vendredi 20 novembre 2009

Définir la prospective de l'édition


« La prospective est une réflexion pour éclairer l'action présente à la lumière des futurs possibles. », c'est cette définition de Michel Godet (De l'anticipation à l'action : manuel de prospective et de stratégie, Paris, Dunod éd., 1991, page 10) que je mets en exergue de mon Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition.
Tout au long je m'attache à donner des définitions précises pour éclairer en quoi la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, peut constituer une discipline nouvelle, et ce qu'elle peut apporter, concrètement, à l'interprofession, dans la période de mutations (technique, numérique, économique, sociale...) que nous traversons.
J'y propose une définition claire de la prospective de l'édition :  "Nous pouvons définir la prospective de l’édition comme étant : la discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y mettre en oeuvre des stratégies de développement.", et je formule entre autres huit propositions pour en favoriser l'essor :
"1 – La création de Commissions de la prospective, au sein du CNL (Centre national du livre), du SNE (Syndicat national de l’édition), du SLF (Syndicat de la librairie française) et de la SGDL (Société des gens de lettres), ainsi que des différentes instances régionales au service du livre et de sa diffusion.
2 – La désignation d’une Madame ou d’un Monsieur Prospective au sein des maisons d’édition.
3 – La prise en considération des spécificités de la prospective du livre et de la prospective de l'édition, notamment dans leur dimension transhistorique, par les structures possédant déjà un département R&D.
4 – L'enseignement de la prospective du livre et de la prospective de l'édition dans les formations aux différents métiers du livre et de l'édition, dans les établissements privés de communication, et dans les cursus de formation continue.
5 – L'organisation et la mise en oeuvre systématiques de méthodes d'observation, d'analyse et d'accompagnement de l'évolution des pratiques de lecture chez les jeunes lectorats natifs du numérique (manuels scolaires numériques, e-learning, serious games...).
6 – La valorisation des réseaux francophones consacrés à l'édition, aux livres et à la lecture, existants déjà sur le Web.
7 – Le traitement journalistique suivi et faisant appel à des experts, des questions et des enjeux de l'avenir du livre et de l'édition, dans les médias grand public (la presse écrite, autrement que par le biais d'informations ponctuelles “à sensations”, mais par des chroniques spécialisées ; la radio et la télévision, notamment du service public).
8 – La constitution d 'un Think Tank (groupe de réflexion), institution privée et publique, à la fois observatoire et comité d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition, de la prospective et de l'économie de la connaissance, et se saisissant de cette question essentielle en cette première moitié du 21e siècle : Où va la civilisation du livre ?"

jeudi 19 novembre 2009

Le livre média et industrie culturelle

Plusieurs points du récent Décret n° 2009-1393 du 11 novembre 2009, relatif aux missions et à l'organisation de l'administration centrale du ministère de la culture et de la communication, justifient, à mon sens, l’existence et la pertinence d’une véritable prospective du livre et de l’édition, et, notamment, confortent plusieurs des recommandations que j’ai formulées dans mon récent Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition.
Un vent nouveau souffle sur l’interprofession du livre et il va nous falloir avoir le pied marin. Le siècle ne fait que commencer !
Ci-dessous quelques extraits, les plus significatifs, concernant les différents secteurs du livre. (L’intégralité du décret est en ligne ici…).

Extraits du décret
« L'administration centrale du ministère chargé de la culture comprend […] la direction générale des médias et des industries culturelles. » (Article 1).
« La direction générale des médias et des industries culturelles définit, met en œuvre et évalue la politique de l'Etat en faveur du développement et du pluralisme des médias, de l'industrie publicitaire, de l'ensemble des services de communication au public par voie électronique, de l'industrie phonographique, du livre et de la lecture et de l'économie culturelle. Elle suit les activités du Centre national de la cinématographie. » (Article 5)
Suite de cet Article 5 : « Elle contribue aux travaux d'étude et d'évaluation économiques et de recherche, ainsi que de veille et d'expertise sur l'évolution des technologies numériques, dans son champ d'activités.
Elle veille à l'équilibre entre les différents acteurs qui interviennent dans le domaine du livre et, à ce titre, au développement de l'économie du livre, en France et à l'étranger. Elle favorise le développement de la lecture et procède à l'évaluation des politiques dans le domaine de la lecture publique. Elle contribue à la modernisation des bibliothèques et des médiathèques, et notamment au renforcement des réseaux et services de coopération, ainsi qu'à la formation de leurs personnels. Elle veille à la conservation, à l'enrichissement et à la valorisation du patrimoine des bibliothèques et des médiathèques. Elle exerce le contrôle technique de l'Etat sur les bibliothèques et les médiathèques des collectivités territoriales. » [...]
« En lien avec le secrétariat général, elle contribue à l'élaboration de la position française pour les négociations européennes et internationales touchant à la réglementation et à la régulation des médias, des industries culturelles, du livre et des services en ligne. »
Qu’on se le dise : « Dans tous les textes réglementaires en vigueur […] la référence à la direction du développement des médias et à la direction du livre et de la lecture est remplacée par la référence à la direction générale des médias et des industries culturelles… » (Article 8).

