jeudi 29 avril 2010

Futures tables rondes sur le futur (du livre)

J’aurai prochainement le plaisir d’animer deux nouvelles tables rondes :

- Le 06 mai 2010 à Universcience – La cité des Sciences, dans le cadre des journées E-PaperWorld Paris 2010 = Influences et impacts de la numérisation et du Cloud Computing sur le livre et la presse.

PARTICIPANTS
- Isabelle SIVAN, Avocate au barreau de Paris, spécialiste droit du livre et de l'édition http://www.sivan-avocats.com/
- Marin DACOS, Directeur du Centre pour l'édition électronique ouverte (Cléo) http://cleo.cnrs.fr/
- Xavier PRYEN, éditions de L'Harmattan (L'Harmathèque) http://www.harmatheque.com/home
- Stéphane KOCH, Consultant en intelligence économique et gestion stratégique de l'information http://www.intelligentzia.ch/blog/
- Jean-Jérôme SACHE, Newpress, Directeur Associé/Co-fondateur. Représentant de Nxtbook Media en Europe http://www.newpress.fr/index.php
Date : jeudi 06 mai 2010
Heure : 14:30 - 16:00
Lieu : Cité des Sciences 30, avenue Corentin-Cariou 75019 Paris
N.B. Pour l'accès aux journées ePaperWorld Paris 2010 se reporter à :
Accès gratuit pour les scolaires, les étudiants et les personnes en recherche d'emplois.

- Le 09 juin 2010 à la Porte de Versailles (Paris), dans le cadre des 3e Rencontres de la diffusion multicanal dans la Presse, l’Edition et la Communication, organisées par Presseedition.fr, en séance inaugurale du Salon OnLine 2010 = Bilan 2009 et perspectives 2010 de l’édition multicanal multisupport.
PARTICIPANTS
- Isabelle SIVAN, Avocate au barreau de Paris, spécialiste droit du livre et de l'édition.
- Alban CERISIER, Attaché à la direction aux éditions Gallimard, en charge du développement numérique.
- Denis DECOSTER, BDM, Creative Professionnals Europe Adobe.
- Denis ZWIRN, Président de Numilog, Hachette Livre.
Date : mercredi 09 juin 2010
Heure : 09:30 - 11:00
Lieu : Porte de Versailles (Paris)

Bibliothèques du futur sur la Radio Suisse Romande

J’ai eu le plaisir de participer ce matin, sur les ondes de la Radio Suisse Romande, à l’émission Médialogues, d’Alain Maillard et Martine Galland, sur le thème : La bibliothèque du futur : « A l'occasion du Salon du livre et de la presse [de Genève], une émission prospective. Comment se présentera la bibliothèque de ceux qui sont enfants aujourd'hui ? Que contiendra-t-elle ? Les classiques vont-ils perdurer ? Lira-t-on encore des livres entiers ? Comment se dessine le nouveau rapport aux livres ? Quels sont les risques du numérique ?
Avec Lorenzo Soccavo, conseil R&D pour le développement de produits et services éditoriaux innovants, et Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève [et auteur de “Google Recherche de Livres et le futur des bibliothèques numériques” à paraître]… »

mercredi 28 avril 2010

Journée académique des enseignants documentalistes

J’ai eu le plaisir de participer hier, 27 avril 2010, à la Journée académique des enseignants documentalistes, organisée par le Rectorat de Poitiers, dans les locaux du Cned-Eifad sur le site du Futuroscope, et sur le thème (provocateur ;-) "Faut-il brûler les livres ?".
Ma conférence (suivie d’une table ronde avec Jean Sarzana et modérée par Mireille Lamouroux, responsable académique de la documentation au CRDP de Versailles) portait spécifiquement sur le sujet suivant : L’Avenir du Livre, avec ces deux questions en filigrane :
- Le livre papier est-il condamné ?
- Quelles sont les perspectives ouvertes ?
L’occasion pour moi d’exposer une nouvelle fois les mutations en cours, tant du livre et de son marché, que de la lecture, à quatre niveaux distincts, ainsi que les différents degrés d’influence des continuités et des ruptures générationnelles sur ces mutations. L’occasion aussi de mettre ces bouleversements en perspective dans une dimension transhistorique et de définir et d’exposer les apports de la prospective du livre et de l’édition.
Je pense avoir contribué à expliciter l’importance des enjeux et j’espère avoir éclairé l’auditoire (nombreux) sur les défis que nous avons tous à relever pour le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle !

