vendredi 9 mai 2014

La prospective stratégique en action

C'est avec un réel intérêt que j'ai lu ces dernières semaines l'ouvrage collectif : La prospective stratégique en action, sous la direction de Philippe Durance et paru en février dernier aux éditions Odile Jacob.
Plus d'une vingtaine de spécialistes reconnus interviennent dans ce livre qui : " À l’occasion du passage de témoin entre les chaires de prospective stratégique et de développement durable au sein du Conservatoire national des arts et métiers, [...] poursuit quatre objectifs : faire le bilan de quarante ans de pratique de prospective, approfondir certains fondements, montrer l’actualité des méthodes et esquisser quelques pistes pour l’avenir. " (plus d'informations sur ce livre ici...).
Avec, entre autres, les signatures de Régine Monti, Michel Godet bien sûr - titulaire de la chaire de prospective stratégique au Cnam, Marc Mousli, Philippe Durance - titulaire de la chaire de Prospective et Développement durable, Cnam...) c'est là un ouvrage de référence pour qui voudrait saisir, à la fois l'histoire, la vivacité et le rayonnement de l'école française de prospective, qui se définit comme : une indiscipline intellectuelle. Une définition qui m'enchante et me convient parfaitement :-)
 
Bilan et perspectives pour la prospective... du livre
 
A l'invitation de quelques-uns des auteurs de ce livre écrit pour "penser et agir autrement", j'aurai le grand plaisir de participer le mercredi 14 mai 2014 à 19H00 à un Café de la prospective consacré à la présentation de la prospective du livre de la lecture et de l'édition.
Une belle occasion d'expliciter ma propre "indiscipline intellectuelle", le parcours d'autodidacte qui m'a conduit à définir et promouvoir une approche personnelle de la prospective appliquée aux changements des supports et des pratiques de lecture, une occasion aussi de préciser mes méthodes de travail et de veille stratégique, de faire le point sur les freins et les obstacles que je rencontre, mais aussi de tracer des perspectives d'avenir, d'évoquer comment pourraient évoluer le livre et son marché, et la prospective du livre également, et surtout enfin, l'occasion d'échanger et de discuter avec des professionnels et des passionnés de prospective, et, je n'en doute pas, du livre et de la lecture.

mardi 6 mai 2014

Projet de Manifeste pour un Ecosystème du Livre Equitable

 
En tant que lecteur et chercheur indépendant en prospective du livre, je suis contre les DRM et pour ce projet d'un Manifeste pour un écosystème du livre équitable, auquel j'ai réfléchi en compagnie d'Alexandre Girardot (éditeur chez Long Shu Publishing et auteur), Ayerdhal (auteur), Sara Doke (auteur et traductrice), Colette Vlérick (auteur, traductrice et directrice littéraire chez Long Shu Publishing) et Isabelle Marin (éditrice chez Les Netscripteurs).
Ce texte, que je vous invite à commenter et à soutenir, est en parfait accord avec les 14 nouveaux droits fondamentaux des lecteurs au 21e siècle sur lesquels je travaille depuis avril 2013.


samedi 26 avril 2014

De l'hypothèse Sapir-Whorf en prospective du livre

A la question : La prospective du livre et de la lecture devrait-elle prendre en compte l'hypothèse de Sapir-Whorf (HSW), laquelle peut se formuler simplement ainsi : les façons dont nous percevons le monde dépendent du langage que nous utilisons, la réponse serait : "Oui, évidemment !".
La corollaire étant que les langages créent des mondes.
Le court texte ci-après, intitulé "Seuils et avoisinances" est un pas de côté en prospective, pour approcher ce pouvoir créateur, modestement dans la filiation des Villes invisibles d'Italo Calvino.   
J'évoquais récemment ces pistes dans un autre post : Les processus de la lecture éclairés par la théorie des univers parallèles.
Cette démarche s'inscrit elle-même en parallèle, en marge, en complément, en écho... de la toute récente création de la Société Internationale de Mythanalyse par Hervé Fisher au Québec. 
 
------------------------------------------------------
 
la surface des pensées...
" Les orygines sont une espèce d’antilopes particulièrement étranges. Leur viande est réputée immangeable à un point tel que même les grands carnivores ne les chasseraient pas. Pour autant les orygines ne pullulent pas. Elles ont, pour s’exprimer, le besoin de vastes espaces dépeuplés de toutes espèces animales. Longtemps les hommes ont cru que c’était au-dessus des nuages que les orygines galopaient en toute liberté, mais l’invention de l’aviation a tué ce mythe. S’il reste aujourd’hui des orygines elles sont certainement en nombre réduit, en petits groupes isolés, otages d’espaces confinés au sein desquels elles se morfondent.
  
