samedi 18 avril 2020

Un futur alternatif possible par la lecture - projection en 2045 en Castalie

J'ai eu le plaisir de me livrer à un petit exercice de journalisme prospectif comme j'aime pour le groupe Facebook  Petit détour vers un futur proche
  
" Castalie - 2045 : Des terres confinées aura finalement lentement émergé une province hors-sol, déterritorialisée et déliée du poids du passé : il s’agit de la Province de Castalie, une province pédagogique née de l’obligation d’inventer pour l’éducation et l’accès aux livres des solutions alternatives dès lors que bibliothèques, librairies et tous les centres d’enseignement des maternelles aux universités avaient été fermés durant la pandémie de 2020.
En ce jour singulier c’est donc dans sa grande salle cistercienne de Celle-les-Bois que le professeur Joseph Valet a présenté son nouveau séminaire.
 
Le point de départ ? Pour beaucoup la pandémie du printemps 2020 aura été l’occasion de réaliser que la lecture de romans était un moyen fiable d’appréhender les fictions sur lesquelles sont fondées et se développent nos sociétés.
La conséquence ? La ligne de partage entre fictions et réalités (toutes deux au pluriel) est alors tombée, comme en 1989 le Mur de Berlin.
 
Au cours de sa conférence inaugurale le professeur Joseph Valet eut à ce sujet ces mots forts : « Durant les prochaines décennies nous devrions pouvoir entrer en communication avec des formes de vies que recèle la grammaire. Je veux dire qu’il est maintenant indéniable que des processus intelligents sont à l’œuvre dans la langue, qu’ils codent notre perception des mondes. Nous sommes parvenus à un point de l’histoire de l’humanité où même les esprits les plus matérialistes et rationalistes ne peuvent plus nier la puissance créatrice de l’imagination humaine et ne peuvent que reconnaître enfin que les expériences de pensées littéraires valent les scientifiques. Passant du plan au planisphère les mondes que nous lisons en commun en écrivent d’autres que nous pouvons potentiellement habiter et gouverner. ».
Il faut préciser que Joseph Valet, qui dirige aujourd’hui le CRVL (Centre de recherches sur les voyages par la lecture) de Celle-les-Bois est… un personnage de fiction qui aurait, l’on ignore toujours comment, migré, se serait glissé dans le monde physique durant la pandémie de 2020.
Il est en fait le Magister Ludi du roman du prix Nobel de littérature allemand 1946, Hermann Hesse : Le jeu des perles de verre (1943).
Dans la correspondance d’auteurs entre Hermann Hesse et Thomas Mann, autre Nobel de littérature allemand en 1929, il apparaît que ce personnage de Joseph Valet serait en fait une incarnation romanesque de ce dernier, c’est-à-dire de Thomas Mann lui-même.
Ce subtil jeu de substitution entre différents plans de perception n’est pas sans attester des capacités de la lecture à canaliser dans une perspective éthique le flux de conscience qui, d'une part, s'exprime par notre perpétuel monologue intérieur, et, d'autre part, exprime l’addiction naturelle de notre espèce animale à la narration.
 
Ce genre de voyage par la lecture dont nous aurions ici en fait une belle démonstration est par ailleurs clairement évoqué dans un autre ouvrage de Hermann Hesse, Le Voyage en Orient : « notre randonnée ne nous conduisait pas seulement à travers l’espace, mais aussi à travers le temps, pouvons-nous y lire. Nous marchions vers l’Orient, mais nous traversions aussi le Moyen Âge ou l’âge d’or, nous parcourions l’Italie ou la Suisse, mais nous campions aussi parfois au milieu du Xe siècle et logions chez les patriarches ou les fées. ». Qu’il en soit ainsi. "
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire