lundi 4 janvier 2010

2010 : année charnière pour le marché du livre ?

La prospective, rappelons-le dans le registre des bonnes résolutions à tenir cette année, est une démarche de veille stratégique et d‘analyse des différents avenirs possibles. Et malgré ce que certaines langues pourraient avoir intérêt, cette année encore, à véhiculer sur mon compte, je ne suis ni prévisionniste, ni devin ou prophète ;-)

Le soir du 31 décembre 2009, pour la première fois, un Président de la République a clairement évoqué dans ses vœux au pays l’importance de pouvoir : « numériser nos livres pour que notre langue, notre culture, puissent continuer à rayonner… » (Vœux 2010 du Président Nicolas Sarkozy).

L’année 2009 aura vu, avec le décret N° 2009-1393 du 11 novembre, relatif aux missions et à l'organisation de l'administration centrale du ministère de la culture et de la communication, le remplacement de la direction du livre et de la lecture, par une direction générale des médias et des industries culturelles, laquelle, entre autres missions : « veille à l'équilibre entre les différents acteurs qui interviennent dans le domaine du livre et, à ce titre, au développement de l'économie du livre, en France et à l'étranger. Elle favorise le développement de la lecture et procède à l'évaluation des politiques dans le domaine de la lecture publique. Elle contribue à la modernisation des bibliothèques et des médiathèques, et notamment au renforcement des réseaux et services de coopération, ainsi qu'à la formation de leurs personnels. Elle veille à la conservation, à l'enrichissement et à la valorisation du patrimoine des bibliothèques et des médiathèques. Elle exerce le contrôle technique de l'État sur les bibliothèques et les médiathèques des collectivités territoriales. » (Article 5). [Lien Légifrance]

Dans ce contexte, et afin de pouvoir réellement et efficacement favoriser le développement d’une offre légale de livres numériques, et, au-delà de la numérisation des livres imprimés, favoriser la création de nouveaux contenus, j’émettrais le souhait que le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle ne reste pas exclusivement la chasse gardée du ministère de la culture et de la communication, mais, que le Secrétariat d'État chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre, actuellement piloté par Nathalie Kosciusko-Morizet, puisse prendre la main pour ce qui concerne les dimensions prospectives du livre et des pratiques d’écriture et de lecture.

Les messages de 2009 sont aujourd’hui clairs pour la plupart : multiplication de l’offre de nouveaux dispositifs de lecture (et pas seulement sur e-paper), effervescence éditoriale (offres sur iPhone, Twitter, essais de livres papier enrichis, etc.), influence économique croissante de nouveaux entrants (par rapport à la traditionnelle chaîne du livre du siècle précédent) tels Google, Amazon, Sony et d’autres, mise en place de plateformes de diffusion distribution de livres numériques (groupe Hachette Livre avec la plateforme Numilog -créée par Denis Zwirn et son équipe dès 1999, le rapprochement de Gallimard, La Martinière et Flammarion au sein de la plateforme Eden-Livres, le groupe Editis avec Média Participations via leur e-plateforme…). En même temps des expériences d’édition numérique se sont multipliées et je connais plusieurs projets innovants en gestation qui pourraient bien sortir de l’œuf dans les prochains mois ;-) Bonne chance à tous ;-)

Très bientôt, du 07 au 10 janvier 2010, le Consumer Electronic Show de Las Vegas devrait apporter son lot de surprises côté nouveaux dispositifs de lecture. Comment les lecteurs réagiront-ils en 2010 si Apple sort une tablette de lecture?

Alors que pourrait-il donc se passer et que nous pourrions souhaiter en 2010 ?

– D’abord, une baisse de la TVA pour les livres numériques, avec un alignement sur la TVA à 5,5 % appliquée aux livres papier. L’Espagne l’a fait récemment (taux de 4% !). Depuis le 27 novembre 2009, à l’initiative d’Antoine Gallimard (P-DG des Éditions Gallimard) une pétition en faveur de cette TVA à taux réduit sur le livre numérique, « afin de convaincre l’ensemble des États membres [de l’Union européenne] de l’importance et de l’urgence de cette mesure » est en ligne. Elle est ouverte jusqu’au 10 janvier 2010, à 23 heures (heure de Paris). [Lien pétition]. Je l’ai signée.
Dans cet élan il nous faudrait agir également par rapport à la pertinence d’un prix unique du livre numérique, c’est-à-dire d’un prix de vente des ebooks fixé par les éditeurs et non par les opérateurs informatiques (Amazon par exemple).

– L’épanouissement de la Plateforme Opérationnelle pour le Livre Numérique - POLINUM, lancée le 17 décembre 2009.
POLINUM, financée par le Conseil Régional d’Aquitaine et les fonds européens FEDER, est un consortium français de huit partenaires privés et publics : i2S (coordinateur du projet, expert en technologies de scanners et de traitement d'images), ARKHENUM (Numérisation patrimoniale), EXALEAD (Moteur de recherche avancé, indexation de contenus), ISAKO (Technologies OCR, outils de contrôle qualité et Workflow), CEA LIST (Sémantique image et texte), LaBri (Traitement et indexation d’images), AMANAGER (Outils de publication et de visualisation sur Internet) et ADERA (porteur du projet, cellule agréée de gestion administrative et financière), qui se veut : « une plateforme collaborative de recherche et développement pour la numérisation et la valorisation des fonds patrimoniaux, industriels et informationnels… ». [Lien POLINUM] Tous mes vœux de réussite les accompagnent.

– Pour le soutien à la diffusion du livre papier, à l’édition et à la librairie indépendantes : une baisse des tarifs postaux applicables aux envois de livres. Un groupe dédié : “Pour un transport des livres à prix réduit par La Poste” a été créé sur Facebook, à l’initiative de l’éditeur Dominique Lin (éditions Élan Sud) [Lien groupe FB] J’ai rejoint et je soutiens ce groupe sur Facebook.

Une meilleure coopération et mutualisation interprofessionnelles, à un niveau international et notamment francophone. La société franco-canadienne EPC @ Partners, créée en 2007, y a travaillé en 2009 avec l’organisation d’un colloque le 12 mars au CNAM à Paris, et d’un premier forum E-paper World à l’Université du Québec à Montréal, les 30 septembre et 1er octobre. Fin décembre 2009 a été lancé le numéro zéro d’une nouvelle revue numérique : E-Paper World – “La revue des papiers électroniques et des médias intelligents” [Lien revue].
Sont prévus pour cette année 2010 deux nouveaux forums E-Paper World : à Paris début mai et à Montréal fin 2010.
Je suis associé, depuis 2008 et ma participation à l’ouvrage collectif La bataille de l'imprimé à l'ère du papier électronique. De l'imprimé à l'écran, une évolution du contenant et du contenu, (Presses Universitaires de Montréal éd.) à ces différentes initiatives mises en œuvre par Éric Le Ray.

Un renouveau du dialogue professionnel et interprofessionnel, tel qu’il est aujourd’hui intelligemment encouragé par l’Association des Professionnels de l’Edition (APE) créée en 2008 par l’éditeur Philippe Zawieja. Je suis membre invité de cette association et j’y apporte ma pierre, notamment au sein de son groupe de réflexion “Edition numérique, nouveaux supports”. [Lien site APE]

– Enfin, j’espère voir aussi en 2010 le lancement du Portail numérique de la librairie indépendante, qui permettrait aux libraires de travailler à leur avenir, non pas seulement par rapport à Amazon ou Google, en particulier, mais aussi par rapport aux mutations attendues au cours de cette nouvelle décennie dans le commerce de détail en général (sites Web 3D, réalité augmentée…).

