mardi 19 avril 2016

Lire devient un spectacle permanent


#CamilleForEver
Ce titre problématique : Lire devient un spectacle permanent, cherche à exprimer la zone d'incertitude dans laquelle nous sommes maintenant, que nous le voulions ou non, que nous en ayons conscience ou pas, au sujet bien précis des mutations des pratiques de lecture.
La réalité virtuelle avec avatars que j'explore, sur laquelle je travaille, depuis quelques années déjà, ouvre bien d'autres perspectives en effet que celles du domaine de la remédiation numérique des livres et de la lecture.
Les précédents prototypes que j'avais développés : d'abord dans une structure associative avec un incubateur autour de ces nouvelles pratiques et directement implanté dans un environnement web 3D immersive, puis une librairie 3D et une Méta-bibliothèque universitaire sur la plate-forme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg, grâce à la collaboration de Jenny Bihouise et de Anne Cordonnier, tiennent-ils le coup face aux expériences que nous avons ensuite développées de Métacafé littéraire, réunissant par ce geste, davantage créatif que technique, auteurs et lecteurs de la francophonie en abolissant les milliers de kilomètres géographiques qui les séparaient ? Où allons-nous en faisant de telles expérimentations ? Que faisons-nous en réalité ?
   
Depuis 2015 déjà une collaboration plus poussée avec le Théâtre de l'Adret avait débouché sur une importation au sein d'un territoire numérique d'un parcours de théâtre-promenade sur les bords de la Saône.
 
Aujourd'hui, s'interroger comme nous le faisons maintenant sur le drame de Camille Claudel, c'est donc aussi porter la dramaturgie intime de Camille sur le terrain de jeu où se joue l'avenir du livre et de la lecture, là où le langage sculpte et d'où s'élèvent parfois, comme des chants polyphoniques, ces immenses cathédrales de mots que sont les grands romans. Mais où allons-nous en faisant une telle chose ?


Car La valse des gestes est en effet une forme inédite à ce jour de spectacle permanent et accessible pour les internautes francophones depuis toute la surface de la Terre.
C'est un moyen de s'immerger, par l'entremise d'un auteur (Denis Morin) dans l'esprit d'une femme tragiquement morte depuis plusieurs dizaines d'années. Car c'est de cela qu'il s'agit si on considère l'expérience dans sa vérité, au-delà des dispositifs qui malgré tous nos efforts font encore écrans.

* Le pitch
"Camille Claudel meurt le 19 octobre 1943 à 2 h du matin au terme de 30 ans d'un internement psychiatrique abusif. Au 21e siècle son histoire est-elle enfin devenue lisible ? Un poète québécois, un couple de comédiens français et une poignée de fous de la 3D immersive sur le web le croient. Ils lancent sur la toile le premier spectacle pour internautes en partenariat avec l'Université de Strasbourg."
* Les dossiers de presse en français et en anglais avec toutes les précisions sont disponibles en suivant ce lien.
* Le hashtag pour diffuser cette expérience sur les réseaux sociaux : #CamilleForEver
* Ma position intellectuelle = Sans ambages : ne pas y aller est stupide, ne pas exprimer ensuite ses impressions et ses critiques est irresponsable. J'ai dit.
 

lundi 18 avril 2016

Lecture et flux de conscience

Le web est comme une mémoire exocérébrale et parfois, de plus en plus souvent peut-être, nous reviennent des données d'un passé plus ou moins proche. Ici en 2014 dans le cadre d'une conférence pour l'ATEP (Association des Techniciens de l'Edition et de la Publicité), où j'intervenais sur le thème : Industrie de la lecture et captation de l'attention - Lecture écran / lecture papier, un défi d'avenir.
La diapo projetée, qui cherchait à expliciter en quoi la vie capte inévitablement l'attention du vivant, et que lire serait avant tout décrypter et documenter son écosystème, se prolonge aujourd'hui dans mes travaux plus récents par la reconsidération des dispositifs de lecture à l'aune de leurs capacités à canaliser dans une perspective éthique le flux de conscience qui, d'une part, s'exprime par notre perpétuel monologue intérieur et est par ailleurs utilisé comme technique littéraire (stream of consciousness), et, d'autre part, exprime notre addiction naturelle à la narration.

