Comme de petits messieurs, à lire ce qui suit, risqueraient de faire leur jaunisse, je déclare d'emblée ici haut et fort que : je reconnais l'importance des travaux et de la réflexion de Robert Darnton, historien du livre reconnu (spécialiste des Lumières européennes et de l’histoire du livre sous l’Ancien Régime), et depuis quelques temps directeur de la Bibliothèque universitaire de Harvard.
Le présent blog, consacré à la prospective du livre et de l'édition, est d'ailleurs (regardez le haut de votre écran ;-) placé sous son bienveillant (n'en doutons pas) exergue :
"Toute tentative pour sonder l'avenir tout en affrontant les problèmes du présent devrait se fonder, je le crois, sur l'étude du passé." Robert DARNTON, Apologie du livre, demain, aujourd'hui, hier, Gallimard éd., 2011.
Nonobstant, j'ai été déçu par la lecture de ce livre.
Alors pourquoi ne pas le dire ?
Ce n'est certes apparemment pas germanopratiquement correct dans le petit Landerneau qui se targue de faire la pluie et le beau temps, et de nous conduire, comme il sied à certains, sur des voies toutes tracées pour l'édition du 21e siècle.
Mais je ne suis pas à la botte de ces gens-là.
Une déception
D'où vient ma déception ?
Je suis déçu simplement car, je l'avoue, j’attendais plus, pour ma part, de cette lecture.
Au fond, j'ai trouvé dans la forme le propos et le style très américano centrés, voire à la limite égocentriques.
Certes, il y a en effet des percées lumineuses qui nous renvoient à Febvre et Martin, et que Darnton met dans une perspective intéressante, mais le fait qu’il ne s’agisse pas véritablement là d’un essai, pensé et construit en tant que tel, mais, d’un amalgame de textes antérieurement publiés dans la New York Review of Books, est, je trouve, dommageable.
Je trouve aussi que Darnton parle beaucoup de lui, de son parcours, des travaux qu’il a menés par rapport aux bibliothèques universitaires américaines, et qui ne sont pas forcément en résonnance avec un contexte francophone ou la situation des bibliothèques et des universités françaises, pour ce que je peux en savoir.
C’est ce point de vue que je trouve « américano centré », et le choix éditorial de Gallimard qui m’interroge. Car, en effet, qui va acheter et lire ce livre, et qui va y comprendre quelque chose et surtout quoi ? en cette période de mutations de la lecture, du livre et de son marché.
Il n’y a pas que les USA au monde et avec ce qui se joue actuellement dans le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, les éditions Gallimard aurait pu certainement, ou pourraient, en complément à ce point de vue américain, trouver mieux pour l’information de leurs lecteurs !
Nous avons en France des historiens du livre, je pense notamment à Frédéric Barbier, entre autres…
Je pense vraiment qu’en toute objectivité la compilation de textes de réflexion que vient de sortir François Bon, dans sa propre maison Publie.net, sous le titre « Après le livre » est d’une pertinence et d’un intérêt bien supérieurs à ce Darnton, et à lire en priorité (j'en publierai une lecture critique dans quelques jours...).
Je comprends votre déception, mais on ne peut quand même pas rendre Darnton responsable nous, français, de notre incompréhension, face à des questions nourries dans un contexte étatsunien. C'est la faute de Gallimard, pas la sienne..
RépondreSupprimer@ SoBookOnline : oui, absolument, c'est bien pourquoi je me dis déçu par la lecture de ce livre, mais n'en reconnais pas moins la valeur des travaux et de la personne de Robert Darnton.
RépondreSupprimer