Les hiéroglyphes sont des insectes sociaux des sables.
  
Les teyxtes sont des tissus algueux vivants qui se développent à la surface des pensées.
  
Les xylophones sont des mots entêtants qui empêchent de penser.
  
La rutylance est comme un sentiment exacerbé de certitudes acquises.
  
L’hydre, ce n’est pas la peine qu’elle finisse ses phrases. Elle en dit toujours trop.
  
Et puis les l’eytres, ces grands oiseaux qui planent au-dessus des étants."


mardi 22 avril 2014

Des avatars jouables des mondes numériques aux nouveaux usages

Je viens de lire l'ouvrage collectif récemment paru sous la direction d'Etienne Armand Amato et d'Etienne Perény, du Laboratoire Paragraphe de l'Université Paris 8, aux éditions Lavoisier : Les avatars jouables des mondes numériques.
Je l'ai lu avec la subjectivité, d'une part, d'un chercheur indépendant qui évolue en marge des instances universitaires, et, d'autre part, qui s'interroge et expérimente depuis 2006 les possibilités d'utiliser le truchement des avatars pour réhumaniser les médiations autour du livre et de la lecture au sein des bibliothèques et des librairies numériques gérées par des algorithmes (après MétaLectures, mon projet Bibliosphère s'inscrit dans cette dynamique).
Même s'il est regrettable que l'intelligence des auteurs de l'ouvrage en question se soit exercée presque uniquement sur le métavers Second Life et le MMORPG World of Warcraft, dont les noms mêmes stigmatisent l'imaginaire et orientent les possibles appropriations par les internautes, le fond du propos est cependant plutôt intéressant, bien que très "théorisant". 
 
Passer des avatars jouables aux avatars communicants
 
Pour ma part, à une réflexion thématique sur les "avatars jouables des mondes numériques", je préférerais de beaucoup des expériences pratiques sur... les avatars communicants des mondes immersifs.
L'avatar, en tant "qu'objet heuristique" et transversal sur lequel s'interrogent Amato et Perény depuis 2010, "présentifie l'internaute", c'est-à-dire, à mon humble avis, le projette dans un nouvel espace social au sein duquel il peut, à nouveau, "surfer" sur le web, en compagnie et/ou en mentor de ses pairs.
Je trouve vraiment dommage que les opensims soient ici à ce point négligés. (Etrangement, mais cela est souvent le cas avec les livres imprimés abordant les évolutions des usages liés à l'emploi d'outils numériques, le contenu apparait parfois en partie presque déjà dépassé.) La volonté manifeste de théorisation à outrance ne fait, selon moi, que renforcer cet effet.
L'ouvrage est sur ce point cependant sauvé par les contributions de Claire Sistach (dont la notion de "switch identitaire" a retenu toute mon attention) et de Yann Minh.
Il est important qu'un tel travail de conceptualisation se fasse versant francophone, mais il manque ici en l'occurrence, à la fois, des perspectives pluridisciplinaire et prospective, et une véritable synthèse cohérente. Dommage.
Le plus surprenant dans cet ouvrage est en fait... son prix. 97,00 euros (quatre-vingt dix-sept euros, oui), avec en plus quelques erreurs typographiques et une version numérique seulement au format PDF et... au même prix de 97,00 euros ! 
Cela fait cher pour 300 pages et quelques de réflexions, certes intéressantes, mais diluées par le jargon universitaire qui n'appelle pas un chat, un chat, mais, un felis silvestris catus.
Nos universitaires sont-ils des ca(c)tus pensants ? Et comment n'ont-ils pas pensé alors qu'un tel prix excessif ne pouvait que nuire à la transmission, notamment auprès des étudiants et des jeunes chercheurs ?
En tous cas, des "avatars jouables des mondes numériques", aux nouveaux usages d'un web social immersif, le chemin est long :-(

mardi 15 avril 2014

Intéressants échanges sur le site du Cerig, cellule de veille technologique de Grenoble INP-Pagora

En écho au petit-déjeuner que j'ai animé en mars dernier pour l'association Culture Papier, et dont le compte rendu est en ligne ici même : L'avenir du papier dans le futur du livre, nous avons eu envie avec Jacques de Rotalier, analyste reconnu dans le secteur des papiers graphiques, d'échanger nos points de vue sur le site du Cerig, la cellule de veille technologique de Grenoble INP-Pagora (Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux) qui accueille aimablement cet échange, merci à eux.
Pour lire mon texte : Le monde de l'autre côté de la page, et accéder aux chroniques de Jacques de Rotalier auxquelles il répond, il suffit simplement de suivre ce lien...
 

dimanche 30 mars 2014

Texte imprimé et texte numérique. Ombres et reflets...