vendredi 23 avril 2010

Des vertus de l’historisation en prospective

Il est question dans les commentaires à mon précédent billet “Se représenter la reconfiguration de la chaine du livre” de ma démarche « dans la perspective de l’histoire », aussi je tiens à bien préciser ce point…
J’essaie, en toute modestie, de ne pas m’en tenir à la seule actualité et à l’observation des changements en cours que nous pouvons tous observer. J’essaie aussi de ne pas me projeter directement dans l’avenir, en extrapolant sans garde-fou. (Je ne suis ni prophète, ni devin ;-)

Je trouve plus sage de suivre le chemin figuré dans le schéma ci-dessus :
- Détecter la situation nouvelle, l’élément perturbateur dans le présent…
- Me replonger dans le passé, dans l’histoire du livre et de son marché, pour essayer de retrouver traces de contextes similaires… En tirer les enseignements…
- Me projeter dans l’avenir, à court puis à moyen termes, pour conjuguer présent et futur à la lumière des enseignements du passé. En tirer des conclusions pratiques.

mardi 20 avril 2010

Se représenter la reconfiguration de la chaine du livre

Je fais le pari sur ce blog de P.L.E. Consulting, quitte à avoir moins de visiteurs, de réfléchir sur le devenir des livres et sur l’avenir de la lecture. Cette réflexion personnelle, depuis plusieurs années enrichie et fondée sur un travail permanent de veille et d'analyse, peut avoir par ailleurs des applications très concrètes pour définir, expérimenter et mettre en place de nouvelles chaînes de valeur pour l'édition.
Comme un bon schéma vaut souvent mieux que de longs discours théoriques, voici donc une nouvelle proposition de représentation de l'évolution de la traditionnelle "chaîne du livre" :

Comme toujours il ne s'agit là que d'une incitation au débat. Une simple proposition de départ pour une réflexion collective. Cela n'est-il pas plus constructif que de se contenter de relayer les billets des blogs anglo-saxons ? Ce blog de P.L.E. Consulting pourrait lui aussi, comme d'autres, publier une dizaine de billets quotidiens, se contentant en fait de citer et de renvoyer vers les publications des autres blogs faisant de même. Mais quel intérêt ?
Les professionnels francophones de la “chaîne du livre” ont besoin aujourd'hui d’une information réfléchie, structurée et mise en perspective. Ils ont besoin d’analyses ciblées pour développer leurs marchés et leurs lectorats. Ils ont besoin de pouvoir enrichir leurs points de vue des avis critiques d’experts indépendants.

vendredi 16 avril 2010

Pour un livre numérique créateur de valeurs

Le Premier ministre, François Fillon, s'est vu remettre hier, 15 avril 2010, par Christine Albanel le rapport qu'il lui avait commandé sur le livre numérique et qui est censé être : « le dernier maillon d'une longue chaîne de réflexion ».
Titré : Pour un livre numérique créateur de valeurs, ce rapport, qui se présente comme : « une contribution », fait d’abord le constat de la situation (« Le livre numérique est au cœur d’un paradoxe : le marché, du moins en France, n’existe pas encore vraiment, et pourtant chacun sait que ses contours se dessinent de façon accélérée, et sans doute irréversible. D’où le sentiment d’urgence qui tenaille les acteurs de la chaîne du livre. »), avant de parcourir les enjeux pour le modèle culturel français [j’aurais aimé lire : francophone] :
« - Démocratique, c’est l’évidence, car l'Internet est sans doute […] la meilleure façon de donner à chacun les "clés du trésor", trésor-livre […]
- Projet culturel. Numériser les livres, c'est donner à notre patrimoine écrit, à notre langue, les moyens de leur rayonnement dans un monde sans frontières […]
- Projet économique, bien sûr. Le livre est la première de nos industries culturelles. Nous ne devons pas manquer le rendez-vous […]. »

Au détriment du livre papier ?

A la question : Son essor se fera-t-il au détriment du livre papier ? le rapport estime que « le plus probable sera la montée en puissance d’une double pratique ».
Cinq axes prioritaires sont ensuite rapidement développés :
« - Définir le cadre légal et fiscal le plus approprié au développement du livre numérique. [Un prix unique du livre numérique, et, un taux réduit de TVA. Voir illustration tableau ci-dessous : Différences de TVA entre livres papier et livres numériques en Europe.]
- Veiller à ne laisser personne, et nous pensons en particulier aux petits éditeurs, aux libraires, au bord du chemin de la numérisation.
- Créer une porte d’entrée commune, le « nouveau Gallica », outil partagé des acteurs publics et privés, qui soit la vitrine de l’offre numérique française.
- Porter une exigence en matière de politique européenne commune du livre.
- Enfin, encourager l’offre numérique privée à s’unifier et à se donner les moyens de son développement. »