En 2010 s’ouvre, pour la prospective du livre et de l’édition, le vaste domaine de la pensée et de l’action. Les propositions que j’exprime à la fin de mon Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition feraient, je pense, d’excellentes bonnes résolutions à concrétiser tous ensemble au cours de cette nouvelle année :
"– La création de Commissions de la prospective, au sein du CNL (Centre national du livre), du SNE (Syndicat national de l’édition), du SLF (Syndicat de la librairie française) et de la SGDL (Société des gens de lettres), ainsi que des différentes instances régionales au service du livre et de sa diffusion.
– La désignation d’une Madame ou d’un Monsieur Prospective au sein des maisons d’édition.
– La prise en considération des spécificités de la prospective du livre et de la prospective de l'édition, notamment dans leur dimension transhistorique, par les structures possédant déjà un département R&D.
– L'enseignement de la prospective du livre et de la prospective de l'édition dans les formations aux différents métiers du livre et de l'édition, dans les établissements privés de communication, et dans les cursus de formation continue.
– L'organisation et la mise en œuvre systématiques de méthodes d'observation, d'analyse et d'accompagnement de l'évolution des pratiques de lecture chez les jeunes lectorats natifs du numérique (manuels scolaires numériques, e-learning, serious games...).
– La valorisation des réseaux francophones consacrés à l'édition, aux livres et à la lecture, existants déjà sur le Web.
– Le traitement journalistique suivi et faisant appel à des experts, des questions et des enjeux de l'avenir du livre et de l'édition, dans les médias grand public (la presse écrite, autrement que par le biais d'informations ponctuelles “à sensations”, mais par des chroniques spécialisées ; la radio et la télévision, notamment du service public).
– La constitution d 'un Think Tank (groupe de réflexion), institution privée et publique, à la fois observatoire et comité d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition, de la prospective et de l'économie de la connaissance, et se saisissant de cette question essentielle en cette première moitié du 21e siècle : Où va la civilisation du livre ? "

Oui, l’année 2010 pourrait bien être une année charnière pour le marché du livre. Aussi, à toutes les amoureuses, à tous les amoureux, des livres et de la lecture, à toutes les actrices, à tous les acteurs, de l'interprofession du livre, j’adresse ici mes vœux les plus chaleureux, et je vous assure toutes et tous de mon écoute et de ma disponibilité durant toute cette année, pour vous rencontrer, pour répondre à vos questions, à vos doutes, à vos inquiétudes, mais aussi à vos projets.
Enfin, à Madame Lecture et à Monsieur Livre je souhaite une très belle année 2010 !
Bonne année à tous :-)


lundi 21 décembre 2009

Bonnes fêtes, bonnes lectures et offrez des livres !

Lorenzo Soccavo - P.L.E. Consulting souhaitent, à toutes les amoureuses, à tous les amoureux, des livres et de la lecture, à toutes les actrices, à tous les acteurs, de l'interprofession du livre : d'heureuses fêtes de Noël et de fin d'année. A bientôt...

mardi 15 décembre 2009

Comment représenter la mutation de la chaine du livre ?

C'est aujourd'hui une évidence pour tous : après la chaîne de fabrication au siècle précédent, la chaîne du livre, versants éditorial et économique, mute à son tour. Les enjeux et les impacts probables sont conséquents, car c'est la chaîne de valeur qui est directement impactée par ces changements en profondeur.
Les deux illustrations ci-dessous se proposent de représenter cette mutation de la chaîne du livre. Elles sont extraites du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. N'hésitez pas à communiquer des liens vers d'autres représentations graphiques de cette mutation ;-)


S'il est évident à la réflexion que le passage à l'édition numérique, dans une logique de diffusion multicanal multisupport, et dans le cadre d'une économie dite “de l'immatériel”, permettra de substantielles économies d'échelle, de légitimes inquiétudes et hésitations au niveau des prises de décisions se font sentir face à une désintermédiation massive, marquée, d'une part, par l'entrée de nouveaux acteurs, notamment industriels et issus d'autres horizons que celui des arts graphiques (je pense, entre autres, aux opérateurs de téléphonie mobile et aux fournisseurs d'accès à Internet), et, d'autre part, par le rôle croissant des lecteurs qui deviennent contributeurs, critiques, prescripteurs...

vendredi 11 décembre 2009

Quid du Digital Planning au service de l'édition ?