mercredi 18 novembre 2009

Avenir des métiers du livre et de l'édition

J'ai eu hier soir le plaisir de proposer à l'Association des professionnels de l'édition (A.P.E.), plus précisément, dans le cadre de son groupe de travail : Nouveaux supports -Edition numérique, quelques réflexions sur "L'avenir des métiers". Je les reprends ici dans le texte ci-dessous, afin de susciter commentaires et réactions, étant entendu qu'éditrices et éditeurs seront tous bienvenus au sein de cette association, en général, et de ce groupe, en particulier...

" Ce texte a pour vocation de proposer quelques pistes de réflexion autour de la question du devenir des métiers du livre et de l’édition, dans le contexte de l’arrivée sur le marché de nouveaux dispositifs de lecture.

Logiquement, les métiers qui seront les plus directement impactés seront ceux qui sont le plus dépendants pour leur exercice de la matérialité de l’objet livre.
Je les distingue dans le triptyque suivant :
I. Papetiers / imprimeurs
II. Diffuseurs / distributeurs
III. Libraires / bibliothécaires.
1 – Les papetiers et les imprimeurs
Même si le marché de l’impression n’est pas négligeable, il ne serait nullement indispensable à la survie de la filière papetière. Cette dernière développe depuis plusieurs années, d’une part, des efforts techniques et en termes de communication, concernant l’écobilan de sa production, d’autre part, en R&D, pour faire évoluer le “matériau papier” vers des “papiers intelligents” (notamment pour l’emballage des denrées alimentaires, et dans le secteur de l’hygiène – lingettes désinfectantes, mouchoirs en papier, etc.).
Les imprimeurs seront certainement dans une position plus délicate s’ils venaient à perdre les marchés de l’édition et de la presse écrite, dans un contexte où, en outre, la publicité non sollicitée qui encombre nos boîtes aux lettres est de moins en moins justifiable et efficace pour les annonceurs qui l’utilisent.
Dans un premier temps, les marchés émergents de l’autoédition (1,5 million de Français auraient un manuscrit dans leurs tiroirs, Le Monde des Livres du 12/11/09), et de l’impression à la demande (si les éditeurs développaient de véritables offres innovantes de livres personnalisables à la carte) pourraient retarder le déclin de l’imprimerie.
Le renouvellement du parc matériel et notamment pour l’impression numérique à la demande, a nécessité des investissements considérables dont l’amortissement serait compromis si le point de bascule de l’imprimé au numérique survenait à brève échéance.
Le travail de lobbying de la filière graphique (je pense notamment à la Fondation Culture Papier) s’explique, logiquement, par cette inquiétude légitime.
2 – Les diffuseurs et les distributeurs
Depuis le début des années 2000 la filière diffusion / distribution du livre prépare sa reconfiguration vers le tout numérique, les principaux acteurs étant détenus pas les grands groupes éditoriaux. Ces derniers cherchent à maintenir leur monopole vis-à-vis, d’une part, de l’ensemble de la profession (plusieurs milliers de maisons d’édition en comptant les indépendants), d’autre part, vis-à-vis des fournisseurs d’accès à Internet et des opérateurs de téléphonie mobile, qui cherchent eux à contrôler les flux numériques des biens et services culturels (musiques, vidéos, ebooks, etc.).
Dans cette optique, les grands groupes éditoriaux mettent en place de véritables plateformes de diffusion distribution de livres numériques.
