Pas de surprise en somme, une confirmation plutôt : le livre, même s'il ne représente pas et loin s'en faut la plus grosse part de marché pour l'industrie papetière, le livre reste symboliquement porteur de valeurs culturelles et humanistes puissantes.
Aussi fut-il beaucoup question du livre et de livres à ce deuxième colloque de Culture Papier, baptisé : "Cultures papier, cultures d'avenir", et auquel j'ai eu le plaisir d'assister hier 08 novembre 2012.
Aussi fut-il beaucoup question du livre et de livres à ce deuxième colloque de Culture Papier, baptisé : "Cultures papier, cultures d'avenir", et auquel j'ai eu le plaisir d'assister hier 08 novembre 2012.
Les actes seront prochainement accessibles et il ne m'appartient pas, ni de faire une synthèse des trois tables rondes ("Papier et numérique : quelles nouvelles complémentarités ?", "Les jeunes et la culture papier : réalités et perspectives", "Le papier support d'avenir : quelles évolutions de la fabrication au recyclage ?") , ni de jouer ici au journaliste bénévole.
Mais il est certain que c'est là qu'il fallait être le matin du 08 novembre.
Cinq points auxquels je pense...
Notre attention devrait se porter je pense sur ces trois axes de développement que j'indique ci-après :
- 1 - Le développement d'encres "intelligentes" (entre autres des encres électroconductives réagissant au toucher comme des écrans tactiles capacitifs...).
- 2 - La reconsidération du papier, non plus comme un simple support d'affichage statique, mais, comme une interface connectable évolutive (voir les évolutions du e-paper (papiel), les possibles complémentarités papier/écrans (QR Codes, Touchcode, réalité augmentée, reconnaissance d'objets...), la fonctionnalisation des fibres cellulosiques de pâtes à papier, permettant par exemple l'adjonction de capteurs d'interactivité...).
- 3 - Le développement de l'impression à la demande, véritable opportunité de rebond et possibilité de convergence des marchés du numérique et de l'imprimé.
Ces trois points en sous-entendent un quatrième, primordial :
- 4 - Le développement d'une politique volontariste et éclairée de R&D, avec une veille stratégique (dont sur l'évolution des usages) et technologique, et cette dernière, pas seulement sur le poste des supports, mais, également, sur celui du stockage (voir, par exemple, les recherches d'Hitachi et de l'université de Tokyo sur le quartz, ou celles de la Harvard Medical School sur de l'ADN de synthèse...).
Un cinquième point découle naturellement de tout cela je pense :
- 5 - Le développement de think-tanks (laboratoires d'idées) gigognes, sectoriels et transversaux par filières, visibles et identifiables par tous les acteurs.
Tous les espoirs sont permis !
Guillaume Decitre (PDG du Groupe Decitre) a clairement parlé de : "Deux mondes parallèles", ceux qu'un autre intervenant avait appelés auparavant : "le monde de l'écrit et le monde de l'écran" ; celui de l'imprimé et celui du numérique en somme. Dans pratiquement toutes les interventions ce clivage revenait.
Ces deux mondes, certes, ont une certaine existence, voire une existence certaine. La question pour moi est, selon les contextes, de déterminer s'ils sont en "apposition" ou en opposition. Je ne pense qu'ils puissent à terme rester, soit parallèles, soit en conflit. Un troisième terme, un trait d'union, devrait se dessiner des contingences économiques et des réflexes corporatistes. Nous pouvons en discerner de premiers signaux, faibles encore, qui peuvent nous renseigner sur l'évolution du degré de perméabilité de ces deux mondes et sur leurs capacités d'assimilation et d'accommodation. Tous les espoirs sont permis.
D’un côté, l’avenir du livre ne peut pas être son passé, mais, d’un autre côté, nous avons besoin de cette mémoire du livre pour construire son avenir.
La période d'e-incunables, que nous découvrons en la traversant, n'est sans doute à l'échelle de l'évolution humaine qu'un épiphénomène : fondamentalement, papiers ou écrans, il s'agit de l'inscription de la langue dans le monde, dans l'espèce, il s'agit d'incarnations de la parole mise en scène.
C'est certes là prendre de la hauteur.
Mais peut-on vraiment prendre trop de hauteur ?
Un point de vue plus ambitieux et plus humaniste à la fois, s'inscrivant au-delà de l'économie conjoncturelle, dans la perspective du développement de la société, puis de l'humanité en général, nous ferait gagner à tous beaucoup de temps ;-)