Essayer de générer du buzz ou de viraliser une campagne marketing est une démarche de plus en plus classique, mais qui reste aléatoire. Il est impératif de garder présent à l'esprit deux points essentiels.
Le premier est que les rythmes d'évolution sont asynchrones (Cf. illustration) entre :
– les technologies numériques et en particulier celles d'affichage et de diffusion multicanal multisupport,
– les pratiques des lecteurs/consommateurs et des auteurs,
– les modèles économiques, datant encore majoritairement du siècle précédent et peu, voire pas, adaptés à l'économie numérique en général, ni, en particulier, à l'économie de la connaissance.
Le deuxième point essentiel est que les internautes sont des humains. Cela semble idiot d'évidence, mais il ne faudrait surtout pas l'oublier !
Nous pouvons formuler plus exactement cette évidence ainsi : de plus en plus d'humains sont des internautes. Ces derniers, tout au moins dans un domaine spécifique comme celui du livre et de la lecture, ne vont pas se résoudre à converser virtuellement avec des algorithmes, agents intelligents, ou autres trouvailles technologiques. Le besoin d'une relation humaine restera très probablement prépondérant dans les médiations du livre, que ce type de relation s'établisse par textes brefs, comme aujourd'hui les SMS ou les tweets, ou, demain, par le truchement d'un représentant numérique, des avatars à son image, ou, un jour, pourquoi pas, par téléportations holographiques (?).
C'est pour cette raison qu'il est essentiel que l'ensemble des acteurs de l'interprofession du livre, et notamment les libraires et les bibliothécaires, investissent dès aujourd'hui massivement l'avenir de leurs métiers dans la conquête de ces nouveaux territoires numériques.
Dans ce contexte, nouveau et évolutif, et compte tenu des deux points que je viens de préciser, le digital planning prend en compte les spécificités et les évolutions du Web 2.0.
Au lieu d'essayer de simplement générer du buzz ou de viraliser une campagne marketing, il s'applique à mettre en œuvre une stratégie opérationnelle fondée sur une (re)connaissance des territoires numériques, exactement comme s'il s'agissait de territoires de la géographie physique.
En effet, le Web 2.0 (actuel) se décline déjà sur plusieurs niveaux : un Web sémantique (qui émerge), un Web social (en pleine expansion avec les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, etc.), un Web émotionnel (en constitution), un Web polysensoriel et un Web 3D (à venir dans les prochaines années), et qui évoluent tous vers un Web de flux (“un Web sans sites web”, pour reprendre l'expression de Thierry Crouzet), un Web en temps réel.
N.B. : illustration et commentaires sont extraits du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. Ils n'ont aucune prétention à la perfection et tous les apports constructifs seront accueillis avec reconnaissance...

mercredi 9 décembre 2009

Une méthodologie dédiée au business development de l'édition et des métiers du livre

Tandis que la société et ses usages de consommation de biens culturels évoluent perpétuellement et apparemment de plus en plus rapidement, l'innovation peut surgir de partout !

