samedi 27 mars 2010

Auprès de l'Association des Anciens de l'Ecole Estienne

J'ai eu le plaisir hier 26 mars 2010 d'assister comme invité à une réunion de l'Association des anciens de l'Ecole Estienne (École supérieure des arts et industries graphiques).
Présidée depuis quelques années par Eric Le Ray, par ailleurs Président fondateur de la société franco-québécoise EPCPartners (Papier électronique et Communication) qui organise le Forum e-PaperWorld, auquel j'aurai également le plaisir de participer les 06 et 07 mai prochains à la Cité des sciences et de l’industrie (Universcience) de Paris [Présentation en ligne], cette association, très active, travaille dans le sens que je préconise depuis un bon moment : l'information, la sensibilisation et la formation (initiale et continue) des professionnels des arts et industries graphiques. Main dans la main, celles et ceux du papier et celles et ceux du papiel :-)
Relire éventuellement mon récent billet : Le facteur humain en prospective du livre et de l'édition...

mercredi 24 mars 2010

Un Conseil du Livre orienté numérique

Le Conseil du Livre qui s’est tenu ce 22 mars courant, sous la présidence de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, a précisé plusieurs orientations stratégiques par rapport au numérique et à ses enjeux :
- Concernant le schéma numérique des bibliothèques : « Le Ministre […] a décidé la mise en place d'un groupe de travail sur les Bibliothèques numériques, [et] souhaite proposer aux collectivités un contrat numérique pour les médiathèques. »
- Concernant la numérisation des livres et le dossier Google : « Le Ministre de la culture et de la communication a proposé un accord aux auteurs et aux éditeurs pour la création d’une véritable offre numérique alternative à Google Livres […] Le ministre a ensuite rappelé l’importance de la maîtrise des contenus par les acteurs publics et privés, mais sans toutefois nier l'importance prise par Google dans l'univers numérique et l'intérêt d'un dialogue avec cette firme, ou avec d'autres, pour accroitre la visibilité des contenus culturels français sur la toile, dès lors qu'elles respecteraient le droit d'auteur et qu'elles offriraient des conditions satisfaisantes pour les pouvoirs publics. »
- Concernant le projet de plateforme numérique des libraires indépendants : « le Ministre a annoncé l'aide de l'État au projet de plateforme numérique sous la forme d'un prêt de 500000 € à taux zéro, via le Centre national du Livre. Ce futur site Internet marchand, qui ouvrira cette année, doit permettre aux libraires de prendre leur part au commerce en ligne de livres physiques, mais également d'être prêts, dès maintenant, à répondre à l'offre de livres numériques en plein essor. ».
- A noter également que : « la nécessité de réduire le taux de TVA sur le livre numérique a été réaffirmée par le Ministre et les membres du Conseil. ».

mardi 23 mars 2010

Paradigme de l'édition à la fin du siècle

C'est en recevant et en feuilletant le livre de Marin Dacos et Pierre Mounier : L'édition électronique, qui vient tout juste de sortir (éditions La Découverte - Collection Repères) et que je commenterai ici même dès que j'en aurai achevé la lecture (qui s'annonce passionnante :-) c'est  donc en recevant et en feuilletant ce livre de Marin Dacos et Pierre Mounier, que j'ai eu l'idée de cette nouvelle représentation ci-après de la, entre guillemets, “chaîne du livre”, à la fin du siècle :

Reste, comme l'écrivent les auteurs dans leur introduction : "Reste que l'avenir ne se devine pas ; il se prépare. Car les grandes lignes qui dessineront le paysage de l'édition de demain seront tracées à partir des innovations dont il est fait l'essai." :-)

lundi 22 mars 2010

Parution du document Outils de Veille pour l'Edition

La publication (08 pages PDF) :
Des outils pour la veille stratégique des métiers de l'édition et du marché du livre,
Elle peut vous être envoyée absolument gratuitement et sans aucun engagement de votre part. Vous ne serez inscrit dans aucun fichier et vous ne recevrez ultérieurement aucune sollicitation.


