"Alors que la distinction entre le lecteur, ce qui est lu et la lecture même, s'estompe, voire serait appelée à disparaître avec le développement de technologies d'assistance à l'imaginaire (le corps humain augmenté, nous le verrons, sera un jour doté de prothèses artificielles pour accroître le champ de ses perceptions sensorielles, ainsi que certaines de ses capacités cognitives, mnésiques, et, surtout de visualisations mentales), le premier pas serait ce dédoublement lecteur/liseur.
Là s'engendrerait je pense la première prise de conscience du fictionaute en soi. En effet, distinguer en soi le lecteur du liseur pose d'emblée une symétrie. Et cette symétrie lecteur/liseur, pour artificielle qu'elle soit peut-être, n'en engendre pas moins naturellement une certaine profondeur de champ, laquelle à son tour produit tout aussi naturellement je suppose, une certaine résonance ondulatoire.
Le phénomène est simple : tout d'un seul bloc nous n'aurions aucun recul, aucune prise de distance possible avec nous-mêmes. Se dédoubler virtuellement, se regarder (se réfléchir) dans le miroir d'une fiction, en prenant au sérieux son double, en considérant son reflet comme une expression de soi sur un autre terrain de jeu, lire en faisant « pour de vrai » comme lorsque nous jouions enfants, c'est se donner la possibilité de s'enrichir d'une deuxième ou d'une énième vie, compte tenu que, comme en mécanique quantique, lecteur et liseur, aussi éloignés soient-ils, ne forment toujours fondamentalement qu'une seule et unique entité psychique. [...]
Cela veut dire que quelle que soit la distance qui les sépare sur le plan de la raison, tout ce qui affecte le lecteur dans sa vie ordinaire, comme tout ce qui affecte le liseur dans sa vie fictionnelle, influe immédiatement et sur l'un et sur l'autre.
Réaliser cela c'est je pense commencer à prendre conscience des possibilités d’expansion de sa propre conscience, c'est prendre davantage conscience des potentialités les plus intimes et personnelles de notre nature humaine au sein du grand récit de la vie.
Lire ainsi, lire dans cet état de conscience, c'est ne plus lire dans une perspective imposée par l'auteur, ni même tracée par notre volonté personnelle, par un intérêt particulier, mais c'est se positionner sur des trajectoires. A chaque lecture d'un nouveau roman je me positionne sur une trajectoire, comme je prendrais place sur une rampe de lancement. Nous retrouvons évidemment là, dans le liseur en spationaute, notre modèle du fictionaute. [...]
Durant des siècles nous avons configuré le livre, comme support, à notre format mental, et nous avons toujours cherché à ramener l’univers entier dans cette boîte de Pandore qu’est tout volume imprimé.
Maintenant nous constatons que les écrans se rapprochent. L'écran de cinéma était à une dizaine de mètres, celui des téléviseurs à quelques mètres, celui des ordinateurs à moins d'un mètre, celui des tablettes et des smartphones à une dizaine de centimètres seulement, et celui des casques de réalité virtuelle à bien moins de dix centimètres. Et demain ? Si l'écran nous est greffé, ne serait-ce qu'à moins quelques microns, nous aurons intérêt à savoir coder, décrypter et hacker, et à être capable de nous reprogrammer. Et comme toute possibilité de le faire dans le monde physique nous aura probablement été enlevée, c'est dans des mondes parallèles et, en partie au moins, fictionnels, que nous pourrons procéder à ces reconfigurations de nos propres systèmes d'exploitation..."
Ce texte est extrait du chapitre 16 du book in progress LE VOYAGE INTERIEUR DU LECTEUR sur la plateforme Wattpad... Bonnes lectures !
Là s'engendrerait je pense la première prise de conscience du fictionaute en soi. En effet, distinguer en soi le lecteur du liseur pose d'emblée une symétrie. Et cette symétrie lecteur/liseur, pour artificielle qu'elle soit peut-être, n'en engendre pas moins naturellement une certaine profondeur de champ, laquelle à son tour produit tout aussi naturellement je suppose, une certaine résonance ondulatoire.
Le phénomène est simple : tout d'un seul bloc nous n'aurions aucun recul, aucune prise de distance possible avec nous-mêmes. Se dédoubler virtuellement, se regarder (se réfléchir) dans le miroir d'une fiction, en prenant au sérieux son double, en considérant son reflet comme une expression de soi sur un autre terrain de jeu, lire en faisant « pour de vrai » comme lorsque nous jouions enfants, c'est se donner la possibilité de s'enrichir d'une deuxième ou d'une énième vie, compte tenu que, comme en mécanique quantique, lecteur et liseur, aussi éloignés soient-ils, ne forment toujours fondamentalement qu'une seule et unique entité psychique. [...]
Cela veut dire que quelle que soit la distance qui les sépare sur le plan de la raison, tout ce qui affecte le lecteur dans sa vie ordinaire, comme tout ce qui affecte le liseur dans sa vie fictionnelle, influe immédiatement et sur l'un et sur l'autre.
Réaliser cela c'est je pense commencer à prendre conscience des possibilités d’expansion de sa propre conscience, c'est prendre davantage conscience des potentialités les plus intimes et personnelles de notre nature humaine au sein du grand récit de la vie.
Lire ainsi, lire dans cet état de conscience, c'est ne plus lire dans une perspective imposée par l'auteur, ni même tracée par notre volonté personnelle, par un intérêt particulier, mais c'est se positionner sur des trajectoires. A chaque lecture d'un nouveau roman je me positionne sur une trajectoire, comme je prendrais place sur une rampe de lancement. Nous retrouvons évidemment là, dans le liseur en spationaute, notre modèle du fictionaute. [...]
Durant des siècles nous avons configuré le livre, comme support, à notre format mental, et nous avons toujours cherché à ramener l’univers entier dans cette boîte de Pandore qu’est tout volume imprimé.
Maintenant nous constatons que les écrans se rapprochent. L'écran de cinéma était à une dizaine de mètres, celui des téléviseurs à quelques mètres, celui des ordinateurs à moins d'un mètre, celui des tablettes et des smartphones à une dizaine de centimètres seulement, et celui des casques de réalité virtuelle à bien moins de dix centimètres. Et demain ? Si l'écran nous est greffé, ne serait-ce qu'à moins quelques microns, nous aurons intérêt à savoir coder, décrypter et hacker, et à être capable de nous reprogrammer. Et comme toute possibilité de le faire dans le monde physique nous aura probablement été enlevée, c'est dans des mondes parallèles et, en partie au moins, fictionnels, que nous pourrons procéder à ces reconfigurations de nos propres systèmes d'exploitation..."
Ce texte est extrait du chapitre 16 du book in progress LE VOYAGE INTERIEUR DU LECTEUR sur la plateforme Wattpad... Bonnes lectures !
Très intéressante perspective (prospective !) comme d'habitude !
RépondreSupprimerMerci Lorenzo !
Merci AtmosFeel :-)
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