Cet été ce fut l'occasion de mesurer les retours de l'enquête indépendante LE FUTUR DES BIBLIOTHEQUES VU PAR LES BIBLIOTHECAIRES conduite en début d'année.
A ma grande joie les taux de satisfaction en sont particulièrement élevés :-)
A ma grande joie les taux de satisfaction en sont particulièrement élevés :-)
J'ai commencé à parler du futur dans des conférences à des bibliothécaires en 2008. A l’époque je suis passé pour un fou !
Pour beaucoup, me présentant comme prospectiviste, j'étais d'emblée estampillé "monsieur numérique", et donc un peu comme "le méchant" qui au fond de lui souhaitait la disparition du livre sans avoir le courage de l'avouer.
D'un autre côté, les jeunes médiateurs numériques (sic) et autres dans les bibliothèques avaient eux tendance à me snober. Pour eux je n'étais pas suffisamment pro-numérique, je n'exhibais pas un smartphone en prenant des airs. Je crois qu'ils cherchaient surtout à impressionner leurs collègues, et ce d'abord pour justifier leurs postes dont la nécessité était souvent incomprise. Il faut dire qu'en fait de lectures et de bibliothèques ils ne parlaient qu'applications et jeux vidéos.
A cause de cette relation biaisée les réseaux de bibliothèques et de médiathèques ont moins fait appel à moi. Pourtant il me semble bien qu'elles négligent aujourd'hui bien moins qu'avant la réflexion prospective, comme les résultats de cette enquête en attestent d'ailleurs. De plus, il s'avère que les bibliothécaires, eux, sont de plus en plus conscients et concernés par leurs missions au service de la société, de la lecture publique, du couplage de la littératie et de la littératie numérique.
Comme l'écrivait récemment Patrick Bazin : "Au-delà de la « transmission du patrimoine », la bibliothèque doit permettre « l’amélioration de la compréhension du monde » et « la contribution au bien-être planétaire », d'autant plus qu'il faudra lutter contre le repli sur soi, l'enfermement dans une tribu, et des régimes totalitaires." (Mutations : la transition bibliothécaire).
En effet, tant dans ce que j’observe sur les réseaux sociaux que dans les réactions et les réponses à ce questionnaire, ce qui ressort de plus fort c’est bien l’affirmation du rôle des bibliothèques comme véritables lieux de citoyenneté. Et cela m’apparaît juste et bien.
Mais cela dit restons vigilants : d’une part, les bibliothèques ne sont pas des centres sociaux, et, d’autre part, le libre exercice de notre citoyenneté et le développement de notre esprit critique passent encore et toujours par le livre et la lecture quelles que soient leurs formes, par la fréquentation d’auteurs, mais aussi de lieux et de personnages fictifs.
Ce dont il nous faut bien prendre conscience aujourd'hui c'est que c'est la lecture qui est en jeu, et avec elle notre autonomie de pensée, notre liberté d’esprit.
Ce dont il nous faut bien prendre conscience aujourd'hui c'est que c'est la lecture qui est en jeu, et avec elle notre autonomie de pensée, notre liberté d’esprit.
Malgré cela, comme dans toutes les corporations professionnelles, les bibliothécaires ont la tendance naturelle et légitime à débattre surtout entre eux.
Alors, amis·es bibliothécaires, je vous le dis : si vous voulez un empêcheur de penser en rond vous savez depuis 2008 au moins à qui vous adresser !