mercredi 24 mai 2023

La réalité sur le fil...

Sur Lire et dé-lire, l'espace blog qu'ils m'ont ouvert sur leur site, les éditions belges BOZON2X ont tout récemment mis en ligne deux de mes textes de réflexion.
D'abord, Impressions à la lecture de Pierre Michon sur ma lecture de Les deux Beune ("Je m’attendais à partir sur une terre de fiction. Pas une terre de fictions au pluriel, d’histoires, ni une terre fictionnelle, fictive. Non. Mais la réinvention linguistique d’un territoire. Ce fut le cas...") que je mets en lien avec Malaparte, puis, Céline, Krogold et Moravagine… sur les récentes éditions des inédits de Céline que je mets elles en lien avec Moravagine de Cendrars ("Probablement que l’un des phénomènes les plus puissants qui puissent arriver à un auteur ou à un lecteur est que l’invisible passage entre réalité et fiction lui devienne visible en laissant passer dans l’un de ces espaces ce qui est du domaine de l’autre...").
  
Ces deux textes sont des prolongements aux perspectives qui s'ouvrent actuellement dans mes recherches sur les rapports entre les mondes fictionnels et ce que nous appelons couramment et peut-être trop facilement "la réalité".
 
P.S. Le titre de ce post est inspiré de Le Monde sur le fil, téléfilm allemand réalisé par Rainer Werner Fassbinder et adapté du roman SF Simulacron 3 de Daniel F. Galouye.

jeudi 18 mai 2023

Fiction, Anticipation, Prédiction et Prévision

Le langage, en substituant par ses stratégies narratives ses fictions au monde que nous sommes en capacité de percevoir sensoriellement et d'appréhender cognitivement, peut presque littéralement "tuer le temps".
Nous constatons régulièrement, à chaque catastrophe ou presque, qu'elle avait déjà été annoncée dans un roman.
Alors : la littérature peut-elle être prédictive, ou bien d'où nous vient cette impression qu'elle le serait ? 
  
Et si c'était Prévert qui avait raison lorsqu’il disait : « A force d'écrire des choses horribles, les choses horribles finissent par arriver. » ?
Certes, les dystopies nous permettent de penser l’impensable, mais si elles nous préparaient aussi à supporter l’insupportable ? Elles sont paradoxalement bienfaisantes et dangereuses. Mais s’il y a pléthore de récits catastrophistes c’est bien aussi parce que nous aimons en lire. Les mauvaises nouvelles retiennent davantage notre attention, tout comme nous mémorisons plus facilement les fausses que leurs rectificatifs. Mais pourquoi ?
En mettant à jour, à travers des exemples nombreux et précis, les mécanismes des effets de réel et de pensée qui entrent en jeu dans les fictions que nous lisons nous pouvons mieux comprendre comment déjouer les pouvoirs de l'écrit et aussi comment nous pourrions mieux utiliser la fiction pour prévoir et anticiper.
Si cette approche vous intéresse pour une raison ou une autre parlons-en pour l'adapter à votre contexte et à vos objectifs. Je suis à votre écoute...

jeudi 20 avril 2023

La Lecture et ses Futurs

Une rapide présentation synthétique de sept propositions de conférences en lien direct avec mes recherches. N’hésitez pas à me contacter directement si vous êtes intéressés...  

dimanche 16 avril 2023

Démasquer (ce) qui lit en nous...

 Ne prendre ni les mots ni les images pour des idées : lit concerne ici la lecture... 

 

Pour ce printemps 2023, en attendant des actus plus chaudes, une rapide présentation de 7 axes d'attaque pour démasquer (ce) qui lit en nous quand nous lisons une fiction littéraire... A découvrir sur LinkedIn...

vendredi 7 avril 2023

Fictions littéraires et lecture immersive

C'est l'incipit de la Légende de Saint Julien l'Hospitalier, le deuxième des Trois Contes de Flaubert : "Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline." qui dès sa première lecture, il y a des années, me fit venir à l'esprit cette expression, cette réflexion : Lire c’est aller habiter l'autre versant de la colline.
 

Mes travaux portent sur ce déplacement, "aller habiter l'autre versant de la colline", ce que j’appelle : le voyage intérieur des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. Ils interrogent le mirage linguistique formulé à la fin des années 1930 par Sapir et Whorf pour lesquels la façon dont nous percevons le monde dépendrait du langage que nous utilisons pour le décrire.
Wittgenstein l’avait formulé ainsi dans son Tractatus logico-philosophicus de 1921 : « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. ».
 

Je m'interroge : serait-il alors possible de détourner contre le langage sa propre puissance démiurgique pour utiliser ses forces au service de notre émancipation intellectuelle ?
Les récents développements des générateurs textuels ChatGPT nous ouvrent de nouveaux horizons, à la fois sur ce qui relève de la malléabilité et de la programmation linguistiques.
Conférences, séminaires, débats et tables rondes sur ces questions sont à mon avis indispensables pour prendre le recul nécessaire avec une réflexion collective et émancipatrice.
Vous vous sentez concernés, motivés, impliqués ?
Je suis à votre écoute, je suis à votre service.

jeudi 16 mars 2023

Des Allégories de la Lecture...

Des livres, dans le sens de "des lectures", peuvent être des allégories de... la lecture, de ce qui est en jeu lors de notre lecture d'une fiction littéraire.

Cette espèce de métonymie, cette espèce d'espace de la métonymie (dire "des livres" pour dire "des lectures") peut, doit nous interroger, car elle a "à voir" avec notre espace intérieur de lecteur ou de lectrice. Elle nous donne à voir aussi car il y a un réel qui se donne dans les mots.

J'ai eu récemment le plaisir d'intervenir sur ce thème pour une conférence publique à l'invitation de la bibliothèque Mohammed Arkoun de la Ville de Paris.
Mais de nombreuses voies sont possibles pour partir à la découverte des mystères et des bienfaits de la lecture, et pour progresser dans notre compréhension des rapports subtils entre fiction et réalité.
 
Ces réflexions sur la lecture immersive, le sentiment de "traversée du miroir" par les lectrices et les lecteurs de romans, peuvent s'entreprendre, par exemple, à partir de l'oeuvre et de la vie de Stendhal, ou bien, à partir de la dimension chamanique de Marcel Proust et de sa Recherche (j'ai plusieurs fois eu le bonheur d'intervenir dans cette perspective...).
Le roman posthume et inachevé Le Mont analogue de René Daumal peut être lu, et donc présenté à un public, comme une allégorie de la lecture. Probablement aussi Mardi de Herman Melville. Tout comme Le Jeu des perles de verre de Hermann Hesse. D'autres encore...
Au 15e siècle, par exemple, des représentations (donc des lectures) de l'Annonciation prirent la forme étrange de chasses mystiques à la licorne, ou bien d'une Annonciation sans annonciateur visible.
Elles aussi étaient en vérité des allégories de la lecture et peuvent donner lieu à des présentations richement illustrées.
 
Cette multiplicité d'approches possibles pour élucider notre nécessaire travail d'interprétation des textes et de ce que nous projetons de nous dans leurs mondes fictionnels permet une grande variété et une grande souplesse d'approches, d'une vulgarisation au grand public à des auditoires plus avertis des enjeux de la narration et des effets de la mise en récits du monde.

Mais vous vous demandez peut-être encore pourquoi travailler ainsi à une meilleure prise de conscience de nos lectures ? 
 
Au moins pour deux raisons :
- La première, parce que les environnements et les situations dans lesquels nous nous immergeons quand nous sommes plongés dans la lecture d'un roman peuvent agir comme des "bacs à sable", des "bancs d'essai", des modélisations, des laboratoires... Nos lectures peuvent nous aider, dans le sens où la littérature nous ouvre à la possibilité d'un dialogue avec d'autres instances psychiques que nos habituels interlocuteurs humains (anthropomorphes les personnages de fictions sont autres pourtant...).
- Ensuite et corollairement, parce que la fiction peut nous donner accès à d'autres déclinaisons du réel.
 
N'hésitez pas à me contacter si ces questions autour de la lecture et de ses enjeux vous intéressent...


lundi 6 mars 2023

La Lecture est un voyage

Chercheur en littérature à Paris, rattaché au séminaire "Ethiques et Mythes de la Création" auprès de l'institut Charles Cros, je travaille depuis des années sur la lecture immersive, le sentiment de "traversée du miroir" par les lecteurs et les lectrices de romans.
Pour ce faire j'ai inventé le concept opérationnel de "fictionaute", que je définis comme : ce que nous projetons de nous dans le monde de la fiction et de ses personnages quand nous lisons un roman.
J'expérimente ce concept dans des expériences de pensée.
L’expression "expériences de pensée" désigne des expérimentations qui ne peuvent pas se dérouler dans l’univers physique parce qu'il est impossible de les réaliser dans le monde matériel. Soit parce qu’elles visent à l’observation ou à la modification d’un état intérieur, soit parce que leurs objets d’étude se situent dans un monde spéculatif. Ce peut être le cas, par exemple, en mathématiques, en physique, en philosophie... C’est le cas aussi en littérature pour ce qui relève de notre immersion dans des mondes fictionnels.
Je vous propose une rencontre conférence-débat gratuite pour échanger sur ce thème (je vous expliquerai certaines de mes expériences...) le vendredi 10 mars 2023 à 19H00 à la Bibliothèque Mohammed Arkoun de la Ville de Paris (infos pratiques dans la photo ci-dessous) :  

Pour Infos - Réservations gratuites suivre ce lien...