jeudi 18 mars 2010

Le facteur humain en prospective du livre et de l’édition

Je le constate sur le terrain off et on line : nombre de bibliothécaires, de documentalistes, d'enseignants et d'universitaires sont davantage préoccupés par le devenir des livres, des lectures et des lecteurs, que la plupart des acteurs de l'interprofession du livre, avant tout soucieux, sur un plan collectif, de la survie économique de leurs entreprises et de leurs secteurs d'activité, et, sur un plan personnel, de leurs carrières. Il faut reconnaître que cela est logique et compréhensible. Mais aussi que cela aura une influence sur l'avenir du livre.
Il est aujourd’hui incontestable que nous passons de l’ère de l’imprimé à celle du numérique. Après avoir connu au 15e siècle sa première révolution avec Gutenberg, puis, la révolution industrielle au 19e siècle, le livre connaît maintenant (et depuis quelques années déjà) sa troisième révolution : la révolution numérique. Ses pionniers se sont mis en marche dans les années soixante-dix, et, aujourd’hui, le Web littéraire est en pleine expansion, de nouveaux dispositifs de lecture sont commercialisés et de nouvelles pratiques de lecture, d’écriture et de publication, voient le jour.
Dans ce contexte, il est je pense capital de pouvoir apporter et de partager sur ces mutations, une information réfléchie, structurée et mise en perspective, et ce, tant avec les acteurs de l'interprofession du livre, qu'avec les lectrices et lecteurs.
Il est essentiel de sauvegarder la culture du livre dans sa dimension culturelle transhistorique, et notamment d'accompagner les métiers les plus directement liés aux livres physiques et à leur commerce.
Il est essentiel de prendre en compte le facteur humain. Si nous considérons les vrais enjeux pour le livre, la lecture et la création littéraire, à la fois dans une dimension transhistorique et prospective, alors c'est main dans la main, ceux du papier et ceux du papiel, et ce, quel que soit le ou les supports de demain et d'après-demain, qu'il nous faudrait aujourd'hui réfléchir et travailler ensemble.
L’Association Culture Papier, initiée par l’UNIC (Union Nationale de l’Imprimerie et de la Communication), la Fondation Payot pour la promotion de la lecture et l’accès à la culture en Suisse romande (FPPL, Lausanne), l’Association des Professionnels de l’édition (APE, Paris), œuvrent-elles suffisamment dans cette direction ?

Ne pas prendre les lecteurs pour des canards sauvages

Le facteur humain demande également la prise en considération, d’une part, des effets de continuités et de ruptures générationnelles :
- Le changement naturel des générations de lectrices et lecteurs, directement influencées par les mutations en cours au niveau des dispositifs et des pratiques de lecture…
- Le changement naturel des générations d’étudiantes d’étudiants, au sein des formations aux métiers du livre et de l’édition, puis, un renouvellement générationnel, plus lent, des enseignants.
- L’arrivée de nouveaux jeunes professionnels, au sein des maisons d’édition notamment, et la création, face aux maisons entre guillemets “historiques”, de start-up d’édition “pure player“ (nous en voyons déjà quelques-unes depuis le débarquement du iPhone comme terminal de lecture et l’arrivée prochaine de l’iPad semble accélérer ce mouvement…).
D’autre part, le facteur humain demande également la prise en considération des lecteurs. Même si nous considérons ces derniers comme de simples acheteurs consommateurs de produits culturels, de type livres numériques, encore faut-il que ces produits soient adaptés aux réalités du marché.
Tant un “petit” éditeur indépendant, qu’une “major de l’édition”, qu’un “industriel de la culture numérique” ou un simple importateur de tablettes de lecture taïwanaises, devraient d’abord s'assurer que leurs offres de nouveaux dispositifs de lecture et/ou d’ebooks, correspondent aux attentes, aux besoins et aux budgets des lecteurs.
Il faudrait voir à ne pas prendre les lecteurs pour des canards sauvages. A l’heure du Web 2.0 et à venir, ils pourraient bien s’envoler ;-)

mardi 16 mars 2010

Les auteurs appelés à la vigilance

Dans sa Lettre N°37 de ce mois de mars 2010, la Société des Gens de Lettres appelle avec raison les auteurs, dans un contexte de numérisation des œuvres, à identifier et protéger l’intégralité de leurs droits. « … il est absolument nécessaire, écrit Alain Absire, Président de la SGDL, que chacun d’entre nous fasse le point sur ses cessions de droits d’exploitation commerciale. »
En l’absence de modèle économique pérenne et d’organisation de l’interprofession du livre en matière d’exploitation numérique, la SGDL appelle les auteurs à faire inscrire dans tous leurs « contrats d’édition une clause de renégociation régulière des termes de la cession de [leurs] droits numériques. »

lundi 15 mars 2010

Comment nommer les machines à lire ?

Au-delà les problèmes de définitions, notamment juridique et fiscale, du livre numérique, se pose avec de plus en plus de force la question de comment qualifier génériquement la multitude d’appareils qui ont pour fonction, parfois parmi beaucoup d’autres, de permettre la lecture de ces livres numériques précisément.
Ne serait-ce qu’en implications marketing, nommer ces objets va influencer le marché et orienter les pratiques de lecture du siècle.
Les appeler “liseuses”, terme lancé en France par Virginie Clayssen (Directrice adjointe du développement numérique chez Editis et Présidente de la Commission numérique du SNE Syndicat National de l'Edition) me semble risqué. C’est en partie valider de fait ces machines comme des machines à lire, sans tenir forcément compte de la manière dont elles vont certainement influencer et orienter l’évolution des pratiques de lecture dans les décennies à venir. C’est un peu leur donner un blanc seing.

