, les acteurs de la filière du livre doivent désormais réunir leurs efforts pour composer et promouvoir une offre légale et universelle qui satisfasse le lecteur, garantisse une juste rémunération des créateurs et respecte les maillons fondamentaux de la chaîne de valeur du livre. […] Une des clés de l’émergence rapide de cette offre légale est le prix de vente du livre numérique, qu'il convient de rendre attractif en faisant bénéficier le lecteur de l’économie faite sur la dématérialisation du livre papier. […] la TVA applicable sur le livre numérique reste à ce jour supérieure à celle, réduite, dont bénéficie le livre imprimé (en France : 19,6 % pour le numérique contre 5,5 % pour le papier, soir 14,1 points d’écart !). […] À maintenir un tel point de vue, on en viendrait à considérer à rebours que la TVA réduite pour le livre imprimé est l’expression du pouvoir régulateur d’une démocratie papetière et non le fait d’une démocratie culturelle. […] C’est pourquoi, nous appelons aujourd’hui solennellement les États membres à mettre tout en œuvre, et le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop tard, pour adopter une TVA réduite pour le livre numérique téléchargé ou consulté en ligne. »(Intégralité en ligne ici…)

lundi 30 novembre 2009

Définir le livre numérique ?

Une définition doit être un phare. D’autre part, dans le contexte actuel, définir le livre numérique est indispensable pour plusieurs raisons : fiscales d’abord, notamment par rapport à la fixation du taux de TVA, législatives ensuite, par rapport aux règlementations relatives au commerce du livre, à l’édition et au droit d’auteur.
Nonobstant, à ma connaissance, en ce jour du 30 novembre 2009, nous n’avons toujours aucune définition du livre numérique.
Certes, cela fait un moment que, tant les organisations représentatives de l’interprofession, que quelques évangélisateurs, se creusent la cervelle sur cette question. Mais, force est de constater que si, incontestablement, nombre de ces apports sont instructifs, voire éclairants, aucun n’est suffisamment clair pour servir de cadre structurant au nouveau paysage qui se dessine sous nos yeux.
Il ne s’agit pas en l’occurrence d’expliquer, mais, de définir. Or : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément. », écrivait l’ami Boileau en 1674 dans son Art poétique. Définir une automobile, par exemple, c’est dire : “Véhicule routier mû par un moteur à explosion, à combustion interne, électrique, ou par turbine à gaz.” (Larousse.fr), et, non pas, décrire dans le détail les différentes pièces mécaniques et leur fonctionnement les unes par rapport aux autres et cetera. Une définition doit oser prétendre à une certaine universalité et ainsi, faire abstraction des cas singuliers et des expériences particulières.
Aussi, définir le livre numérique, cela doit être simplement : énoncer les principaux attributs qui le distinguent.
Dans mon Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition, je propose la définition suivante : un livre numérique ou e-book est : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. ».
Il ne s’agit bien évidemment que d’un modeste apport personnel, mais qui a au moins l’avantage je pense d’être véritablement, non pas une tentative de description exhaustive, d’explication, mais, bel et bien, une définition. J’en ai pesé et réfléchi chaque terme, et je me suis appliqué à en imaginer les diverses incidences interprétatives auxquelles elle pourrait donner lieu.
Ainsi la précision : “dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes”, traduit-elle clairement le besoin que j’estime nécessaire aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir encore distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Le livre numérique reste un bien matérialisable (enregistrement du fichier, impression partielle ou totale à la demande…) qui peut donc toujours être objet de possession et de droits.
Sinon, qu’est-ce qu’un livre, dans l’esprit de la majorité des lecteurs en ce début de 21e siècle ? Après la page 1, vient toujours la page 2, comme la 109 suit toujours la 108. Mais cela, je vous le dis, pourrait bien rapidement changer ;-)

dimanche 29 novembre 2009

Avenir du livre sur Linkedin

René Duringer de L’Observatoire des Tendances accueille depuis ce dimanche 29 novembre 2009 au sein « du groupe Chasseurs de tendances de Linkedin , un nouveau sous-groupe [a été] dédié aux nouvelles tendances, mutations en cours concernant les pratiques de lecture, l'édition et le marché du livre au 21ème siècle ! ... ». N’hésitez pas à venir y participer !

vendredi 27 novembre 2009

Nouveaux dispositifs de lecture au CRFJ de Lausanne

J'ai eu ces derniers jours le plaisir de pouvoir profiter un peu d'une ville que j'aime beaucoup : Lausanne. J'y suis en effet intervenu auprès de la section de formation continue du Centre Romand de Formation des Journalistes, pour une conférence sur le thème : Les nouveaux dispositifs de lecture et de diffusion pour la presse. État des lieux et perspectives...
L'occasion aussi de présenter à l'assistance les principaux readers disponibles en Europe ( L'Iliad Book Edition et le récent Digital Reader 1000S d'iRex Technologies (diffusés par 4DConcept), les PRS-505 de Sony (Portable Reader System) et le nouveau Sony Reader eBook Touch Edition PRS-600, le Kindle d'Amazon...). L'occasion également de donner quelques interviews aux médias suisses, notamment à Lucie Notari de LaTélé (Vaud Fribourg TV) et à l'équipe de “Le Nouvelliste”.
Ma conclusion ? Un séjour bref, mais agréable et fructueux :-)

lundi 23 novembre 2009

Des apports concrets de la Prospective de l'Edition

Quelques modes d’interventions possibles en prospective de l'édition, listés dans le Livre Blanc de la Prospective du Livre et de l'Edition :
 "• Diagnostic et développement des processus d'innovation latents (fonds, collections existantes, valorisation des projets déjà en cours, reprint à valeur ajoutée, livres enrichis...).
• Accompagnement de l'évolution des chaînes de valeurs du livre physique vers le livre numérique, en prenant en compte l'ensemble des postes concernés (conception/écriture, édition, promotion, diffusion/distribution).
• Création d'un système d'innovation (business development, structuration d'une offre commerciale innovante et de sa chaîne de valeur...).
• Sensibilisation et communication en interne (conférences privées, tables rondes, cellules de brainstorming et de scénarisation...).
• Pérennisation des avantages concurrentiels...
• Redynamisation de la chaîne de la valeur...
• Intégration des nouveaux usages et des nouvelles pratiques de lectures (gestion des UGC, User Generated Content = contenus produits par les lecteurs, gestion de communautés et/ou de blogs dédiés...).
• Préconisations et définition des objectifs : rédaction de cahiers des charges dédiés aux fournisseurs de nouvelles technologies...
• Veille stratégique / intelligence économique, benchmarking...
• Gestion de projet (accompagnement stratégique dans une migration numérique, notamment vers une édition Web pure player : développement d'une activité éditoriale de type Web 2.0 avec pour vocation de prendre position dans le secteur émergent de l'édition 2.0... Qualification des métadonnées liées aux livres numériques... Accompagnement migration Web 3D, notamment pour le e-commerce...).
• Intermédiation avec les fournisseurs de nouvelles technologies dédiées à l'édition (Logiciels de lecture, nouveaux dispositifs de lecture, POD...)"