La représentation graphique ci-dessus explicite une méthodologie particulièrement dédiée au business development de l'édition et des métiers du livre. Dans la représentation proposée, l'axe vertical figure le travail de R&D en stratégies de l'innovation. L'axe horizontal figure le travail orienté Business development.
Il faut considérer ces deux postes comme des curseurs que nous pourrions déplacer chacun sur leur axe respectif.
Logiquement la situation de départ, au commencement des travaux de R&D et de business development, correspond à une phase initiale de préparation (cahier des charges…), qualifiée ici dans la représentation de “État actuel – Définition du projet”. Il s'agit de la phase de départ, numérotée 1.
En déplaçant les deux “curseurs” sur leurs axes, l’expert déploie une activité de veille stratégique et concurrentielle, de benchmark et de détection des usages émergents (orientés BtoB et/ou BtoC). C'est la phase 2, laquelle recouvre entre autres les différents aspects relevant de la veille stratégique.
En déplaçant encore plus les deux “curseurs” et en les éloignant sur leurs axes, l’expert déploie une activité pure de prospective, positionnable sur des échéances à court, moyen et long terme. C'est la phase 2'.
Dans la pratique, les phases 2 et 2' sont mises en œuvre conjointement. C'est en jouant intellectuellement, à un niveau conceptuel, sur l'écartement entre ces curseurs : R&D en stratégies de l'innovation, et, Business development, que l'expert peut concevoir un produit ou un service éditorial, à la fois innovant, et, en phase avec les possibilités techniques et les réalités du marché.
Dans ce que nous pourrions définir comme la zone de tensions créatrices entre 2 et 2', se libère alors le juste espace, la fenêtre de tir, pour la conception, la réalisation et le lancement de tels produits ou services.
C'est cette étape qui est figurée dans la représentation par “Commercialisation d'un produit, d'un service innovant”. La phase 3. Laquelle, à son tour, peut prendre position en phase 1 d'une nouvelle étape et générer un nouveau processus.
Cette représentation peut ainsi servir de modèle pour enclencher une réflexion et un processus opérationnel de structuration d'une offre commerciale innovante et de sa chaîne de valeur.
La méthode des scénarios prospectifs trouvera sa place légitime en phase 2'.
N.B. : illustration et commentaires sont extraits du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l'Edition. Ils n'ont aucune prétention à la perfection et tous les apports constructifs seront accueillis avec reconnaissance ;-)

lundi 7 décembre 2009

Avenir de la lecture vs "un analphabétisme diffus"

Pour cette dernière partie de mes notes de lecture d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental, je serai malheureusement moins optimiste que dans mes précédents billets. Tant la partie concernée, titrée : Lire pour lire, et sous-titrée : Un avenir pour la lecture, sous la plume d'Armando Petrucci, de l'École normale supérieure de Pise, que l'horizon du livre, apparaissant aujourd’hui chargés tous deux d’incertitudes.