Conjointement je considère de plus en plus les appareils et les services issus du numérique, davantage en termes de médiation, qu'en tant que dispositifs, et notamment de lecture. La réalisation #CamilleForEver dont je parlerai bientôt ici même sur ce blog en témoigne et l'illustre bien.
  
Conférence ATEP 2014


dimanche 17 avril 2016

Un monde de paradoxes dans Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre 17

Le 17e chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
Nous y examinons les deux paradoxes à maitriser pour transformer les miroirs en fenêtres, pour passer du côté où les histoires se vivent comme des réalités. Vous nous suivez ?

lundi 11 avril 2016

Le Lecteur et son Double

"Alors que la distinction entre le lecteur, ce qui est lu et la lecture même, s'estompe, voire serait appelée à disparaître avec le développement de technologies d'assistance à l'imaginaire (le corps humain augmenté, nous le verrons, sera un jour doté de prothèses artificielles pour accroître le champ de ses perceptions sensorielles, ainsi que certaines de ses capacités cognitives, mnésiques, et, surtout de visualisations mentales), le premier pas serait ce dédoublement lecteur/liseur.
Là s'engendrerait je pense la première prise de conscience du fictionaute en soi. En effet, distinguer en soi le lecteur du liseur pose d'emblée une symétrie. Et cette symétrie lecteur/liseur, pour artificielle qu'elle soit peut-être, n'en engendre pas moins naturellement une certaine profondeur de champ, laquelle à son tour produit tout aussi naturellement je suppose, une certaine résonance ondulatoire.
Le phénomène est simple : tout d'un seul bloc nous n'aurions aucun recul, aucune prise de distance possible avec nous-mêmes. Se dédoubler virtuellement, se regarder (se réfléchir) dans le miroir d'une fiction, en prenant au sérieux son double, en considérant son reflet comme une expression de soi sur un autre terrain de jeu, lire en faisant « pour de vrai » comme lorsque nous jouions enfants, c'est se donner la possibilité de s'enrichir d'une deuxième ou d'une énième vie, compte tenu que, comme en mécanique quantique, lecteur et liseur, aussi éloignés soient-ils, ne forment toujours fondamentalement qu'une seule et unique entité psychique. [...]
Cela veut dire que quelle que soit la distance qui les sépare sur le plan de la raison, tout ce qui affecte le lecteur dans sa vie ordinaire, comme tout ce qui affecte le liseur dans sa vie fictionnelle, influe immédiatement et sur l'un et sur l'autre.
  

Réaliser cela c'est je pense commencer à prendre conscience des possibilités d’expansion de sa propre conscience, c'est prendre davantage conscience des potentialités les plus intimes et personnelles de notre nature humaine au sein du grand récit de la vie.
Lire ainsi, lire dans cet état de conscience, c'est ne plus lire dans une perspective imposée par l'auteur, ni même tracée par notre volonté personnelle, par un intérêt particulier, mais c'est se positionner sur des trajectoires. A chaque lecture d'un nouveau roman je me positionne sur une trajectoire, comme je prendrais place sur une rampe de lancement. Nous retrouvons évidemment là, dans le liseur en spationaute, notre modèle du fictionaute. [...]