La principale recommandation de ce rapport, dont je vous laisse découvrir les détails en le téléchargeant [lien téléchargement], est la création d’un groupement d’intérêt économique (GIE) du livre français (« Un tel groupement aurait les avantages de la réactivité, de la souplesse, de la concentration des moyens, de l’identification des responsabilités. Il porterait, via la BnF, les missions traditionnelles de numérisation du patrimoine hors droit, nouant tous les partenariats utiles à cette tâche, notamment avec les grands moteurs de recherche, et pourrait exploiter lui-même nos richesses communes dans des conditions que nous allons proposer, ce qui s’inscrit dans l’esprit du grand emprunt : avoir quelques retours là où l’État consent un immense effort. […] Ce groupement devrait également prendre toute sa place dans un projet essentiel : l’élaboration et l’harmonisation des protocoles de description des ouvrages. Cet objectif de normalisation des métadonnées doit être partagé par tous les acteurs, publics et privés, nous y reviendrons, puisqu’il joue un rôle clé dans le référencement des œuvres, dans leurs modalités de protection ou de distribution et plus largement, dans la visibilité de la création française dans son ensemble… »).

Mes conclusions à la lecture de ce rapport sont :
D’abord, que les États sont décidément comme les tortues géantes des Galápagos, tandis que les multinationales anglo-saxonnes de l’électronique et de l’entertainment sont, elles, comme des lièvres. Question : la fable de notre bon monsieur Jean de la Fontaine, “Le lièvre et la tortue”, est-elle encore applicable au 21e siècle ?
Ensuite, que les mêmes recommandations (prix unique, Tva, etc.) reviennent inlassablement comme une litanie, qui endort plutôt que de pousser à l’action (une nouvelle fois, rythme de la tortue et vivacité du lièvre).
Enfin, que dans cette pléthore de rapports, tous auditionnent pratiquement toujours les mêmes personnalités, dont les points de vue qu’ils peuvent exprimer sont forcément conditionnés et orientés par leurs responsabilités (et leurs appartenances, notamment politiques et/ou syndicales), ainsi que par les contingences économiques des structures qu’ils représentent et qui, le plus souvent, les rémunèrent. (Quid alors de l’indépendance et de l’objectivité ?)

Aussi, en ce qui me concerne, je recommanderais :
- La création d’un “Think Tank” (groupe de réflexion public-privé), qui pourrait être, à la fois, un observatoire indépendant, une force de propositions, et un comité de suivi et d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition papier, et, de l’édition numérique, ainsi que des experts de la prospective et de l'économie de la connaissance.
- Une implication directe du Secrétariat d'État chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre, sur ce qui concerne les dimensions prospectives du livre et des pratiques d’écriture et de lecture.

© Illustration : tableau “Différences de TVA entre livre papier et livres numériques en Europe” extrait du Rapport de Christine Albanel, “Pour un livre numérique créateur de valeurs”.

mercredi 14 avril 2010

Lettre ouverte au Collectif Livres de Papier

La situation se tend. Il fallait s’y attendre. Faute de dialoguer. Faute de réfléchir. Faute d’informer véritablement (la pléthore de blogs francophones se contente le plus souvent de relayer les blogs anglo-saxons, etc.).
Il y a quelques jours, à la Fnac Forum Les Halles (Paris 1er) les nouveaux dispositifs de lecture exposés par les sociétés Sony et Bookeen étaient “sabotés”. Recouverts chacun d’une page imprimée (arrachée à un livre ;-( collée sur le papiel.
Indépendamment (N.B. : je ne relie nullement les deux événements, j’en propose seulement une lecture), indépendamment donc, le récent Salon du livre de Paris a connu la manifestation publique du Collectif Livres de Papier. Au programme : affichage sauvage (voir photos) et distribution d’un journal gratuit de 12 pages surtitré : E-BOOK / E-MONDE / E-GNOBLE.