Dans ces vingt-six pages seulement, de cette partie qui, à défaut de concluante se devait à mon avis d’être conclusive, tout laisse le lecteur en suspension. Il me faut cependant honnêtement signaler, d’une part, que l’édition originale du présent livre est datée de 1995 pour les éditions Giuseppe Laterza & Figli Spa à Rome, et de 2001 pour l’édition française au Seuil, et, d’autre part, qu’il est, en effet, et ce toujours en décembre 2009, comme le conclut malgré tout Armando Petrucci, « trop tôt », pour lire ce que sera l’avenir de la lecture au cours de ce 21e siècle.
Nonobstant, si, d’un côté, l’auteur souligne la persistance de l’analphabétisme au cours des millénaires, il précise néanmoins qu’ « Aussi longtemps que l’on produira des textes écrits [sous une forme ou une autre], l’activité complémentaire, la lecture, continuera d’être pratiquée, au moins par une portion [infinie ou infime] de la population du globe. ». Au fond, c’est sans doute cette préoccupation que j’avais en tête, alors que je définissais récemment le livre numérique comme étant : « soit, la copie numérique exacte d'un ouvrage imprimé préexistant, soit, une œuvre originellement numérique dont au moins la moitié du contenu est constituée de textes. », cherchant à exprimer le plus clairement possible, avec cette quantification de 50 % de texte, le besoin que j’estime encore nécessaire, aujourd’hui, en 2009, de continuer à pouvoir toujours distinguer clairement les livres numériques des œuvres numériques.
Bien malin aujourd’hui celle ou celui qui pourrait dire, non pas tant ce que deviendront les livres, mais ce que deviendra la lecture au cours du siècle. La télévision avec ses feuilletons, les séries américaines, les jeux vidéos, ont habitué les jeunes générations de lecteurs, peut-être davantage même, tout autant en tout cas (?) que le Web 2.0, à de nouvelles formes de narrations.
En fin de compte et en fin de fin de cette histoire de la lecture, Armando Petrucci renonce donc honnêtement à lire l’avenir de la lecture, « fait de pratiques individuelles, de choix personnels, de refus des règles et des hiérarchies, de chaos productif et de consommation sauvage, de métissages, de répertoires divers… ». Au passage, une belle définition de la liberté ! Nul doute cependant qu’il s’agit là, avec la lecture en mutation, « d’un phénomène étendu et complexe ». Et Petrucci de conclure (en 1995 apparemment) que : « C’est seulement dans cinquante ou cent ans que nous pourrons savoir […] et, si nous [le] savons, émettre un jugement. ». Normal, Armando Petrucci est philologue et historien du livre, pas prospectiviste ;-)
Voilà donc pour cette Histoire de la lecture dans le monde occidental (que je mets en Livre du Mois dans la colonne de droite). Les différents billets (15) qui lui ont été consacrés et que vous retrouverez facilement dans les archives du blog (colonne de droite une nouvelle fois) ont été :
  • La lecture redeviendrait une histoire de flux...
  • Pourquoi le codex ?
  • De la lecture extensive à une lecture intensive
  • Lecture extensive vs lecture intensive
  • "Les textes sont désormais trop nombreux pour être tous lus."
  • Lire aux derniers siècles du Moyen Age
  • La sacralisation du livre
  • Livres de plage et de champ de bataille
  • Les médiateurs du livre
  • La Réforme, fille de Gutenberg ?
  • “L’énormité du marché du livre religieux”
  • Qui lisaient en ces temps-là ?
  • Pandémie de lecture vs Grippe A H1N1
  • Une entreprise de séduction
  • Avenir de la lecture vs “ un analphabétisme diffus ”

jeudi 3 décembre 2009

Développer une offre légale de livres numériques

Le gouvernement français peut-il vraiment favoriser le développement d’une offre légale de livres numériques ?En tout cas, à mon sens, le développement d’une telle offre (mais pas seulement numérique et légale, mais, également, pertinente par rapport aux pratiques émergentes de lecture et aux nouvelles générations de lectrices et de lecteurs – mais là, la balle est dans le camp des auteurs et des professionnels de l’édition), le développement d’une telle offre, disais-je, est indispensable, et, cela dit, force est de constater que la nouvelle mission confiée à Christine Albanel irait dans ce sens : « Sur la proposition de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, le Premier ministre a confié à Christine Albanel, ancien ministre, le soin de conduire une mission destinée à préparer les conditions de l’entrée de l’économie du livre dans l’ère numérique. Cette mission comporte trois volets, qui viennent compléter ou prolonger une série de travaux déjà engagés sous l’égide du ministre de la Culture et de la Communication. »

Au titre de ce troisième volet : « Christine Albanel expertisera les conditions dans lesquelles le secteur de l’édition pourra tirer parti de ce dispositif pour mener la lutte contre le piratage des œuvres de l’écrit sur les réseaux numériques.
Enfin, à partir notamment des conclusions qui auront été rendues par la mission Zelnik-Toubon-Cerutti en vue de favoriser le développement de l’offre légale numérique dans le secteur du livre, Christine Albanel mènera un travail de concertation avec les éditeurs français destiné à faciliter leur exposition sur internet et la mise en œuvre, par ces entreprises, de propositions commerciales attractives en ligne. » (Car, en effet, le développement d’une offre légale de livres numériques ne passe pas exclusivement par une lutte contre le piratage, qu’on se le dise ;-)