Pour simple rappel, citons chronologiquement : le groupe Hachette Livre avec la plateforme Numilog (créée par Denis Zwirn et son équipe en 1999), le regroupement de Gallimard, La Martinière et Flammarion au sein de la plateforme Eden-Livres, le groupe Editis avec Média Participations via leur e-plateforme. Dans ce contexte des tensions et des crispations commencent à s’exprimer entre deux modèles : une plateforme unique regroupant les éditeurs français, ou, une multitude de circuits indépendants, reposant sur des modèles économiques différents. Ce conflit latent ne fait au fond que dupliquer sur les territoires numériques, la situation quasi-monopolistique qui s’est développée au cours du siècle précédent sur les territoires physiques, sur lesquels la mondialisation rendrait l’édition soluble dans des majors du divertissement.
Cela dit, concrètement, les entrepôts de stockage de livres papier seront remplacés par des datas centers, et les norias de camionnettes qui véhiculaient ces cartons de livres et d’invendus, par des câbles en fibres optiques. Mais attention. Tout cela n’a rien ni d’immatériel ni de gratuit !
Cette réorganisation représente d’importants investissements financiers, notamment en termes d’infrastructures, en logistique et en maintenance, et également en énergie (importante consommation électrique pour le fonctionnement et le refroidissement des centres de données) et donc, également en termes de développement durable.
3 – Les libraires et les bibliothécaires
Pour les libraires, d’une part, les structures matérielles des librairies (loyers, assurances et personnels rendus nécessaires par la gestion physique des livres et des lieux de vente) pèsent de plus en plus lourd, et, d’autre part, le commerce en ligne, et notamment celui des livres, se développe.
Les librairies risquent de connaître le même destin tragique que celui des disquaires, des photographes, des loueurs de vidéos : la disparition pure et simple.
Des libraires réagissent et cherchent à innover (je pense ici à : Bernard Strainchamps, weblibraire responsable de Bibliosurf, Joël Faucilhon avec Lekti-ecriture.com, Charles Kermarec de la Librairie Dialogues à Brest, d’autres certainement) et il serait bien d’écouter ce qu’ils auraient à nous dire de leurs expériences et de leurs besoins, en termes de mutualisation et de solidarité interprofessionnelles.
Équiper les librairies “brick and mortar” de dispositifs coûteux d’impression à la demande, ou de bornes de téléchargements de livres numériques (inutiles du moment que ces derniers sont déjà téléchargeables sur ordinateurs et smartphones) ne me semble personnellement pas réaliste.
Le Web, sur lequel décollent, lentement mais continument, les ventes de livres, sur lequel se développe la “longue traîne” de Chris Anderson, et sur lequel Amazon ou la Fnac.fr réalisent déjà de substantiels chiffres d’affaires, ce Web évolue lui aussi.
Nous allons vers un Web immersif. Les plus grandes marques travaillent déjà à la “virtualisation” de leurs espaces de vente. Il s’agit, dans un premier temps, de la modélisation en 3D des boutiques, avant d’intégrer, dans un second temps, des passerelles entre, boutiques en ville, et, boutiques en ligne. Essayage virtuel de vêtements ou de paires de lunettes par l’entremise d’un avatar présentant ses caractéristiques physiques et son propre visage, nouvelle génération de cabines d’essayage se réduisant à un “miroir magique”, tout cela se développe et arrivera au cours des prochaines années.
Les librairies doivent s’y préparer, elles aussi. Les nouvelles générations de lecteurs voudront pouvoir, à distance, accéder, non plus au fonds, mais aux conseils personnalisés de leur libraire préféré, feuilleter les livres à distance, accéder à des informations complémentaires, dialoguer par vidéo ou par le truchement d’un avatar avec le libraire, payer en ligne et avoir dans la minute accès au livre numérique ou au service sur leurs dispositifs de lectures nomades.