  
Durant des siècles nous avons configuré le livre, comme support, à notre format mental, et nous avons toujours cherché à ramener l’univers entier dans cette boîte de Pandore qu’est tout volume imprimé.
Maintenant nous constatons que les écrans se rapprochent. L'écran de cinéma était à une dizaine de mètres, celui des téléviseurs à quelques mètres, celui des ordinateurs à moins d'un mètre, celui des tablettes et des smartphones à une dizaine de centimètres seulement, et celui des casques de réalité virtuelle à bien moins de dix centimètres. Et demain ? Si l'écran nous est greffé, ne serait-ce qu'à moins quelques microns, nous aurons intérêt à savoir coder, décrypter et hacker, et à être capable de nous reprogrammer. Et comme toute possibilité de le faire dans le monde physique nous aura probablement été enlevée, c'est dans des mondes parallèles et, en partie au moins, fictionnels, que nous pourrons procéder à ces reconfigurations de nos propres systèmes d'exploitation..."
Ce texte est extrait du chapitre 16 du book in progress
LE VOYAGE INTERIEUR DU LECTEUR sur la plateforme Wattpad... Bonnes lectures !

samedi 9 avril 2016

Le lecteur dédoublé dans Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre Seize

Le seizième chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
En vous montrant comment vous dédoubler, je vous montre comment faire surgir de votre lecture l'espace de la fiction : un espace potentiellement explorable, voire habitable à temps partiel. Cela ne vous tente pas ?

vendredi 8 avril 2016

Une esthétique particulière de la lecture

Lorenzo Soccavo, Festival VidéoFormes 2016 (Photo D.R. Gabriel V. Soucheyre)
Comme en écho à mes récentes interventions au Festival VidéoFormes de Clermont-Ferrand et aux Racontars du numérique à Strasbourg j'ai, comme par hasard (mais le hasard existe-t-il ?) retrouvé dans des notes datant de quelques années, ces deux citations qui expriment bien ce que je ressentais et que je cherchais à formuler, notamment par rapport maintenant à mon "book in progress" Le Voyage Intérieur du Lecteur, sur la plate-forme Wattpad :
 
« La ligne de mots palpe ton propre cœur. Elle envahit les artères, elle entre dans le cœur avec la ruée du souffle ; elle étreint le rebord mobile d’épaisses valvules ; elle tâte ce muscle obscur aussi fort que des chevaux, cherchant une chose, qu’elle ignore. » (Annie Dillard, En vivant, en écrivant, traduit de l’américain par Brice Matthieussent).
 
« Lire, nous l’avons peut-être oublié, c’est se tenir à la limite d’un domaine dangereux, à une frontière d’où nous appelions et en même temps rejetions un autre à la ressemblance de celui que nous logions, un autre auquel il fallait bien faire appel pour justifier les incursions que nous risquions dans les territoires secrets que nous abritions. Cet autre de soi, cette ombre portée, cet autre foyer de l’ellipse qu’on peut poser comme une hypothèse nécessaire, ou un artifice de calcul, quand nous lisons, à travers nos émotions ou les profits d’un savoir, ne faisons-nous peut-être qu’en convoquer la présence, que créer les conditions de son observation. » (Jean-Louis Baudry, “Un autre temps“, Nouvelle revue de psychanalyse, 1988, “La lecture”).

lundi 4 avril 2016

Liber Numericus - RDV Stereolux Nantes en juin

J'aurai prochainement le plaisir de donner la conférence inaugurale de l'exposition Liber Numericus, sur le sujet : Les imaginaires du livre dans la culture contemporaine - Du monde du livre au Livre Monde, à la plateforme intermédia de STEREOLUX à Nantes, le 09 juin 2016. 
 
Présentation : "Le 21e siècle bouleverse nos rapports à la culture et donc aux livres et à la lecture. Nous pourrions qualifier d'e-incunable la période historique que nous traversons, qui voit se multiplier de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques d'écriture et de lecture. Aujourd'hui, se représenter et penser le livre à l'heure du numérique et du "tout écran" demande de pouvoir comprendre et expliciter comment les imaginaires du livre traversent les siècles, et comment, sous de nouvelles formes, ils expriment le même besoin humain de s'immerger dans la fiction. C'est là le parcours que proposera cette conférence : comment le numérique incorpore-t-il la symbolique du livre, et comment en retour le livre assimile-t-il la culture numérique ?".
Plus d'informations sur le site web de Stéréolux...