Des craintes légitimes

La plupart des craintes exprimées dans ce journal sont, à la fois, légitimes et bien fondées. Le tocsin certainement justifié face à ces : « géants de l’électronique et multinationales du web qui s’emparent de ce marché [celui du livre] ». Les rappels « que la technique n’est jamais neutre ». Le risque que les nouveaux dispositifs de lecture brisent la textualité du livre, qu’une lecture zapping, qu’une « désorientation cognitive », qu’une « culture de l’immédiateté » se développent sous le contrôle « d’organisations extérieures au commerce du livre », dont les intérêts économiques seront de promouvoir des lectures distrayantes et commerciales, publicités incluses, pour de nouvelles générations de lecteurs avec : « Une bibliothèque dans la poche… Et rien dans la tête ». Pas faux.
Beaucoup, durant ce Salon du livre de Paris, ont pris à la légère ce journal sous-titré : « Journal des réfractaires à l’ordre numérique ». Il est pourtant incontestable que, comme il y est écrit : « La matérialité est sans doute ce qui importe le plus dans l’objet livre. Elle implique un rapport au texte et une présence à l’autre… ».
Je cite un extrait parmi les plus pertinents à mon avis : « Si, dans un premier temps, le modèle de l’édition traditionnelle peut être singé, le monde numérique modifiera profondément le statut des acteurs intermédiaires (librairies, éditeurs, bibliothèques) bien au-delà de la seule question des droits de propriété qui a récemment mené à un bras de fer entre les éditeurs et Google. A chaque révolution technologique, on commence par recréer ce que l’on faisait avant, sans avoir conscience des potentialités du nouveau système […] si l’on rapporte la question à la situation des librairies et des bibliothèques, on voit mal pourquoi de tels lieux seraient toujours nécessaires si tous les services qu’ils rendent (emprunt et achat de livres) sont délocalisés sur le Net… ».
Certes. Qui va chez son disquaire télécharger ses fichiers MP3 ?
En fin de compte mon billet précédent : Marché du Livre : les 4 Cercles de l’Enfer ? exprime les mêmes craintes ! Elles sont légitimes et je les partage. Cela dit…

Trois choses désagréables

Cela dit, trois choses me sont très désagréables dans ce journal :
Premièrement : L’anonymat des auteurs ! Si ces derniers citent nombre de personnes, critiquent ouvertement François Gèze et François Bon, entre autres, aucun article de ce journal n’est signé. Aucun nom d’un rédacteur en chef ou de membres d’un comité de rédaction. L’anonymat total. Cela n’est pas convenable. A ma connaissance, pour ne parler que d’eux, François Gèze et François Bon signent et assument leurs écrits et leurs prises de position.
Deuxièmement : La dichotomisation et une diabolisation. Tout le propos de ce journal oppose radicalement deux camps : ceux de l’imprimé, et, ceux du numérique. Pour ma part je considère que rien de bon ne pourrait sortir d’une telle opposition et j’appelle depuis de longs mois, d’une part, à un dialogue critique et constructif, à davantage de coopérations et de mutualisations au sein de l’interprofession du livre, et, également, à une intermédiation franche entre ceux du papier et ceux du papiel.
Troisièmement : L’absence de toute proposition constructive, de toute voie alternative.
Ce collectif, apparemment bien organisé, nombreux, créé d’après ses déclarations en 2009, et rassemblant, je cite : « des lecteurs et des lectrices, des bibliothécaires, des libraires, des éditeurs, des traducteurs, des graphistes, des correcteurs, etc. », tout ce petit monde ne formule aucune proposition. Rien. Ses membres penseraient-ils donc qu’il serait possible de geler l’édition française et son marché du livre en l’état, tandis que le reste du monde sombrerait de son côté dans un morne abrutissement numérique ? Im-po-ssi-ble ! Et ils le savent. Alors ? Oh ! Alors ?
En conclusion, contrairement aux personnes avec lesquelles je me suis plus ou moins entretenu des actions menées par ce Collectif à l’occasion du Salon du livre de Paris, je ne suis ni moqueur, ni méprisant, mais, cependant, une question se pose pour moi. Et je la pose clairement :
Au-delà de leurs critiques, les membres du Collectif Livres de Papier ont-ils quelque chose à proposer ? Des idées, des projets pour l’évolution du livre et de son marché au 21e siècle ? Des suggestions à faire dont nous pourrions débattre ensemble de manière constructive ?

N.B. :
1- Pour être certain qu’ils reçoivent cet appel, appel à dialoguer et à débattre ensemble, je leur adresse un courriel au contact donné dans leur journal et avec le lien vers le présent billet.
2- Mon appel au dialogue et au débat s’adresse bien entendu également à l’Association Culture Papier “Pour le développement durable du papier et de l’imprimé” (laquelle, à ma connaissance, a opté pour des moyens d’action plus proches du lobbying traditionnel), et j’adresse donc également un courriel avec le lien vers le présent billet, à l’UNIC, Union Nationale de l’Imprimerie et de la Communication.
3- Enfin, les commentaires au présent billet sont bien entendu libres et ouverts.
Mais… Je signe et assume mes prises de position, alors merci d’assumer vos éventuelles réactions en signant vos commentaires ;-)