Si nous portons notre attention uniquement sur Second Life, nous remarquons déjà la présence de nombreuses bibliothèques, dont celles des principales universités américaines, ainsi que des tests de dispositifs de lecture innovants. Plusieurs îles anglo-saxonnes de cet univers virtuel sont dédiées aux livres, et notamment une pour les développeurs d’Amazon. Des manifestations littéraires, des conférences d’auteurs au lancement du reader de Sony dans l’espace d’exposition de l’éditeur Ramdom House, et quelques initiatives pédagogiques (avec de premières expériences d’immersion de jeunes lecteurs dans des univers romanesques) y ont régulièrement lieu. Cet univers, maladroitement baptisé du qualificatif de virtuel, est imparfait et abscons pour le grand public, mais c’est un laboratoire de ce que sera un jour le Web.
Nous en venons donc enfin ainsi aux bibliothécaires. Depuis quelques années des bibliothèques ont testé le prêt de nouveaux dispositifs de lecture. Notamment la bibliothèque universitaire d’Angers, grâce à Daniel Bourrion, la bibliothèque municipale de Boulogne-Billancourt, grâce à Alain Patez, prochainement la BPI… A mon sens les conclusions ne sont guère concluantes. En février 2010 normalement, la Bibliothèque nationale de France devrait ouvrir un espace permanent sur les futures technologies de lecture, baptisé Labo BnF, et qu’elle définit ainsi : « lieu expérimental de présentation des nouvelles technologies d’écriture et de lecture. Papier électronique communicant, consoles de poches, dispositifs de réalité augmentée […] aussi lieu de réflexion sur la mutation des métiers du livre, les médias numériques… ».
Je pense que durant ce 21e siècle les bibliothèques vont évoluer sur le modèle suivant : d'une part, la bibliothèque-médiathèque physique, "brick and mortar", laquelle sera en permanence couplée par des systèmes de réalité augmentée au réseau des autres bibliothèques sur toute la surface de la Terre, et, d'autre part, sera également couplée en temps réel à son propre double "pure player", dans ce futur Web 3D immersif que j’évoquais pour les librairies. Les deux, la bibliothèque physique, et, la bibliothèque, entre guillemets, "virtuelle", seront interfacées par ce que nous appelons aujourd'hui la "bibliothèque numérique", c'est-à-dire les fonds numérisés.
Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les bibliothécaires, alors que l’entreprise planétaire de Google Books s’étend et que peinent à se développer, tant le projet Europeana, que celui de la Bibliothèque Numérique Mondiale de l’Unesco.
Avec le numérique, le mythe d’une bibliothèque universelle renaît, le grand rêve d’Alexandrie et celui, plus inquiétant, de la Bibliothèque de Babel prophétisée en 1941 par Borges, comme, en somme, une vision annonciatrice des datas centers de Google, d’Amazon et d’Apple. Or, il ne s’agit là aucunement de bibliothèques. Et pourquoi ? Parce qu’une bibliothèque numérique ne doit pas, à l’évidence, se limiter à un service de recherche de livres du type Google Book Search.
Concernant les libraires et les bibliothécaires, il y a une chose importante que je voudrais rappeler : les internautes sont des êtres humains, ce sont nous, ce sont nos proches, et plutôt qu’avec des algorithmes nous préfèrerons toujours avoir un dialogue avec un vrai libraire, avec un vrai bibliothécaire. Le besoin d'une relation humaine restera très probablement prépondérant dans les médiations du livre, que ce type de relation s'établisse par textes brefs, comme aujourd'hui les tweets, ou, demain, par le truchement d'un représentant numérique, des avatars à son image, ou, un jour, pourquoi pas, par téléportations holographiques (?).
Mais encore faut-il que libraires et bibliothécaires investissent aujourd’hui l’avenir de leurs métiers dans ce nouvel ouest des nouveaux territoires numériques.
En conclusion, je dirai simplement que l’existence de ce groupe et de ce sous-groupe au sein de l’Association des Professionnels de l’Edition est justifiée et pertinente."