Ombres
C'est peut-être la différence de nature entre le reflet et l'ombre qui serait maintenant à questionner. Le texte imprimé serait l'ombre de la parole, le texte numérique son reflet ?
 
Ce questionnement s'impose à moi par la prise de conscience, parfois à la limite douloureuse je l'avoue (mais pourquoi douloureuse ?), qu'il y a bien une différence entre le texte imprimé et celui qui ne fait qu'apparaître un temps limité sur un écran, c'est-à-dire en fait : derrière un écran.
Qu'il est difficile de rendre compte de cette différence et de ses enjeux et de ses impacts ! D'où peut-être cette prise de conscience, et ce sentiment douloureux qui l'accompagne parfois.
Mais pourquoi, par-delà cette distinction, relier texte imprimé et ombre, et, texte numérique et reflet ? Par intuition d'abord. Puis, en y réfléchissant, l'imprimé est traces d'encres, impression précisément, un sédiment qui reste sur le papier ; le texte numérique lui est éclats, des pixels, de l'ordre des étoiles dans le ciel. Du scintillement. (Je me rappelle à l'instant
ces mots en haut d'une tour de la BnF : "scintiller dans l'éclat")
Reflets
Le texte numérique partagerait-il avec la parole sa fugacité ? Fugace cité de mots
Y voir, là, une simple (ou complexe) fractale du feuilletage des livres de papier ?
Mais ce livre-là, l'absolu (ou le réel) n'est ni imprimé ni numérique, il propose un reflet de l'infini et introduit davantage de complexité dans ma réflexion. Le numérique n'est-il pas plutôt le révélateur, l'effet miroir de la complexité dont nous sommes faits et qui nous environne (micro et macrocosme) ?
En fait rien n'a changé, ou n'est créé, juste nous commençons à entrevoir, à réaliser, et à pouvoir nous saisir de cette complexité...
"Notre perception du monde est déterminée par nos cinq sens" lit-on souvent, et des neuro-prothèses pourront un jour apporter plus d'amplitude à nos perceptions physiques (voir ici :
Voir l'invisible), mais, ne faudrait-il pas aussi songer à des psycho-prothèses pour dépasser nos limites mentales ? Je pense évidemment à celles dont la lecture témoignent par ses processus (neurophysiologique, cognitif, affectif, argumentatif et symbolique) et qui finalement dans certaines mesures renforcent et structurent notre anthropocentrisme.
Notre conscience est impressionnée par le monde et son incessant bombardement d'images, mais je suis sur la voie d'un passage, comme Magellan jadis. C'est pourquoi il convient, je pense, de distinguer les ombres des reflets. Quant à la source de lumière...
Ombres et reflets sont de l'ordre de l'insaisissable, nous le voyons bien. Et si l'imagination était le stylet de l'expression de la vie ?

dimanche 23 mars 2014

Séminaire de Celle-les-Bois sur La Renaissance du Livre

Le compte-rendu de la séance inaugurale du séminaire de Celle-les-Bois sur La Renaissance du Livre, qui devrait avoir lieu le 26 janvier 2060, est d'ores et déjà en ligne sur le blog des éditions d'Alexandre Girardot (merci à lui), Long Shu Publishing.
Titré : 26/01/2060 Le Livre-Mentor indispensable compagnon de survie, cet essai, vous l'aurez compris, de futurologie, est prétexte à envisager les probables développements du livre et de la lecture au cours des années 2000-2060, dresser un possible état des lieux en janvier 2060, puis estimer les évolutions à l'horizon 2100.
Qu'en pensez-vous ?
Vos avis, vos commentaires, vos critiques nous intéressent !
Le compte-rendu de cette séance inaugurale est disponible en suivant ce lien, comme vous le remarquerez il comporte de nombreux hyperliens et quelques notes de fin d'article, cela parce que toutes les principales mutations dont il est fait état trouvent leurs origines dans des expériences, des recherches ou des prototypes existants : il s'agit ici d'un exercice de futurologie, pas de science-fiction !