Affordance de l’iPad en question

C’est l’affordance qui est ici en fait questionnée. (Pas le blog éponyme d’Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en Sciences de l'information et de la communication, et dont je profite de l’occasion pour recommander la lecture : Affordance.)
L’affordance est la capacité d’un objet à suggérer sa propre utilisation (Wikipédia). Qu’en est-il donc alors de l’affordance de ces machines à lire ? Tant des tablettes e-ink / e-paper présentées dans l’eBook Reader Matrix que de ce fameux iPad ?
Le concept d’affordance serait particulièrement intéressant à étudier je pense, dans le contexte actuel de mutation des interfaces de publication, de lecture et d’écriture, sous ses aspects de psychologie de la perception, de design, et d’interaction homme-machine (dans le sens où je parle souvent d’interfaces i2L, interfaces Lecteurs/Livres).

iPad vs eBook

L’iSlate tant attendu s’est appelé iPad lorsqu’il est apparu. Quant aux différences de fonctions ainsi induites par le changement entre nom supposé et nom imposé, l’effet est certes subtil, mais peut-être pas négligeable. Cela pourrait se discuter. Mais là n’est pas le plus important je pense. L’important c’est qu’un “pad of paper” c’est un bloc notes, pas un livre. Nous retrouvons bien, dans cette dénomination iPad, ce qui se joue actuellement dans la redéfinition des pratiques d’écriture et de lecture : un déplacement du centre de gravité et une (con)fusion des usages.
Le terme e-book, forgé en 1998 au sein de la société américaine NuvoMedia qui, depuis la Silicon Valley, allait lancer en 1999 les deux premiers lecteurs d’e-books (le Rocket eBook et le Softbook), ce terme e-book reste, plus de 10 ans après son invention, toujours approximatif dans son emploi, tantôt désignant le contenu (le fichier texte qui est lu), tantôt le contenant (l’appareil).
Le terme québécois livrel (construit sur le modèle de courriel) semble davantage fixé pour désigner les contenus. Des diverses appellations poétisantes comme, par exemple, “baladeur de textes” de Pierre Schweitzer, pour nommer son projet @folio en 1996, ou “Lyber” de Michel Valensi des Éditions de l’Éclat, et au rang desquelles j’ai tendance à mettre également “liseuse”, c’est encore ce “livrel” de nos amis québécois qui fonctionnerait le mieux.
La définition proposée en 2000 par Emmanuelle Jéhanno dans son ouvrage : Enquête sur la filière du livre numérique (éditions 00h00), et que nous pourrions résumer ainsi :
On parle d’e-book, ou livre électronique, quand il y a, à la fois :
- Un contenu numérisé
- Un support de lecture électronique
- Un logiciel de lecture dédié ; si elle clarifiait les choses en 2000, ne fait en 2010 qu’entériner la confusion née dans ces années là, étrangement proches et lointaines à la fois.
En septembre 2002, Marie Lebert dans Le Livre 010101, aux éditions Numilog, rapportait cette déclaration, pertinente et toujours à méditer, de Pierre Schweitzer : « J’ai toujours trouvé l’expression livre électronique très trompeuse, piégeuse même […]. Car quand on dit livre, on voit un objet trivial en papier, tellement courant qu’il est devenu anodin et invisible... alors qu’il s’agit en fait d’un summum technologique à l’échelle d’une civilisation. […] Quand on lui colle [au livre] électronique ou numérique derrière, cela renvoie à tout autre chose : il ne s’agit pas de la dimension indépassable du codex, mais de l’exploit inouï du flux qui permet de transmettre à distance, de recharger une mémoire, etc., et tout ça n’a rien à voir avec le génie originel du codex ! C’est autre chose, autour d’Internet, de l’histoire du télégraphe, du téléphone, des réseaux... »

Alors comment nommer les machines à lire ?

Des acteurs des industries de la communication, comme Apple ou Google, par exemple, pourront certainement user de leur puissance en ingénierie sociale pour imposer l’air de rien une dénomination sexy apte à séduire les consommateurs. Ce ne sera pas la première fois qu'un nom de marque ou de fabricant s'imposera pour désigner un objet appelé à devenir quotidien. Rappelons-nous Frigidaire, Kleenex, Caddie, ou encore Cocotte minute, marque déposée de SEB.
Cette situation dans laquelle, nous autres lecteurs, nous nous retrouvons aujourd’hui en 2010, me rappelle ces quelques mots d’Albert Bensoussan, dans sa présentation du chef-d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude (Collection Points Poche éd. du Seuil) : « Là, tout sera à créer et l'on vivra le déchiffrement des premiers jours du monde, car "beaucoup de choses n'avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt". Et voilà l'humaine condition installée dans l'Histoire, dans la contingence, dans le devenir et le cyclique... » Oui, en effet ;-)