lundi 16 novembre 2009

Le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition est disponible

Le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition est disponible.

Depuis août 2010 il est téléchargeable gratuitement sur le site de la bibliothèque numérique de l'enssib (école nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques).
Voici le lien de sa notice bibliographique à partir de laquelle vous pourrez le télécharger gratuitement =
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-48577
         
Pourquoi un gramophone en illustration ?
  
Parce que, si l'interface du codex est indépassable, elle ne peut plus répondre, aujourd'hui, aux nouvelles pratiques de lecture. Et alors direz-vous ? Pourquoi un gramophone ?
Parce qu’il y a, entre les nouveaux dispositifs de lecture, dont nous commençons à disposer en ce début de 21e siècle, et ceux dont nous disposerons à la fin de ce même siècle, la même différence qu’entre un gramophone et un iPod !
Les nouveaux dispositifs de lecture ne doivent pas être des pocket PC avec des fonctions en moins, mais, des e-livres de poche avec des fonctions en plus !
Cela dit, au cours de la prochaine décennie 2010-2020 vont arriver, face au marché du livre, les premières générations de lecteurs qui spontanément, pour lire, n'iront plus vers des livres imprimés. Dès lors, la prospective peut aujourd'hui ouvrir de nouvelles perspectives à l'édition qui voit son avenir incertain face aux nouveaux médias et à l'arrivée de ces nouveaux lectorats.

Ce livre blanc a donc un double objectif :

1. D'abord, définir ce qu'est la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, et ce que cette discipline nouvelle peut apporter, concrètement, à l'interprofession dans la période de mutations (technique,  numérique, économique...) que nous traversons...
2. Ensuite, élucider mon expertise auprès de l'interprofession du livre. Il m'est en effet apparu essentiel de clarifier mon expertise auprès de mes interlocuteurs, principalement éditeurs, libraires et bibliothécaires.
Toutes vos remarques, suggestions, commentaires et critiques constructives, seront bienvenues. Alors... @ bientôt ;-)

jeudi 12 novembre 2009

Résumé du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition

Résumé du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition qui sera disponible à partir de ce lundi 16 novembre 2009 :-)

Résumé
" Ce livre blanc a pour vocation de définir ce qu'est, ce que pourrait devenir et ce que pourrait apporter concrètement la prospective, appliquée aux domaines du livre et de l'édition, au marché du livre et à la lecture.

La prospective peut aujourd'hui ouvrir de nouvelles perspectives à l'édition qui voit son avenir incertain face aux nouveaux médias et aux nouveaux lectorats.
La prospective concerne la prévision et l'analyse des différents avenirs possibles.
Nous pouvons définir la prospective du livre comme étant : l’étude des évolutions et des mutations des livres, conçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire en les considérant comme des interfaces lecteurs / livres ; et la prospective de l’édition comme étant : la discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques, dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y mettre en œuvre des stratégies de développement.
Un e-book ou livre numérique est, soit, la copie exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes.
Le livre pourrait-il un jour prochain apparaître comme un objet obsolète aux générations natives du numérique ? La question se pose avec une acuité qu'il serait aujourd'hui irresponsable de nier.
La mise en œuvre d’une veille stratégique dédiée est aujourd’hui vitale pour toute entreprise d’édition qui souhaite pérenniser et développer son activité.
En prospective de l'édition, la notion d'innovation se décline sous trois aspects : une innovation technologique, une innovation structurelle, et, une innovation de produit ou d'interface.
L'objectif premier de la prospective de l'édition est la structuration de nouvelles offres commerciales, d'une part, pertinentes, c'est-à-dire s'intégrant pleinement dans une chaîne de valeur positive, en adéquation avec les attentes du marché et les nouvelles pratiques de lecture et de recherche et consultation d'informations, et, d'autre part, préparées (digital planning, teasing, buzz...) et lancées avec un plan de communication et médias adapté à leurs aspects novateurs.
Dans cette optique plusieurs actions concrètes sont possibles, tant au service du développement des maisons d'édition, que des autres acteurs de l'interprofession du livre.
Onze modes d'interventions possibles en prospective de l'édition sont listés. L'interprofession peut suivre plusieurs orientations (j'en propose six) : (s'émanciper de l'industrie du print, expérimenter, reconfigurer les circuits de diffusion/distribution et adapter le marketing et les relations presse aux nouveaux médias, mettre auteurs et lecteurs au cœur des projets éditoriaux dans une logique 2.0, inventer et tester de nouveaux modèles économiques, ...), et je formule huit propositions pour favoriser le développement de la prospective du livre et de l’édition : (son introduction dans les départements R&D des maisons d'édition, la création de commissions de la prospective dans les différentes instances publiques liées à la politique du livre, son enseignement dans les formations aux divers métiers du livre et de l'édition et dans les cursus de formation continue, ...).

En conclusion, la prospective du livre et de l'édition peut certainement recréer du lien dans une chaîne du livre qui passe d'un modèle linéaire, à un mode de fonctionnement réticulaire, et, par les nécessaires désintermédiation et mutualisation, contribuer à résorber certains réflexes corporatistes, certains égoïsmes catégoriels, qui seraient suicidaires à l'heure de l'édition 2.0. "

mardi 10 novembre 2009

1er livre sur la Prospective du Livre et de l'Edition

Mon livre blanc sur la prospective du livre et de l'édition, spécialement destiné aux acteurs de l'interprofession du livre, sera prochainement disponible (sortie prévue le lundi 16 novembre 2009 :-)

Si vous souhaitez être personnellement et directement avisé de sa disponibilité, merci de m'adresser un mail...
(Photo couverture © Jean-Marc Godès. PhotoLivre)

Sommaire
Pourquoi ce livre blanc ?
Synthèse
1 - Résumé
2 - Mots clés
I - Défis et définitions
1 - Le livre face à la singularité technologique
2 - Des perspectives de la prospective
3 - Définitions de la prospective
4 - Du livre, de l'e-book et de l’édition
=> Le livre comme dispositif de lecture
=> L’édition comme interprofession
II - Prospective du livre
1 - Définition de la prospective du livre
=> Schéma : l'évolution du livre
=> Schéma : des signes aux flux numériques
2 - L’interface lecteurs / livres
3 - La notion de “ disruptive innovation ”
4 - Champs d’application de la prospective par rapport aux mutations du livre - Méthodologie
=> Tendances émergentes et mouvements conjoncturels
=> Scénarios prospectifs
=> Schéma : La méthode des scénarios
III - Prospective de l’édition
1 - Définition de la prospective de l’édition
2 - La mutation de la “chaîne du livre”
=> Schéma : La “chaîne du livre” au 20e siècle
=> Schéma : La “chaîne du livre” au 21e siècle
3 - L'innovation en prospective de l'édition
4 - Champs d’application de la prospective dans l’édition - Méthodologie
=> Veille stratégique
=> Schéma : Méthodologie business development et innovation
=> Le Digital Planning au service de l'édition
=> Schéma : superposition des rythmes d'évolution
=> Les modes d’interventions possibles
IV - Propositions pour le livre et l’édition
1 - Mutations, risques, et orientations à prendre
­=> A - Les mutations
=> B - Les risques
=> C - Les orientations
V - Perspectives...
Propositions pour favoriser le développement de la prospective du livre et de l’édition
VI - Annexes
1 - Lectures conseillées
2 - Extraits d'entretiens
3 - Du Web 2.0 au web 3D
4 - L’auteur
5 - P.L.E. Consulting
=> Le blog P.L.E. Consulting
=> Contacts
6 - Bibliographie et liens
=> Livres
=> Articles
7 - Table des illustrations
=> Couverture
8 - Remerciements

dimanche 8 novembre 2009

Mais n'éprouvez-vous rien monsieur Soccavo ?

" La mutation du livre et de son marché s'accélère, il va y avoir du grabuge, c'est maintenant évident, le ton monte, "vos oreilles sifflent" comme on dit familièrement, et vous ne dites rien. Vous n'éprouvez rien ?
- Si. Bien évidemment. Je ne peux ignorer que l'on parle de moi, parfois, comme d'un "évangélisateur", un "insider", et que, parfois, l'on écoute ce que j'ai à dire. Mais le plus sidérant est cet ostracisme méprisant de ceux qui font tourner les manèges de l'édition. Ils savent, comme je le sais, qu'il va y avoir, en effet, des disparitions. Accidents ou suicides ? Il ne sera pas facile de faire la part des choses et des responsabilités.
- Vous aurez votre part de responsabilité.
- Certes. Une nouvelle fois : cela est évident. Aussi j'éprouve bien un sentiment sur toutes ces choses qui se jouent actuellement. En ce moment même. Un sentiment bizarre. Etrange. "Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C'est un sentiment si complet, si égoïste que j'en ai presque honte alors que la tristesse m'a toujours paru honorable." Nonobstant, c'est bien, et vous le voyez bien, sans chercher aucunement à m'absoudre, un sentiment de l'ordre de celui que définit la jeune Cécile dans le sublime Bonjour tristesse, de Françoise Sagan, que j'éprouve aujourd'hui face à tout cela : bonjour tristesse..."